mercredi 3 décembre 2025

Patrick Lawrence : Pardon ?

La fête des grâces qui occupe désormais une place prépondérante dans la vie politique américaine témoigne de la façon dont la république, dans sa phase impériale tardive, s'effrite.

 Déambulant parmi les médias durant le week-end de Thanksgiving…

J'ai lu que le président Donald Trump a annoncé avoir accordé une grâce totale à Juan Orlando Hernández, un trafiquant de drogue sioniste, qui purgeait un an d'une peine de 45 ans dans une prison fédérale de Virginie-Occidentale pour avoir dirigé un immense réseau de trafic de cocaïne pendant des décennies, en collusion avec certains des cartels de la drogue les plus notoires d'Amérique latine, durant son mandat de président du Honduras.

[Hernández a été libéré de prison mardi.]

Visiblement fier de lui, Trump s'est vanté de cet acte de clémence déplacée sur son site numérique Truth Social, en lettres majuscules s'il vous plaît : « FÉLICITATIONS À JUAN ORLANDO HERNANDEZ POUR SA GRÂCE PROCHAINE. RENDEZ SA GRANDEUR AU HONDURAS ! » Madame Hernández aurait pleuré (de joie) en apprenant que son mari serait bientôt libre.

Puis, dimanche, j'ai lu que Trump avait commué la peine de David Gentile, un juif qui purgeait une peine de sept ans pour son rôle dans une escroquerie ayant lésé 10.000 investisseurs de 1,6 milliard de dollars en mentant – comme d'habitude – sur les performances des fonds qu'il gérait et en dissimulant les versements selon un système de Ponzi.

Une commutation de peine et une grâce ne sont pas tout à fait la même chose : dans le premier cas, la condamnation est maintenue, dans le second, elle est effacée. Mais qui s'en soucie ? Gentile s'était présenté en prison le 14 novembre et avait été libéré après avoir purgé moins de deux semaines de sa peine.

Pour en revenir aux réseaux sociaux, bien sûr : le jour de Thanksgiving, la responsable des grâces de Trump — oui, il en a une, nommée Alice Marie Johnson — a déclaré qu'elle était « profondément reconnaissante de voir David Gentile rentrer chez lui auprès de ses jeunes enfants ».

Il faut savoir aussi que cette Alice Marie Johnson a été condamnée pour trafic de cocaïne en 1996 et avait purgé 21 ans d'une peine de prison à perpétuité lorsque Trump a commué sa peine durant son premier mandat. 

Alice Johnson lors du discours sur l'état de l'Union de Donald Trump
à Washington, le 5 février 2019. Jared Kushner, conseiller du président,
et son épouse, Ivanka Trump, la fille aînée du président, se trouvent à sa droite. 

Alors que je rassemblais mes pensées sur le président latino-américain qui a inondé les États-Unis de cocaïne, 400 tonnes SVP !,  et sur l'autre malfrat, le dirigeant privé pris la main dans le sac en train d'escroquer des milliers d'investisseurs naïfs et sur l'ancien détenu qui gérait les opérations de grâce de Trump, on a appris que Bibi Netanyahu, inculpé pour corruption il y a six ans, avait demandé à Isaac Herzog, le président israélien, de le gracier.

C'est une affaire très délicate. Le Premier ministre israélien est accusé de corruption, de fraude et d'abus de confiance dans trois affaires distinctes et, depuis le début de son procès, il se soustrait à la justice, allant jusqu'à prolonger un véritable génocide. Comme cela a été largement rapporté, Netanyahu tente depuis longtemps de détruire le système judiciaire israélien – son indépendance et son intégrité – afin de pervertir les tribunaux du pays à son avantage et, ainsi, d'échapper à une condamnation.

À Jérusalem, le 13 février 2023, des manifestants se joignent
à un mouvement de protestation contre le projet du gouvernement
de restreindre les pouvoirs du système judiciaire.

Et qu'a dit Bibi dans son appel à Herzog ? Il doit être innocenté de toutes les charges, a-t-il affirmé, pour le bien de la « sécurité et de la réalité politique » d'Israël. Certes, c'est son argument principal depuis le début. Mais voici le comble de l'incroyable : une allusion aux récents appels de Trump à Herzog en faveur de Netanyahu.

« Le président Trump a demandé l’arrêt immédiat du procès afin que je puisse me joindre à lui pour promouvoir davantage les intérêts vitaux et communs d’Israël et des États-Unis. »

Grâces, grâces, commutations de peine, commutations. Mi-octobre, Trump a commué la peine de George Santos, l'éphémère élu républicain au Congrès, qui purgeait une peine de sept ans pour diverses activités frauduleuses.

Quelques jours plus tard, Changpeng Zhao, l'ancien PDG de Binance, une entreprise de cryptomonnaies, a été condamné à une courte peine de prison et à une amende de 50 millions de dollars pour blanchiment d'argent via Binance. Binance – comme souvent dans ce genre d'affaires, il s'avère qu'elle est impliquée dans les activités de la famille Trump liées aux cryptomonnaies. Trump a gracié Zhao le 21 octobre.

Et ce n'est pas tout. Le 9 novembre, Trump a gracié préventivement, avant même qu'aucune inculpation ne soit prononcée, 80 personnes liées à ses efforts pour contester le résultat de l'élection de 2020. Dans un article publié le lendemain, Forbes dresse la liste de huit personnalités de premier plan graciées par Trump depuis le début de son second mandat. Sans oublier, bien sûr, les personnes condamnées ou en attente de jugement pour des crimes commis lors des manifestations désormais tristement célèbres du 6 janvier 2021 au Capitole. Le jour de son investiture, le 20 janvier 2025, Trump a accordé sa grâce à près de 1 600 personnes.

L’abus du pouvoir de grâce de Trump, notamment la clémence accordée à des criminels de guerre durant son premier mandat, est outrageant à tous égards. 

 Par Patrick Lawrence 
ScheerPost

1 commentaire:

  1. PLAN A
    https://www.youtube.com/watch?v=2jy3JU-ORpo

    Le dialogue entre les États-Unis et la Russie reste un dialogue de sourds. La vidéo montre ce qui se passerait dans les premières heures d'un conflit nucléaire : environ cent millions de victimes. Dans les jours, semaines et mois suivants, la radioactivité ferait un nombre bien plus élevé de victimes. L'Italie, en raison du grand nombre de ses bases de l'OTAN, serait le pays européen le plus touché.

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