Israël fait-il la guerre pour l'Amérique ou l'Amérique fait-elle la guerre pour Israël ?

Les Américains qui s'intéressent à la question critiquent Israël pour son contrôle non seulement sur la politique étrangère des États-Unis, mais aussi sur la politique intérieure des États-Unis, comme celle qui réglemente la liberté d'expression et même les décisions relatives à la titularisation des universités catholiques. Le personnel de la CIA s'est plaint que les tentatives visant à freiner l'espionnage israélien aux Etats-Unis ont été politiquement bloquées. John Mearsheimer et Stephen Walt, dans leur livre The Israel Lobby and US Foreign Policy , révèlent le pouvoir d'Israël sur les États-Unis.

Il est difficile de voir les choses autrement lorsque des universités américaines, comme Harvard, empêchent leurs étudiants de manifester contre le génocide des Palestiniens perpétré par Israël, et lorsqu'au beau milieu du génocide, le Congrès américain affiche son soutien au génocide en invitant le Premier ministre israélien Netanyahou à s'adresser au Congrès et à récompenser ses crimes de guerre par 53 ovations debout. Comment Washington peut-il être plus soumis à Israël que cela ?

Les preuves visibles indiquent que c’est Israël qui contrôle l’Amérique, et non l’Amérique qui contrôle Israël. Mais il existe une autre opinion. Elle est bien exposée ici — https://www.unz.com/mhudson/middle-east-exploding-ukraine-crumbling-the-us-take-action/ — par Michael Hudson et Richard Wolfe. Gilbert Doctorow la partage [Voir : Le 5 novembre marque-t-il la fin de la guerre en Ukraine ?].

Hudson et Wolfe sont des témoins crédibles, car ils ont participé ( surtout Hudson), à l'élaboration de la politique de Washington visant à utiliser et à diriger Israël au profit de l'hégémonie américaine au Moyen-Orient. Israël est le mandataire de Washington contre les musulmans, tout comme les Ukrainiens sont le mandataire de Washington contre la Russie, tout comme les Géorgiens l'étaient lorsque Washington les a envoyés envahir l'Ossétie du Sud, et tout comme le sont les Britanniques et l'Europe en servant l'hégémonie de Washington au risque de leur propre destruction.

De ce point de vue, l’idée selon laquelle Israël contrôle Washington sert de couverture pour protéger Washington de toute responsabilité pour les actions d’Israël qui servent les agendas de Washington.

Au lieu de choisir entre les deux explications, je dirais que les deux sont vraies. La couverture est en place depuis 50 ans et, pendant ce temps, grâce à la croyance en elle, elle a acquis son propre pouvoir. La conséquence est que, alors qu'Israël a autant de pouvoir sur les droits des Américains garantis par le Premier Amendement que la Cour suprême des États-Unis, Israël continue d'être le mandataire de Washington contre les Arabes.

L'explication Hudson-Wolfe est née d'une interview animée par Nima Alkhorshid le 6 octobre 2024. À certains endroits, il semble y avoir des erreurs dans la transcription qui entraînent une confusion, mais si vous prêtez attention aux passages déroutants, vous pouvez comprendre ce qui est dit.

Dans la dernière partie de l’entretien, Hudson et Wolfe semblent être d’accord avec ma position selon laquelle les Russes, les Arabes et les Iraniens se trompent lorsqu’ils comptent sur les menaces d’une guerre plus large et sur des démonstrations de capacité à frapper Israël pour ramener l’hégémonie de Washington à la raison. Ce qu’ils font en réalité, c’est céder leur avantage stratégique à Washington et à Israël sans obtenir le crédit d’avoir essayé d’arrêter l’élargissement des guerres.

Hudson et Wolfe soutiennent le point que j’ai souvent avancé. Personne, qu’il soit largement entendu, riche ou influent, qu’il s’agisse d’un think tank, d’une université ou d’une fondation importante, ne dit un mot sur les risques de deux guerres qui pourraient échapper à tout contrôle et se transformer en guerre nucléaire. Les rares personnes qui prennent la parole sont des individus isolés dénoncés comme des agents russes, des antisémites et des pourvoyeurs de désinformation. Cela devrait effrayer le monde à mort. Nous approchons de l’Armageddon de deux côtés, et le mot ne peut pas se répandre.

Paul Craig Roberts • 10 octobre 2024

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