mardi 10 octobre 2023

Guerre Israël-Hamas : réactions contrastées des pays arabes

Au Maghreb et au Moyen-Orient, les réactions face à l’offensive du Hamas contre Israël varient en fonction des liens entretenus avec Tel-Aviv. Mais les autorités doivent aussi composer avec une opinion publique totalement acquise à la cause palestinienne. 

Manifestation de soutien aux Palestiniens, à Tunis, le 8 octobre 2023.

Les réactions se multiplient dans les capitales du Maghreb et du monde arabo-musulman, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le Hamas, et que le bilan humain ne cesse de s’alourdir.

Si la quasi-totalité des responsables s’accordent à condamner les attaques contre des civils israéliens, la plupart rejettent aussi la responsabilité des événements sur les autorités de Tel-Aviv. La tonalité est toutefois assez différente d’un pays à l’autre, en particulier entre les pays arabes ayant normalisé leurs relations avec l’État hébreu et ceux qui conservent une hostilité de principe au nom de la défense des intérêts des Palestiniens.

Au Maroc, où le rapprochement avec Israël, sous l’égide des États-Unis, a été particulièrement spectaculaire, le roi a appelé « à la tenue d’une réunion d’urgence du conseil de la Ligue arabe au niveau des ministres des Affaires étrangères » pour évoquer la guerre entre Israël et le Hamas.

Le ministère des Affaires étrangères a souligné dans un communiqué que le royaume « condamne les attaques contre les civils d’où qu’ils soient ». Il souligne également que le Maroc « n’a eu de cesse de mettre en garde contre les répercussions du blocage politique sur la paix dans la région et contre les risques d’aggravation des tensions qui en résultent », rappelant également qu’à ses yeux, « le dialogue et les négociations demeurent les seules voies pour parvenir à une solution globale et durable à la question palestinienne, […] sur la base des résolutions de la légalité internationale et du principe des deux États, tel que convenu au niveau international. »

Des manifestants marocains déployant un drapeau palestinien géant, à Rabat, le 7 octobre 2023. © @ Enes Yildirim/Anadolu Agency/AFP

Des manifestants marocains déployant un drapeau palestinien géant, à Rabat, le 7 octobre 2023.

Mais des voix discordantes s’élèvent aussi dans le pays. Exprimant ses « préoccupations majeures » à propos des conséquences des événements en cours, le Parti du progrès et du socialisme (PPS) a ainsi jugé « l’entité sioniste » responsable de l’escalade militaire, estimant que l’attaque du Hamas doit être vue comme une « réponse naturelle » visant la « défense des droits fondamentaux du peuple palestinien » face à la « politique d’oppression, de violence, de colonisation, de racisme et de négation totale des droits du peuple palestinien par le gouvernement israélien, qui agit impunément dans l’indifférence manifeste de la communauté internationale ».

Alger accuse « l’entité sioniste »

Le ministère algérien des Affaires étrangères, quant à lui, a déclaré suivre « avec une profonde inquiétude l’escalade des agressions sionistes barbares contre la bande de Gaza, qui ont coûté la vie à des dizaines d’innocents enfants du peuple palestinien, tombés en martyrs face à l’entêtement de l’occupation sioniste dans sa politique d’oppression et de persécution imposée au vaillant peuple palestinien ».

Alger appelle les instances internationales à intervenir « pour protéger le peuple palestinien contre la brutalité et la criminalité, qui sont devenues la marque de fabrique de l’occupation sioniste des territoires palestiniens », estimant que « mettre fin aux affres et aux tragédies découlant de ce conflit passe, sans nul doute, par le respect des droits nationaux légitimes du peuple palestinien et l’établissement de son État indépendant sur les frontières de 1967 avec Al-Qods (Jérusalem) pour capitale ».

À Tunis, des militants de gauche ont commencé à se rassembler le 7 octobre dès l’annonce par le Hamas du lancement de son opération « Déluge d’Al-Aqsa ». Réunis sur les marches du Théâtre municipal, avenue Bourguiba, à l’initiative de l’Instance nationale de soutien à la résistance arabe, à la lutte contre la normalisation et le sionisme, et du Réseau tunisien de lutte contre la normalisation, les manifestants réclamaient la criminalisation de la normalisation avec Israël.

Depuis qu’elle a accueilli, en 1982, les Palestiniens chassés du Liban par l’armée israélienne, la Tunisie n’a cessé d’afficher un soutien indéfectible à leur égard. Bien que le Hamas ait déclenché l’attaque et s’en soit pris à des civils, les événements de ce week-end sont le résultat, aux yeux des manifestants, d’une agression israélienne.

Le 8 octobre, dans l’après-midi, c’est la présidence elle-même qui affirmé le soutien total et inconditionnel de la Tunisie au peuple palestinien auquel elle reconnaît le droit de se défendre et de reprendre les terres dont il a été spolié.

Kaïs Saïed souligne lui aussi ce qu’il qualifie de « droit des Palestiniens à établir la capitale de leur État indépendant à Al-Qods ». À Sfax, une marche a été organisée par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et la société civile pour dénoncer « l’agression israélienne et les exactions subies par les Palestiniens depuis plusieurs décennies ». Ce lundi matin, à 8 heures, toutes les écoles du pays ont hissé le drapeau de la Palestine aux côtés des couleurs tunisiennes.

« Résultat logique »

Également membre de la Ligue arabe, Djibouti déclare pour sa part très clairement tenir « l’État d’Israël pour responsable de l’escalade en cours en raison de ses agressions continues et de ses violations constantes des droits du peuple palestinien et de ses lieux saints ». Réaffirmant sa « position constante de soutien au peuple palestinien frère dans la réalisation de ses aspirations, l’obtention de tous ses droits légitimes, y compris l’établissement de son État indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale », le pays réclame donc « une action urgente de la communauté internationale pour contraindre Israël à mettre fin à ses provocations et à ses flagrantes violations du droit international, et pour empêcher que ces événements ne servent de prétexte au déclenchement d’un nouveau conflit inégal contre les civils palestiniens ».

Dans un communiqué, le gouvernement mauritanien a, quant à lui, « exprimé sa profonde préoccupation face à l’escalade en cours dans les territoires palestiniens occupés », disant y voir « le résultat logique des provocations continues et des violations régulières des droits du peuple palestinien et du caractère sacré de la Mosquée Al-Aqsa par les autorités d’occupation israéliennes, en plus de la poursuite de l’expansion des colonies ».

Dimanche 8 octobre, une manifestation a été organisée à Nouakchott « en soutien à la résistance palestinienne et à l’opération militaire lancée par le mouvement Hamas ». L’événement a réuni des élus et des représentants de différents mouvements politiques, en particulier le chef de l’opposition, Amadou Ould Sidy El Moctar, issu des rangs du mouvement islamiste Tawassoul.

L’Égypte, quant à elle, a tenu à rester fidèle à son rôle traditionnel de médiatrice, appelant les deux camps à « faire preuve de la plus extrême retenue » et mettant en garde contre « le grave danger de l’escalade en cours ». Le président Abdel Fattah al-Sissi et son ministre des Affaires étrangères ont indiqué s’être entretenus de la situation avec le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, ainsi qu’avec les autorités émiraties, jordaniennes, turques, françaises et allemandes.

Consternation aux Émirats, fierté en Iran

Dans son édition de ce 9 octobre au matin, le quotidien israélien de gauche Haaretz souligne que, pour la première fois peut-être, « le soutien à Israël n’est plus tabou dans le monde arabe ». Le journal cite effectivement des personnes condamnant les attaques du Hamas contre des civils, mais il ne s’agit que de prises de position individuelles sur les réseaux sociaux. Dans les capitales, les réactions sont le reflet des liens que les différents pays du monde arabo-musulman entretiennent avec Tel-Aviv.

Les Émirats arabes unis, qui ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020, se sont dits « consternés » par la prise d’otage de civils israéliens après l’offensive lancée samedi contre Israël par le Hamas palestinien. En Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan a appelé Israël et le Hamas à « agir en faveur de la paix », soulignant qu’il ne pouvait y avoir « aucune bonne raison de s’en prendre à des civils ». À Riyad, le ministère saoudien des Affaires étrangères a appelé à « un arrêt immédiat de l’escalade entre les deux camps et à la protection des civils ». (Voir ci-dessous)

Du côté des adversaires les plus résolus d’Israël, le président iranien, Ebrahim Raïssi, a qualifié l’attaque lancée par le Hamas de « fière opération », soulignant que l’État hébreu mettait l’équilibre régional en danger et que les Palestiniens avaient le droit à l’auto-défense. Les milices houthi (pro-iraniennes) du Yémen, enfin, ont affirmé leur soutien à l’« héroïque opération jihadiste » du Hamas, estimant que celle-ci révélait « la faiblesse, la fragilité et l’impuissance » d’Israël.

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L'Arabie saoudite et d'autres États du Golfe ont imputé la guerre à la politique israélienne et ont refusé de condamner explicitement le Hamas.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MbS) a exprimé son soutien continu à la Palestine le 9 octobre lors d'un appel avec le président de l'Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas. 

« Le royaume continue de soutenir le peuple palestinien dans sa quête de ses droits légitimes, en luttant pour une vie digne, en réalisant ses espoirs et ses aspirations et en parvenant à une paix juste et durable », a déclaré MbS à Abbas, selon l'agence de presse saoudienne (SPA ). 

Le prince héritier a également exprimé son inquiétude face à « l’aggravation de la situation » dans la bande de Gaza, où Israël a déclenché une campagne de bombardements incessante et aveugle contre les infrastructures civiles en réponse à une opération audacieuse du Hamas qui a débuté le 7 octobre. 

"Le président palestinien a exprimé sa sincère gratitude aux dirigeants du Royaume, appréciant leur position ferme et les efforts qu'ils déploient pour soutenir le peuple palestinien et sa juste cause", a ajouté la SPA.

Le prince héritier a également eu des conversations téléphoniques séparées avec le roi Abdallah II de Jordanie et le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi, au cours desquelles il a appelé à des efforts internationaux accrus pour mettre fin à l'escalade à Gaza et empêcher la propagation du conflit dans la région. 

Le déclenchement de la bataille en cours s’est produit alors que l’Arabie Saoudite était impliquée dans les efforts parrainés par les États-Unis pour normaliser ses relations avec Israël. Maintenant publiquement sa condition selon laquelle un accord doit dépendre de concessions sérieuses aux Palestiniens, le royaume avait d’autres exigences importantes en tête, notamment une aide au développement d’un programme nucléaire et un traité de défense ferme avec Washington. 

Cependant, les observateurs estiment que la guerre en Israël et la réponse brutale contre Gaza ont anéanti toute chance de  normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël , le Hamas ayant averti tous les pays arabes qu’Israël « ne peut vous fournir aucune protection » et que « tous les accords de normalisation que vous avez signés … ne peut pas résoudre ce conflit. »

Après le début de l'opération du Hamas, une  déclaration  saoudienne a appelé à « la cessation immédiate de l'escalade » entre les deux parties et à « la protection des civils », tout en condamnant également l'occupation en cours et la privation du peuple palestinien de ses droits légitimes, comme ainsi que les provocations délibérées et répétées contre leur caractère sacré.

D'autres pays du Golfe ont également publié des déclarations, notamment le Qatar, qui tenait Israël « seul responsable de l'escalade en cours en raison de ses violations continues des droits du peuple palestinien, y compris ses récentes intrusions répétées dans la sainte mosquée Al-Aqsa sous la protection du peuple palestinien ». Police israélienne.

Les Émirats arabes unis ont également exprimé leurs condoléances à toutes les victimes et appelé à mettre un terme à l'escalade. 

 (Source AFP)

L’Égypte affirme avoir prévenu Israël d’une attaque imminente

Cela va-t-il enfin mettre fin au règne de Netanyahou ?

L’Égypte affirme qu’Israël n’a pas tenu compte des avertissements concernant la planification par le Hamas d’une offensive majeureYedioth Ahranoth – Oct 9 2023

L’Égypte a prévenu Israël d’une attaque imminente du Hamas dix jours avant que les terroristes ne franchissent la frontière et ne prennent le contrôle de bases militaires et de communautés, tuant plus de 700 personnes et en faisant 150 prisonniers, dont des femmes et des enfants.
“Nous les avons prévenus qu’une explosion de la situation allait se produire, très bientôt, et qu’elle serait importante. Mais ils ont sous-estimé ces avertissements”, a déclaré à l’Associated Press le responsable, qui a parlé sous le couvert de l’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à discuter avec les médias du contenu des discussions sensibles des services de renseignement.

Le fonctionnaire égyptien a déclaré que les Israéliens étaient concentrés sur la tension en Cisjordanie et ne considéraient pas le groupe terroriste au pouvoir à Gaza comme une menace, malgré les avertissements répétés que les Égyptiens pensent ne pas avoir été pris au sérieux.

On peut l’espérer. Mais l’histoire sera certainement démentie. Et en raison de la guerre, Bibi pourrait encore conserver son siège.

Par Moon of Alabama − Le 9 octobre 2023

 

Hannibal Genséric


7 commentaires:

  1. Arrghhh, la téloche est passé de la diarhhée ukrainienne à celle israélienne, bientôt un mix des deux ?

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  2. Attendez vous à d'autres attaques sous faux drapeaux pour ouvrir d'autres fronts de guerre dans le monde !
    La finance mondialiste a besoin de motiver de nouvelles liquidités / dettes.

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  3. La position de la France dans cette douloureuse affaire n'est pas à son honneur. Soutenir uniquement Israël n'est pas digne d'une nation qui compte de nombreux musulmans sur son territoire. L'avenir de Macron ainsi que de ses complices pourrait s'avérer bien sombre.

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    1. La France ? = E.Macron! Malheureusement la population n'a pas son mot à dire nous sommes représenté par E.Macron soumis à la finance !sous tutelle Bruxelle !mais en tant que toutoun°1 parfait de J.Biden aura bientôt le félicitation de ce dernier à priori c ce qui compte avant tout pour lui? Comme son prédécesseur fier d'avoir eu les félicitations de B.Obama = destruction de sa compagne S.R.! de son partit !de la gauche! de la démocratie ?de son pays! =les français votent moins!= démocratie ?Bientôt + de non votants? Alors? c quoi le démocratie la démocratie en France? et surtout d'avoir pris l'actuel conseiller puis ministre de l'économie- finance et notre représentant actuel + soutien au primaire de ce dernier plutôt que l'élus des primaires? ?avec comme 1ère mesure social blocages des pensions de retraite?= socialiste? chercher l'erreur?...? Et l'actuel? 1°=il l'avait dit le vaccin ne sera pas obligatoire? =Mais?..,aille aille?et aille? 2) nous ne faisons pas la guerre à la Russie ? chercher l'erreur ?pour moi ? Mais et celà ne regarde que moi mais je pense être malheureusement très près de la vérité = toutoun°1 de J.Biden! soumis à ce dernier au sacrifice de sa population! Tout comme Zielinski clown de J.Biden =les USA voudraient détruire le continent européen il ne pourrait pas s'y prendre autrement?

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  4. Il n'y a pas que la population musulmane acquise à la cause palestinienne, li y des manifestations de juifs orthodoxes antisionistes dont le rabbin yaakov shapiro devant 15000 juifs orthodoxes contre la politique d'Israël et contre l'amalgame sionisme et judaïsme, il y a des gens de tout horizon dans tous les pays du monde. Il se peut que le vent ait tourné !

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  5. Si les youpins ne font pas eux meme le ménage entre juifs sains et nazis sionistes, le vent de l'histoire les exterminera tous, le pseudo état d'Israel n'a aucune légitimité !!!

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  6. Que la France soutienne Israël sans retenue n'est pas une découverte : le pays est dirigé entièrement par des représentants de l'état hébraïque. Bornstein, Braun, Fabius, etc... etc... Sans parler des médias, du monde du spectacle.

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