lundi 29 avril 2024

Bernanos et la « conquête juive » (horresco referens) décrite par Drumont

On ne fera aucun commentaire (on pourrait se demander narquoisement pourquoi on publie encore l’auteur de la France contre les robots. Mais…) Voici ce que Bernanos écrit à ce sujet dans sa Grande peur des bien-pensants (livre de poche préfacé par Elie Wiesel et Bernard Frank) :

 

Et d’abord, il (Drumont) est parti d’un fait que son érudition prodigieuse a rendu évident pour tous : la conquête juive. Un petit nombre d’étrangers, d’une activité convulsive, tenus des siècles à l’écart de la vie nationale, jetés brusquement dans une société aux cadres rompus, appauvrie par la guerre, s’emparent comme à l’improviste des sources mêmes de l’argent, puis organisent aussitôt leur conquête, patiemment, silencieusement, avec un sens merveilleux de l’homme moderne, de ses préjugés, de ses tares, de ses immenses et débiles espoirs. Devenus maîtres de l’or ils s’assurent bientôt qu’en pleine démocratie égalitaire, ils peuvent être du même coup maîtres de l’opinion, c’est-à-dire des mœurs. A la bourgeoisie libérale que la vanité rend féroce, qui effacerait volontiers d’un trait toute l’histoire de France pour rien, pour le simple plaisir de venger les vieilles rancunes des grosses bedaines opulentes du Tiers, mais dont l’écrasement de l’ancien régime n’a apaisé que pour un moment la susceptibilité maladive, les méfiances hystériques, et que continue de dévorer l’envie, ils donnent des chefs, s’imposent par leurs vices mêmes qui les ont perdus tant de fois jadis, la frénésie de paraître, l’impudence, la cruauté du satrape.

Dès la moitié du 19ème siècle, aux premières places de l’Administration, de la Banque, de la Magistrature, des Chemins de fer ou des Mines, partout enfin l’héritier du grand bourgeois, le polytechnicien à binocles, s’habitue à trouver ces bonshommes étranges qui parlent avec leurs mains comme des singes, traînent nonchalamment sur les colonnes de chiffres et les cotes un regard de biche en amour auquel pourtant rien n’échappe, si différents du papa bonnetier ou notaire et comme tombés d’une autre planète, avec leur poil noir, les traits ciselés par l’angoisse millénaire, le prurit sauvage d’une moelle usée depuis le règne de Salomon, prodiguée dans tous les lits de l’impudique Asie… Aux fils d’avares, élevés dans le mépris du passé, l’indifférence profonde de la tradition de leur propre race, les maîtres étrangers apportent une mystique nouvelle, admirablement accordée à celle du Progrès, au moderne Messianisme qui n’attend que de l’homme la révélation du dieu futur. Dans ce paradis d’ingénieurs, nu et lisse comme un laboratoire, l’imagination juive était seule capable de faire jaillir ces fleurs monstrueuses, carnassières, sur lesquelles se roulait si comiquement le vieux Renan rose et dodu, toutes griffes dehors, avec un grognement de terreur et de plaisir, tel un gros chat ivre de valériane.

Le monde moderne est à la fois l’histoire d’une possession intellectuelle (l’hallucination décrite par Guénon – voyez mes textes) et d’une dépossession matérielle. Bernanos ajoute :

Ce fait immense, qui, bien avant Drumont, n’avait pas échappé à Balzac, la dépossession progressive des États au profit des forces anonymes de l’Industrie et de la Banque, cet avènement triomphal de l’Argent, qui renverse l’ordre des valeurs humaines et met en péril tout l’essentiel de notre civilisation, s’est accompli sous leurs yeux, et ils ont gravement hoché la tête ou parlé d’autre chose.

Et puis une dernière vision :

Vous saurez ce que c’est qu’une certaine Paix — non pas même celle qu’entrevoyait Lénine agonisant sur son lit de sangle, au fond de sa hideuse mansarde du Kremlin, un œil ouvert, l’autre clos — mais celle qu’imagine, en ce moment peut-être, en croquant ses cacahuètes au sucre, quelque petit cireur de bottes yankee, un marmot à tête de rat, demi-saxon, demi-juif, avec on ne sait quoi de l’ancêtre nègre au fond de sa moelle enragée, le futur roi de l’Acier, du Caoutchouc, du Pétrole, le Trusteur des Trusts, le futur maître d’une planète standardisée, ce dieu que l’Univers attend, le dieu d’un univers sans Dieu.

Nicolas Bonnal sur Amazon.fr


Sources


Avril 2024 – Source Nicolas Bonnal

Nicolas Bonnal

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires hors sujet, ou comportant des attaques personnelles ou des insultes seront supprimés. Les auteurs des écrits publiés en sont les seuls responsables. Leur contenu n'engage pas la responsabilité de ce blog ou de Hannibal Genséric.