Dans la guerre que Recep T. Erdogan avait depuis longtemps
déclarée à la Russie, avec le soutien américain, et qui a culminé avec
la destruction d’un chasseur bombardier russe, l’Otan (autrement dit là
encore l’Amérique) attendait une riposte militaire russe sur le
territoire turc.
Cela aurait été l’occasion rêvée pour engager l’Otan tout entière
dans une riposte militaire contre la Russie, selon le principe qu’une
« agression » contre l’un de ses membres, en l’espèce la Turquie,
devrait entraîner une riposte de l’organisation tout entière – y compris
la France.
Or, à la déception générale au sein de l’Otan, Vladimir Poutine n’a
pas riposté militairement. Il a par contre confirmé, dans son récent
discours du 3 décembre devant le monde politique russe que la Russie
n’oublierait jamais. Ceci se traduira par des sanctions économiques,
abandon du projet de Turkishstream et de centrale nucléaire
russo-turque, notamment. Mais il fallait faire plus dans l’immédiat pour
rassurer l’opinion interne en Russie et surtout porter la crainte dans
l’opinion turque, en Turquie et dans les pays turcophones et
turcophiles.
Pour cela, le Kremlin s’est borné à organiser une conférence devant
des représentants de la presse internationale. Quatre officiers
supérieurs russes y ont apporté des preuves incontestables, car
résultant d’images aériennes et d’images satellitaires, de l’implication
de la Turquie dans le financement de Daesh, qu’Erdogan prétend
combattre par ailleurs. Ces images sont accessibles au profit des
opinions publiques mondiales dans une vidéo disponible sur le site de
RT. Les militaires russes y montrent les trois voies d’exportation du
pétrole extrait par Daesh en Irak et en Syrie. Des files interminables
de camions citernes les véhiculent vers la Turquie, en direction d’un
port maritime et de raffineries turques.
Les vidéos ne le montrent pas, mais d’autres sources, russes et
américano-européennes, savent depuis longtemps qu’une grande partie des
profits générés par la vente de ce pétrole en Turquie est reversée à
Daesh, la famille de Erdogan, dont son fils, se servant généreusement au
passage. Les vidéos montrent par contre le début des attaques menées
par l’aviation russe sur les sites pétroliers et les camions citernes de
Daesh en Irak et Syrie. Nul n’ignorait d’ailleurs dans la coalition
américano-saoudienne que la Turquie était fortement impliquée dans ces
trafics au profit de Daesh. Pratiquement cependant, comme le montrent
les vidéos, aucune attaque occidentale n’avait jusqu’à ces derniers
jours été menée (sauf par la France, mais très marginalement) contre ce
qu’il faut bien nommer le nerf de la guerre de Daesh. Les dénégations du
Département d’Etat américain sont pathétiques.
Dans la nouvelle forme de guerre menée par la Russie contre la
Turquie, guerre de communication ne faisant appel qu’à des images
authentifiables, la Turquie reste sans riposte possible. Elle devrait
perdre tout crédit auprès de l’Union européenne, si celle-ci n’était pas
devenue un simple instrument de Washington. En tout cas, la presse
internationale réunie à Moscou en tirera des conclusions certaines.
Poutine, déjà très crédible et persuasif, n’en trouvera que plus de
crédit. Nous devons malheureusement noter que les médias officiels
français, qui ne pouvaient ignorer les preuves fournies par les
militaires russes, n’en ont tenu aucun compte et ont fait à ce sujet le
plus grand silence, si grand est chez eux l’anti-poutinisme primaire –
la palme en ce domaine allant à Libération et à la 2e chaine de télévision.
Concernant l’opinion américaine, la tuerie menée à San Bernardino, et
très certainement imputable à un terroriste piloté par Daesh, obligera à
poser des questions à Barack Obama lui-même. Etait-il bien prudent de
soutenir financièrement Daesh ? Contrairement à ce que pouvaient penser
les Américains, la grande mare (l’Atlantique) n’est pas une protection
contre cette forme de terrorisme.
Grâce à Internet, les citoyens français pourront accéder directement
aux éléments du dossier. RT publie sur son site une retranscription
intégrale de la conférence de presse, accompagnée de cartes et
photographies. Les propos des conférenciers russes sont traduits en
français.
Jean-Paul Baquiast
4/12/2015
Source : Pour une Europe solidaire4/12/2015
http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=1997&r_id=
Voir : https://francais.rt.com/international/11395-larmee-russe-tiendra-point-presse
Message de Poutine aux forces russes en Syrie
"Il faut anéantir toute menace visant
les soldats russes en Syrie.", a déclaré vendredi le président russe
Vladimir Poutine lors du collège du ministère russe de la Défense.
Le président russe Vladimir Poutine a ordonné à l'armée russe de
répondre avec une « extrême fermeté » à toute force qui la menacerait
en Syrie, trois semaines après la destruction par l'aviation turque d'un
bombardier russe près de la frontière syrienne. « Toute cible menaçant
les unités russes ou nos infrastructures au sol sera détruite
immédiatement », a-t-il ajouté.
« Toutes les actions de l'aviation de combat sont menées sous la couverture de chasseurs. J'ordonne d'agir le plus strictement possible. Toutes les cibles menaçant le dispositif de forces russe ou notre infrastructure terrestre sont à éliminer immédiatement », a martelé Vladimir Poutine appelant également à développer parallèlement la coopération avec les États intéressés par la suppression des terroristes.