dimanche 27 mars 2022

Pétrole. Les Houthis détruisent à nouveau des sites saoudiens

Le mouvement de résistance yéménite "Houthis" a revendiqué la responsabilité des attaques de missiles et de drones contre l'Arabie saoudite. Comme l'a rapporté la veille Military Review, deux grandes installations d'infrastructure de carburant ont été touchées. Il s'agit d'un terminal pétrolier dans la ville de Jizan et d'une installation de traitement du gaz à Yanbu el-Bahra. Cela a été suivi par toute une série de nouvelles frappes, pour la mise en œuvre desquelles des drones ont été utilisés.

Vue d'un incendie dans un dépôt de pétrole.
Un terminal pétrolier en feu après l'attaque   vidéo1 Vidéo2

Au moins une douzaine de frappes ont été infligées sur le territoire de l'Arabie saoudite, chacune ayant entraîné une destruction  des installations du complexe énergétique et des installations militaires du royaume, dont les installations de Saudi Aramco.

Les commandants de terrain houthis ont déclaré que si Riyad pense que les frappes s'arrêteront là, alors ils se trompent. Dans le même temps, un ultimatum a été lancé aux autorités saoudiennes. Il dit que le Riyad officiel devrait prendre des mesures pour lever tous les types de blocus du Yémen, y compris ses infrastructures portuaires. Ce n'est que lorsque cette condition sera remplie que les frappes de missiles sur les installations pétrolières et gazières saoudiennes cesseront.

L'Arabie saoudite même, dans ce contexte, a déclaré que les attaques contre des installations complexes de carburant et d'énergie pourraient dans un proche avenir entraîner une diminution de la capacité de Riyad à remplir ses obligations contractuelles d'exportation d'hydrocarbures vers le marché mondial.

Le mouvement de résistance houthi du Yémen a déclaré ce samedi qu'il suspendait les frappes de missiles et de drones contre l'Arabie saoudite pendant trois jours dans le cadre d'une initiative de paix qui pourrait selon lui se prolonger si la coalition dirigée par l'Arabie saoudite opérant au Yémen cessait les frappes aériennes et levait les restrictions portuaires.

Le groupe a également annoncé une suspension, pour trois jours, des offensives terrestres au Yémen, y compris dans la région productrice de gaz de Marib, a déclaré Mahdi al-Mashat, le chef du bureau politique des Houthis, dans un discours diffusé à la télévision.

Il a ajouté que le mouvement était disposé à libérer tous les prisonniers, y compris le frère du président yéménite Abd-Rabbu Mansour Hadi.

La gravité de la menace

Les Etats-Unis ont qualifié les attaques menées par les rebelles yéménites d'«inacceptables». «Nous continuerons à travailler avec nos partenaires saoudiens pour renforcer leurs systèmes de défense tout en œuvrant à une solution durable mettant fin au conflit» au Yémen, a affirmé la porte-parole du département d'Etat, Jalina Porter. «Ces attaques, qui menacent la sécurité de l'Arabie saoudite et la stabilité de la région, doivent cesser immédiatement», a renchéri la porte-parole de la diplomatie française, Anne-Claire Legendre, en pointant «la gravité de la menace (liée à la) prolifération de drones et de missiles». En visant des installations pétrolières, les Houthis tentent de «toucher le nerf de l'économie mondiale».
Les prix du pétrole ont fortement augmenté depuis l'intervention russe en Ukraine le 24 février qui a perturbé les approvisionnements mondiaux, la Russie étant frappée par des sanctions occidentales. Le royaume saoudien, premier exportateur de brut au monde, avait déjà averti lundi du risque d'une baisse de sa production de pétrole au lendemain de plusieurs attaques revendiquées par les Houthis. Un responsable du ministère saoudien de l'Energie, cité par l'agence officielle SPA, a de nouveau mis en garde vendredi contre la menace que représentent ces attaques «pour la sécurité de l'approvisionnement mondial en pétrole». «L'Arabie saoudite n'assumera pas la responsabilité de toute pénurie d'approvisionnement en pétrole sur les marchés mondiaux», a ajouté le responsable saoudien en accusant l'Iran de «continuer à fournir des drones et des missiles» aux Houthis.
Une semaine plus tôt, l'une des attaques avait contraint Aramco à réduire «temporairement» sa production et à puiser dans ses stocks pour compenser.
«Faire preuve de retenue»
Les pays occidentaux pressent depuis le début de la crise ukrainienne l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menée par l'Arabie saoudite, d'augmenter sa production. La monarchie du Golfe est cependant restée sourde à ces appels, fidèle à ses engagements auprès de l'alliance Opep+, qui inclut la Russie, deuxième plus grand exportateur de brut au monde. Sept ans après les premières frappes le 26 mars 2015 au Yémen, l'intervention militaire pilotée par Ryadh a montré ses limites sur le terrain et accentué l'une des pires crises humanitaires au monde. Elle a permis de stopper l'avancée des Houthis dans le Sud et l'Est, mais pas de les déloger du nord du pays, notamment de la capitale Sanaa. Selon l'ONU, le conflit a causé la mort de près de 380 000 personnes, dont une majorité de décès liés à la faim, aux maladies et au manque d'eau potable. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe six pétromonarchies arabes et est dominé par l'Arabie saoudite, a indiqué mi-mars être prêt à organiser des pourparlers de paix avec les Houthis, mais ces derniers ont refusé d'y participer s'ils se tenaient à Riyadh. La coalition a affirmé vendredi «faire preuve de retenue» pour donner une chance aux pourparlers.
Hannibal Genséric

 

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