Les pays occidentaux
perdent progressivement leur statut sur l'échiquier mondial, estime le
politologue et le professeur des relations internationales à
l'Université de Metz Alexandre Del Valle.
"On
s'apprête à plonger dans un siècle caractérisé par le déclin progressif
et continu de l'Occident, ce qui ne signifie pas la décadence ou la
disparition, mais une perte d'hégémonie et d'influence intellectuelle et
idéologique. Ce nouveau paradigme mondial sera caractérisé par le fait
que les autres civilisations accepteront de moins en moins les valeurs
de l'Occident, même si dans le même temps elles récupèrent toutes
paradoxalement sa technologie", a déclaré M.Del Valle dans un entretien
avec le journal Atlantico.
M.Del
Valle fait remarquer que la civilisation entre dans le "monde
multipolaire". Le rapprochement entre la Russie et la Chine, la
croissance en Inde, le retour au premier plan de l'Iran, de la Turquie
et de l’Égypte en témoignent.
Le politologue estime que dans le nouveau
paradigme on va observer "une nette dissociation entre d'une part
l'universalisation des technologies élaborées en Occident et dont
internet est le meilleur exemple, et d'autre part le rejet des valeurs
et de l'hégémonie de l'Occident, de son « arrogance", et mêmes de ses
valeurs apparemment les plus louables comme les droits de l'homme".
Selon le politologue, la mondialisation n'est pas si "heureuse" que
cela et que le monde de l'après-après guerre froide initié avec le 11
septembre 2001 sera caractérisé par l'émergence de pôles identitaires et
géopolitiques jaloux de leurs prérogatives et désireux de s'affranchir
de la domination occidentale puis adeptes d'une Realpolitik sont
nombreux".
"Il y a tout d'abord l'affirmation d'une Russie
poutinienne, qui dit depuis 2013 — soit depuis la seconde crise
ukrainienne — qu'elle ne veut plus laisser faire les Américains dans son
environnement ou "étranger proche" et même au Moyen-Orient. Cette
Russie refuse de laisser les Américains déstabiliser des régimes amis et
s'en prendre à ses intérêts directs au nom de soi-disant droits de
l'homme par ailleurs bafoués par des Etats amis de l'Occident comme les
monarchies esclavagistes et islamistes du Golfe…", souligne M.Del Valle.