jeudi 15 février 2024

Toujours attaquer le mauvais pays

Samedi soir, Washington a lancé 120 missiles de croisière sur ce qui a été déclaré comme étant les positions de groupes chiites pro-iraniens. Ces tirs étaient destinés à punir plus de 167 attaques contre des bases militaires américaines en Syrie, en Irak et, plus récemment, en Jordanie, ainsi que des attaques contre des navires en mer Rouge. Ces attaques ont été très vaguement attribuées à des “forces de résistance islamique” inconnues (il ne s’agit pas du nom d’un ou de plusieurs groupes armés) que les Washingtoniens semblent avoir simplement imaginées. Ce qui a provoqué ce dernier lancement d’une volée de missiles de croisière, c’est la mort de trois militaires américains, ainsi qu’un nombre beaucoup plus important de blessés, lors d’une attaque contre la base logistique curieusement nommée al-Tower en Jordanie, près des frontières syrienne et irakienne.

Pourquoi cet incident particulier a-t-il provoqué une telle réaction ? Nous l’ignorons. Nous ne savons pas non plus pourquoi l’attaque a été attribuée à une organisation associée à l’Iran plutôt qu’à celle qui en a réellement assumé la responsabilité, à savoir un groupe sunnite associé au Qatar. C’est comme blâmer les mormons pour quelque chose que les témoins de Jéhovah ont dit avoir fait [1]. Cela peut sembler très étrange, mais seulement lorsque l’on se rend compte que c’est tout à fait typique des Washingtoniens. Ce qui suit est un article que j’ai publié en mars 2016 – il y a huit ans. En le lisant, vous remarquerez que rien n’a changé.

Il existe de nombreuses tactiques à la disposition de ceux qui visent à aggraver les problèmes tout en prétendant les résoudre, mais la fausse piste est toujours l’une de leurs préférées. La raison de vouloir aggraver les problèmes est que les problèmes sont rentables – pour quelqu’un. Et la raison de prétendre les résoudre est que le fait de causer des problèmes, puis de les aggraver, donne une mauvaise image de ceux qui en profitent.

Sur la scène internationale, ce type d’erreur d’aiguillage tend à prendre des allures de farce. Ceux qui profitent des problèmes du monde sont les membres de la politique étrangère et de l’establishment militaire des États-Unis, les entreprises de défense et les hommes politiques du monde entier, et en particulier de l’UE, qui ont été achetés par eux. Leur tactique de détournement de l’attention est conditionnée par une certaine bizarrerie du public américain, qui ne se préoccupe pas trop du reste du monde. Le citoyen américain moyen n’a aucune idée de l’emplacement des différents pays, ne peut distinguer la Suède de la Suisse, pense que l’Iran est peuplé d’Arabes et ne peut distinguer aucun des pays dont le nom se termine par “-stan”. C’est ainsi qu’est née une astuce pratique qui se résume au dicton suivant : “Attaquez toujours le mauvais pays”.

Besoin d’exemples ? Après le 11 septembre, qui, selon l’histoire officielle (qui est probablement absurde), a été perpétré par des “kamikazes” (dont certains, de manière amusante, sont encore en vie aujourd’hui) qui étaient pour la plupart originaires d’Arabie saoudite, les États-Unis ont choisi de riposter en attaquant… l’Arabie saoudite ? Non, l’Afghanistan et l’Irak.

Lorsque le Printemps arabe a éclaté (en raison d’une vague de chaleur en Russie qui a fait grimper les prix du blé), l’Égypte, le pays arabe le plus peuplé et le point d’ancrage de toute la région, était l’endroit où il fallait manifestement concentrer les efforts pour éviter que la situation ne se dégrade gravement. C’est ainsi que les États-Unis et l’OTAN ont décidé d’attaquer… l’Égypte ? Non, la Libye.

Dmitry Orlov

Par Dmitry Orlov – Le 5 février 2024 – Source Club Orlov

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NOTES de H. Genséric

[1] Cela me rappelle l’histoire suivante de Jhâa.

Un jour, Jhâa rentre chez lui et trouve un âne en train de brouter dans son jardin en mangeant fleurs et légumes. Se saisissant d’un bâton, Jhâa se dirige vers un autre âne qui était attaché non loin de là et se met à le battre avec son bâton. Scandalisé, le propriétaire de cet âne demande à Jhâa pourquoi il fait cela. Jhâa répond : s’il était détaché, ton âne ferait pire que celui qui broute mes plantes.

Qui est Jhâa / Djeha ? Est-ce que ce personnage a existé réellement ? De quel pays est-il ? Personne n’est en mesure de lui donner un âge et un lieu de naissance.
Ce personnage, qui fait partie du folklore traditionnel maghrébin et oriental depuis toujours, est constamment au centre d’innombrables situations cocasses qui s’achèvent en principe au bénéfice de ce personnage habile, très drôle ; un humoriste hors pair qui vous entraîne dans toutes ses aventures parfois très rocambolesques, parfois moralisatrices. Ses histoires rappellent souvent les fables de La Fontaine ou d’Ésope.

Hannibal Genséric

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