Georges Ibrahim Abdallah est le plus ancien prisonnier du conflit israélo-palestinien. Ce militant communiste libanais pro-palestinien, libérable depuis 1999, est détenu en France depuis... 40 ans ! Pierre Carles fait le récit d’une faillite politico-judiciaro-médiatique doublée de l’ingérence d’une puissance étrangère, les USA, dans les affaires françaises. Comment l’emploi du mot “terroriste” ferme la porte à toute discussion rationnelle...
En 1998, le cinéaste et documentariste Pierre Carles connait un certain succès public avec la sortie de son film Pas vu pas pris au cinéma, dans lequel il dénonce les connivences entre le pouvoir politique et les médias. Cette critique du fonctionnement des médias est en partie au centre de cette BD qu’il scénarise, avec Malo Kerfriden au dessin.
Le personnage central du récit publié chez Delcourt est Georges Ibrahim Abdallah, communiste libanais, membre des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL) qui revendique en 1982 l’assassinat du lieutenant-colonel Charles R. Ray, attaché militaire américain à Paris, et celui de Yacov Barsimantov, conseiller à l’ambassade d’Israël et membre du Mossad, meurtres auxquels ne participe pas directement GIA, enfermé depuis 1984, qui est pourtant condamné à la prison à perpétuité en 1987, faisant de lui, en 2024, le plus ancien détenu politique de l’Union Européenne.
Pierre Carles mène donc l’enquête, tentant de comprendre pourquoi le militant de la cause palestinienne est tombé Dans les oubliettes de l’histoire.
Il démontre tout d’abord l’ingérence des États-Unis et les pressions
exercées par celle-ci sur notre gouvernement et notre justice, afin
d’obtenir une très lourde peine pour GIA, et bloquer toute remise en
liberté, jusqu’à aujourd’hui, l’étiquette « terroriste » collée sur le
militant rendant tout aménagement de la condamnation après les attentats
du 11 septembre 2001 quasi-impossible…
Mais là où le travail de P. Carles
est des plus appréciables, c’est sans doute lorsqu’il met les
journalistes français face à leur lâcheté. David Pujadas, Luc Bronner,
Pierre Haski ou Daniel Schneidermann sont ainsi « épinglés » par le
réalisateur, alors que ce dernier tourne son documentaire Who wants Georges Ibrahim Abdallah in jail ?. Quant à Edwy Plenel,
figure quasi intouchable du journalisme d’investigation, même lorsqu’il
s’affiche aux côtés de Marwan Muhammad ou de Tariq Ramadan, et qu’il
s’en prend au contenu de Charlie Hebdo, son rôle dans la condamnation de GIA est décrypté avec précision par P. Carles.
Alors que la France est touchée en 1986 par plusieurs attentats
meurtriers, dont celui de la Rue de Rennes, perpétrés par le « Comité de
solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient »
lié au Hezbollah libanais, et pour lesquels GIA n’est absolument pas
impliqué, Plenel va prendre pour argent comptant de fausses informations
données par ses contacts des RG. Le Monde va ainsi faire
d’Abdallah LE coupable idéal, lui collant cette étiquette de
« terroriste » qui participera à le condamner lourdement en 1987, la
presse et la tv françaises reprenant cette thèse de la responsabilité du
Libanais sur la vague meurtrière qui touche le pays lors de ce Septembre noir.
Faire ressortir des oubliettes le dossier de GIA, par l’intermédiaire de la BD, est aussi l’occasion de replonger dans ces années 1980 où l’exportation du conflit israélo-palestinien et des problématiques du Moyen-Orient dans l’Hexagone vont ensanglanter la Nation. Pierre Carles mène cette enquête de manière captivante, et le récit est globalement fluide. Certains propos vont parfois un peu loin, et l’on tiquera notamment sur la comparaison faite entre GIA et Manouchian en fin d’ouvrage, ou sur les différents passages montrant une certaine admiration de l’auteur pour ces figures du terrorisme, des membres d’Action directe à Salah Abdeslam.
Le dessin de Malo Kerfriden colle parfaitement à cette reconstitution historique mise en parallèle avec cette recherche des causes du silence médiatique entourant la condamnation de GIA. L’auteur de L’enfer est vide, tous les démons sont ici va à l’essentiel, livrant un dessin se rapprochant parfois de la ligne claire, dépouillé de tout artifice, comme lorsqu’il retrace l’assassinat de Yacov Barsimantov et la course-poursuite qui en résulte. Ceci facilite la lecture d’un ouvrage aux planches parfois bavardes.
Rejoignez les oubliettes de la République, une enquête passionnante signée Pierre Carles et Malo Kerfriden sur le cas Georges Ibrahim Abdallah, dont les demandes de libération restent toujours lettres mortes, quarante ans après son emprisonnement.
Par V. DEGACHE, le 2 mai 2024
Source : https://sceneario.com/bd/dans-les-oubliettes-de-la-republique/
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VOIR AUSSI :
- Georges
Ibrahim Abdallah : «Je ne négocierai pas mon innocence. Je ne renoncerai pas à
ma position»
- Qui
est Georges Ibrahim Abdallah, le plus ancien prisonnier politique d’Europe ?
- Terrorisme d’État. Depuis 1963, la France a assassiné 22 présidents africains
Hannibal Genséric
Nous pouvons continuer à dire que le communisme en tant que idéologie est née dans les mêmes cercles que les autres idéologies défaillante occidentale mais ce que nous pouvons nié est que un communiste à des valeurs contrairement à un capitaliste-sioniste.
RépondreSupprimerY a l'idéologie et y a les adeptes. Souvent l'idéologie est défaillante mais les adeptes sont humains. Et parfois l'idéologie est salvatrice mais les adeptes reste des humains faibles incapable de mettre en pratique leurs croyances.
L'essentiel est de considéré l'autre, avant tout, comme son frère et sœur en humanité.
Merci pour l'article Hannibal.
LIBEREZ GEORGES IBRAHIM ABDALLAH .
RépondreSupprimermeme la guyanaise ancienne garde des sceaux était soumis aux diktat des sionistes .
Assassiner un ressortissant Américain, GIA a commis un crime de lèse majesté. Assassiner un agent du MOSSAD, c'est tuer un élu de Dieu. Il est à craindre que GIA ne finisse sa vie en prison. Depuis la mort du Général de Gaulle, la France n'est plus un Etat souverain.
RépondreSupprimerTant que la France reste soumise à l'occupation sioniste, il y a peu de chance pour que la Justice puisse passer.
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