Zaluzhny est de retour et demande plus d’armes

En décembre dernier, le commandant des forces armées ukrainiennes, le général Valery Zaluzhny, donnait une interview à The Economist. Il demandait plus d’armes pour lui permettre de chasser les forces russes de l’Ukraine :  Je sais que je peux battre cet ennemi. Mais j’ai besoin de ressources. J’ai besoin de 300 chars, de 600 à 700 véhicules tout-terrain, de 500 obusiers. Ensuite, je pense qu’il est tout à fait réaliste d’atteindre les lignes du 23 février.

Certains ont semblé croire à ses propos. Suite à la demande, l’Ukraine a reçu plus ou moins tout ce qu’elle avait demandé. L’Ukraine a alors annoncé bruyamment une contre-offensive, mais a mis plusieurs mois avant de la lancer. Dans l’intervalle, elle a consacré toutes ses ressources disponibles à une bataille inutile pour conserver la ville de Bakhmut face à l’avancée constante des forces mercenaires de Wagner. Cette seule bataille a coûté à l’Ukraine quelque 70 000 victimes. Pendant ce temps, les ingénieurs de l’armée russe construisaient de multiples lignes de défense renforcées que toute contre-offensive devra désormais franchir.

Début juin, sous la pression des États-Unis, l’armée ukrainienne a finalement lancé sa contre-offensive. Ce fut un échec. Les troupes ukrainiennes ont pénétré dans la zone de sécurité russe à des kilomètres des véritables lignes de défense et se sont immédiatement heurtées à des champs de mines et à des tirs d’artillerie intenses. Après quatre semaines de combat, elles ont “libéré” quelque 80 kilomètres carrés de terres à ciel ouvert et quelques petites localités. Cela s’est fait au prix d’efforts considérables :

L’unité comptait moins de 50 hommes et 30 d’entre eux ne sont pas revenus, tués, blessés ou capturés par l’ennemi. Cinq des véhicules blindés de l’unité ont été détruits au cours de la première heure.
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Pendant la première heure et demie de l’assaut du 37e près de Velyka Novosilka, les Russes ont bombardé l’unité avec des tirs d’obus ininterrompus qui ont pénétré leurs véhicules blindés AMX-10 RC, selon Grey, un autre soldat du bataillon qui a parlé à condition de n’être identifié que par son indicatif d’appel. Les véhicules blindés, parfois appelés “chars légers“, n’étaient pas assez costauds pour protéger les soldats, a déclaré Grey, et ont dû être positionnés derrière eux plutôt que devant.
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“Tout le monde s’attendait à ce que nous ayons un certain soutien, mais malheureusement, pour une raison ou une autre, il n’y en a pas eu“, a déclaré Lumberjack. Son commandant avait peu d’expérience et comptait sur l’aide des unités d’artillerie. “Mais il a été désorienté lorsqu’il a vu qu’il n’y en avait pas.“

À cette vitesse, il faudra à l’Ukraine de nombreuses années de combat et un approvisionnement illimité en armes et en hommes pour chasser les Russes :

Pour mettre les choses en perspective : Aujourd’hui, la Russie contrôle environ 17 % du territoire qui appartenait auparavant à l’Ukraine. Si les forces ukrainiennes ne remportent pas plus de succès dans les semaines à venir qu’elles n’en ont eu jusqu’à présent, l’Ukraine ne récupérera pas l’ensemble de son territoire avant 16 ans.

Au cours des derniers mois, j’ai utilisé une feuille de calcul pour répertorier et résumer les pertes ukrainiennes telles qu’elles figurent dans les rapports quotidiens du ministère russe de la défense. Ces chiffres sont probablement un peu trop élevés, mais il est difficile de dire de quel pourcentage, 10 ou 20 %.

Du 1er au 30 juin, les chiffres s’élèvent à : 313 chars, 815 véhicules de combat d’infanterie et autres véhicules blindés, 313 obusiers et autres systèmes d’artillerie à longue portée. L’Ukraine a également perdu quelque 21 900 hommes, soit une moyenne de 730 par jour.

Au cours du mois, la défense aérienne russe a affirmé avoir abattu 15 avions ukrainiens, 5 hélicoptères, 200 HIMARS et 20 missiles Storm Shadow (la fameuse arme miracle). Ces chiffres ne tiennent pas compte des dommages considérables causés par la Russie aux ateliers de réparation de la défense, aux dépôts d’armes et de munitions dans toute l’Ukraine grâce à ses attaques constantes par des missiles à longue portée.

Au total, l’Ukraine a perdu en un mois plus que ce que Zaluzhny avait demandé en décembre et plus que ce qu’elle a reçu depuis.

Zaluzhny est de retour dans le Washington Post pour demander plus d’armes :

Pour que la contre-offensive ukrainienne progresse plus rapidement, le général Valery Zaluzhny, le plus haut gradé des forces armées ukrainiennes, affirme qu’il a besoin de plus d’armes, de toutes les armes. Et il dit à qui veut l’entendre, y compris à son homologue américain le général Mark A. Milley pas plus tard que mercredi, qu’il a besoin de ces ressources immédiatement.

Lors d’une rare et vaste interview accordée au Washington Post, M. Zaluzhny a fait part de sa frustration : alors que ses principaux soutiens occidentaux ne lanceraient jamais une telle offensive sans supériorité aérienne, l’Ukraine n’a toujours pas reçu d’avions de combat modernes, alors qu’elle est censée reprendre rapidement le territoire aux Russes qui l’occupent. Les F-16 américains, promis depuis peu, ne devraient pas arriver avant l’automne, dans le meilleur des cas.

Ses troupes devraient également tirer au moins autant d’obus d’artillerie que leurs ennemis, a déclaré M. Zaluzhny, mais elles ont parfois été dépassés en nombre en raison des ressources limitées dont elles disposent.

Zaluzhny veut des F-16 et plus de munitions, mais aussi plus de “toutes les armes“. C’est là que le bât blesse.

Lorsque Zaluzhny recevra ses F-16, il apprendra immédiatement que le Su-35 russe leur est de loin supérieur. Son radar peut voir plus loin que celui des F-16 et ses missiles à longue portée au-dessus de l’horizon peuvent tuer les F-16 avant même qu’ils n’aient une chance de tirer leurs propres missiles.

L’Occident est actuellement incapable de produire autant de munitions que l’Ukraine veut en tirer. Et si les États-Unis ont encore quelques chars de combat Bradleys et Abrams dans leurs réserves, les dépôts de “toutes les armes” dans les autres pays de l’OTAN sont déjà vides. Il n’y a plus de chars, de véhicules blindés ou d’obusiers qui puissent être donnés.

Au total, il n’y a tout simplement pas assez d’armes pour remplacer les pertes quotidiennes de l’Ukraine. Pendant ce temps, la Russie produit déjà plus d’armes que ce dont son armée a besoin pour ses opérations quotidiennes.

Il n’y a aucune chance que l’Ukraine gagne ce combat ou même qu’elle s’en tienne à ses positions actuelles. C’était facile à prévoir. Ceux qui ont poussé l’Ukraine à agir devraient être condamnés pour le massacre meurtrier qu’ils ont causé.

L’Ukraine doit faire la paix avec la Russie. Oui, cela s’accompagnera de conditions qui ne seront pas faciles à avaler. Mais il n’y a pas d’autre issue.

Poursuivre le combat, avec des pertes croissantes en hommes et en terrain, n’est pas une alternative viable.

Par Moon of Alabama – Le 30 juin 2023

Via le Saker Francophone.