Le régime syrien a perdu plus de 60 000 hommes depuis que la guerre a commencé, mais un nouvel équipement russe aide à faire basculer la donne. Vous pouvez voir la puissance de feu des nouveaux tanks T-90 russes de l’armée syrienne alignés dans leur nouvelle livrée pour le désert à peine à 100 miles de Raqqa la capitale syrienne d’ISIS.
Un char russe T-90 fait feu |
Il
y a de nouveaux camions fabriqués en Russie à leurs côtés, beaucoup
d’artillerie et – sûrement que les espions d’ISIS sont censés voir cela –
beaucoup de soldats syriens marchant dans le périmètre de sécurité à
côté des soldats russes portant des chapeaux militaires contre le
soleil, du genre de ceux qu’ils ont utilisés dans le temps dans la chaleur estivale de l’Afghanistan, dans les années 1980. Il
y a même un général russe présent sur la base militaire d’Isriyah, pour
faire en sorte que les équipages de chars syriens reçoivent la
formation la plus efficace sur les T-90.
Non, les troupes terrestres russes ne vont pas se battre contre ISIS. Cela n’a jamais été l’intention. La force aérienne russe attaque ISIS par les air; les
Syriens, les Iraniens, les chiites afghans musulmans du nord-est de
l’Afghanistan, les chiites irakiens et plusieurs centaines de chiites
pakistanais doivent attaquer ISIS et Jabhat al-Nosra sur le terrain.
Mais
les Russes se doivent d’être dans le désert à l’est de l’axe
Alep-Hama-Homs-Damas, à la fois pour former les équipages de chars
syriens et pour maintenir à l’est une base avancées de contrôleurs
aériens permettant de guider les bombardiers Sukhoi pour atteindre leurs
objectifs de nuit.
Tout
le monde sur les lignes de front syrien vous dira que les forces
aériennes syriennes ne bombardent leurs ennemis que par temps clair. Quand les nuages d’hiver descendent et que la pluie tombe sur le nord et l’est de la Syrie, les Russes prennent le relais.
«Les Syriens volent assez bas pour être vus – les Russes, quand ils viennent, vous ne les voyez jamais», comme un visiteur régulier des fronts l’indique avec une simplicité toute militaire. Pas étonnant que les officiers supérieurs russes soient maintenant aussi associés au commandement de l’armée syrienne à Alep. Vladimir Poutine ne fait pas les choses à moitié.
Pourtant,
le soutien militaire le plus important que les Russes ont donné aux
Syriens ne sont pas les tanks – aussi impressionnants qu’ils en aient
l’air – mais la technologie qui va avec eux.
Les
officiers syriens ont vu comment le nouveau système anti-missile du
T-90 force les roquettes à dévier de leur trajectoire à quelques mètres
des chars quand elles foncent sur leur cible. Est-ce l’arme qui pourrait vaincre les assauts d’ISIS et d’al-Nosra et l’utilisation massive de roquettes ? Peut-être. Plus important encore pour les Syriens, cependant, ce sont les nouveaux capteurs russes de mouvement avec vision
nocturne, et l’équipement de surveillance-reconnaissance électronique
qui ont permis à l’armée du gouvernement de briser les défenses
d’al-Nosra dans la région montagneuse extrême au nord-ouest de la Syrie,
brisant les lignes d’alimentation rebelles en provenance de Turquie pour Alep.
Dans
une armée qui a perdu plus de 60 000 soldats en près de cinq ans de
durs combats, les officiers de la Syrie ont soudain découvert que la
nouvelle technologie russe coïncide avec une forte baisse de leurs
pertes. C’est peut être une raison du flot continu de déserteurs de l’Armée syrienne libre, de
retour dans les rangs des forces gouvernementales, appauvrissant encore
plus la solide armée de 70 000 hommes de David Cameron avec ses soldats
fantômes modérés. Curieusement,
depuis le début de la guerre en 2011, un pourcentage beaucoup plus
élevé de policiers syriens et de personnel de la sécurité politique que de soldats de l’armée régulière ont déserté pour les ennemis de Bachar al-Assad. Il y a eu 5 000 défections parmi les agents de sécurité sur un effectif total de 28 000 policiers.
Les Russes sont dans une position unique parmi les forces terrestres syriennes ; ils
peuvent former les Syriens pour utiliser les nouveaux chars et ensuite
regarder comment les T-90 se comportent sur le terrain sans avoir à
souffrir de victimes eux-mêmes. A
l’origine, il y avait des plans pour reconquérir Palmyre, la ville
romaine déjà partiellement vandalisée par ISIS, mais les difficultés du
terrain désertique plat ont persuadé les Syriens d’un plus grand intérêt
pour des offensives au nord pour couper toutes les routes rebelles en
provenance de Turquie.
Pas
étonnant que les Turcs soient maintenant en train de bombarder
massivement les forces syriennes le long de leur frontière commune. Les
Russes, bien sûr, trouvent beaucoup plus facile de former des hommes
pour combattre dans les villes ou les montagnes – des environnements
dans lesquels ils se sont battus – que dans les déserts, où aucun
personnel militaire russe n’a eu d’expérience depuis la guerre de Gamal
Abdel Nasser au Yémen.
Les
offensives qui ont permis de reprendre les villages chiites de Nubl et
Zahra le mois dernier étaient d’un grand intérêt pour l’armée russe. Pour
la première fois, l’armée des forces spéciales syriennes, les gardes
révolutionnaires iraniens et les combattants du Hezbollah libanais se
sont battus conjointement avec des chars et des hélicoptères syriens qui
ont préparé par le feu leur chemin à travers 30 kilomètres de villages
et de campagne, chemin ouvert en seulement huit jours.
Mais
les statistiques des forces étrangères qui luttent pour le régime
syrien semblent avoir été grossièrement exagérées dans l’Ouest. Il
y a moins de 5 000 gardes révolutionnaires iraniens en Syrie – ce qui
comprend des conseillers ainsi que des soldats – et 5 000 autres
combattants étrangers comprenant non seulement des Afghans et le
Hezbollah, mais aussi des Pakistanais musulmans chiites.
Malgré toutes les fanfaronnades de l’Arabie saoudite qui aurait formé une énorme coalition contre la terreur,
au mieux sous-entraînée, il semble que les Syriens, les Iraniens et le
Hezbollah ont réussi à fonctionner ensemble sur un terrain difficile par
temps de pluie et à gagner leur première grande bataille commune. Les forces iraniennes sont maintenant utilisées sur les lignes de front pour la première fois, principalement autour d’Alep. Leur première avancée a commencé dans la campagne au sud d’Alep en novembre. Officiellement,
eux et les Syriens ont dit avoir l’intention d’ouvrir l’ancienne route
internationale d’Alep à Hama, mais le véritable plan était de briser le
siège des villages chiites de Fuah et Kafraya.
Dans la campagne orientale, le colonel Suheil Hassan, le Tigre,
que certains dans l’armée syrienne considèrent comme un nouveau Rommel,
a mené une campagne au nord pour mettre fin au siège d’ISIS sur une
base aérienne syrienne.
Mais
qu’en est-il des Kurdes, dont l’avance vers le sud a également mis en
danger les voies d’approvisionnement rebelles à Alep? Les Syriens sont reconnaissants pour toute l’aide kurde qu’ils peuvent obtenir. Mais quelques-uns dans l’armée n’ont pas oublié les événements glaçants de 2013, lorsque les Syriens battant en retraite ont cherché refuge auprès des forces kurdes après la bataille pour la base aérienne de Mineq. Les
Kurdes ont exigé une vaste part des armes de l’armée syrienne en
échange de leurs hommes, soldats contre munitions. Des millions de
balles d’AK-47, des munitions pour des mitrailleuses et des milliers de
roquettes ont été obtenues en échange de la libération des soldats.
Mais
les Kurdes voulaient persuader al-Nosra d’échanger des prisonniers
kurdes, et ont offert les officiers syriens de Mineq à al-Nosra en
échange des captifs. Al-Nosra
a accepté l’échange, mais une fois que les Kurdes ont remis les
officiers syriens, les rebelles islamistes – qui avaient perdu environ
300 de leurs propres hommes dans la bataille de Mineq – ont tué tous les
officiers syriens que les Kurdes leur avait donnés, en leur tirant une
balle dans la tête.
Parmi eux se trouvait le commandant syrien à Mineq, le colonel Naji Abu Shaar de la 17e division de l’armée syrienne. Des événements comme ceux-ci n’aideront pas l’armée syrienne à aimer les Kurdes dans les années à venir.
Parmi eux se trouvait le commandant syrien à Mineq, le colonel Naji Abu Shaar de la 17e division de l’armée syrienne. Des événements comme ceux-ci n’aideront pas l’armée syrienne à aimer les Kurdes dans les années à venir.
Pendant ce temps, les Syriens continuent à perdre des officiers de haut rang dans la bataille. Au
moins six généraux ont été tués au combat pendant la guerre syrienne,
ce qui permet à l’armée de proclamer que ses meilleurs hommes mènent la
bataille en première ligne.
Le
commandant des forces spéciales de la Syrie a été tué à Idlib, et le
commandant du renseignement militaire syrien dans l’est du pays a été
tué à Deir al-Zour. Le major-général Mohsen Mahlouf est mort dans la bataille près de Palmyre. Le général Saleh, un ami proche et collègue du colonel Tigre Hassan, s’est chargé des kamikazes d’al-Qaïda dans la ville industrielle de Sheikh Najjar à l’extérieur d’Alep il y a un an.
Il m’a dit que les kamikazes y ont tué 23 de ses hommes dans une grande explosion. Je l’ai rencontré plus tard, et je pensais à l’époque qu’il avait adopté un mépris joyeux – presque téméraire – de la mort. Il y a un mois, il a roulé sur une bombe improvisée qui lui a arraché la moitié inférieure de la jambe droite. Ce sont des hommes durs, dont beaucoup ont été formé dans un collège militaire syrien dont la devise dit: «Bienvenue à l’école de l’héroïsme, où les dieux de la guerre sont forgés». A faire froid dans le dos.
Article original paru sur The Independent.
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Diane pour le Saker Francophone.
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