En continuant de cibler les navires liés à Israël, le gouvernement de Sanaa a non seulement mis en évidence l'impuissance de la puissance navale occidentale, mais il a également maintenu un blocus de facto sur l'une des voies maritimes les plus stratégiques au monde.
Après l'annonce par les Forces armées yéménites (YAF), alliées à Ansarallah, de la reprise de leurs attaques contre les navires commerciaux de compagnies opérant dans les ports israéliens, les tensions ont de nouveau éclaté en mer Rouge et au-delà, alors que le génocide en cours à Gaza par Tel-Aviv exacerbe l'instabilité dans toute l'Asie occidentale.
La quatrième phase du blocus a débuté avec l'envoi par l'armée yéménite de deux navires commerciaux par le fond en début de mois, démontrant non seulement ses capacités à long terme, mais aussi l'échec des frappes des États-Unis pour endiguer sa campagne maritime.
Le 6 mai, le président américain Donald Trump a déclaré :
“Les Houthis ont déclaré qu'ils ne voulaient plus se battre. Ils ne veulent tout simplement plus se battre. Et nous le respecterons. Nous allons arrêter les bombardements, ils se sont rendus”.
Les dirigeants yéménites ont immédiatement démenti ces allégations, rappelant que Sanaa n'a ni négocié avec Washington ni accepté de mettre fin à son soutien à Gaza. La campagne navale du gouvernement yéménite a repris peu après, avec de nouvelles attaques de navires liés à Israël, contredisant ainsi le triomphalisme de Trump.
La mer Rouge, une zone à risque
Dans une déclaration faite dimanche pour présenter la dernière phase des opérations navales, le porte-parole des YAF, le brigadier général Yahya Saree, a déclaré :
“Cette opération vise tous les navires appartenant à toute compagnie traitant avec les ports israéliens, quelle que soit leur nationalité et où qu'ils se trouvent, tant qu'ils sont à portée de nos capacités. Nous enjoignons toutes les compagnies de cesser leurs relations avec les ports israéliens à compter de l'heure de cette déclaration”.
Cette nouvelle intensification survient quelques semaines seulement après le naufrage de deux vraquiers battant pavillon libérien et appartenant à des armateurs grecs, le Magic Seas et l'Eternity C. Lors de cette dernière attaque, quatre marins ont été tués, deux autres ont été blessés et onze autres membres d'équipage ont été faits prisonniers.
À la suite du naufrage des deux navires, le chef d'Ansarallah, Abdul Malik al-Houthi, a révélé que les YAF ont mené plus de 1 679 attaques depuis novembre 2023 à l'aide de missiles, de drones et de navires de guerre en soutien à Gaza, et a averti d'une nouvelle intensification si la guerre ne prend pas fin.
Bien que le gouvernement de Sanaa ait accepté en mai un cessez-le-feu avec Washington, mettant fin aux attaques contre les navires de guerre américains, il maintient que cette trêve ne s'applique pas aux navires liés à l'État occupant. Selon Sanaa, ces navires continuent de desservir les ports israéliens, qui font partie de la “Palestine occupée”.
Contrairement aux récits des médias occidentaux faisant état d'une agression aveugle, les données maritimes de Lloyd's List ont confirmé que les deux navires visés ont régulièrement fait relâche dans des ports israéliens au cours de l'année écoulée.
Les attaques en cours suscitent l'inquiétude de la communauté internationale. Le Conseil de sécurité de l'ONU a récemment validé la poursuite des rapports sur les agressions maritimes en mer Rouge. Douze des quinze membres ont voté pour, tandis que la Russie, la Chine et l'Algérie se sont abstenus, craignant des violations de la souveraineté du Yémen.
L'ambassadeur adjoint de la Chine auprès de l'ONU, Geng Shuang, a qualifié les tensions en mer Rouge de “manifestation majeure des répercussions du conflit à Gaza”. Le représentant russe à l'ONU a pour sa part souligné le lien entre la normalisation de la situation en mer Rouge et l'instauration d'un cessez-le-feu à Gaza.
La suprématie navale (occidentale) mise à mal
Malgré la présence de cinq grandes bases militaires étrangères à Djibouti, qui abrite les forces américaines, françaises, japonaises, chinoises et italiennes, l'armée soutenant Ansarallah a continué de frapper avec précision des navires commerciaux. Cette situation soulève des doutes quant à l'efficacité navale de l'Occident et de ses alliés.
Colin P. Clarke, chercheur principal au Soufan Center et enseignant à l'Institut de politique et de stratégie de Carnegie Mellon, affirme à The Cradle que le Yémen est l'une des forces les plus puissantes de l'Axe de la résistance et ne montre aucun signe de faiblesse :
“Parmi tous les mandataires de l'‘Axe’, les Houthis sont parmi les plus puissants et ont également beaucoup à prouver. Il ne mettront pas fin à leur campagne militaire de sitôt”.
Nicholas Brumfield, analyste basé à Washington et spécialiste du Yémen et de la sécurité maritime, partage cet avis. Il explique à The Cradle que la campagne du Yémen n'a pratiquement pas faibli malgré près de deux ans de frappes aériennes américaines et israéliennes.
“Les attaques houthistes depuis début juillet se sont jusqu'à présent limitées aux zones de la mer Rouge où elles ont déjà frappé auparavant, sans qu'il soit possible de déterminer si leur portée s'est étendue. Quant aux déclarations de Trump sur la capitulation, elles ont toujours été considérées comme des coups de bluff par la plupart des chercheurs spécialisés sur le Yémen. Le cessez-le-feu entre les États-Unis et les Houthis a été qualifié de désescalade limitée entre deux parties, et les Houthis ont continué à mener des attaques directes contre Israël, comme avant la trêve”.
Clarke ajoute que la réticence de Trump à intensifier les mesures contre le Yémen résulte de considérations électorales et d'une prudence stratégique cherchant à éviter l'enlisement des États-Unis dans des “guerres sans fin”, d'où la faible implication de ces derniers dans les bombardements en Iran.
“Trump pense peut-être à juste titre qu'il risquerait de finir dans un bourbier sans issue en s'en prenant aux Houthis. Sans parler de l'issue incertaine de la confrontation”.
Selon Mohamed Aliriani, du Yemeni Policy Center, le cessez-le-feu de mai a assuré la sécurité des navires américains, britanniques, chinois et russes grâce aux liens de ces deux derniers pays avec l'Iran. En revanche, les navires d'autres nations sont toujours à la merci d'attaques. Il affirme que les opérations de protection des cargaisons par l'Europe sont largement inefficaces.
Il ajoute à The Cradle que
“la situation actuelle a créé un système protectionniste à deux vitesses qui profite aux États puissants, tout en faisant grimper les coûts mondiaux de l'assurance et du trafic maritime, créant ainsi un dangereux précédent pour d'autres zones stratégiques”.
Le niveau élevé des primes d'assurance témoigne de la persistance du risque. “Si le risque avait été jugé éliminé, le trafic aurait repris et les tarifs auraient baissé”, explique-t-il. Les attaques de l'armée yéménite contre pétroliers et navires transportant des produits chimiques ont exacerbé les risques environnementaux et financiers, incitant les assureurs à la prudence.
Redéfinir le contrôle en mer
Ces faits illustrent une réalité implacable : la campagne navale menée par les Houthis a largement réussi à imposer un blocus efficace sur le trafic maritime à destination ou en provenance d'Israël.
M. Aliriani met toutefois en garde contre une surestimation de l'étendue du contrôle exercé par Sanaa.
“Les Houthis n'exercent pas de contrôle maritime sur la mer Rouge, car ils ne disposent pas d'une flotte capable de patrouiller et de surveiller les voies navigables. Par contre, ils ont réussi à créer une zone d'exclusion”.
En démontrant leur capacité à mettre en danger tout navire transitant par le détroit de Bab al-Mandab, ils ont rendu le passage par ce détroit extrêmement dangereux pour tous les navires.
“Leur champ d'action s'étend manifestement sur des centaines de kilomètres, et compte tenu des informations disponibles sur les armes utilisées, il dépasse probablement 1.000 kilomètres, leur permettant ainsi de contrôler efficacement une vaste zone sans nécessairement la contrôler physiquement”.
Une puissance indépendante, pas un proxy iranien.
Le discours occidental décrit souvent Ansarallah comme un simple proxy iranien. Pourtant, rien ne prouve que Téhéran ait dirigé ces attaques maritimes.
Brumfield souligne que si l'Iran continue de fournir des armes sophistiquées à son allié, comme en témoigne une cargaison de 750 tonnes d'armes interceptée en route vers le Yémen, rien n'indique pour autant que Téhéran dirige les opérations d'Ansarallah.
Jamal Benomar, l'ancien envoyé spécial de l'ONU au Yémen, a toujours souligné l'autonomie décisionnelle de Sanaa, notant que les Houthis “ont leurs propres agendas et leurs propres mécanismes décisionnels”.
La Palestine au cœur des enjeux
Le moment choisi pour les récentes opérations yéménites suggère un lien évident avec les événements survenus à Gaza. Brumfield note que Sanaa est restée très en retrait pendant les 12 jours de guerre entre l'Iran et Israël le mois dernier, avant de s'agiter après des rapports faisant état d'une détérioration des conditions dans l'enclave assiégée.
“Quand il y a eu un cessez-le-feu à Gaza, les Houthis ont complètement cessé leurs attaques maritimes. Les rapports récents faisant état d'une détérioration des conditions humanitaires à Gaza ont peut-être contribué à la décision du groupe de relancer l'escalade contre Israël”.
Si certains analystes estiment que la rhétorique pro-palestinienne d'Ansarallah n'est qu'une manœuvre politique visant à renforcer sa légitimité face aux défis intérieurs, Benomar rappelle que leur position sur la Palestine est idéologique.
“Ce n'est pas une question d'opportunisme, car la Palestine est au cœur de leur idéologie”.
Bien que Tel-Aviv ait pressé Washington de relancer les frappes contre le Yémen, la plupart des experts, dont M. Aliriani, estiment que les États-Unis ne devraient pas reprendre leur offensive, à moins que les forces alliées d'Ansarallah ne franchissent une ligne rouge majeure. Jusqu'à présent, les YAF n'ont pris pour cible que des navires liés au commerce israélien.
Cependant, la récente décision d'Ansarallah de frapper tous les navires liés aux ports israéliens, quelle que soit leur nationalité, pourrait entraîner de nouveaux protagonistes, comme l'Égypte, dans le conflit. Un renforcement des liens logistiques entre Le Caire et le commerce israélien pourrait bientôt faire de l'Égypte une cible de la campagne d'expansion du Yémen.
Les Houthis ne contrôlent peut-être pas les mers, mais ils ont indéniablement changé la donne.
Par Stasa Salacanin - 31 juillet 2025
Source : The Cradle via france-irak-actualité
Ce n'est pas LE YÉMEN.....Mais une fraction notable de Yéménites de confession CHIITE.....Les Sunnites sont encore en vacances....Les Marine concernées se doutent bien que ces forces yéménites doivent avoir quelques missiles Anti-Navires asservis par du personnel Iranien, et quelles ne veulent en AUCUN CAS perdre un bâtiment pour les beaux yeux d' Israel....ENFIN arrêtez de nous BASSINER avec la TECHNOLOGIE Yéménite tombée elle aussi du ciel....
RépondreSupprimerTOUS les MATÉRIELS et ÉQUIPEMENTS sont fournis par l'IRAN: Les Yéménites eux fournissent généreusement ce qui manque au arabes.......du COURAGE et de la VOLONTÉ!
A l'évidence les CHIITES ont encore quelque chose que Sunnites n'ont plus!
Chez les catholique restent plus rien depuis 1000 ans il se sont prosterné devant le dieu yavé le catho français de 2025 à part s'agité haineusement derrière un écran en commandant un uber en buvant du coca cola est 10000 fois plus lâche qu un palestiniens qui a perdu ses enfants sa ma maison sous les bombes americano anglo française lui résistera jusqu a son dernier souffle .
RépondreSupprimerhttps://www.lefigaro.fr/international/gaza-550-hauts-responsables-securitaires-israeliens-appellent-trump-a-faire-pression-sur-netanyahou-pour-mettre-fin-au-conflit-20250804?origine=VNE19001
RépondreSupprimerLa hiérarchie sécuritaire de l'entité génocidaire appelle netanyahou à mettre fin à la guerre à Gaza! Mais pas par pitié pour les Palestiniens mais parce que les génocidaires ont peur que leur pseudo Etat risque de perdre son ame!