Non, la fuite, la queue entre les jambes, des forces américaines face au déferlement des troupes talibanes n’est pas comparable à l’évacuation panique de Saïgon, le 30 avril 1975, jour où le dernier hélicoptère décolla du toit de l’ambassade des États-Unis… Elle est bien pire ! Parce qu’elle vient à la suite d’un demi-siècle de fiascos retentissants et ininterrompus : baie des Cochons, Vietnam, Somalie, Irak, Libye, Syrie et tutti quanti.
Nous devons l’expression la queue entre les jambes, pour triviale qu’elle soit, à un expert en la matière : Scott Ritter, qui sillonna, entre 1991 et 1998, l’Irak baasiste en tant qu’inspecteur de la Commission spéciale des Nations unies (UNSCOM) destinée – en principe – à débusquer des armes introuvables de destruction massive. Il avoua, finalement, avoir accompli cette mission au service de la CIA. Depuis, du temps a passé et il devenu quasi impossible de retrouver trace, sur la Toile, de l’analyse prospective de l’ancien officier de renseignement du corps des Marines. Or, une prophétie identique aurait pu être énoncée en 2001 à propos de l’Afghanistan, un pays où l’on entre mais d’où on ne ressort pas indemne. Les Britanniques en savent quelque chose, qui se sont cassés les dents sur l’irrédentisme pachtoune (l’ethnie dominante formant le gros des rebelles talibans)… En janvier 1842, la désastreuse bataille de Gandamak – un seul survivant ! – scellait pour longtemps les ambitions de Londres sur le toit du monde.
Les stratèges du Pentagone n’ont apparemment pas su tirer les enseignements de précédents historiques bien connus, au contraire du général Schwartzkopf qui, en février 1991, s’était inspiré de la bataille d’annihilation conduite à Cannes (2 août 216 av. J.-C.) par Hannibal au grand préjudice des légions romaines, ceci, pour chasser les Irakiens du Koweït.
Maintenant, le chœur des pleureuses professionnelle déplore les vingt années de guerre inutiles, oubliant que les États-Unis ont été activement engagés dans le conflit afghan contre les Soviétiques dès 1990 par le truchement des services pakistanais (ISI), eux-mêmes cornaquant la Légion arabe d’Oussama ben Laden. Une guerre, donc, non de vingt mais de quarante ans pour l’hégémonie mondiale (autrement nommé monde unipolaire), lesquels ont vu s’entasser ruines sur ruines pour le plus grand malheur des peuples… Mais pour le plus grand bonheur de Big Tech, alias complexe militaro-industriel. Les guerres, aussi asymétriques soient-elles, ne font pas que des perdants.
Au moment où l’on se bouscule sur le tarmac de l’aéroport de Kaboul reste une question pendante et lancinante : qui arme et entraîne les talibans ? N’est-ce pas, à front renversé, Islamabad ? Avec la caution, très subtilement discrète, de Pékin ? Un clou chasse l’autre. L’Amérique quitte un marais où elle n’aurait jamais dû s’aventurer, ouvrant un boulevard à l’autre super-grand dont les appétits ne font que croître en mer de Chine et ailleurs.
Jean-Michel Vernochet est écrivain, ancien grand reporter au Figaro Magazine
*Source : Bd Voltaire
Afghanistan. Notes sur la conférence de presse donnée par les talibans
Par Moon of Alabama – Le 17 août 2021
Voici mes notes prises lors de la conférence de presse des talibans qui vient de s’achever (vidéo, survoix en pachtoune + anglais) aujourd’hui, tenue par le porte-parole des talibans, Zabihullah.
La conférence commence par une récitation du Coran félicitant les vainqueurs et une autre prônant l’unité.
Nous avions le droit légitime de libérer le pays.
Nous pardonnons à tous ceux qui ont combattu contre nous.
Nous ne voulons pas d’ennemis externes ou internes.
Nous voulons un gouvernement fort, islamique et inclusif.
Pas de victimes talibanes à Kaboul.
Assurer la sécurité à Kaboul.
Assurer la sécurité des ambassades.
Nous ne voulons ni chaos ni désagréments à Kaboul.
Confirme que les talibans ne sont entrés à Kaboul que pour assurer la
sécurité dans les rues. Des émeutiers, des voleurs voulaient utiliser le
nom des Talibans pour fouiller les maisons, etc.
Assurer la sécurité de tous les pays voisins.
Assurer à la communauté internationale qu’aucun pays ne sera attaqué à partir du sol afghan.
Droits des femmes respectés, dans le cadre de la charia. Éducation, travail, etc. autorisés.
Nous construirons des infrastructures pour l’économie afghane.
Demande à la communauté internationale d’y contribuer.
Assure l’activité des médias. Ils peuvent continuer à faire des
reportages. Mais rien de contraire aux valeurs islamiques. Doivent être
impartiaux. Ils auront le droit de critiquer le travail des talibans
afin que ceux-ci puissent s’améliorer.
Les médias ne doivent pas travailler contre les valeurs nationales ou l’unité de la nation.
———
Questions des journalistes :
Question d’Aljazeerah: A propos des femmes ?
Talibans : Les femmes sont un élément clé de la société. Nous travaillerons avec elles. Dans le cadre de l’Islam.
Question : Au sujet de la sécurité des entrepreneurs, des traducteurs qui ont travaillé pour les États-Unis, des autres, etc.
Talibans : Nous assurons que tous ont été graciés. Pas de vengeance. Nous ne voulons pas qu’ils partent. Nous avons besoin de leurs talents. Personne ne sera interrogé ou verra sa maison fouillée.
Tous les soldats qui ont combattu contre nous sont graciés.
Question de Tolonews : Graciés ?
Talibans : Tout le monde est gracié. Les talibans ont fait du mal à cause de la guerre. Ils assurent que cela n’arrivera plus.
Question : A propos des émeutes, des rapports de voleurs ?
Talibans : Nous avons dû intervenir à Kaboul pour arrêter cela. Nous désarmerons ces personnes. Nous allons rétablir les services.
Questions : ?
Talibans : Des négociations ont eu lieu à Doha pendant 18 mois. Mais le gouvernement précédent les a sabotées et prévoyait une autre guerre de six mois.
Nous avons demandé à tout le monde de ne pas entrer dans la maison des autres. Le gouvernement sera bientôt formé et les choses seront alors claires.
Q : ?
Talibans : Il y aura une différence entre ce que les talibans ont fait il y a 24 ans au gouvernement et ce qu’il fera à l’avenir. Ils sont plus développés maintenant.
Q : a. La formation du gouvernement ? b. Les frontières ?
Talibans : a. En cours. b. Les frontières sont sécurisées. La contrebande est interdite….
Q : ?
Talibans : Nous n’avons pas eu un seul cas de meurtre dans les provinces depuis que nous gouvernons. Actuellement, un seul cas d’enlèvement. Ceux-ci vont cesser aussi.
Q : Les stupéfiants ?
Talibans : Nous ferons en sorte que les stupéfiants cessent. Beaucoup de nos jeunes consomment des stupéfiants. A partir de maintenant, l’Afghanistan sera sans narcotiques. Une aide internationale sera nécessaire pour les cultures alternatives.
Q : ?
Talibans : Nous aurons un gouvernement fort basé sur les valeurs islamiques. Nous sommes toujours en consultation à ce sujet. Il sera inclusif. Les femmes pourront travailler.
Q : Des combattants étrangers en Afghanistan ?
Talibans : Le sol afghan ne sera pas utilisé contre d’autres pays. Les personnes qui veulent faire cela ne seront pas autorisées sur notre sol.
Q : Les femmes peuvent-elles encore travailler dans les médias ?
Talibans : Tout le monde pourra travailler. Le nouveau gouvernement publiera des lois réglementant divers domaines.
Q : Des contacts avec Abdullah, Hekmatyar, Karzai ?
Talibans : Je communique avec eux. Ceux qui veulent servir la nation ne seront pas ignorés. Le gouvernement sera inclusif.
Q : Les relations internationales ?
Talibans : Nous voulons avoir de bonnes relations avec tout le monde.
Fin de la conférence de presse.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Note du Saker Francophone
Quant à l’affirmation Talibans=méchants terroristes dont nous inondent actuellement les médias grand public, nous vous renvoyons à cet article de Korybko que nous avons publié il y a quatre ans : « Une Psy-Op sur l’alliance Taliban-Daech exposée comme un complot anti-CPEC ».
Il y est dit : « Une raison plus immédiate et tactique pour ce canular est qu’il fournit une « légitimité » à l’effort américain pour intensifier ses attaques contre les talibans par des frappes aériennes et prétendument un soutien héliporté à l’armée afghane au motif que le groupe est prétendument maintenant une « filiale de Daech » »
De la nous passons à cet article de Sputnik news dont le titre dit tout : « Biden a reconnu que la guerre américaine en Afghanistan n’est pas vraiment terminée – elle va devenir une guerre pas drones interposés, comme en Somalie. »
Le calvaire de l’Afghanistan n’est hélas pas terminé.
https://reseauinternational.net/afghanistan-le-retrait-us-est-il-un-leurre/
RépondreSupprimerNicolas.. Rappelez-vous que l'hymne national d'Israël est......
SupprimerEn avant soldats chrétiens! Marchant comme à la guerre, Avec la Croix de Jésus Allons tous en avant.
Cette histoire de Taliban est fort intéressante car c'est l'occasion rêve donnée au paquet de lessive qui nous sert de président de se montrer en chef de guerre.
RépondreSupprimerEtant donné que le chef cuistot de l'Elysée a été remplacé récemment, il ne lui reste plus que ça à notre président bien aimé, une bonne guerre, la démonstration de sa "puissance" faisant face à l'adversité fabriquée par nos prétendus amis, les américains (bis repetita 14/18 et 39/45)...à moins que tout ceci ne fasse partie du plan...le plan que tout le monde connait...mais in fine ça ne change rien au programme : sa guerre il veut, sa guerre il aura.