Un projet de
loi pourrait aboutir à la classification des Frères musulmans comme «groupe
terroriste étranger» s’il est adopté. Selon l’auteur de l’article ci-dessous,
des pays membres de l’Union européenne pourraient emboîter le pas. Au
Royaume-Uni, David Cameron a
écarté une interdiction des Frères musulmans, très présents sur le sol
britannique, mais il a «prévenu que tout lien avec ce groupe pourrait être
considéré comme ‘un éventuel signe d’extrémisme’» lorsqu’il a présenté aux députés
les résultats d’une enquête sur la Confrérie.
(Gulf
News) – Un projet de loi qualifiant la Confrérie des Frères musulmans
d’organisation terroriste étrangère par les États-Unis a
reçu le feu vert du Comité judiciaire de la Chambre des représentants
dominé par les Républicains, par un vote de 17 contre 10. Le projet de loi, qui
oblige le Secrétaire d’État américain à agir, à moins de justifier son défaut
de le faire, procédera ensuite devant la Chambre des représentants, et sera
approuvé sans contestation par le Comité du Sénat sur les relations étrangères.
Si le projet de
loi est adopté, le locataire actuel de la Maison Blanche ne pourra plus
dérouler le tapis rouge aux dirigeants des Frères musulmans. Ces dirigeants ne
seront plus en mesure de prendre des selfies devant le logo du
Département d’État en faisant le signe de Rabaa (un geste de la main utilisé
par les partisans des Frères musulmans). En fait, ils se verront refuser
l’entrée aux États-Unis et les banques américaines seront obligées de bloquer
leurs transactions, d’après Fox News. [ndlr : lire le communiqué
de presse officiel]
De plus, il est
probable que le Royaume-Uni et d’autres États membres de l’Union européenne
emboîteront le pas. Le Premier ministre britannique David Cameron a autorisé
une enquête sur les activités des Frères au Royaume-Uni, mais il a repoussé
jusqu’à récemment la publication du rapport. Cameron a écarté une interdiction,
même si le rapport est accablant : il reconnaît que les Frères n’adhèrent
pas à des moyens pacifiques d’opposition, qu’ils ont soutenu des groupes
terroristes connus, et que leur idéologie et leurs tactiques sont contraires
aux valeurs britanniques. David Cameron a plutôt annoncé que «le
gouvernement continuera de refuser des visas aux extrémistes liés à la
Confrérie ; de s’assurer que les organismes de bienfaisance liés à la Confrérie
ne sont pas utilisés abusivement pour la financer au lieu des ‘activités
charitables légales’ ; et continuera d’examiner le statut juridique de cette
organisation ». La décision de Cameron a peut-être été influencée par
l’avertissement de la Confrérie à l’effet qu’une interdiction pourrait
déclencher des attaques terroristes sur le sol britannique.
La Confrérie a
travaillé fort pour se présenter au monde comme une organisation non-violente,
et a mené une campagne de relations publiques professionnelle absorbée par les
médias de gauche. Même pendant que des membres de la Confrérie se déchaînaient
à travers l’Égypte – terrorisant la population, brûlant des églises, incendiant
des bâtiments appartenant à l’État, plantant des bombes, attaquant la police et
l’armée – les réseaux d’information occidentaux ont offert des tribunes aux
porte-paroles occidentalisés de la Confrérie, presque à l’exclusion des
officiels du gouvernement égyptien.
Si les
États-Unis décident de classer la Confrérie comme organisation terroriste,
l’Égypte sera justifiée aux yeux du monde pour sa répression du groupe.
Interdire la Confrérie, matrice d’Al-Qaïda, devrait aller de soi. La
Confrérie n’a de loyauté envers aucun pays. Elle est présente dans plus de 60
pays. Son objectif est et a toujours été le même que celui de Daech (l’État
islamique auto-proclamé en Irak et au Levant) : dominer le monde arabe aux
fins d’instaurer un «Califat».
L’approche de la
Confrérie, basée sur l’infiltration politique, diffère de celle de Daech,
mais son objectif ultime est le même. Il ne fait aucun doute que l’opinion
publique aux États-Unis sera favorable au projet de loi, mais il y a loin de la
coupe aux lèvres. Jusqu’à présent, le président américain Barack Obama, qui a
soutenu le coup de force des Frères musulmans en Égypte et en Tunisie, a non
seulement refusé de prononcer une quelconque condamnation, mais un document qui
a été coulé, la Presidential Study Directive 11, montre que
l’administration Obama avait (et a peut-être encore) pour politique de soutenir
la Confrérie en tant qu’«alternative modérée» à Al Qaida, ses clones et
affiliés.
En effet,
plusieurs membres de haut niveau de l’administration américaine sont connus
pour être sympathiques à la Confrérie et épouser ses positions. Huma Abedin,
une collaboratrice de l’ancienne Secrétaire d’État Hillary Clinton, aurait,
selon cinq parlementaires républicains, des liens étroits avec la Confrérie.
La politique
d’Obama était malavisée, car même si la Confrérie présente un visage modéré, la
réalité est différente. Frank Gaffney, ancien secrétaire à la défense de
l’ancien président Ronald Reagan, a décrit cette politique du Président Obama
comme «l’un des pires héritages de sa politique sécuritaire».
Obama maintient
le cap. En février de l’année dernière, il a rencontré 14 leaders musulmans à
la Maison Blanche, dont plusieurs sont connus pour avoir des liens avec la
Confrérie. Une porte-parole de la Maison Blanche avait tenté de tromper les
journalistes, en disant qu’ils avaient été invités par un collège, mais elle a
dû se rétracter quand le collège en question a nié les avoir invités.
Une pétition «We
the People» ayant recueilli plus de 200.000 signatures et qui demandait à
Obama de classer la Confrérie comme organisation terroriste, a reçu cette
réponse : «Nous n’avons vu aucune preuve crédible établissant que la
Confrérie a renoncé à son engagement en faveur de la non-violence datant de
plusieurs décennies». On est en droit de s’interroger à cet égard après que le
gouvernement égyptien a diffusé des vidéos montrant des dirigeants de la
Confrérie appelant des martyrs à lancer des attaques, et des membres tirant
avec des AK47 et lançant des bombes incendiaires.
Il sera
intéressant de voir comment l’actuel secrétaire d’État américain, John Kerry,
réagira si le projet de loi est adopté. Obama devra soit tourner le dos à ses
amis, soit renforcer son image de mollesse face au terrorisme. La hache se
rapproche de la Confrérie. Seul le temps nous dira si elle s’abattra pendant la
présidence d’Obama.
Source : Will Brotherhood make US ‘terrorist’
list?, par Linda S.
Heard*, Gulf News, 29 février 2016. Traduction Poste de veille
*Linda S.
Heard est une journaliste politique britannique primée et commentatrice invitée
à la télévision sur des sujets concernant principalement le Moyen-Orient.
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