Comme les lecteurs le savent, je crains que la tolérance de Poutine à l’égard d’un conflit ukrainien qui dure trop longtemps ne permette au conflit de devenir incontrôlable. J’ai écrit à plusieurs reprises sur ce risque négligé par le Kremlin. Le 27 février, j'ai été interviewé par Finian Cunningham à propos de ce risque. Si l’interview est publiée en ligne, j’espère y créer un lien avant qu’elle ne soit supprimée par les habituels censeurs.
Il ne fait aucun doute que j’ai eu raison : les provocations, acceptées par le Kremlin avec seulement quelques mots d’opposition lénifiants, se sont intensifiées au cours des deux dernières années.
L’Occident n’enverrait d’abord aux Ukrainiens que des casques, des couches-culottes et des sacs de couchage. Puis des munitions pour armes légères. Puis de l'artillerie. Ensuite, les chars ont été mentionnés, mais Washington et l’OTAN ont déclaré : « jamais de chars ». Puis, des chars ont été envoyés. Puis, après avoir été d'abord démentis, les drones et les missiles à portée intermédiaire. Puis les informations permettant aux Ukronazis de cibler les objectifs en Russie. Puis des mercenaires. Après avoir été refusés, des missiles à longue portée et des F-16 américains capables de pénétrer profondément en Russie, loin du front de bataille, sont désormais à l'étude, ou même en cours de livraison. Et maintenant, la dernière provocation en date, la proposition du président français d'envoyer des troupes de l'OTAN. « Nous n'enverrons jamais de troupes », déclare Stoltenberg de l'OTAN. Mais tous les démentis antérieurs ont été brisés et donc les nouveaux démentis ne signifient strictement rien.
La question qui se pose à nous est donc la suivante : Poutine a-t-il veut-il minimiser ces menaces de peur de voir le conflit devenir incontrôlable, en le combattant de manière discrète, limitée au Donbass et aux régions russes. Ou bien son comportement discret a-t-il convaincu les néoconservateurs de Washington que Poutine est un tigre en papier qui acceptera sans vraiment réagir toute provocation et toute insulte. Dans ce dernier cas, les provocations s’intensifieront jusqu’à ce que le conflit devienne incontrôlable. De toute évidence, du passage des casques et des couches-culottes aux troupes de l’OTAN, il y a une immense escalade. Poutine comprend que l’Occident a l’intention de détruire la Russie, alors pourquoi prolonge-t-il des conflits qui offrent à l’Occident l’opportunité de l’étendre ? https://www.rt.com/russia/593366-putin-western-intentions-russia/
Le Kremlin et les médias occidentaux putanesques considèrent que la question fondamentale est l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Les néoconservateurs qui contrôlent la politique étrangère américaine semblent penser que Poutine se tiendra à carreau, tout comme il l’a fait après avoir été traité par le président des États-Unis de « nouvel Hitler » et de « fils de pute ». Aucun responsable américain, quel que soit son rang, n'a jamais parlé en public des dirigeants soviétiques en de tels termes. Alors qu'il se rendait à Reykjavik, en Islande, pour sa rencontre avec Gorbatchev, Reagan a déclaré à son entourage « un mot d'impolitesse adressé aux responsables soviétiques et vous êtes virés sur-le-champ ».
L’objectif de Reagan était de mettre fin à la guerre froide, et il l’a fait. Ce sont les néoconservateurs et le complexe militaro-sécuritaire américain qui l’ont relancée.
Comme le défunt Steven Cohen et moi-même l’avons souligné, la menace d’une guerre nucléaire est aujourd’hui bien plus élevée que pendant la guerre froide. Au cours de ces années, les dirigeants des deux camps ont travaillé pour réduire les tensions et parvenir à une sécurité mutuelle qui réduirait le danger d’une confrontation nucléaire. J'ai participé à cet effort et je fais peut-être partie d'une petite poignée de personnes encore en vie qui connaissent et ont vécu l'expérience.
Après l’effondrement de l’Union soviétique, lorsque le Politburo a assigné à résidence le président russe Gorbatchev, les néoconservateurs ont vu leur chance d’hégémonie mondiale et ont commencé leur assaut contre la Russie. Tous les accords visant à renforcer la sécurité conclus au cours des années de guerre froide ont été annulés par Washington.
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, est la marionnette de Washington. Mais il n’est pas assez stupide pour déclencher sciemment une guerre avec la Russie. Qui peut imaginer que l’Europe, incapable de protéger ses propres frontières contre l’invasion d’immigrés non armés, puisse éventuellement combattre la Russie. La guerre, si Poutine pouvait se résoudre à la mener, serait terminée en quelques minutes. https://www.rt.com/russia/593382-putin-advanced-weapons-deployed/
Mais Stoltenberg, Washington et les États fantoches de Washington peuvent déclencher une guerre meurtrière en étant très intelligents. Au lieu de faire de l’Ukraine un membre de l’OTAN, une ligne rouge que même Poutine ne peut accepter, les différents pays de l’OTAN signent des accords de sécurité bilatéraux avec l’Ukraine. L’Allemagne et les Britanniques ont signé de tels accords, et davantage d’entités territoriales de l’UE (les tours de Babel et non plus les nations) ont de tels accords en préparation.
Ce qu’il veut dire, c’est que l’OTAN elle-même n’envoie pas de troupes, mais que chacun de ses membres le fait. Pourquoi est-ce important ? C’est toujours une guerre contre la Russie menée par l’Europe et l’Angleterre.
Je pose donc à nouveau ma question : pourquoi Poutine encourage-t-il l’aggravation des provocations ? Pourquoi considère-t-il l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN comme une ligne rouge, une véritable ligne rouge, et pourquoi pense-t-il que les accords de sécurité bilatéraux entre les pays européens et l'Ukraine sont différents de l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN ?
C’est le refus de Poutine d’imposer la retenue à un Occident faible et en déclin qui conduira à un Armageddon nucléaire. Je n’écris pas parce que je veux une victoire russe. J’écris parce que je ne veux pas d’Armageddon nucléaire. L’Occident est déraisonnable. Poutine pense toujours qu’il peut raisonner l’Occident. C’est une erreur fatale pour l’humanité.
Paul Craig Roberts • 29 février 2024
Titre d'origine : Dans quelle mesure Poutine est-il réaliste ?
Il a raison depuis des années PCR. Mais qui est derrière l'autre ?
RépondreSupprimerPaul Craig Roberts a toujours été très pessimistes au sujet de Poutine. Peut-être ne voit-il pas que Poutine n'a pas la volonté d'envenimer lui-même les choses pour ne pas être accusé de violer le droit international.
RépondreSupprimerL'opération militaire spéciale russe n'était pas une guerre, du moins, dans l'esprit des Russes. Cette opération était légitime du point de vue du droit international (clause R2P ou responsabilité de protéger). En effet, cette opération, limitée en effectif (1 contre 3), avait pour mission de protéger les populations du Donbass, en empêchant leur pilonnage par l'armée ukrainienne, ce qui était d'ailleurs le rôle de la France et de l'Allemagne, garants des accords de Minsk. Mais empêcher le pilonnage allait à l'encontre du plan caché des néocons, qui voulaient envenimer les choses, pour rendre la guerre inévitable et obliger les Occidentaux à s'investir pleinement..
De toutes les façons, les néocons ont perdu la guerre qu'ils ont fait déclencher après la réussite de l'opération spéciale russe (accords d'Istanbul en mars 2022). Et les Occidentaux en sont maintenant à lancer des agaceries terroristes, sans oser attaquer de front ou reconnaître leur défaite.
Les Occidentaux n'ont pas les moyens de battre la Russie, puisque les arsenaux sont quasiment vides, même aux USA, et la désindustrialisation ne permet pas de passer en économie de guerre. Pire encore, le prix de l'énergie encore accessible et le manque de matières premières, interdisent carrément de relancer l'industrie. Même les importations d'énergie (hydrocarbure & gaz, charbon) que peut se permettre encore l'Occident, risquent d'être bloquées par les Russes (ils en parlent). Tout montre que l'Occident ruiné ne pourra plus jamais se redresser.
Dans ces conditions, il suffit à Poutine d'attendre calmement que son armée prenne les oblasts à majorité russe, en combattant avec une main dans le dos.
Machin
Je ne pense pas que poutine cherche encore à raisonner l occident. Peut être jusqu'au 21 février 2022.... je pense qu il veut éviter une 3eme guerre mondiale, nucléaire.... je pense qu il agira avec prudence et mesure comme il le fait depuis 2 ans. S'il avait voulu vraiment la guerre en Ukraine et l.annexion de l Ukraine ça aurait été plié en 2 semaines à la façon blitzkrieg. Au lieu de ça il a fait une "opération spéciale " pour sécuriser les populations russophones.
RépondreSupprimerJe n espere qu une chose - que les peuples européens prennent l ascendant sur leurs gouvernements corrompus et va-t-en-guerre à la solde des industries politico-militaires.
Je pense quant à moi que si poutine avait durement frappé des bases des pays otan ( notamment la pologne) lorsqu'il s'est avéré que des officiers et troupes polonaises avec leurs armements participaient aux combats aux côtés des ukrainiens les roquette occidentaux auraient depuis lors changé de disque. La preuve lorsqu'un missile russe s'est écrasé en Pologne on a tous vu le rétropédalage de Washington affirmant le contraire.
SupprimerJe suis de ceux qui pensent qu'il est grand temps de secouer l'otan en détruisant par exemple ses avions de reconnaissance en mer noire.
il faut voir sur le long terme :
RépondreSupprimerpour désarmer l'ouest en fin de vie, il fallait bien inventer un scénario plausible pour les populations et les politiciens de bases.
l'envoi d'armes au détriment des arméés respectives n'a fait que s'accentuer. Dans ce deal machiavélique la Russie n'est pas pressée.
Ce que recommande pcr n'est rien de plus ni de moins que la Russie et Poutine offre à l'ouest sioniste totalement dégénéré et fou le cassus belli par excellence pour qu'il lance la grande guerre. Soit que la Russie de Poutine lance elle même cette grande guerre.
RépondreSupprimerDu charabia inutile.
Ils sont fous de Poutine. Ils attendent Vladimir pour la prochaine « fashion week »...
RépondreSupprimer.. This is the "Truman Show" and everyone is invited to take part...
Quand le conflit touchera autre que les frères slaves, la Russie frappera de plein fouet !!
RépondreSupprimerCet auteur n'a jamais rien compris, il pérore...
Le temps joue pour la Russie, l'oxydent s'écroule dans sa propre décheance inexorable
RépondreSupprimerPaul Craig Roberts doit savoir que les missiles hypersoniques russes ne sont pas de papier et que Poutine, avant de les lancer, il y réfléchit mille fois.
RépondreSupprimerPoutine a une véritable et vivante vie spirituelle, ce que pour les Occidentaux pratiquement sans Dieu, est un truc tout à fait incompréhensible, un véritable mystère.
Tous ceux qui n'ont aucune (ou presque aucune) vie spirituelle, comme Paul Craig Roberts, (et, en principe, la plupart des ultra matérialistes Américains), ont du Chef du Kremlin une vision très limitée. Ils cherchent comprendre et donner des explications sur ses comportements, mais ils se trompent et, ce qui est pire, ils trompent aussi les lecteurs, en se posant paradoxalement presque sur le même plan de ceux qui le dénigrent, se tirant ainsi une balle dans le pied.
En principe, il faudrait jamais traiter des sujets qu'on ne connaissent suffisamment bien ou pas du tout. Comme les Américains sont tout muscle et peu cerveau, ils tombent ponctuellement dans ce piège bâti par eux mêmes.
C'est aussi et surtout pour cela que le monde est au bord du précipice, car la première super puissance est peuplée et gouvernée par des gens très musclés et, en proportion, avec très peu cerveau.
Pour comprendre quelque chose de Poutine (et en général de l’âme russe) il faut se renfermer dans un monastère (de préférence russe, mais aussi occidental compte tenu de la faiblesse psychique des non russes) et y vivre au moins un mois. Sinon, mieux vaut se taire ne serait-ce que pour éviter de se ridiculiser.
Oui tu as raison mr
RépondreSupprimerVu la date qui approche pour les élections en Russie, Poutine ne souhaite certainement pas déclencher un conflit généralisé. Il faudra attendre la fin de ce processus démocratique, pour voir la réaction du dirigeant russe. Il est probable qu'il aura pour priorité de ne pas laisser le problème de l'Ukraine, à son futur successeur dans quatre ans.
RépondreSupprimerEn France on a un chauffeur sous cocaïne qui prend que des poteaux et il propose de prendre un mur faut le virer rapidos avant qu'il nous entraîne dans sa chute
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