La Libye a disparu et elle a été divisée. En ce dixième anniversaire de l'assassinat de Kadhafi à Syrte, la Libye n'a plus guère d'importance. Si ce n'est pour lancer des appels plus ou moins crédibles à la "stabilité", dont il a également été question hier lors de la conférence internationale de Tripoli.
Pas un mot n'a été gaspillé sur les milliers d'êtres humains réduits en esclavage dans les camps libyens. Pourtant, les juges d'Agrigente qui ont porté plainte contre le navire de l'ONG Mediterranea - qui a refusé de remettre les migrants aux Libyens - ont été explicites: non seulement il est juste de ne pas communiquer avec les "garde-côtes libyens", mais une contradiction flagrante se dégage des conclusions de la justice. Quiconque finance et forme les "garde-côtes libyens", c'est-à-dire l'Italie, viole le droit international et se rend complice d'un comportement criminel.
La
stabilité de la Libye n'a jamais vraiment été souhaitée par quiconque
au cours de cette décennie, depuis le lynchage et l'assassinat de
Mouhammar Kadhafi le 20 octobre à Syrte.
Avec l'intervention aérienne de
mars 2011, après la chute des raïs Ben Ali et Moubarak, la France et la
Grande-Bretagne, avec le soutien des États-Unis, n'avaient pas
l'intention d'exporter la démocratie mais de remplacer le régime de
Tripoli par un gouvernement plus malléable et proche des intérêts de
Paris et de Londres.
M. Sarkozy, qui avait reçu de l'argent libyen pour
sa campagne électorale de 2007, en voulait amèrement à M. Kadhafi, qui
avait refusé d'acheter ses centrales nucléaires, tandis que le raïs
libyen poursuivait ses accords énergétiques avec l'Italie et ENI.
La Grande-Bretagne et la France n'ont pas toléré le retour de la Libye, quoique d'une manière totalement différente de son passé colonial, dans la Quatrième Banque italienne, un événement sanctionné par le défilé pompeux du rais libyen à Rome le 30 août 2010. Des accords avaient été mis sur la table pour 55 milliards d'euros: plus du double de la loi budgétaire actuelle de Draghi.
Ces éléments apparaissent également dans l'intéressant documentaire de la RAI intitulé "Il était une fois Kadhafi" (qui sera diffusé dans quelques semaines) où le général des services Roberto Jucci (ci-contre) témoigne abondamment de la manière dont il a bloqué les ordres d'Aldo Moro de renverser Kadhafi par un coup d'État en 1971. Le documentaire raconte également comment Jucci, inspiré par Andreotti, a répondu aux demandes de fournitures militaires de Kadhafi. Comme on le sait, ce sont Craxi et Andreotti qui ont sauvé le colonel libyen des sanctions américaines, y compris les raids aériens de 1986 ordonnés par Reagan.
C'est pourquoi la décision de l'Italie de se joindre aux raids de l'OTAN contre Kadhafi n'a pas été prise pour des raisons humanitaires mais simplement parce que les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France nous faisaient du chantage et menaçaient même de bombarder les usines ENI. L'Italie subit alors sa plus grande défaite depuis la Seconde Guerre mondiale et perd toute crédibilité résiduelle sur la rive sud. La décennie qui vient de s'écouler depuis l'explosion du printemps arabe n'a pas été suffisante pour retrouver un rôle en Méditerranée, un rôle qu'Aldo Moro avait déjà fortement défendu dans les années 1960 et 1970. L'Italie ne peut qu'espérer que les puissances se battent entre elles et se heurtent dans les espaces restants. C'est ce qui se passe, par exemple, dans le cas de la Turquie: après l'accord militaire du 30 septembre entre la France et la Grèce, Rome cherche le soutien d'Ankara dans l'exploration offshore des zones économiques spéciales qui coupent désormais la Méditerranée en tranches.
Nous gardons un profil bas dans le jeu libyen, sous la pression de Paris et face à la tentative française de convoquer une autre conférence libyenne le 12 novembre. Et espérer un candidat présidentiel proche des intérêts italiens. Aux noms controversés de Seif Islam Gaddafi et Khalifa Haftar, on peut préférer l'actuel premier ministre Dabaiba, qui a rencontré Di Maio hier.
Mais le plus déconcertant en ce dixième anniversaire de la mort de Kadhafi, c'est la réévaluation historique larvée de ce dernier par les mêmes médias et journaux qui ont applaudi les raids occidentaux qui ont plongé le pays dans le chaos. En Libye, les Américains ont vu l'assassinat d'un ambassadeur envoyé pour traiter avec la guérilla islamique à Benghazi par Hillary Clinton et sa "stratégie du chaos" démentielle (11 septembre 2012). La France a imprudemment manœuvré avec Haftar contre le gouvernement Sarraj, soutenue par l'Italie et l'ONU, la Grande-Bretagne a systématiquement saboté les tentatives de stabilisation, avec pour résultat qu'aujourd'hui nous avons la Turquie en Tripolitaine et des mercenaires et pilotes russes en Cyrénaïque. Et la liste des erreurs tragiques commises en Libye, que nous dressons ici, est suffisante pour aujourd'hui.
par Alberto Negri
Source : Il quotidiano del sud & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/una-libia-sparita-e-spartita
NOTES
[1] L'ex
Premier Ministre libyen: Sarkozy a bien reçu 50 millions d'Euros pour sa
campagne de 2007
- Sarkozy,
l’OTAN et l’or de Kadhafi
- La
chute de Sarkozy : la vengeance de Kadhafi et de la Libye
- LIBYE
: Comment la France a tué le Guide libyen. Les e-mails d’Hillary Clinton
apportent la réponse
- Les
kleptocrates juifs ont pillé la plus grande banque d'Ukraine. L'or ukrainien,
syrien, irakien et libyen a-t-il également été volé?
[2]
Le
10ème anniversaire du printemps arabe
- «
Printemps arabe » – Dix ans après… Ne me parlez plus de jasmin !
- «
Printemps arabe » , CIA et cyber-collabos
Tony Blair reconnaît que, cédant aux pressions d'Israël, les Occidentaux ont tué 4 millions d'Irakiens...soit plus de 35% de la population C'est comme si on massacrait 20 millions de Français ou de Britannique !! à quand le jugement de ce criminel de guerre et de ses acolytes ? |
Hannibal Genséric
Idem pour la France.
RépondreSupprimerhttps://reseauinternational.net/covid-19-lautriche-confinera-les-non-vaccines-les-sorties-liees-a-leur-vie-privee-ne-seront-pas-autorisees/
RépondreSupprimerILS PAYERONT , SARKO- BLAIR - OBAMA .
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