mercredi 6 octobre 2021

Guerre mondiale du gaz : la fête ne fait que commencer !

Le prix au comptant du gaz naturel en Europe vient de franchir le seuil psychologiquement important de 1000 dollars par millier de mètres cubes, soit un dollar par mètre cube. Cela a déjà eu des conséquences importantes dans toute l’Europe. Au Royaume-Uni, les usines d’engrais ne peuvent pas fonctionner à de tels prix et ont fermé leurs portes. Cela entraînera plus tard une inflation des prix des denrées alimentaires, mais l’effet immédiat est de priver les consommateurs de viande emballée et de bière en raison d’une pénurie de glace carbonique qui est un sous-produit de la production d’engrais. Pendant ce temps, de l’autre côté de ce qui reste de l’Union européenne, dans les petits États baltes, les prix de l’électricité sont désormais dix fois plus élevés que de l’autre côté de la frontière, en Russie. Bien sûr, ils sont les bienvenus pour acheter de l’électricité bon marché et abondante à la Russie, mais celle-ci doit passer par le Belarus et la Lituanie et les Lituaniens ont stratégiquement brisé les relations avec le Belarus en hébergeant la fugitive Tikhanovskaya, la reine des côtelettes, qui est une sorte de Juan Guaidó belarusse.

De l’autre côté du Belarus se trouve l’Ukraine, où les choses sont encore plus amusantes. Au printemps 2019, l’Ukraine a refusé l’offre gracieuse de la Russie de lui vendre du gaz à 240-260 dollars par millier de mètres cubes (un quart du prix spot actuel) et a préféré l’acheter sur le marché spot. Le résultat est que l’Ukraine a besoin de 13 milliards de mètres cubes de gaz en stockage pour passer la saison de chauffage mais en a moins de 5. Mais elle peut toujours acheter ce dont elle a besoin sur le marché au comptant, non ? C’est faux ! L’Ukraine est fauchée et n’a rien prévu dans son budget à cet effet. Heureusement, elle peut encore acheter de l’électricité bon marché à la Russie, du moins jusqu’à ce que les nationalistes ukrainiens décident de faire sauter les lignes de transmission vers la Russie, comme ils l’ont fait avec celles qui mènent à la Crimée russe il y a quelque temps, provoquant des pénuries d’énergie dans cette région et forçant les Russes à construire un pont énergétique depuis le continent, un processus qui a pris près d’un an.

Mais contrairement à l’Ukraine, qui est en faillite, les pays de l’UE n’ont pas à geler leur approvisionnement car ils peuvent simplement acheter le gaz dont ils ont besoin sur le marché spot, sous la forme de gaz naturel liquéfié, n’est-ce pas ? C’est faux ! Le marché du GNL est mondial, et les concurrents de l’Europe en Asie de l’Est – la Chine, la Corée du Sud et le Japon – peuvent toujours surenchérir sur l’offre disponible. Ces trois pays enregistrent des déficits structurels avec les États-Unis depuis des décennies et ont accumulé des quantités malsaines de dette fédérale américaine. Alors que les États-Unis sont sur le point de faire faillite et/ou de déclencher une hyperinflation du dollar en laissant leur dette nationale dépasser le seuil des 30 000 milliards de dollars, ils sont impatients de se débarrasser de la plus grande partie possible de ce magot, en l’échangeant contre des produits de base nécessaires tels que le gaz naturel. Ils ne se soucient guère du prix du gaz, car le prix final de la dette américaine sera nul et quelque chose est toujours mieux que rien. Ainsi, il y a de fortes chances que l’UE tremble dans le noir cet hiver par solidarité avec l’Ukraine.

Mais les choses vont beaucoup mieux aux États-Unis qui, après tout, sont un fier exportateur de gaz naturel grâce à ce qui reste de leur industrie de fracturation hydraulique. Encore faux ! L’Industrial Energy Consumers of America (IECA), un groupe de pression de l’industrie chimique et alimentaire, vient d’exiger que le ministère américain de l’énergie impose des limites aux exportations de GNL. Sinon, disent-ils, les prix très élevés du gaz naturel rendront de nombreuses entreprises américaines non compétitives et les obligeront à fermer leurs portes. Les prix ont déjà augmenté de 41 % au cours de l’année dernière. Mais cela ne suffit pas à stimuler la production : la production de gaz naturel aux États-Unis diminue en même temps que le nombre d’appareils de forage et la quantité de gaz stockée est actuellement inférieure de 7,4 % à la moyenne des cinq années précédentes. Toute tentative de limiter les exportations de GNL fera hurler les lobbyistes de l’industrie de l’énergie, qui ont beaucoup d’influence au Capitole, et entraînera de longues batailles politiques au sein d’un Congrès américain déjà très divisé et désagréable.

Pendant ce temps, dans l’UE, il y a une chose que l’on peut faire immédiatement pour éviter cette crise : mettre en service NordStream2, qui vient d’être achevé, en mettant de côté les protocoles bureaucratiques européens qui font traîner en longueur le processus de certification et en rejetant la restriction vraiment idiote selon laquelle il ne peut être utilisé qu’à 50 % de sa capacité. La société russe Gazprom serait parfaitement disposée à signer un accord d’approvisionnement à long terme à un prix raisonnable, comme elle l’a fait avec la Hongrie il y a quelques jours à peine. Mais pour l’instant, un tel revirement semble peu probable. D’une part, les fondamentalistes du marché libre sont encore pleins d’une foi aveugle dans le fait que le marché libre empêchera d’une manière ou d’une autre leur peuple de geler ; d’autre part, les écologistes semblent croire que le gel serait un acte vertueux qui aiderait à sauver la planète de la surchauffe. 

Hibernatus, le revenant d'expat - Femmexpat

Au printemps prochain, la fonte des neiges pourrait révéler un paysage politique jonché des cadavres gelés des écologistes et des fanatiques du marché libre. Nous devrions tous leur souhaiter bonne chance, bien sûr, qu’ils le méritent ou non.

Par Dmitry Orlov – Le 28 septembre 2021 – Source Club Orlov

Gazprom a commencé le remplissage de Nord Stream 2

Une nouvelle étape, mais il faudra encore attendre plusieurs mois pour que le robinet du gazoduc controversé soit ouvert.

Le remplissage du Gazoduc Nord Stream 2 a démarré ce lundi 4 octobre avant même d'avoir reçu les autorisations de l'Allemagne et de la Commission européenne pour son exploitation.

La mise en gaz de Nord Stream 2 est une étape technique normale, mais aussi un obstacle de moins sur le chemin de la mise en service du gazoduc. Peut-être aussi une façon pour Gazprom de passer en force, en attendant que les autorisations de mise en service soient données par l’Allemagne – partenaire principal et gros bénéficiaire du projet – et par la Commission européenne.  

Car en faisant entrer du gaz dans les tuyaux,  la Russie prend un peu d’avance : il faut compter des mois en effet pour remplir un tube de 1 230 km de long. Donc le jour où Gazprom aura le feu vert, si les deux tuyaux de Nord Stream 2 qui passent sous la mer Baltique sont pleins, le gaz sera disponible immédiatement à l’autre bout, en Allemagne. 

Accessoirement, le remplissage qui débute permet également à la Russie de prouver à ceux qui doutaient de sa capacité résiduelle de production que le pays a de la marge puisqu’il peut honorer ses contrats actuels tout en remplissant en parallèle un gazoduc qui n’est pas en fonction. 

Une mise en service possible d’ici mai 2022

Sans nouveau coup de théâtre et si chaque acteur du processus de validation de Nord Stream 2 prend le temps maximum qui lui est imparti, c’est en mai prochain au plus tard que Nord Stream 2 devrait recevoir l'autorisation de la Commission européenne, selon Thierry Bros professeur d’économie à Sciences Po et expert en marché du gaz. 

La course d’obstacles est cependant loin d’être finie. « Il y a encore beaucoup de possibilités pour que ça déraille », préviennent nos interlocuteurs qui considèrent cependant que Nord Stream 2 reste le moyen le plus court, et le plus économique d’acheminer du gaz en Europe. Mais à moins d’un changement de réglementation, il ne devrait pas bouleverser l’approvisionnement européen puisque les textes élaborés par Bruxelles ne permettent pas à un fournisseur d’aller au-delà de 40% de part de marché, niveau auquel se trouve déjà le géant Gazprom.  Source : RFI

Commentaire

Aujourd’hui, la demande de gaz est forte en Asie et en particulier en Chine dont le développement économique nécessite une augmentation de la consommation d’énergies (fossiles et nucléaire) abondante et bon marché. Les méthaniers sont donc plus attirés vers l’Asie que vers l’UE mais ce n’est qu’un fonctionnement normal et marginal du marché.
Or, le prix du gaz naturel livré par quelques méthaniers en Chine ou en Corée peut varier sans influencer le prix du gaz russe, algérien ou norvégien vendu dans l’UE.
En effet, la grande majorité du marché est régie par des contrats à long terme avec un prix fixe. Il n’y a aucune raison pour que les prix de l’énergie s’emballent à cause de l’augmentation du prix sur des quantités marginales en Asie.
Et pourtant, ce prix élevé sur de faibles quantités de gaz lointain se répercute en Europe en profitant aux professionnels spéculateurs sur le dos des consommateurs priés de payer ou de… se restreindre, ce qui doit réjouir le vice-président de l’UE en charge de « sauver la planète ».
La flambée des prix du gaz et de l’électricité n’est donc pas techniquement justifiée.
Les spéculateurs savent identifier la bonne occasion pour s’enrichir aux dépens des consommateurs.

Tout ce petit monde d’affairistes y gagne, y compris les États qui récupèrent d’une main via les taxes ce qu’ils redonnent en partie de l’autre. Seul le pauvre citoyen contribuable-consommateur, qui n’y comprend plus rien, doit payer ! Naturellement, les gouvernements européens ne font rien contre les spéculateurs : ils en sont les complices.

De son côté, l’UE s’oriente naïvement vers une énergie éolienne et solaire peu abondante et chère… dont l’inanité pour « sauver la planète » se révèle chaque jour un peu plus. Ces énergies renouvelables sont incapables de remplacer le gaz et le nucléaire à cause de leur nature intermittente et variable, connue de tous…
Cette énergie renouvelable aléatoire restera marginale (actuellement 2,5% de la demande primaire de l’UE).
Les 1000 milliards d’euros déversés par l’UE durant presque 50 ans, et les trois directives européennes imposant d’acheter prioritairement leur production n’y changeront rien.

Hannibal Genséric



3 commentaires:

  1. Pour Patrick Reymond ça sera pour l'Europe "Le renouvelable ou rien"
    Les énergies fossiles seront captées par les pays producteurs et leurs petits copains
    http://lachute.over-blog.com/

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  2. Imaginez tous ces gens qui meurent de froid dans le noir, juste pour sauver la Terre du réchauffement climatique
    Fier d'être humain

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    1. alors que les centrales a charbon sont de nouveau ouvertes

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