Le mouvement de résistance yéménite "Houthis" a revendiqué la responsabilité des attaques de
missiles et de drones contre l'Arabie saoudite. Comme l'a rapporté la veille Military
Review, deux grandes installations d'infrastructure de carburant ont
été touchées. Il s'agit d'un terminal pétrolier dans la ville de Jizan
et d'une installation de traitement du gaz à Yanbu el-Bahra. Cela a été
suivi par toute une série de nouvelles frappes, pour la mise en œuvre
desquelles des drones ont été utilisés.
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Un terminal pétrolier en feu après l'attaque vidéo1 Vidéo2 |
Au moins une douzaine de frappes ont
été infligées sur le territoire de l'Arabie saoudite, chacune ayant
entraîné une destruction des installations du complexe
énergétique et des installations militaires du royaume, dont les installations de Saudi Aramco.
Les
commandants de terrain houthis ont déclaré que si Riyad pense que les
frappes s'arrêteront là, alors ils se trompent. Dans le même temps, un
ultimatum a été lancé aux autorités saoudiennes. Il dit que le Riyad
officiel devrait prendre des mesures pour lever tous les types de blocus
du Yémen, y compris ses infrastructures portuaires. Ce n'est que
lorsque cette condition sera remplie que les frappes de missiles sur les
installations pétrolières et gazières saoudiennes cesseront.
L'Arabie saoudite même, dans ce contexte, a déclaré que les
attaques contre des installations complexes de carburant et d'énergie
pourraient dans un proche avenir entraîner une diminution de la capacité
de Riyad à remplir ses obligations contractuelles d'exportation
d'hydrocarbures vers le marché mondial.
Le mouvement de résistance houthi du
Yémen a déclaré ce samedi qu'il suspendait les frappes de missiles
et de drones contre l'Arabie saoudite pendant trois jours dans
le cadre d'une initiative de paix qui pourrait selon lui se
prolonger si la coalition dirigée par l'Arabie saoudite opérant
au Yémen cessait les frappes aériennes et levait les
restrictions portuaires.
Le groupe a également annoncé une suspension, pour trois
jours, des offensives terrestres au Yémen, y compris dans la
région productrice de gaz de Marib, a déclaré Mahdi al-Mashat,
le chef du bureau politique des Houthis, dans un discours
diffusé à la télévision.
Il a ajouté que le mouvement était disposé à libérer tous
les prisonniers, y compris le frère du président yéménite
Abd-Rabbu Mansour Hadi.
La gravité de la menace
Les Etats-Unis ont qualifié
les attaques menées par les rebelles yéménites d'«inacceptables». «Nous
continuerons à travailler avec nos partenaires saoudiens pour renforcer
leurs systèmes de défense tout en œuvrant à une solution durable
mettant fin au conflit» au Yémen, a affirmé la porte-parole du
département d'Etat, Jalina Porter. «Ces attaques, qui menacent la
sécurité de l'Arabie saoudite et la stabilité de la région, doivent
cesser immédiatement», a renchéri la porte-parole de la diplomatie
française, Anne-Claire Legendre, en pointant «la gravité de la menace
(liée à la) prolifération de drones et de missiles». En visant des
installations pétrolières, les Houthis tentent de «toucher le nerf de
l'économie mondiale».
Les prix du pétrole ont
fortement augmenté depuis l'intervention russe en Ukraine le 24 février
qui a perturbé les approvisionnements mondiaux, la Russie étant frappée
par des sanctions occidentales. Le royaume saoudien, premier exportateur
de brut au monde, avait déjà averti lundi du risque d'une baisse de sa
production de pétrole au lendemain de plusieurs attaques revendiquées
par les Houthis. Un responsable du ministère saoudien de l'Energie, cité
par l'agence officielle SPA, a de nouveau mis en garde vendredi contre
la menace que représentent ces attaques «pour la sécurité de
l'approvisionnement mondial en pétrole». «L'Arabie saoudite n'assumera
pas la responsabilité de toute pénurie d'approvisionnement en pétrole
sur les marchés mondiaux», a ajouté le responsable saoudien en accusant
l'Iran de «continuer à fournir des drones et des missiles» aux Houthis.
Une
semaine plus tôt, l'une des attaques avait contraint Aramco à réduire
«temporairement» sa production et à puiser dans ses stocks pour
compenser.
«Faire preuve de retenue»
Les pays
occidentaux pressent depuis le début de la crise ukrainienne
l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menée par
l'Arabie saoudite, d'augmenter sa production. La monarchie du Golfe est
cependant restée sourde à ces appels, fidèle à ses engagements auprès de
l'alliance Opep+, qui inclut la Russie, deuxième plus grand exportateur
de brut au monde. Sept ans après les premières frappes le 26 mars 2015
au Yémen, l'intervention militaire pilotée par Ryadh a montré ses
limites sur le terrain et accentué l'une des pires crises humanitaires
au monde. Elle a permis de stopper l'avancée des Houthis dans le Sud et
l'Est, mais pas de les déloger du nord du pays, notamment de la capitale
Sanaa. Selon l'ONU, le conflit a causé la mort de près de 380 000
personnes, dont une majorité de décès liés à la faim, aux maladies et au
manque d'eau potable. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui
regroupe six pétromonarchies arabes et est dominé par l'Arabie saoudite,
a indiqué mi-mars être prêt à organiser des pourparlers de paix avec
les Houthis, mais ces derniers ont refusé d'y participer s'ils se
tenaient à Riyadh. La coalition a affirmé vendredi «faire preuve de
retenue» pour donner une chance aux pourparlers.
Hannibal Genséric
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