Vietnam,
Irak, Syrie, trois exemples parmi tant d'autres ! La liste des pays qui
ont subi l'ingérence fomentée grâce à la manipulation de l'opinion est
interminable (Cuba, Cambodge, Soudan, Nicaragua, Somalie, Serbie, Libye,
Yémen, Chili, Venezuela, Honduras, la liste est non exhaustive ..). A
chaque fois, cette manipulation repose sur un mensonge inaugural, énorme
de préférence, qui fabrique le casus belli requis par l'ingérence en
tétanisant l'opinion internationale. Spécialité US, cette production de
la guerre par l'invention pure et simple de son motif est la marque de
fabrique de la maison-mère.
Pour justifier l'ingérence dans les affaires des autres, Washington
manifeste à la fois un véritable génie de l'affabulation et un manque
évident d'imagination. Les dirigeants US n'oublient jamais d'inventer
une histoire à dormir debout, mais elle a toujours un air de déjà-vu. Le
plus étonnant n'est pas que Washington fasse preuve d'une telle
répétition dans son répertoire, c'est plutôt qu'on semble le découvrir à
chaque fois. En attendant, les faits parlent d'eux-mêmes. L'analyse des
conflits du demi-siècle écoulé révèle le même modus operandi, elle fait
apparaître les mêmes grosses ficelles.
Premier cas d'école, la
guerre du Vietnam.
En août 1964, le fameux incident du Golfe du Tonkin
fait subitement basculer l'opinion américaine dans le camp belliciste.
Des vedettes lance-torpilles nord-vietnamiennes, accuse Washington, ont
attaqué le destroyer de la Navy « Maddox » au milieu des eaux
internationales le 2 août. Dans un contexte de tensions entre Washington
et Hanoï, la Maison-Blanche soutient que cette provocation communiste
ne peut rester sans réponse. Mis sous pression, le Congrès des États-Unis autorise le président Johnson, le 7 août, à riposter
militairement. Dans les mois qui suivent, des centaines de milliers de
soldats volent au secours du régime sud-vietnamien et les bombardiers US
pilonnent les positions nord-vietnamiennes.
A l'époque, la presse
occidentale reprend mot pour mot la version officielle, accréditant la
thèse d'une agression des forces communistes nord-vietnamiennes qui
seraient donc responsables de l'escalade militaire. Pourtant, cette
narration de l'incident est totalement fictive. Elle a été fabriquée de A
à Z. En réalité, aucune attaque n'a eu lieu. Le « Maddox » était dans
les eaux territoriales nord-vietnamiennes et non dans les eaux
internationales. Il a bien tiré 350 obus, mais dans le vide, contre un
ennemi parfaitement imaginaire, pour faire croire à une attaque. Mais
peu importe. Il fallait démontrer l'agressivité criminelle du camp
adverse, lui faire porter la responsabilité d'une guerre totale. Elle
fera trois millions de morts, et les USA la perdront.
Deuxième cas
d'école, la guerre contre l'Irak.
Les attaques terroristes du 11
septembre 2001 fournissent à l'administration Bush un prétexte idéal
pour lancer une vaste offensive au Moyen-Orient. Elle passe d'abord par
la destruction du régime taliban en Afghanistan (pourtant installé avec
la bénédiction de Washington), puis par l'attaque contre l'Irak de
Saddam Hussein (mars 2003). Privée de toute légitimité internationale,
cette agression militaire contre un Etat qui ne menace personne se
prévaut, officiellement, d'un double « casus belli ». Bagdad détiendrait
des armes de destruction massive représentant un danger mortel pour la
sécurité collective, et le régime baasiste fournirait une aide
logistique à l'organisation terroriste Al-Qaida.
Comme pour
l'incident du Golfe du Tonkin, cette double accusation est une
monstrueuse affabulation. On eut beau faire semblant de les chercher, on
n'a trouvé aucune arme de destruction massive en Irak, ni aucune
connivence entre le régime irakien et l'organisation terroriste fondée
par Ben Laden. En revanche, l'implication des services secrets
américains et saoudiens dans les attentats du 9/11 est un secret de
polichinelle. La version officielle permet donc d'occulter cette
responsabilité (qui reste obscure dans ses détails) en se livrant à une
inversion accusatoire. Pour justifier la liquidation d'un Etat qui
s'oppose à ses ambitions, Washington l'accuse de ses propres turpitudes.
Habituée à avaler des couleuvres, la presse occidentale reproduira
servilement l'argumentaire contre Bagdad.
Troisième cas d'école,
la Syrie.
A partir du printemps 2011, une contestation minoritaire et
encouragée de l'extérieur, sur le modèle préfabriqué des « révolutions
arabes », réclame la destitution du président syrien. Des provocations
et des attentats créent un climat de guerre civile, aggravé par l'aide
massive que fournissent à la rébellion armée les puissances occidentales
et les pétromonarchies du Golfe. Refroidi par les fiascos afghan et
irakien, Washington préfère intervenir contre Damas en utilisant des
« proxys », des organisations de mercenaires. Mais une partie de
l'establishment, acharnée, veut provoquer la chute de Bachar Al-Assad en
persuadant Barack Obama d'infliger des frappes aériennes aux forces
syriennes.
Pour justifier cette intervention, il faut évidemment
un prétexte. On va vite le trouver ! Par l'horreur qu'il inspire,
l'usage de l'arme chimique contre des populations civiles constitue le
motif idéal. Le 21 août 2013, des images d'enfants gazés dans la
banlieue de Damas font le tour du monde. Faute de preuves, les
enquêteurs de l'ONU ne désignent aucun coupable. Une étude menée par le
prestigieux MIT révélera que cette attaque ne pouvait provenir que des
zones rebelles. Mais c'est trop tard. La machine à mensonges tourne à
plein régime. Accréditée par Washington, avalisée par ses alliés, la
version officielle est reprise par la presse et les ONG subventionnées.
Elle devient « la vérité » sur le conflit syrien, le prétexte de
l'ingérence étrangère et le faux-nez du néo-colonialisme.
Vietnam,
Irak, Syrie, trois exemples parmi tant d'autres ! La liste des pays qui
ont subi l'ingérence fomentée grâce à la manipulation de l'opinion est
interminable (Cuba, Cambodge, Soudan, Nicaragua, Somalie, Serbie, Libye,
Yémen, Chili, Venezuela, Honduras, la liste est non exhaustive ..). A
chaque fois, cette manipulation repose sur un mensonge inaugural, énorme
de préférence, qui fabrique le casus belli requis par l'ingérence en
tétanisant l'opinion internationale. Spécialité US, cette production de
la guerre par l'invention pure et simple de son motif est la marque de
fabrique de la maison-mère. Lyndon Johnson invente des
vedettes-lance-torpilles, Colin Powell brandit sa fiole de jus de pomme à
l'ONU, Barack Obama désigne le coupable d'une attaque chimique
organisée par ses protégés. Tout est bon pour édifier le bon peuple.
- Le mensonge est l'élément générateur de la guerre
impérialiste, sa matière première, son carburant.
- La fausse bannière
(« false flag ») est son mode opératoire préféré, car il autorise
l'inversion accusatoire, l'imputation de ses propres crimes à
l'adversaire qu'on veut abattre.
- Les vidéos, enfin, sont l'instrument de
communication qui donne corps à la fable fondatrice. Avec la force
persuasive de l'image, avec ses effets de réel, elles permettent de
substituer une post-vérité construite à la simple véracité des faits. Ce
n'est pas un hasard si le Pentagone a dépensé 500 millions de dollars
pour fabriquer de fausses vidéos djihadistes, et si les Casques Blancs,
en Syrie, montaient leurs vidéos dans des décors de cinéma.
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