Le classement du Hezbollah comme organisation terroriste par les pays du Golfe et le conseil des ministres arabes de l’Intérieur réunis en Tunisie a fait l’objet de critiques acerbes sur les réseaux sociaux tunisiens et de la part des politiciens tunisiens, un pays très sensible à la défense de la cause palestinienne.
Le président tunisien mécontent
Dans ce contexte, le président tunisien,
Béji Caïd Essebsi, a exprimé son mécontentement de ce classement, lors
d’un entretien avec le ministre des Affaires Étrangères, Khemaïes
Jhinaoui, a rapporté le site echoroukonline.
Le président tunisien a appelé le chef
de la diplomatie à rectifier l’erreur commise par la Tunisie et
d’adosser la responsabilité de cet acte à celui qui a pris cette
décision, a-t-on ajouté de même source.
Tenu à Tunis mercredi 2 mars 2016, le
Conseil des ministres arabes de l’Intérieur a décidé de déclarer le
Hezbollah libanais organisation terroriste, y compris tous les membres
de sa direction, ses unités et les organisations qui lui sont affiliées.
Il semblerait que la Tunisie ait voté pour cette résolution.
Le chef de la diplomatie tunisienne: ce classement ne reflète pas la position de la Tunisie
Pour sa part, M. Jhinaoui a affirmé
jeudi que le fait de considérer le Hezbollah comme étant une
organisation terroriste ne reflète pas la position de la Tunisie.
Lors de son intervention sur la chaîne
de télévision El Hiwar Ettounsi, Jhinaoui a fait savoir qu’une telle
position doit être prise par le président de la République en
coordination avec le chef du Gouvernement, précisant qu’une fois la
position de la Tunisie envers une organisation étrangère a été prise,
elle devra être publiée par le ministère des Affaires étrangères.
Par ailleurs, le ministre des Affaires
étrangères a indiqué que le Hezbollah n’a pas été considéré comme étant
une véritable organisation terroriste, estimant que la question a tout
simplement été amplifiée.
M. Jhinaoui a par ailleurs précisé que
la Tunisie n’est pas en conflit avec le secrétaire général du Hezbollah
Sayed Hassan Nasrallah. Et d’ajouter : les relations de la Tunisie avec
le Liban et l’Iran sont excellentes, a rapporté le site tunisien
Jawhara.
L’ordre des avocats et l’UGTT
De son côté, le président de l’Ordre des
avocats Mohamed al-Fadel Mahfouz a souligné dans un communiqué son
refus de voir le gouvernement tunisien prendre une telle direction
dangereuse et a appelé toutes les forces vives en Tunisie et dans le
monde arabe à faire pression sur les gouvernements pour qu’ils
reviennent sur leur décision.
Pour le principal syndicat tunisien
UGTT, il s’agit d’une décision « étrange », le Hezbollah symbolisant la
lutte nationale libanaise contre Israël. « Cette décision a été prise
dans le cadre d’une offensive dirigée par des forces étrangères et
régionales pour diviser la nation arabe et détruire ses forces au profit
des forces (…) sionistes et rétrogrades », a estimé l’UGTT dans son
communiqué.
Le syndicat a exhorté le gouvernement
tunisien à se désolidariser de la mesure, « qui ne sert ni l’intérêt du
pays, ni celui de la nation arabe » et demandé à toutes les forces
nationales et démocratiques de faire face à cette décision.
Internautes et personnalités politiques
La décision du conseil des ministres
arabes de l’intérieur sur le Hezbollah a également provoqué un tollé sur
les réseaux sociaux, plusieurs internautes ayant affiché leur soutien
au Hezbollah et ont condamné l’alignement de la Tunisie sur les
positions des pays du Golfe.
Des personnalités du paysage politique, associatif ou intellectuel se sont également élevées contre cette annonce.
La magistrate et ancienne candidate à
l’élection présidentielle, Kalthoum Kennou a appelé partis politiques,
organisations de la société civile et citoyens à manifester afin
d’exprimer le refus d’une telle décision, rapporte le site tunisien
businessnews.
De son côté, le député du bloc Al Horra
(ancien Nidaa) Sahbi Ben Fredj a considéré le vote de la Tunisie en
faveur de la classification du Hezbollah en tant qu’organisation
terroriste, comme une insulte au peuple tunisien et une atteinte à la
résistance libanaise, représentée par le Hezbollah.
Pour ce faire, le député annonce qu’il
demandera une audition du ministre de l’Intérieur sur les circonstances
de son vote et qu’il examinera avec les autres députés les dispositions
nécessaires afin d’annuler ce vote au sein de l’Assemblée.
L’intellectuelle et universitaire Olfa
Youssef a lui aussi déclaré : « Si le Hezbollah est terroriste, alors je
porterais l’étendard du terrorisme avec fierté ! ».
Communiqué des partis tunisiens
Des partis politiques et des associations tunisiennes ont en outre émis un communiqué pour critiquer cette décision.
Dans ce communiqué on lit que la
diplomatie tunisienne a posé un acte aux effets incalculables en
cautionnant cette mesure qui sert l’agenda du sionisme. Pour les
signataires de ce communiqué, le fait qu’ Israël ait exulté à l’annonce
de cette décision démontre que cette affaire va dans le sens des
intérêts du sionisme.
Les signataires de ce communiqué sont :
Le parti Al Ghad, le Comité national de soutien de la résistance arabe
contre la normalisation avec le sionisme, la Ligue tunisienne de
tolérance, le Forum international des jeunes contre le sionisme, le
racisme et l’impérialisme, le Rassemblement arabe islamique de soutien
de la résistance et le Forum Est-Ouest.
La mesure prise contre le Hezbollah par
le CCG intervient dans un contexte de forte tension entre Ryad et le
Hezbollah qui a ouvertement critiqué les crimes saoudiens dans plusieurs
pays arabes, dont à leur tête le massacre du peuple yéménite.(Agences).
http://www.algerie1.com/zoom/la-tunisie-se-mobilise-contre-la-classification-du-hezbollah-comme-terroriste/
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