Pourquoi les décideurs politiques allemands craignent qu’un « coupe-circuit » américain ne désactive leur flotte de F-35

Suite à l’émergence d’un fossé important entre Washington et la majorité de ses « alliés » européens sur leurs positions à l’égard de la guerre russo-ukrainienne en cours, les décideurs politiques allemands ont exprimé des inquiétudes croissantes quant à la possibilité que les États-Unis puissent désactiver à distance les chasseurs F-35A de cinquième génération achetés pour l’armée de l’air allemande en cas de crise de sécurité.

Trente-cinq de ces chasseurs sont actuellement commandés dans le cadre d’un contrat de 9 milliards de dollars, les avions ayant été achetés spécifiquement en raison de leurs capacités avancées de frappe nucléaire, ce qui est considéré comme nécessaire en raison de l’accord de partage nucléaire en cours entre l’Allemagne et les États-Unis qui lui donne accès en temps de guerre aux bombes américaines B61. Les menaces des États-Unis de couper l’accès de l’Ukraine au réseau de satellites Starlink et la limitation annoncée de son accès aux données de ciblage pour l’utilisation d’armes guidées de précision ont créé un précédent.

 « Le « kill switch » du F-35 est plus qu’une simple rumeur », a déclaré Joachim Schranzhofer, responsable de la communication de l’entreprise de défense allemande Hensoldt, au média local Bild. « Mais il est beaucoup plus facile d’utiliser le système de planification de mission – l’avion reste alors au sol. » L’ancien président de la Fondation de la Conférence de sécurité de Munich, Wolfgang Ischinger, faisait partie des sources informées qui ont remis en question l’avenir des plans d’achat allemands de F-35. « Si nous devons craindre que les États-Unis fassent avec les futurs F-35 allemands ce qu’ils font actuellement avec l’Ukraine, nous pourrions envisager de résilier le contrat », a-t-il déclaré.

Les inquiétudes concernant l’autonomie limitée dont disposeront les opérateurs du F-35 ont été soulignées au-delà de l’Allemagne, l’analyste de la défense Richard Aboulafia, s’exprimant auprès du Financial Times basé à Londres, observant que même si l’existence d’un coupe-circuit n’a pas été confirmée, « si vous postulez l’existence de quelque chose qui peut être fait avec un peu de code logiciel, cela existe ». « La plupart des armées européennes dépendent fortement des États-Unis pour le soutien des communications, pour le soutien de la guerre électronique et pour le réapprovisionnement en munitions dans tout conflit sérieux », a observé Justin Bronk, chercheur principal au Royal United Services Institute, ce qui rend la nécessité d’un « coupe-circuit » superflue. La possibilité que les États-Unis désactivent les F-35 fournis à des clients à l’étranger a été évoquée à plusieurs reprises dans le passé, les analystes observant spécifiquement que le système d’information logistique autonome (ALIS), fortement centralisé aux États-Unis, pourrait facilement être utilisé pour désactiver les chasseurs.

Depuis les années 1980, les États-Unis ont imposé des restrictions particulièrement importantes à l’utilisation de leurs avions de combat par des clients étrangers, ce qui est largement évoqué depuis des décennies. Début 2020, l’ancien Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad a fait remarquer à propos des restrictions imposées aux opérations de la Royal Malaysian Air Force sur les chasseurs F-18 du pays : « Nous ne pouvons pas programmer l’avion pour des attaques contre d’autres pays sans que la programmation soit effectuée par les Américains. Ainsi, bien que les avions soient très bons, en termes de performances, les moteurs sont très puissants, nous ne pouvons pas programmer l’avion nous-mêmes. Il faut se référer aux États-Unis pour mettre le programme en place pour tout raid sur des pays étrangers par exemple. Nos avions étaient donc coûteux. Nous les avons. Nous pouvons les faire voler lors de salons aériens. Mais nous ne pouvons pas les utiliser pour combattre un autre pays car nous n’avons pas le code source. »

En février 2025, l’ancien maréchal de l’air de l’armée de l’air indienne Anil Chopra a observé que l’incapacité de l’Inde à dépendre des États-Unis et la « tendance de Washington à exercer des pressions et à abandonner ses alliés lorsque ses propres intérêts divergent des leurs » étaient les principaux facteurs qui ont conduit Delhi à ne pas envisager le F-35. Les restrictions sur l’accès aux codes logiciels, et sur les bases à partir desquelles les chasseurs pouvaient être exploités et pour quels rôles, ont également été des facteurs majeurs qui ont conduit l’Inde à ne pas envisager sérieusement les offres de fourniture du F-16 ou du F-18 dans le passé. De telles préoccupations n’ont généralement pas été soulevées par les membres de l’OTAN en raison de leur meilleur accès aux codes logiciels et des objectifs stratégiques communs avec Washington, bien que la nouvelle rupture sans précédent entre Washington et l’Europe puisse entraîner un changement de paradigme à cet égard. Néanmoins, la position du F-35 en tant que seul chasseur de cinquième génération en production dans le monde occidental laisse aux États européens peu d’alternatives viables.

Military Watch 9 mars

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Les problèmes du F-35 sont bien plus vastes et systémiques que ce que nous disent les rapports de l'USAF elle-même. Le F-35 s'est avéré être un outil pour étrangler une industrie européenne des avions de combat déjà faible. Autrefois présentés comme les meilleurs avions de combat de leurs catégories respectives, l'Eurofighter Typhoon, le Rafale et le Gripen sont obsolètes pour le domaine de combat aérien moderne contre une puissance de classe mondiale comme la Russie ou la Chine. 

Rappelons que, lors de l'invasion  de l'Irak par l'état voyou US , la France avait désactivé les missiles Exocet achetés par l'Irak, afin que ces missiles ne frappent pas les bateaux US. Depuis cette date, les clients potentiels des missiles et des avions français sont devenus de moins en moins nombreux.

Il en est de même pour les gogos qui achètent les avions et les missiles américains, qui ne sont utilisables qu'avec le feu vert américain.

Hannibal Genséric