Alastair Crooke a rédigé un autre résumé concis du problème de la politique
étrangère américaine concernant l’Iran intitulé « L’accord de Biden avec
l’Iran fait face à la pilule amère de l’Iran » :
Biden
dit qu'il veut - par la diplomatie - conclure un accord nucléaire avec l'Iran -
c'est-à-dire un JCPOA «Plus + Plus». Les Européens partagent désespérément cette aspiration. Mais les
«protocoles d’accord» dont son «A-Team» hérite de l’ère Obama ont toujours
contenu les graines de l’échec.
Le vrai problème est le rôle de l’Iran dans la région. Les chiites sont majoritaires dans le golfe Persique et les diverses dictatures arabes sunnites les considèrent comme un danger pour leur pouvoir.
Ce que veut l’administration Biden, et ses caniches européens, c’est que l’Iran ait moins d’influence dans sa région et moins de missiles pour défendre son pays des attaques.
L’Iran n’acceptera évidemment aucune restriction sur l’un ou l’autre. Et pourquoi le devrait-il ?
Après quatre ans de sanctions sévères de l’administration Trump, largement soutenues par les Européens, l’Iran a changé sa structure et son orientation économiques. Les revenus pétroliers jouent désormais un rôle beaucoup moins important dans le budget du gouvernement qu’avant les sanctions. L’économie s’est adaptée en se concentrant sur les affaires avec les pays non occidentaux. L’Iran regarde vers l’Est.
De nouvelles sanctions ne modifieront donc pas la position ou le comportement de l’Iran. À un moment donné, l’administration Biden devra admettre ce fait.
Cela laisse alors la guerre comme seule option pour atteindre le désir exprimé par «l’Occident». Mais la «pilule amère» de la posture militaire de l’Iran empêche cela.
En septembre 2019, des missiles et des drones de fabrication iranienne ont anéanti la moitié de la production pétrolière de l’Arabie saoudite. [1]
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En janvier 2020, l’Iran s’est vengé du meurtre américain du général de division Qassem Soleimani avec une attaque de missiles précise sur une base américaine en Irak.
Les missiles précis de l’Iran d’une portée de 2.000 kilomètres peuvent être tirés en masse depuis des silos souterrains. N’importe quel attaquant aurait beaucoup de mal à les détruire.
L’Iran peut non seulement défendre sa mer,
ses airs et son sol, mais il peut riposter contre une agression avec des
attaques de précision sur toutes les bases américaines au Moyen-Orient et
détruire toutes les installations d’exportation de pétrole arabes. Ses frères
d’armes libanais, le Hezbollah, ont leurs propres capacités de missiles qui
sont suffisantes pour détruire la plupart des industries israéliennes. Si
l’Iran est attaqué, ils feront, comme ils l’ont promis, «leur devoir».
Un
responsable de la marine américaine a admis hier que les États-Unis sont tenus
en échec par l’Iran :
Le haut
responsable de la marine américaine au Proche-Orient a déclaré dimanche que
l'Amérique était parvenue à une «dissuasion difficile» avec l'Iran après des
mois d'attaques régionales et de saisies en mer, alors même que les tensions
restent vives entre Washington et Téhéran au sujet du programme nucléaire de la
République islamique.
Le vice-amiral Sam Paparo, qui supervise la 5e flotte de la marine basée à
Bahreïn, a pris un ton académique dans ses commentaires au dialogue annuel de
Manama organisé par l’Institut international d’études stratégiques. Il a
déclaré avoir «un respect sain» tant pour la marine régulière iranienne que
pour les forces navales de ses gardiens de la révolution paramilitaires.
«Nous avons atteint une dissuasion difficile. Cette dissuasion difficile est
exacerbée par les événements mondiaux et par les événements en cours de route»,
a déclaré le vice-amiral.
Les
sanctions ne donneront pas à «l’Occident» les résultats qu’il souhaite. La
seule alternative pour arriver à ces résultats est une guerre à grande échelle
contre l’Iran dans le but de renverser son gouvernement. Mais une telle guerre
ne peut être menée car elle détruirait le Moyen-Orient et entraînerait
l’économie mondiale dans une profonde récession. En bref, ce n’est pas une
alternative.
Comme
l’écrit Crooke :
La question
«sous le tapis» est la réelle prouesse militaire conventionnelle de l’Iran, et
non ses armes nucléaires imaginaires. Et c'est pourquoi Israël insistera sur
une pression maximale - c'est-à-dire plus (et pas moins) de sanctions extrêmes
des États-Unis - sur l'Iran, pour imposer des contraintes sur son arsenal
conventionnel, ainsi que sur son programme nucléaire. Et cela n’arrivera tout
simplement pas - l’Iran ne le fera pas. «Cela va être très, très difficile à
négocier», dit Friedman, «c'est compliqué».
En effet. Poursuivre les négociations selon les anciens protocoles d'Obama
amènera inévitablement Biden directement à la menace explicite de «l'option
militaire» - qui semble exactement correspondre à l'intention de Netanyahu.
Paradoxalement, c’est précisément cette nouvelle capacité conventionnelle
«intelligente» iranienne qui pourrait en fin de compte dissuader Biden de
suivre la voie de l’option militaire - la crainte de déclencher une guerre à
l’échelle de la région qui pourrait détruire les États du Golfe. Et c’est cette
transformation iranienne qui indique pourquoi «l’option militaire» n’est pas
une véritable option: une opération militaire approuvée par les États-Unis est une option «pilule amère» pour la région.
Un
accord JCPOA «Plus + Plus» n’aura pas lieu. Il n’y a aucun moyen réaliste d’y
parvenir.
Comme
cela est évident, on se demande vraiment pourquoi les caniches européens font
pression. Qu’espèrent-ils y gagner ?
Heureusement,
l’Iran a donné à Biden une autre option. Il peut annuler toutes les sanctions
introduites par Trump et revenir à l’accord JCPOA. L’Iran a promis de
restreindre à nouveau son programme nucléaire et de rester dans les limites du
JCPOA dès que Biden lèvera les sanctions. Le parlement iranien a mis une limite
de temps à cette option en enjoignant
à son gouvernement de cesser d’adhérer au JCPOA d’ici février.
Joe
Biden peut accepter cette offre ou perdre quatre ans à se prendre la tête
inutilement avec les problèmes iraniens. Le temps n’est pas de son côté. L’Iran
ne fera que se renforcer. Il continuera à œuvrer pour ses intérêts légitimes
dans sa région, à jouer un rôle qui corresponde à sa taille naturelle.
Il est
temps que les États-Unis reconnaissent et acceptent cela.
Par Moon of Alabama − Le 7 décembre 2020
Via le Saker Francophone
Yémen Vs Arabie. Les Houthis, maîtres de guerre ?
Moyen-Orient. En plein dans le mille…
« Pour dire les choses simplement, les Iraniens ont surpassé les systèmes de défense américains »
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