samedi 29 mars 2025

Guerre automobile : Trump frappe Tokyo et Francfort à coups de massue

La guerre commerciale de Trump a pris une nouvelle tournure explosive, frappant cette fois l'industrie automobile mondiale d'une taxe douanière de 25 %, qui a provoqué une onde de choc sur les marchés européens et asiatiques. Cette mesure, présentée par Trump comme une mesure audacieuse pour relancer l'industrie manufacturière américaine, a déjà fait chuter de plus de 14 milliards de dollars la valeur boursière des plus grands constructeurs automobiles européens, selon le Telegraph. De Francfort à Tokyo, le message était clair : les États-Unis ne respectent plus les anciennes règles.

Le Japon a subi un coup dur. Les actions de Toyota ont chuté de 2 %, celles de Nissan de 1,7 % et celles de Honda de 2,5 % suite à cette annonce. Il ne s'agit pas seulement de la nervosité des investisseurs, mais d'une réalité économique. Les automobiles représentent près de 28,3 % des exportations totales du Japon vers les États-Unis, générant environ 63 milliards de dollars par an. Selon les estimations de l'institut de recherche Nomura, les droits de douane de Trump pourraient réduire le PIB japonais de 0,2 %, soit environ 8 milliards de dollars en moins, évaporés d'un seul trait de plume présidentiel. Le moment ne pouvait pas être plus mal choisi pour Tokyo. L'inflation à la consommation étant déjà supérieure à l'objectif, la Banque du Japon envisageait une hausse des taux tant attendue en mai. Cette opportunité pourrait bien s'être refermée.

Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a réagi avec modération, affirmant que Tokyo évaluait « ce qui est le mieux dans l'intérêt national du Japon » et que toutes les options étaient envisageables. Mais le message sous-jacent était clair : la classe politique japonaise s'efforce de recalibrer son approche face au protectionnisme de plus en plus erratique de Washington.

Pour Trump, il ne s'agit pas seulement de politique économique, mais d'une véritable mise en scène intérieure. Il affirme que les droits de douane généreront 100 milliards de dollars de recettes fiscales par an et relanceront une industrie automobile américaine ravagée par des décennies de délocalisation néolibérale. Les droits de douane devraient entrer en vigueur le 2 avril, suivis d'une deuxième vague visant les pièces détachées automobiles un mois plus tard. Parallèlement, S&P Global Mobility rapporte que près de la moitié des véhicules particuliers neufs vendus aux États-Unis l'an dernier ont été fabriqués à l'étranger, ce qui souligne l'intégration profonde du marché automobile américain avec les pays actuellement sous pression.

Mais c'est là que les choses deviennent plus profondes et plus sombres.

Il ne s'agit pas seulement de commerce. Il s'agit d'un empire en retrait, replié sur ses propres vassaux. Trump incendie ce qui reste de coopération économique transatlantique et transpacifique, transformant l'Allemagne et le Japon, vassaux loyaux, en victimes collatérales. C'est le réflexe impérial tardif : lorsqu'on ne peut pas gagner contre la Chine ou la Russie, on cannibalise ses propres « alliés » pour gagner du temps et des voix chez soi.

L'Europe, déjà malmenée par les chocs énergétiques et l'ingérence excessive de l'OTAN, voit désormais son cœur industriel se faire éventrer par l'hégémonie même à laquelle elle avait jadis prêté allégeance. Le Japon, pris entre l'accueil de bases américaines et la recherche d'un commerce avec la Chine, apprend à ses dépens ce que signifie la multipolarité : s'adapter ou périr.

Il s'agit de la doctrine « America First » dans sa forme définitive, non pas de la stratégie, mais du darwinisme économique . Au diable les alliés. Au diable les chaînes d'approvisionnement. Au diable la stabilité. Trump se fiche que Tokyo brûle ou que Francfort saigne, pourvu que le Michigan crée quelques emplois industriels supplémentaires et que l'illusion de la souveraineté revienne dans les villes mourantes de la Rust Belt. Le plus drôle, c'est que beaucoup de ces villes n'ont pas de droits de douane réciproques, du moins jusqu'à présent, mais les États-Unis n'ont tout simplement pas pu y parvenir.

L'ironie ? Alors que Washington impose des droits de douane pour la construction automobile nationale, la Russie et la Chine bâtissent une nouvelle économie mondiale, hors du dollar, hors du dinosaure SWIFT, et de plus en plus hors de l'attraction gravitationnelle de la politique américaine. L'Eurasie est en plein essor. Les BRICS s'étendent. Et l'Occident, mené par un magnat de l'immobilier devenu messie et auteur de tarifs douaniers, frappe à nouveau ses alliés au visage. J'adore ça.

Ce qui a commencé comme une guerre commerciale se termine par un effondrement auto-infligé.

Gerry Nolan/t.me/TheIslanderNews

6 commentaires:

  1. Merci pour votre texte. J'adore cela également. L'effondrement de ce monde qui se prétend occident me donne du baume au cœur. L'occident pour moi reste indissociable de la chrétienté médiévale. L'effondrement de ceux qui ont volé le nom et foulé aux pieds les valeurs de l'authentique occident participe à la bascule du monde concept développé, sauf erreur de ma part, par Madame Caroline Galacteros.

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    1. Ouais! Le médiéval ? En attendant le retour au passé, il va déjà gérer le présent.

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  2. Voilà la vraie guerre et on comprend alors l'égarement des starmer et des macron

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    1. Stage et Macron nous préparent une soupe à la grimace.

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  3. Bon, les US se replient. La mondialisation est morte. Que vont faire nos zelites ? Nous faire manger par les US, par la Chine, ou nous remettre sur la chemin de l'autonomie ?

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    1. La mondialisation est morte...non elle n'en était qu'au stade préliminaires... après une bonne guerre 3eme opus ce sera:
      "La mondialisation est morte; vive la mondialisation "
      Hourra

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