C’est Dominique de Villepin, preux et vain orateur pacifiste en 2003, depuis récompensé par divers scandales qui compromirent son cursus présidentiel, qui a parlé à propos de Trump de l’Amérique « qui se moque du monde ». Il faut dire en effet que le Donald a mis les bouchées doubles et qu’il étourdit son monde sans lui laisser de répit. Et que je t’ordonne d’arrêter ta guerre, et que je te demande de me refiler ton pays le Canada ou la plus grande île (et dernière île vierge ou presque) du monde le Groenland, et que je te demande de te taire, et que j’ordonne à ton électorat de voter pour l’extrême-droite allemande devenue plus très souverainiste du coup…
Elle aurait tort de se gêner l’Amérique. Sa balance commerciale extraordinairement déficitaire lui permet de faire chanter tout le monde ou presque, en particulier l’Europe (déjà ruinée sinon anéantie par Biden et son minyan – voyez Kunstler), ou l’arrière-cour latino, toujours plus dépendante de la puissance US. C’est Todd qui remarque – p. 240 de la Défaite – comme ça en passant (mais pourquoi seulement en passant ?) que le Mexique est devenu le satellite industriel de l’Amérique après avoir fait longtemps office de résistant numéro un à l’ogre-oncle Sam : de la même manière la république (et tant pis pour Philippe Roger…) est devenue un larbin intégral des américains, et ce vingt ans après le discours de Villepin à l’ONU, en ayant élu en 2007 un président présumé gaulliste ou néo-gaulliste, car on ne sait plus. Les andouilles qui faisaient depuis Cochin confiance à Chirac auraient dû regarder d’un peu plus le CV des députés-maires du 92 en 1983 : Sarkozy, Devedjian, Balkany, Noir, Barzach, tous plus socialistes, européens et mondialistes les uns que les autres. Mais le gaullisme fait partie des mythes froncés, et on ne les changera pas ces froncés.
Trump va humilier et ruiner l’Europe un peu plus donc. Le problème est que, tropisme démocrate aidant, les Français et les Européens aiment se faire plumer et humilier par les Huns-démocrates, pas par les autres dits républicains (voyez mon texte et le nom de vos places et de vos rues – Wilson, Roosevelt, Truman, Kennedy…). Ils n’aiment pas Trump puisque leurs médias aux ordres leur ont dit de le détester et que Trump qui a dû lire Guénon comme Bannon pratique la technique de la « folie apparente/sagesse cachée ». Il intrigue ou scandalise et donc imposera plus facilement le programme de la coulisse.
On pourrait donc comme le pitre Bardella dénoncer Trump et se mettre un peu plus aux ordres d’Ursula et de son ordre nouveau européen qui passe par toujours plus de vers et d’insectes, toujours plus de vaccins et toujours plus de guerres et d’éoliennes ; et comme Ursula n’est pas en reste, elle va promouvoir comme Adolf la guerre contre l’Amérique après celle contre la Russie. Gageons que quelques frappes commerciales suffiront à calmer l’ire des fous de Bruxelles.
Mais voyons l’argument optimiste. L’idée première serait donc que Trump allant trop loin, et son monsieur Musk qui joue au pitre aussi, bras tendu ou non, le monde européen redresserait la tête et s’éloignerait du parrain américain.
Je ne le crois pas une seconde. Viscéralement russophobes, les pays de l’Est suivront jusqu’en enfer le Donald ; la France totalement « conifiée par les mots » (Céline) et gauchiste à en crever, reniement national inclus, ne peut rien proposer aux Européens qu’un suicide plus rapide. Leur Europe est soit promise à une guerre d’extermination contre la Russie, qui renforcera les intérêts américains, soit à une guerre d’attrition industrielle, qui en terminera avec son économie. Dans les deux cas Trump joue gagnant. On verra comment il mettra au pas séparément chaque pays des Brics. Comme je disais plus haut, cela sert d’avoir le plus gros déficit commercial du monde, déficit éternel que l’on renfloue simplement en imprimant ce dollar-qui-doit-disparaître-très-prochainement. Notre ami Shamir a rappelé que ni le rouble ni le yuan ne jouent de rôle secondaire : ce gentil rôle est échu à l’euro, que les Américains feront disparaître sur ordre, notamment en le faisant numériser par leur agent Christine Lagarde : tout le monde le fuira et ce sera la débandade.
La domination culturelle américaine aussi va se maintenir, surtout s’il faut tenir compte de la montée en puissance de la débilité planétaire. Car la montée de l’intelligence artificielle depuis les années 90 s’accompagne d’un effondrement universel des QI, d’un écroulement des ambitions et des contenus culturels [1]. Relisez Barzun ou Zweig, et comparez le contenu littéraire français du début du vingtième siècle au nôtre pour comprendre. Les dix films les plus vus en 2024 (voir source sur Wikipédia) sont des dessins animés pour enfants (et adolescents, si on veut faire court et gentil) : autrement dit Hollywood reste aux commandes mais a liquidé les acteurs, qui n’ont pas pu de ce fait peser sur la dernière élection US ; ils n’existent plus. Dans un monde où l’homme n’existe plus et où le public s’en fout, il va devenir facile de faire régner avec trois oligarques, l’intelligence artificielle, dût-on laisser son pré carré à la Chine rétive et surtout moins active que jamais sur le plan géostratégique. Après on diminuera la taille du troupeau des citoyens superflus et tout le monde sera content. Comprenez le grand incendie ce sens : l’acteur est aboli. Le nouveau Néron de l’ère numérique qui abolira l’humain l’a aboli l’humain. Est-ce un être de chair et de sang ou déjà une matrice informatique qui a bouffé le monde ?
L’Amérique, explique Céline dans le Voyage, c’est le pays de la technique – de la technologie comme on dit aujourd’hui. On sait ce qu’en a dit Bernanos dans sa France contre les robots, France qui n’aura comme prévu par d’autres, opposé aucune résistance. Voyez Cochin ou Drumont et mes textes à ce sujet.
Le Donald lui a parlé d’âge d’or ; il a même parlé de « Our God », notre dieu maçonnique et bien américain. On a aussi cité la quatrième églogue de Virgile et cet âge d’or qui devait revenir après le règne du christianisme, et dont a parlé Dick dans une elliptique et énigmatique (enfin, pas pour moi) nouvelle de neuf pages nommée l’œil de la sibylle.
Tout cela pour dire que l’Amérique se moque du monde et qu’elle a bien raison de le faire. Avec les adversaires qu’elle a ou plutôt qu’elle n’a pas en face d’elle, elle joue gagnant à court et moyen terme.
Mai 2025 – Par Nicolas Bonnal
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[1] L'intelligence artificielle ne fait pas le poids face à la stupidité naturelle. » (Albert Einstein).
Bonnal toujours aussi largué en géopolitique et surtout très contradictoire : il fustige (à juste titre) l’avènement du monde techno-féodal mais se félicite de pouvoir vendre ses bouquins sur Amazon ou de louer une baraque sur Airbnb. Il dénonce le nomadisme actuel mais vit à l’étranger après avoir parcouru le monde, il s’emporte sur la bêtise humaine mais elle a toujours existé. Il se désole de l’abrutissement généralisé mais les anciennes générations étaient-elles vraiment mieux loties ? Combien de braves se sont sacrifiés dans des guerres pour le seul bénéfice de quelques puissants ? Au final rien n’a vraiment changé sauf que le vernis d’une gloire fantasmée s’est estompé.
RépondreSupprimerA propos de ce personnage ,j'allais moi aussi sortir la badine......Mais après vous,cela n'est plus nécessaire ! Quant à Villepin c'est un technocrate pour ne pas écrire un paltoquet en politique! Ses accointances intéressées ('cabinet d'avocat d'affaires) avec le Qatar (pas seulement...)dévalues notablement ses prises de parole. Il fait de la COM.......Cela ne lui coute RIEN et pourrait lui rapporter beaucoup en $......
SupprimerIl faut bien parler pour enfoncer les portes ouvertes et que les cerfs puissent hocher la tête pour ensuite retourner à leur besogne quotidienne...
SupprimerÇa donne bonne conscience et ne mange pas de pain de fuir une réalité fût-ce ce voyage fantasmé...
Sinon tant qu'a faire pêchons tous car nous sommes nés ainsi et faisons nous la guerre car après tout c'est la nature humaine...
Faudrait pas non plus tomber dans l'excès inverse...
En bref critiquer tout (spécialité française) sans rien apporter de + au débat quitte à enlaidir une réalité déjà peu aguicheuse n'est à mon humble avis pas la meilleure des posture...
As tu pris la peine de te relire avant de poster ce fatras?
SupprimerD’après certains experts, le déficit commercial US est tout à fait normal, puisqu’il est la conséquence logique du fait qu’il faut, jusqu’ici, des dollars pour acheter le pétrole.
RépondreSupprimerEn effet, les divers pays devant, jusqu’ici, se procurer des dollars pour payer leur pétrole, ils doivent vendre des trucs qu’ils fabriquent aux USA. Le dollar ne valant pas un clou, puisqu’il sort du néant, les divers pays qui veulent se procurer du pétrole, voient les richesses qu’ils produisent, pillés au passage par les USA.
Si les USA voulaient équilibrer leurs échanges commerciaux, il faudrait qu’ils produisent des marchandises à exporter pour équilibrer leur balance commerciale. Seulement, au lieu d’exporter, ils ont choisi de procurer au monde le « service » (racket) du dollar, qui leur sert à équilibrer leurs importations.
Les USA étaient jusqu’ici une organisation mafieuse qui se gave avec les richesses du monde. Désormais, avec Trump, les USA veulent, pour pas un clou, le beurre, l’argent du beurre, la crémière, la crémerie, l’étable, la bassecour et la prairie.
Si Trump n’est pas un simple d’esprit, que mijote-t-il ?
Machin
Si Trump venait à survivre à ce 1ér mandat et à obtenir un 2éme.......Alors il va certainement RAMENER TOUT aux USA dans une sorte d'autarcie,d' ou la raison probable de sa volonté d'intégrer déjà le Groenland (visée US depuis le 19éme siècle) + tard le Canada et relier ainsi l'Alaska, enfin ajouter à l'Union; l'Australie et la NZ.Ainsi leur superficie dépasserait les TRENTE millions de kms,le reste à vous de l'estimer.
SupprimerC'est très juste...le privilège exorbitant du dollar leur à permis de piller les richesses nationale d'autres pays...en premier lieu...le Japon... Corée Taiwan Hong Kong...
SupprimerMais ça bouge
Pour Trump son cas est désespérant car sa politique est à l'image de sa prise de parole...stupide inconsistante et décousue...
Toi aussi tu as préféré Biden, aurais voulu Harris et souhaité il y a 8 ans la psychopathe de Clinton?
SupprimerNe t'impatiente pas.....Trump pourrait être abattu et tu auras à sa place ,un genre de " Nathanyaou" américain et tu sentira de partout la différence......donc PATIENCE!
Les US ne font que remettre de l'ordre dans le camp occidental. Les Européens vont devoir payer pour leur défense, leur énergie et les balances commerciales devront être équilibrées. Les US vont se créer un dollar intérieur et laisser le monde se démerder avec le dollar international qui reste encore nécessaire. C'est plutôt simple à comprendre. Maintenant, c'est à prendre ou à laisser, une sorte de prix à payer pour rester dans la famille.
RépondreSupprimerDans ces nouvelles règles, la France s'en tire plutôt bien et travaille militairement en mode furtif avec UK et US sur plusieurs théâtres.