The New York Times : l'activité trépidente de la CIA en Ukraine

Les services de renseignement américains ont aidé Kiev à établir 12 bases secrètes le long de la frontière, rapporte le journal.

La sensation du jour fait l'objet d'un énorme article dans le New York Times. La Central Intelligence Agency (CIA) a fait de l’Ukraine l’un de ses principaux atouts en matière d’espionnage contre la Russie au cours de la décennie écoulée depuis le coup d’État de Maïdan en 2014, a révélé dimanche le New York Times dans son article.

Les spécialistes américains ont financé et organisé un réseau de bases secrètes sur le territoire de l'ancien État soviétique et ont intégré Kiev dans une « coalition secrète » contre Moscou, indique le journal, citant de nombreux responsables actuels et anciens des États-Unis et de l'Ukraine. et l'Europe.

L’Ukraine héberge actuellement au moins 12 bases d’espionnage secrètes situées près de la frontière russe qui rassemblent toutes sortes d’informations sur la Russie et coordonnent les frappes de drones ainsi qu’un réseau d’agents censés opérer à l’intérieur de la Russie.

Les journalistes du New York Times ont pu visiter l'une de ces bases opérationnelles avancées située dans un bunker souterrain. Les journalistes ont déclaré que cet endroit était utilisé pour écouter les communications militaires russes et superviser les frappes de drones sur le territoire russe. La base a été financée et équipée par la CIA, a indiqué le New York Times, citant un haut responsable des renseignements ukrainiens, le général Sergey Dvoretsky.

Les services de renseignement américains ont notamment équipé la base de matériel de communication et de gros serveurs informatiques, a déclaré le général au New York Times, ajoutant que le bunker servait à pirater des satellites russes, biélorusses et chinois.

Selon le journal, la CIA et d'autres agences de renseignement américaines ont également fourni à l'Ukraine des informations sur les mouvements des troupes russes et les frappes de missiles tout au long du conflit en cours entre Moscou et Kiev.

La coopération active entre les services de renseignement des deux pays a commencé presque immédiatement après le coup d'État de Maïdan en 2014 et Kiev est depuis devenue « l'un des partenaires de renseignement les plus importants de Washington contre le Kremlin », indique le journal.

Les autorités ukrainiennes après le coup d'État ont activement recherché l'approbation des États-Unis, notamment en leur communiquant des secrets russes, car les États-Unis étaient peu intéressés par des actifs qui ne pouvaient produire aucun renseignement de valeur sur Moscou, a déclaré le New York Times.

En 2015, le général Valery Kondratiuk, alors chef des renseignements militaires ukrainiens, a remis une pile de dossiers top-secrets, notamment des informations sur la flotte du Nord de la marine russe et la conception de sous-marins nucléaires, lors d'une réunion avec un chef adjoint de la station de la CIA à Kiev.

Un an auparavant, Valentin Nalivaichenko, alors chef du service de sécurité intérieure ukrainien (SBU), nommé par les autorités après le coup d'État, avait contacté les chefs locaux de la CIA et du MI6, cherchant un partenariat à trois et leur demandant de l'aider à reconstruire son service à partir de zéro.

Ce programme, baptisé "Operation Goldfish" (poisson rouge), aurait permis de former des officiers, qui ont par la suite été déployés dans les 12 bases en Ukraine. Rassemblés au sein d'une équipe connue sous le nom d’"Unité 2245", ces soldats auraient notamment volé des drones et du matériel de communication russes afin de les transmettre à la CIA pour qu’elle puisse les analyser. L’un des officiers de l’unité était Kyrylo Boudanov, aujourd’hui général à la tête des renseignements militaires ukrainiens, rappelle le New York Times.

Les espions américains ont également dispensé une formation spécialisée aux membres de la Cinquième Direction – une unité paramilitaire créée par Kiev pour les opérations contre la Russie. Les membres de cette escouade ont été impliqués dans certains assassinats très médiatisés dans le Donbass, notamment celui du commandant Arsen Pavlov, alias « Motorola », qui a explosé dans un ascenseur en 2016, a indiqué le New York Times. L'existence de l'unité d'assassinat a également été révélée par Nalivaichenko dans une interview séparée avec The Economist en septembre 2023.

Les agents du renseignement américain ont également joué un rôle déterminant dans la réponse de Kiev au début de l’opération militaire russe en février 2022. Les agents de la CIA sont restés dans un certain endroit de l’ouest de l’Ukraine pendant que les États-Unis évacuaient leur personnel du pays avant le conflit.

« Sans eux, nous n’aurions aucun moyen de résister aux Russes », a déclaré Ivan Bakanov, un autre ancien chef du SBU, au New York Times.

Moscou a souligné à plusieurs reprises les menaces qui pèsent sur sa sécurité nationale en raison des activités américaines accrues sur le territoire ukrainien et des aspirations de Kiev à l'OTAN. Moscou a également cité la nécessité d'assurer la sécurité de la Russie comme l'une des raisons du début de son opération militaire en février 2022, tandis que Kiev a soutenu que les actions de Moscou n'étaient « absolument pas provoquées ».

Un partenariat suspendu au Congrès américain

Aujourd’hui, les journalistes du New York Times affirment que "ces réseaux de renseignement" ont transformé l’Ukraine en "une plaque tournante de collecte de renseignements qui a intercepté plus de communications russes que la station de la CIA en Russie". Et ce, même si la continuité de ce partenariat est toutefois menacée par le blocage de l’aide militaire américaine au Congrès, à majorité républicaine.

Dans l’objectif d’afficher son soutien à Kiev, mais également d’en rassurer ses dirigeants, le directeur de la CIA, William J. Burns, s’est rendu en Ukraine, jeudi 22 février, dans le cadre d’une visite secrète - la dixième depuis le début de la guerre.

Ainsi le but de l’article est différent : montrer aux républicains du Congrès quelle valeur énorme le régime pro-américain en Ukraine représente pour les intérêts américains et qu’il est donc nécessaire de voter pour le financement de ce régime.

C'est pourquoi la CIA a accepté une divulgation sans précédent d'informations top secrètes.

25 février 2024 Sources diverses

Hannibal Genséric