Une
"reddition", c'est ainsi que Pascal Bruckner qualifie la réforme du
collège proposée par Najat Vallaud Belkacem. Le philosophe moque
notamment cette école qui institue le cancre comme référence. Pour les Français racistes, un bon franco-arabe ne peut être qu'un bouffon (tels que Jamel Debbouz [dont le nom signifie, en maghrébi, "Beauté Gourdin"], Eric, ou Ramzy...) ou un footballeur. Les cinq millions d'autres "franco-arabes" n'existent pas parce qu'on ne veut pas les voir, et c'est peut-être tant mieux, car ce sont des Français comme les autres.
Dans un entretien au Figaro, le philosophe Pascal Bruckner dit tout le mal qu’il pense de la réforme du collège initiée par Najat Vallaud Belkacem. : « On
leur supprime le latin, le grec et l'allemand pour leur donner à la
place du Jamel Debbouze. L'école devient le véhicule de l'ignorance et
non du savoir ».
L’essayiste moque notamment cette école qui institue le « cancre comme le grand dénominateur commun de la classe » et la novlangue pédagogiste dans laquelle nager devient «se déplacer de façon autonome dans un milieu aquatique profond standardisé». « On touche le fond ! » conclut Pascal Bruckner.
Sur le fond, justement, le romancier s’inquiète particulièrement de
la mise en place de programmes d’histoire sans chronologie ou encore
de l’enseignement de l’islam « obligatoire » quand les lumières
deviennent optionnelles : « elles sont au fondement même de la
culture laïque contemporaine. Que l'on soit de gauche ou de droite,
croyant ou pas, c'est durant cette période que se noue la modernité.
Faire l'impasse sur celle-ci me paraît aberrant. Il est vrai que dans
certains quartiers, il est désormais impossible d'enseigner la Shoah en
raison du conflit israélo-palestinien ou encore Madame Bovary qui
soulève la question de l'adultère. La réforme tend à cajoler les
éléments les plus rétifs du système éducatif au lieu de les assimiler ».
Autant de réformes sans doute envisagées comme des signes
d’apaisement après les attentats de janvier mais qui sont selon le
philosophe une « reddition ». Et de s’en référer au livre de Michel Houellebecq Soumission « une
utopie négative pour que nous n'empruntions pas ce chemin. Mais la
réalité pourrait rattraper la fiction beaucoup plus vite que prévu » selon Pascal Bruckner.