Russie contre OTAN… Le déséquilibre stratégique

Comparons la Russie et l'OTAN en nous basant sur des chiffres de base, en commençant par les chars. Qui construit, de A à Z, des chars de combat plus modernes ? Pour ce calcul, j'exclus les livraisons de véhicules remis à neuf ou modernisés (par exemple, M1A2 SEPv3 Abrams, Leopard 2A7V) et je me concentre uniquement sur les constructions neuves.

La production par l'OTAN de chars de combat principaux (CCP) entièrement nouveaux – construits de A à Z et non rénovés ou modernisés à partir de châssis existants – a été extrêmement limitée en 2024, reflétant les priorités en temps de paix, les coûts élevés (environ 10 à 15 millions d'euros par unité) et la priorité accordée aux programmes de modernisation dans le contexte du conflit ukrainien. Aucun membre de l'OTAN n'a produit de volumes significatifs de nouveaux chars ; l'accent a été mis sur les exportations, les prototypes et les contrats futurs. D'après les données de 2024, la production totale de nouveaux chars dans tous les pays de l'OTAN s'élevait à environ 56 unités, provenant de Corée du Sud (membre de l'OTAN via l'alliance IP4) et destinés à la Pologne.

Sans surprise, la Russie a construit en 2024 plus de chars de combat neufs que l'ensemble de l'OTAN. Les services de renseignement indépendants (par exemple, le CIT) et les services de renseignement occidentaux (par exemple, le RUSI et l'IISS) estiment ce nombre entre 60 et 80 unités , contre des chiffres plus élevés (250 à 300) qui incluent les modernisations. Ces chars de combat modernes désignent principalement le T-90M « Proryv » (la version opérationnelle la plus avancée de la Russie, dotée d'un système de conduite de tir amélioré, d'un blindage réactif Relikt et de viseurs Sosna-U), la production de T-14 Armata étant négligeable (uniquement des prototypes, la production en série ayant été annulée). Uralvagonzavod (UVZ) est le seul site de production de chars neufs.

Consultez le tableau suivant :

Depuis le début de l'opération militaire spéciale ( SMO ) en février 2022 , l'OTAN a fourni la quasi-totalité des chars et des véhicules blindés de transport de troupes/de combat d'infanterie (par exemple, le Bradley ) . Comme le montre le tableau ci-dessus, l'Ukraine a perdu un total de 25.823 chars et VCI depuis le début de la SMO. L'OTAN n'a pas été en mesure de remplacer les pertes au combat et dépend donc de la Corée du Sud pour une nouvelle production, laquelle reste inférieure à celle de la Russie.

Pour bien comprendre, prenons l'exemple de la bataille de Koursk pendant la Seconde Guerre mondiale, également connue sous le nom de Grande Guerre patriotique. Cette bataille , le plus grand engagement blindé de l'histoire, infligea de lourdes pertes à l'Union soviétique en raison de sa posture défensive face à l'offensive allemande de l'opération Citadelle , suivie de contre-offensives victorieuses ( opérations Koutouzov et Roumiantsev ). Les estimations varient du fait des incohérences des archives soviétiques (certains décomptes incluent par exemple les véhicules évacués ou réparables), mais un consensus se dégage des sources occidentales et russes pour évaluer le total à environ 6.000 chars et canons d'assaut (les canons automoteurs comme le SU-76/SU-85 étant comptabilisés comme « chasseurs de chars » dans les documents de l'époque) et à moins de 1.000 véhicules blindés de transport de troupes, véhicules de combat d'infanterie et véhicules blindés.

Autrement dit, l'Ukraine a perdu en 2025 à peu près autant de chars que les Soviétiques lors de la bataille de Koursk. Cependant, contrairement aux Soviétiques, qui ont réparé ou évacué environ 40 à 50 % des chars « perdus » lors de cette bataille, la plupart des pertes ukrainiennes restent sur le champ de bataille ou sont capturées par les Russes.

On observe des disparités similaires concernant les drones. D'après les rapports disponibles des ministères de la Défense, les annonces industrielles et les analyses (SIPRI, IISS et OSINT, par exemple), les membres de l'OTAN ont produit collectivement entre 50.000 et 100.000 drones militaires en 2024. Ce chiffre inclut les modèles tactiques FPV/reconnaissance, les munitions rôdeuses et les systèmes ISR/frappe de grande envergure. La Russie, en revanche, a produit en 2024 entre 1,5 et 1,8 million de drones, comprenant des modèles tactiques FPV (vue à la première personne), des drones de frappe à longue portée (Shahed/Geran-136, par exemple), des drones de reconnaissance (Orlan-10, par exemple) et des munitions rôdeuses (Lancet, par exemple). Cela représente une augmentation de 5 à 10 fois par rapport aux niveaux de 2022-2023, les drones FPV constituant la majeure partie (environ 80 à 90 %) en raison de leur faible coût (300 à 500 dollars l'unité) et de leur taux d'attrition élevé. La production était décentralisée et répartie sur une trentaine de sites fédéraux, des installations clés comme la ZES d'Alabuga au Tatarstan augmentant la production de Shahed grâce à l'utilisation de main-d'œuvre et de pièces importées.

Il en va de même pour les obus d'artillerie. En 2024, l'OTAN (principalement les États-Unis et leurs alliés européens) s'est concentrée sur l'augmentation de la production d'obus de 155 mm – le calibre standard de l'OTAN – afin de soutenir l'Ukraine et de reconstituer ses stocks épuisés, tandis que la Russie privilégiait les obus de 152 mm (son calibre principal) pour un usage soutenu en première ligne. La production de l'OTAN était nettement inférieure à celle de la Russie, les estimations faisant état d'un rapport de 1:3 à 1:4, ce qui illustre la mobilisation industrielle de la Russie en temps de guerre face aux contraintes et aux difficultés d'approvisionnement de l'OTAN en temps de paix.

Voici LE défi… Pouvez-vous trouver un seul système d'armement où l'OTAN a surpassé la Russie en 2024 ou 2025 ? Vous constaterez que la réponse est AUCUN.

Source 

3 novembre 2025          Par Larry C. Johnson -