Les talibans offrent un soutien en main-d’œuvre au Hezbollah contre Israël

Le gouvernement taliban d’Afghanistan aurait proposé de fournir des effectifs pour combattre aux côtés de la milice libanaise Hezbollah dans son conflit croissant avec les forces israéliennes.

Forces spéciales Taliban Badri 313

Cette évolution, si elle se confirmait, marquerait un changement sans précédent dans la politique des talibans, le groupe islamiste sunnite considérant auparavant les musulmans chiites comme des apostats, conduisant à des attaques contre les minorités chiites en Afghanistan et à de fortes tensions à la frontière afghano-iranienne en Afghanistan dans les années 1990. Ces problèmes sectaires ont été l’une des principales causes de l’alignement d’un certain nombre de groupes djihadistes du Moyen-Orient contre le Hezbollah, obligeant cette milice à mener une guerre sur deux fronts, à la fois contre ces djihadistes et contre Israël. Cette division a notamment permis à Israël à la Turquie et au monde occidental à armer et financer des groupes islamistes sunnites en Syrie dans les années 2010 afin d'affaiblir le Hezbollah, comme l'avait confirmé en 2019 le chef d'état-major de l'armée israélienne, le lieutenant-général Gadi Eisenkot. Les forces talibanes, largement vénérées parmi les groupes islamistes sunnites, qui combattent aux côtés du Hezbollah, pourraient ainsi marquer un tournant décisif dans les alignements islamistes chiites et sunnites.

Personnel taliban dans des véhicules blindés de transport de troupes

Bien que plusieurs sources aient fait état d’offres des talibans concernant la contribution de main-d’œuvre au conflit en cours au Moyen-Orient, il est peu probable qu’elles se concrétisent pour plusieurs raisons. Le Hezbollah étant décrit comme « une force de guérilla défensive organisée selon les conceptions nord-coréennes », la sophistication de son équipement et de ses techniques de guerre rendrait l’intégration des milices afghanes dans ses forces très difficile, tout comme les questions telles que les barrières linguistiques. Le 19 juin, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Narsallah, a souligné les nombreuses offres de soutien que son groupe avait reçues dans sa lutte contre Israël, mais a précisé à l'époque qu'un tel soutien n'était pas nécessaire, exprimant sa confiance dans sa capacité à gérer seul toute éventualité. Le Hezbollah a également eu une expérience peu positive en opérant aux côtés de groupes extrémistes sunnites, et après avoir partagé son savoir-faire militaire clé avec la milice palestinienne Hamas dans les années 2000, notamment en lui transmettant l’expertise nord-coréenne en matière de guerre des tunnels, le Hamas a transmis ce savoir-faire   aux affiliés d'Al-Qaïda soutenus par la Turquie qui l'ont utilisé, à leur tour,  contre le Hezbollah. Ainsi, même si les talibans peuvent être considérés comme favorables au Hezbollah dans on opposition au génocide commis par Israël, l’alignement futur de Kaboul reste très incertain.

Military Watch Magazine Editorial Staff

19 juin 2024