Un projet de loi américain annulerait l'envoi des ATACMS à l'Ukraine

Un projet de loi à la Chambre des représentants des États-Unis, s'il était adopté, réduirait le danger d'une guerre nucléaire en Ukraine en mettant fin aux attaques américaines ATACMS contre la Russie, rapporte Joe Lauria.

Scott Ritter après sa rencontre avec le personnel
du président de la Chambre des représentants, Mike Johnson.

Un projet de loi présenté à la Chambre des représentants des États-Unis par le représentant Clay Higgins (R-LA) interdirait aux États-Unis d'envoyer des missiles ATACMS à longue portée en Ukraine pour être tirés vers la Russie.

Étant donné que le personnel et les satellites américains sont nécessaires pour tirer les missiles depuis le territoire ukrainien, Moscou considère qu'il s'agit d'une attaque américaine directe contre la Russie, la plaçant dans un état de guerre avec les États-Unis, ce qui pourrait conduire à un conflit nucléaire. 

Pour éliminer le risque d'une guerre nucléaire, le projet de loi vise à mettre un terme aux tirs d'ATACMS vers la Russie. Le projet de loi stipule :

(a)  Interdiction . — Pour la période commençant à la date de promulgation de la présente loi et se terminant à la fin du 20 janvier 2025, nonobstant toute autre disposition de la loi, pendant toute période pendant laquelle un état de conflit existe entre l'Ukraine et la Fédération de Russie —

1) aucun système de missiles tactiques de l'armée (ATACMS) ne peut être transféré à l'Ukraine ; et

(2) Les services militaires ou les agences de renseignement des États-Unis ne peuvent pas fournir de soutien aux unités ukrainiennes exploitant des plates-formes de systèmes de roquettes d'artillerie à haute mobilité (HMARS) utilisant des munitions ATACMS pour frapper en dehors des frontières territoriales ukrainiennes internationalement reconnues.

(A) ciblant le soutien au renseignement ;

(B) soutien à la planification des missions; et

(C) tout autre type de support.

Plusieurs membres du Congrès et leurs collaborateurs ont déclaré avoir été pris au dépourvu par le revirement du président Joe Biden sur sa décision précédente n'autorisant pas le tir d'ATACMS vers la Russie depuis l'Ukraine.

Les membres et leur personnel ont fait ces remarques lors de réunions jeudi au Capitole avec l'ancien inspecteur en armement de l'ONU Scott Ritter et des militants de Code Pink, dirigés par Medea Benjamin. 

Biden rompt avec les réalistes

Tir de missile ATACMS

Biden s’était déjà rangé du côté du Pentagone à deux reprises pour éviter une guerre directe avec la Russie. En mars 2022, il a annulé le projet de zone d’exclusion aérienne de l’OTAN au-dessus de l’Ukraine, qui aurait pu conduire à un conflit direct avec la Russie.

Biden  s'était opposé à la zone d'exclusion aérienne, avait-il déclaré à l'époque, car « cela s'appelle la troisième guerre mondiale, d'accord ? Soyons clairs, les gars. Nous ne mènerons pas la troisième guerre mondiale en Ukraine. »

Puis, en septembre, Biden s’est tourné vers les réalistes du Pentagone pour s’opposer au tir de missiles britanniques Storm Shadow à longue portée par l’Ukraine en profondeur sur la Russie, de peur que cela ne conduise également à une confrontation militaire directe entre l’OTAN et la Russie, avec tout ce que cela implique.

Poutine avait alors prévenu que, dans la mesure où les soldats britanniques présents en Ukraine lanceraient effectivement des missiles britanniques vers la Russie avec le soutien géostratégique des États-Unis, « cela signifierait que les pays de l’OTAN – les États-Unis et les pays européens – sont en guerre avec la Russie. Et si tel est le cas, alors, compte tenu du changement de l’essence du conflit, nous prendrons les décisions appropriées en réponse aux menaces qui pèsent sur nous ». 

C'était un avertissement clair que des cibles britanniques et américaines pourraient être touchées. Biden a donc sagement fait marche arrière. 

Mais après avoir été écarté de la course et avoir perdu la Maison Blanche le mois dernier, Biden a soudainement changé de cap, autorisant non seulement les missiles longue portée britanniques, mais aussi américains, à être tirés sur la Russie. Il n'est pas certain que la Maison Blanche ait jamais informé le Pentagone à l'avance.

Le projet de loi de Higgin a été présenté le 21 novembre sous le numéro HR 10218 , mais aucun des autres membres de la Chambre que Ritter et Benjamin ont rencontrés au Capitole n'en avait entendu parler. Il n'a pas non plus été rapporté dans les médias grand public.

« Nous avons constaté que le bon sens est bel et bien vivant dans les couloirs du Congrès », a déclaré Ritter à Consortium News. « Les membres du Congrès et leurs collaborateurs comprennent le danger d’une guerre nucléaire. Nous avons découvert qu’il existait déjà un projet de loi… qui cherchait à réaliser ce que nous essayions de leur faire faire. »   

Benjamin a déclaré : « Nous sommes ravis de faire avancer ce projet de loi, dont nous venons tout juste d’apprendre l’existence. […] Il ne sera pas adopté, mais l’idée est de lui donner un élan pour faire passer le message que certains membres du Congrès souhaitent voir cette loi annulée et qu’au prochain Congrès, ils la présenteront à nouveau avec beaucoup plus d’élan. »

« Pour arrêter une guerre nucléaire, il faut une seule chose », a déclaré Ritter :

« Les États-Unis doivent cesser d’attaquer le sol russe avec des missiles ATACMS de fabrication américaine. ... Ce sont les Américains qui attaquent la Russie. Du point de vue russe, les États-Unis sont en guerre avec la Russie… ce qui a déclenché leur doctrine nucléaire. »

7 décembre 2024

Par Joe Lauria
 Capitol Hill, Washington

Rédacteur en chef de Consortium News et ancien correspondant à l'ONU pour le Wall Street Journal, le Boston Globe et d'autres journaux, dont The Montreal Gazette, le London Daily Mail et The Star of Johannesburg.

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