Mais c’est une erreur, une erreur totale ! Nous devrions être reconnaissants envers l’Ukraine et remercier les Ukrainiens pour leur sacrifice sur l’autel de la paix mondiale. Le but de certaines nations est de servir d’avertissement aux autres, et même si tout le monde devrait savoir maintenant que faire la guerre à la Russie est toujours une très mauvaise idée – comme la France, l’Allemagne, la Turquie sept fois, la Finlande, le Japon et la Géorgie l’attesteront volontiers – il est utile d’avoir une leçon de rappel de temps en temps. Nous devrions tous être reconnaissants à l’Ukraine d’avoir accepté de jouer le rôle de pigeon, pardon, d’assumer ce rôle héroïque, car sinon un imbécile pourrait décider de déclencher la Troisième Guerre mondiale, ce qui serait tout à fait regrettable.
En outre, les sentiments de gratitude sont généralement bons pour la santé. Sur le plan biochimique, le fait d’éprouver de profonds sentiments de gratitude entraîne une libération d’endorphines, ce qui améliore votre sentiment de bien-être et votre niveau de satisfaction à l’égard de la vie, renforce votre système immunitaire et régule votre tension artérielle et vos sécrétions digestives. Sur le plan spirituel, les sentiments profonds de gratitude mettent votre âme immortelle dans un état propice à la recherche de la grâce de Dieu et la mettent sur la voie du salut et du Paradis, ou du Nirvana, ou du Shéol, ou tout simplement du néant (pour les athées et les agnostiques). Le monde est en crise et de nombreux consommateurs (et prosommateurs) de la classe moyenne sont désemparés de ne plus pouvoir se comporter comme ils en avaient l’habitude, mais s’ils prononçaient suffisamment de fois les mots magiques « Dieu merci pour l’Ukraine », tous leurs problèmes commenceraient à sembler mineurs et la paix s’installerait dans leurs esprits troublés.
Ils devraient être reconnaissants parce que l’Ukraine (du moins ce qu’il en reste) est tout ce qui se trouve entre eux et l’Armageddon nucléaire. Voyez-vous, chaque fois que l’Occident a faim, il a besoin de manger d’autres pays. L’Espagne a mangé l’Amérique latine, la Grande-Bretagne a mangé l’Inde, la France a mangé l’Afrique, tous ont grignoté la Chine, mais personne n’a pu manger la Russie. Certes, la Russie a fini par être partiellement rongée après l’effondrement de l’URSS, mais elle a rapidement repris ses esprits et s’est relevée de son état de semi-dévoration. Mais aujourd’hui, l’Occident collectif, compte tenu de la fin du colonialisme et du néocolonialisme, est vorace mais affaibli, comme un prédateur vieillissant dont les crocs sont tombés. L’ingestion de l’Irak et de la Libye n’a pas calmé sa faim et il s’est étouffé avec la Syrie. L’Occident a décidé de se battre en même temps avec la Russie et la Chine – un ensemble de pays post-industriels pauvres en ressources (c’est-à-dire largement désindustrialisés) face aux deux géants industriels et militaires du monde, riches en ressources, qui ont rapidement mis de côté leurs divergences et se sont retrouvés dos à dos. Cela aurait pu être un geste suicidaire – ou un appel à l’aide – et les Ukrainiens ont entendu cet appel et… se sont portés volontaires… pour affronter la Russie… tout seuls. Quel héroïsme ! Si vous ne commencez pas à vous sentir reconnaissant, vous devez être un ingrat.
Les Russes ont mis du temps à se faire à l’idée d’une chose aussi stupide, mais finalement, après huit ans de bombardements ukrainiens sur les civils russes dans le Donbass et quelques tentatives pour voir si les Ukrainiens voulaient bien arrêter et se rendre (ce qu’ils n’ont pas fait), ils se sont installés dans une routine : une ligne de front traversant toute l’ancienne Ukraine orientale, qui est maintenant, selon la constitution russe, un territoire de la Fédération de Russie, est une sorte de stand de tir russe. Les Ukrainiens continuent de livrer au front des armes données par l’Occident (d’une valeur de 150 milliards de dollars à ce jour !) ainsi que leur chair à canon de plus en plus démoralisée et hésitante. Les Ukrainiens accumulent les armes et les Russes les font exploser, encore et encore. Mais les obus et les recrues s’épuisent et cela ne peut pas durer éternellement. Pendant ce temps, les Américains continuent d’inciter les Ukrainiens à passer à l’attaque. « Tant mieux« , pensent les Russes. Des troupes démoralisées attaquant avec des blindés mal assortis et dépassés, une pénurie d’obus d’artillerie, aucun soutien aérien et des lignes de ravitaillement facilement interrompues seront des cibles faciles pour des Russes retranchés et lourdement fortifiés.
Tous les Occidentaux ne sont pas dupes de leur propre propagande au point de considérer la victoire ukrainienne comme inévitable ; certains réfléchissent même à ce qu’il faudrait faire en cas de défaite ukrainienne. Et ce qui leur vient à l’esprit, c’est la négociation. Les Russes sont tout à fait ouverts à la négociation, à condition que leurs exigences déjà formulées soient pleinement satisfaites : une Ukraine démilitarisée et militairement neutre, tous les criminels de guerre ukrainiens (ceux qui ont tué et torturé des civils pendant toutes ces années) jugés conformément à la loi russe, l’OTAN ramenée à ses frontières de 1997 et les pays dont elle se retire désormais militairement neutres, la levée de toutes les sanctions, la restitution des avoirs russes gelés et des biens russes confisqués. Une fois que cela sera fait, nous devrons tous nous sentir immensément reconnaissants envers les Ukrainiens (qui, d’ici là, prétendront probablement tous qu’ils ne sont à nouveau que des Russes) d’avoir évité la troisième guerre mondiale, l’armageddon nucléaire et la fin de toute vie sur Terre.
Par Dmitry Orlov – Le 28 avril 2023 – Source Club Orlov
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Et est-ce le « monde » qui est confronté à la guerre en Europe, c’est-à-dire en Ukraine ?
Non, ce sont les
États-Unis et leurs alliés de l’OTAN qui font face à la guerre qu’ils ont
déclenchée en 2014, avec le coup d’État de l’OTAN en Ukraine, renversant le
gouvernement légitime et installant à sa place des marionnettes nazies, qui ont
immédiatement commencé à attaquer les russophones en Ukraine à l’aide d’obus,
de bombes et de mitrailleuses.
Leur agression en Ukraine, leur offensive
planifiée, l’utilisation de l’armée ukrainienne contre la Russie, le mouvement
de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie et la menace nucléaire ont obligé
la Russie à prendre des mesures pour se défendre et défendre les russophones
d’Ukraine. Les causes de la guerre se trouvent à un seul endroit, à Washington,
et c’est à la guerre de Washington que le monde est confronté.
Le conflit militaire en Ukraine
pourrait se terminer demain si les États-Unis le voulaient, mais ce n’est pas
le cas et, comme le prouve un article récent du Foreign Policy Magazine, l’objectif
des États-Unis est de diviser la Russie en plus de 40 États distincts qu’ils
contrôleront. Le fait est que le monde est confronté à une guerre
américaine visant à détruire la Russie, à contrôler et à exploiter ce qui en
reste, puis à mettre la Chine au pas, et enfin le reste du monde non encore sous la botte américaine.
Les
États-Unis et leurs vassaux sont confrontés à des problèmes d’endettement et à
des « pressions » économiques
et financières, dont ils sont entièrement responsables.
Le fait
est que les États-Unis sont en faillite.
Leur dette dépasse de
loin leurs actifs. Ils ne peuvent pas payer leur dette de 31.000 milliards
de dollars au monde et doivent sans cesse relever le plafond légal de la
dette pour retarder le jour du bilan, ce qui provoque des querelles au sein des
élites américaines.
Une grande partie de cette dette est due à leurs énormes
dépenses militaires et leur inflation est en grande partie due à l’impression
massive de dollars américains depuis que les États-Unis ont abandonné
l’étalon-or en 1971 afin de pouvoir imprimer de l’argent pour payer leur
défaite au Vietnam et toutes les autres guerres qu’ils ont menées depuis lors.
Non seulement ils n’ont pas arrêté "la machine à imprimer" pendant toutes ces années, mais, avec la
crise, ils l’ont accélérée. Le résultat est une vie misérable pour les citoyens
des États-Unis, et de la plupart de leurs vassaux, qui ont fait baisser le coût du travail et ont laminé les salaires. C’est ce qui explique les nombreuses grèves qui ont lieu
dans tous ces pays, car les travailleurs se révoltent et ont le droit de se
défendre.
Hannibal Genséric
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