Aux États-Unis, le succès dévastateur du trublion Trump commence à faire
sérieusement paniquer l’establishment. A Paris, la même panique saisit la caste
dirigeante qui se voit désormais conspuée voire insultée dès qu’elle ose
quitter ses palais. De part et d’autre de l’Atlantique, la machine à enfumer
est en train de serrer.
Les «sans-dents» se rebiffent et refusent même de
marcher à la culpabilité. Dans leurs courriers des lecteurs comme dans leurs
talk-shows tapissés de sourires hargneux, les gardiens du prêt-à-penser
contemporain sont eux aussi renvoyés dans les cordes et découvrent, effarés,
qu’en toute logique plus personne ne les distinguent plus de leurs maîtres. Le
rejet de la caste dirigeante et de son clergé médiatique est partout massif,
global, sans nuances. Alors Trump? Elvis? Le Pen ou Astérix for
Président? Oui, «n’importe qui sauf vous», ose la plèbe. Après on verra
bien.Déconstruction
Petit retour
sur l’imposture.
Durant des
décennies, une sorte de «marxisme culturel» saupoudré de darwinisme économique
a permis l’émergence d’une société libérale aussi inégalitaire qu’indécente.
La mécanique
était bien huilée. Dans le Parti unique à deux têtes, le boulot de la gauche
était de déconstruire le tissu social sous couvert de progrès sociétaux, de
fabriquer un citoyen nomade atomisé, dressé à tout tolérer, tout accepter, tout
aimer, à ne rien juger, rien condamner, réduit à la seule satisfaction
compulsive de ses égoïsmes et de ses désirs.
Et ça a
presque marché. Il aura suffi de profiter des vaches grasses pour le
gaver, l’étourdir à coup de divertissements, de violence et de licence, de
porno et de guerres aussi, de pain et de jeux donc, pour lui faire «aimer sa
servitude». Et pour satisfaire ses agaçantes aspirations verticales, on lui
aura taillé une mac-religion sur mesures, flatteuse et pas chère, où il pouvait
s’acheter, entre deux jouets technologiques nécessairement abrutissants,
quelque supplément d’âme au grand bazar de l’humanisme libéral globalisé, lui
permettant ici défendre le fox à poil dur, là des minorités de plus en plus
improbables, là encore de défiler contre le Sida, le cancer ou l’herpès labial
selon la mode, les trends, l’ennui du moment.
La droite,
elle, était sensée organiser l’exploitation efficace de cet homme nouveau enfin
lobotomisé, enfin libéré donc, de tout et surtout de lui-même, cet homme
mobile, servile, docile, asexué, plastique, malléable, corvéable et bien sûr
jetable.
Et puis dans
l’euphorie générale de la farce, on s’est vite aperçu que c’est la gauche,
moins suspecte de conchier le peuple, qui pouvait le mieux rouler le prolo dans
la farine libérale. Dont acte. Et pour calmer la grogne due à la trahison, il y
avait toujours l’alternance. Tout allait donc bien dans «le meilleur des
mondes».
De Kim Jong-un au Chikungunya
Sauf qu’aux
vaches grasses ont succédé les vaches maigres, puis les vaches rachitiques.
D’abord sous la pression d’un capitalisme en mode turbo, pris de panique qu’il
était de constater que la seule chose vraiment indépassable de son modèle était
l’impasse et le chaos. L’autre mâchoire de la machine à appauvrir étant la
voracité sans limites d’une hyper-classe désireuse de sauver ses meubles en
teck, de se goinfrer de bonus le plus possible avant le grand effondrement.
L’internet
aussi sera venu compliquer la donne, permettant à la société civile de
s’émanciper, d’enfin pouvoir s’informer sans devoir ingurgiter la bouillie
formatée des médias-menteurs du Système.
Alors bien
sûr, dès les premiers hoquets de la machine, face aux premières mobilisations
en réseau des indignés, le parti unique a rapidement tombé le masque et révélé
son penchant naturel au totalitarisme, à coup de Patriot acts pondus à la chaîne de Washington à Paris, histoire de
garder la main.
La
gouvernance par la peur était en marche.
Et là, tout
aura été bon: de la lutte contre un terrorisme manufacturé au besoin, jusqu’aux
menaces tour à tour iranienne ou russe ou chinoise, en passant par le
Chikungunya, Kim Jong-un ou le Zika qu’importe: en matière d’ingénierie
sociale, c’est d’instiller le bon dosage de peur dans le tissu social qui
compte, d’où qu’elle vienne. L’objectif est de créer la tension qui permet de
raccourcir la laisse, de resserrer le garrot pour garder les manettes,
permettre au Système de perdurer dans son être et, accessoirement, à
l’hyper-classe de prolonger l’orgasme et d’en ingurgiter encore et encore,
jusqu’à la nausée, en attendant la mère de toutes les bulles.
Emancipation.
Dans cette
guerre implacable de domination des peuples, la dissidence a désormais ses
héros: les Assange et autres Snowden qui ont fait le choix du sacrifice, qui
ont renoncé à leur confort, à leurs privilèges, à leur famille, à leur vie (voir et revoir le film Citizenfour),
pour dénoncer l’avènement de ce système totalitaire.
Ce faisant,
ils nous ont d’ailleurs montré quel pouvait être en temps de paix, si l’on ose
dire, le vrai visage de l’héroïsme. Un désintéressement, un don de soi pour l’Autre qui a quelque chose de sidérant
sous nos latitudes. Il faut en effet remonter aux champs de ces batailles
d’antan pour retrouver ici pareille bravoure, à une époque où principes et
valeurs n’avaient pas encore été réduits à l’abstraction vaseuse de cet
humanisme libéral globalisé donc, et pouvaient dès lors dignement s’incarner
jusqu’au trépas.
Dans le
silence complice de son clergé médiatique, le Système néolibéral s’est alors
déchaîné, resserrant son étreinte jusqu’au stalinisme en s’acharnant contre ces
lanceurs d’alertes pour bien faire savoir à tous que dans le so called monde libre, la liberté a ses
lignes rouges, infranchissables.
Pourtant le
sacrifice, lorsqu’il est noble et sert une cause juste, entre naturellement en
résonnance avec le cœur des autres. Et de voir ces héros persécutés par les
seules capitales du vertueux Occident, du vertueux monde-libre, aura absolument
tout dit, et à tous, de la boue sous le vernis.
L’indignation
a redoublé.
Mais le
sentiment d’impuissance aussi.
L’éveil
Car la
machine était lancée, lâchée. Elle s’est mise à vouloir «traiter ceux qui
n’était pas Charlie», à rééduquer la populace déviante, à lui apprendre à
penser à coups d’interdiction de manifs, de livres ou de spectacles; à coups de
surveillance globale, de lois d’exception ou d’urgence suspectes tant dans
leurs fondements que dans leurs applications.
Avec pour
valeur suprême de professer n’en avoir aucune sauf lorsqu'il s'agit de
justifier des massacres; avec pour seul crédo la croissance éternelle et pour
seule religion l’hystérie numérique et l’abolition de l’homme, notre fameux
monde-libre s’est ainsi mis à ressembler à l’univers des romans de Philipp K.
Dick, où triomphe une technologie malveillante et intrusive au service d’un
pouvoir inquisiteur et manipulateur qui conduit, dans l’ombre, des guerres
obscures et sanglantes «pour notre bien».
Avant lui
Orwell et Huxley avait également perçu la menace de cette dérive totalitaire.
Le premier dans la vision d’une société écrasée par la surveillance et le
mensonge permanent, le deuxième par celle d’une société vaincue et «amoureuse
de sa servitude».
Tous trois
seraient effarés de constater que notre indépassable société libérale est une
subtile combinaison de tous leurs cauchemars: surveillance totale; boucheries à
l’extérieur, mensonges permanents à l’intérieur; médias sous contrôle;
disparition de la vie privée; contrôle de la pensée et guerre de tous contre
tous.
Aujourd’hui
la société civile, dont l’hyper-classe dominante ne célèbre le réveil que
lorsque ses escroqueries fonctionnent, y voit pourtant plus clair. Tellement
clair que le pouvoir est désormais contraint au terrorisme intellectuel et à la
violence législative pour dominer, assurer ses arrières, pour continuer à se
goinfrer, à augmenter ses marges, ses dividendes, pour faire de la graisse,
encore et encore, pour ne rien céder, surtout pas à la lie, au peuple donc.
As usual, reducio ad Hitlerum
Ce rejet de
la classe dirigeante et de son clergé médiatique, ce rejet du Système, ne pouvait
que favoriser l’émergence d’électrons libres, de francs-tireurs. Et c’est là
qu’aux Etats-Unis arrive un Trump avec ses énormes souliers. Ses outrances sur
les Musulmans ou les Mexicains en font immédiatement une cible facile pour le
clergé médiatique immédiatement mobilisé pour attaquer.
Et comme
toujours, comme avec Khadafi, Poutine ou Bachar, c’est la vieille technique
du reducio ad Hitlerium.
Officiellement
pourtant, contrairement à Hillary Clinton, Trump s’engage à respecter l’accord
avec les Iraniens; contrairement à elle, il veut en finir avec les guerres
extérieures de l’Empire; contrairement à elle encore, il estime que les USA
doivent retrouver une neutralité dans le conflit israélo-palestinien;
contrairement à Hillary Clinton toujours, il est prêt à tendre la main à
Poutine.
Mais
qu’importe. Les outrances du bonhomme sont une aubaine pour les tenants du
Système alors même qu'en matière de racisme antimusulman, Bush et Obama auront
fait bien pire en exterminant directement et indirectement plus d’un million et
demi d’Irakiens, de Yéménites, le Libyens ou de Syriens. Et force est de
constater qu’ils sont restés tout à fait fréquentables pour nos
plumitifs-Système. Tout comme cette chère Hillary qui a largement soutenu
toutes leurs boucheries et dont l’élection à la Présidence US en garantirait la
poursuite.
C’est que le
véritable crime de Trump est ailleurs. Il réside tout entier dans sa posture
anti-Système, anti-establishment. Une posture qui trouve un écho phénoménal
dans la population, d’où la panique complète de l’establishment washingtonien
et la hargne de ses chiens de garde médiatiques.
Ceux qui
votent Trump ne votent en réalité ni pour lui ni pour son programme, dont ils
se moquent éperdument. Ils votent pour en finir avec le statuquo, en finir avec
le Parti unique de l’escroquerie libérale éternelle et la perpétuation d’un
Système qui conduit le monde, les sociétés et l’espèce humaine à la ruine.
Ceux qui
votent Trump votent comme on déclenche un détonateur.
Après, on
verra bien.
Mise en ligne
par entrefilets.com,
le 7 mars 2016
VOIR AUSSI :
- USA. Le franc-maçon Donald Trump prépare un coup d'état
- USA. Les Forces maçonniques de Donald Trump ciblent l'empire de la drogue de la Famille Bush
Trump le détonateur
07/03/2016 Aux Etats-Unis, le succès dévastateur
du trublion Trump commence à faire sérieusement paniquer
l’establishment. A Paris, la même panique saisit la caste dirigeante qui
se voit désormais conspuée voire insultée dès qu’elle ose quitter ses
palais. De part et d’autre de l’Atlantique, la machine à enfumer est en
train de serrer. Les «sans-dents» se rebiffent et refusent même de
marcher à la culpabilité. Dans leurs courriers des lecteurs comme dans
leurs talk-shows tapissés de sourires hargneux, les gardiens du
prêt-à-penser contemporain sont eux aussi renvoyés dans les cordes et
découvrent, effarés, qu’en toute logique plus personne ne les
distinguent plus de leurs maîtres. Le rejet de la caste dirigeante et de
son clergé médiatique est partout massif, global, sans nuances. Alors
Trump? Elvis? Le Pen ou Astérix for Président? Oui, «n’importe
qui sauf vous», ose la plèbe. Après on verra bien.
Déconstruction
Petit retour sur l’imposture.
Durant des décennies, une sorte de «marxisme culturel» saupoudré de darwinisme économique a permis l’émergence d’une société libérale aussi inégalitaire qu’indécente.
La mécanique était bien huilée. Dans le Parti unique à deux têtes, le boulot de la gauche était de déconstruire le tissu social sous couvert de progrès sociétaux, de fabriquer un citoyen nomade atomisé, dressé à tout tolérer, tout accepter, tout aimer, à ne rien juger, rien condamner, réduit à la seule satisfaction compulsive de ses égoïsmes et de ses désirs.
Et ça a presque marché. Il aura suffi de profiter des vaches grasses pour le gaver, l’étourdir à coup de divertissements, de violence et de licence, de porno et de guerres aussi, de pain et de jeux donc, pour lui faire «aimer sa servitude». Et pour satisfaire ses agaçantes aspirations verticales, on lui aura taillé une mac-religion sur mesures, flatteuse et pas chère, où il pouvait s’acheter, entre deux jouets technologiques nécessairement abrutissants, quelque supplément d’âme au grand bazar de l’humanisme libéral globalisé, lui permettant ici défendre le fox à poil dur, là des minorités de plus en plus improbables, là encore de défiler contre le Sida, le cancer ou l’herpès labial selon la mode, les trends, l’ennui du moment.
La droite, elle, était sensée organiser l’exploitation efficace de cet homme nouveau enfin lobotomisé, enfin libéré donc, de tout et surtout de lui-même, cet homme mobile, servile, docile, asexué, plastique, malléable, corvéable et bien sûr jetable.
Et puis dans l’euphorie générale de la farce, on s’est vite aperçu que c’est la gauche, moins suspecte de conchier le peuple, qui pouvait le mieux rouler le prolo dans la farine libérale. Dont acte. Et pour calmer la grogne due à la trahison, il y avait toujours l’alternance. Tout allait donc bien dans «le meilleur des mondes».
De Kim Jong-un au Chikungunya
Sauf qu’aux vaches grasses ont succédé les vaches maigres, puis les vaches rachitiques. D’abord sous la pression d’un capitalisme en mode turbo, pris de panique qu’il était de constater que la seule chose vraiment indépassable de son modèle était l’impasse et le chaos. L’autre mâchoire de la machine à appauvrir étant la voracité sans limites d’une hyper-classe désireuse de sauver ses meubles en teck, de se goinfrer de bonus le plus possible avant le grand effondrement.
L’internet aussi sera venu compliquer la donne, permettant à la société civile de s’émanciper, d’enfin pouvoir s’informer sans devoir ingurgiter la bouillie formatée des médias-menteurs du Système.
Alors bien sûr, dès les premiers hoquets de la machine, face aux premières mobilisations en réseau des indignés, le parti unique a rapidement tombé le masque et révélé son penchant naturel au totalitarisme, à coup de Patriot acts pondus à la chaîne de Washington à Paris, histoire de garder la main.
La gouvernance par la peur était en marche.
Et là, tout aura été bon: de la lutte contre un terrorisme manufacturé au besoin, jusqu’aux menaces tour à tour iranienne ou russe ou chinoise, en passant par le Chikungunya, Kim Jong-un ou le Zika qu’importe: en matière d’ingénierie sociale, c’est d’instiller le bon dosage de peur dans le tissu social qui compte, d’où qu’elle vienne. L’objectif est de créer la tension qui permet de raccourcir la laisse, de resserrer le garrot pour garder les manettes, permettre au Système de perdurer dans son être et, accessoirement, à l’hyper-classe de prolonger l’orgasme et d’en ingurgiter encore et encore, jusqu’à la nausée, en attendant la mère de toutes les bulles.
Emancipation.
Dans cette guerre implacable de domination des peuples, la dissidence a désormais ses héros: les Assange et autres Snowden qui ont fait le choix du sacrifice, qui ont renoncé à leur confort, à leurs privilèges, à leur famille, à leur vie (voir et revoir le film Citizenfour), pour dénoncer l’avènement de ce système totalitaire.
Ce faisant, ils nous ont d’ailleurs montré quel pouvait être en temps de paix, si l’on ose dire, le vrai visage de l’héroïsme. Un désintéressement, un don de soi pour l’Autre qui a quelque chose de sidérant sous nos latitudes. Il faut en effet remonter aux champs de ces batailles d’antan pour retrouver ici pareille bravoure, à une époque où principes et valeurs n’avaient pas encore été réduits à l’abstraction vaseuse de cet humanisme libéral globalisé donc, et pouvaient dès lors dignement s’incarner jusqu’au trépas.
Dans le silence complice de son clergé médiatique, le Système néolibéral s’est alors déchaîné, resserrant son étreinte jusqu’au stalinisme en s’acharnant contre ces lanceurs d’alertes pour bien faire savoir à tous que dans le so called monde libre, la liberté a ses lignes rouges, infranchissables.
Pourtant le sacrifice, lorsqu’il est noble et sert une cause juste, entre naturellement en résonnance avec le cœur des autres. Et de voir ces héros persécutés par les seules capitales du vertueux Occident, du vertueux monde-libre, aura absolument tout dit, et à tous, de la boue sous le vernis.
L’indignation a redoublé.
Mais le sentiment d’impuissance aussi.
L’éveil
Car la machine était lancée, lâchée. Elle s’est mise à vouloir «traiter ceux qui n’était pas Charlie», à rééduquer la populace déviante, à lui apprendre à penser à coups d’interdiction de manifs, de livres ou de spectacles; à coups de surveillance globale, de lois d’exception ou d’urgence suspectes tant dans leurs fondements que dans leurs applications.
Avec pour valeur suprême de professer n’en avoir aucune sauf lorsqu'il s'agit de justifier des massacres; avec pour seul crédo la croissance éternelle et pour seule religion l’hystérie numérique et l’abolition de l’homme, notre fameux monde-libre s’est ainsi mis à ressembler à l’univers des romans de Philipp K. Dick, où triomphe une technologie malveillante et intrusive au service d’un pouvoir inquisiteur et manipulateur qui conduit, dans l’ombre, des guerres obscures et sanglantes «pour notre bien».
Avant lui Orwell et Huxley avait également perçu la menace de cette dérive totalitaire. Le premier dans la vision d’une société écrasée par la surveillance et le mensonge permanent, le deuxième par celle d’une société vaincue et «amoureuse de sa servitude».
Tous trois seraient effarés de constater que notre indépassable société libérale est une subtile combinaison de tous leurs cauchemars: surveillance totale; boucheries à l’extérieur, mensonges permanents à l’intérieur; médias sous contrôle; disparition de la vie privée; contrôle de la pensée et guerre de tous contre tous.
Aujourd’hui la société civile, dont l’hyper-classe dominante ne célèbre le réveil que lorsque ses escroqueries fonctionnent, y voit pourtant plus clair. Tellement clair que le pouvoir est désormais contraint au terrorisme intellectuel et à la violence législative pour dominer, assurer ses arrières, pour continuer à se goinfrer, à augmenter ses marges, ses dividendes, pour faire de la graisse, encore et encore, pour ne rien céder, surtout pas à la lie, au peuple donc.
As usual, reducio ad Hitlerum
Ce rejet de la classe dirigeante et de son clergé médiatique, ce rejet du Système, ne pouvait que favoriser l’émergence d’électrons libres, de francs-tireurs. Et c’est là qu’aux Etats-Unis arrive un Trump avec ses énormes souliers. Ses outrances sur les Musulmans ou les Mexicains en font immédiatement une cible facile pour le clergé médiatique immédiatement mobilisé pour attaquer.
Et comme toujours, comme avec Khadafi, Poutine ou Bachar, c’est la vieille technique du reducio ad Hitlerium.
Officiellement pourtant, contrairement à Hillary Clinton, Trump s’engage à respecter l’accord avec les Iraniens; contrairement à elle, il veut en finir avec les guerres extérieures de l’Empire; contrairement à elle encore, il estime que les USA doivent retrouver une neutralité dans le conflit israélo-palestinien; contrairement à Hillary Clinton toujours, il est prêt à tendre la main à Poutine.
Mais qu’importe. Les outrances du bonhomme sont une aubaine pour les tenants du Système alors même qu'en matière de racisme antimusulman, Bush et Obama auront fait bien pire en exterminant directement et indirectement plus d’un million et demi d’Irakiens, de Yéménites, le Libyens ou de Syriens. Et force est de constater qu’ils sont restés tout à fait fréquentables pour nos plumitifs-Système. Tout comme cette chère Hillary qui a largement soutenu toutes leurs boucheries et dont l’élection à la Présidence US en garantirait la poursuite.
C’est que le véritable crime de Trump est ailleurs. Il réside tout entier dans sa posture anti-Système, anti-establishment. Une posture qui trouve un écho phénoménal dans la population, d’où la panique complète de l’establishment washingtonien et la hargne de ses chiens de garde médiatiques.
Ceux qui votent Trump ne votent en réalité ni pour lui ni pour son programme, dont ils se moquent éperdument. Ils votent pour en finir avec le statuquo, en finir avec le Parti unique de l’escroquerie libérale éternelle et la perpétuation d’un Système qui conduit le monde, les sociétés et l’espèce humaine à la ruine.
Ceux qui votent Trump votent comme on déclenche un détonateur.
Après, on verra bien.
Mise en ligne par entrefilets.com, le 7 mars 2016
Déconstruction
Petit retour sur l’imposture.
Durant des décennies, une sorte de «marxisme culturel» saupoudré de darwinisme économique a permis l’émergence d’une société libérale aussi inégalitaire qu’indécente.
La mécanique était bien huilée. Dans le Parti unique à deux têtes, le boulot de la gauche était de déconstruire le tissu social sous couvert de progrès sociétaux, de fabriquer un citoyen nomade atomisé, dressé à tout tolérer, tout accepter, tout aimer, à ne rien juger, rien condamner, réduit à la seule satisfaction compulsive de ses égoïsmes et de ses désirs.
Et ça a presque marché. Il aura suffi de profiter des vaches grasses pour le gaver, l’étourdir à coup de divertissements, de violence et de licence, de porno et de guerres aussi, de pain et de jeux donc, pour lui faire «aimer sa servitude». Et pour satisfaire ses agaçantes aspirations verticales, on lui aura taillé une mac-religion sur mesures, flatteuse et pas chère, où il pouvait s’acheter, entre deux jouets technologiques nécessairement abrutissants, quelque supplément d’âme au grand bazar de l’humanisme libéral globalisé, lui permettant ici défendre le fox à poil dur, là des minorités de plus en plus improbables, là encore de défiler contre le Sida, le cancer ou l’herpès labial selon la mode, les trends, l’ennui du moment.
La droite, elle, était sensée organiser l’exploitation efficace de cet homme nouveau enfin lobotomisé, enfin libéré donc, de tout et surtout de lui-même, cet homme mobile, servile, docile, asexué, plastique, malléable, corvéable et bien sûr jetable.
Et puis dans l’euphorie générale de la farce, on s’est vite aperçu que c’est la gauche, moins suspecte de conchier le peuple, qui pouvait le mieux rouler le prolo dans la farine libérale. Dont acte. Et pour calmer la grogne due à la trahison, il y avait toujours l’alternance. Tout allait donc bien dans «le meilleur des mondes».
De Kim Jong-un au Chikungunya
Sauf qu’aux vaches grasses ont succédé les vaches maigres, puis les vaches rachitiques. D’abord sous la pression d’un capitalisme en mode turbo, pris de panique qu’il était de constater que la seule chose vraiment indépassable de son modèle était l’impasse et le chaos. L’autre mâchoire de la machine à appauvrir étant la voracité sans limites d’une hyper-classe désireuse de sauver ses meubles en teck, de se goinfrer de bonus le plus possible avant le grand effondrement.
L’internet aussi sera venu compliquer la donne, permettant à la société civile de s’émanciper, d’enfin pouvoir s’informer sans devoir ingurgiter la bouillie formatée des médias-menteurs du Système.
Alors bien sûr, dès les premiers hoquets de la machine, face aux premières mobilisations en réseau des indignés, le parti unique a rapidement tombé le masque et révélé son penchant naturel au totalitarisme, à coup de Patriot acts pondus à la chaîne de Washington à Paris, histoire de garder la main.
La gouvernance par la peur était en marche.
Et là, tout aura été bon: de la lutte contre un terrorisme manufacturé au besoin, jusqu’aux menaces tour à tour iranienne ou russe ou chinoise, en passant par le Chikungunya, Kim Jong-un ou le Zika qu’importe: en matière d’ingénierie sociale, c’est d’instiller le bon dosage de peur dans le tissu social qui compte, d’où qu’elle vienne. L’objectif est de créer la tension qui permet de raccourcir la laisse, de resserrer le garrot pour garder les manettes, permettre au Système de perdurer dans son être et, accessoirement, à l’hyper-classe de prolonger l’orgasme et d’en ingurgiter encore et encore, jusqu’à la nausée, en attendant la mère de toutes les bulles.
Emancipation.
Dans cette guerre implacable de domination des peuples, la dissidence a désormais ses héros: les Assange et autres Snowden qui ont fait le choix du sacrifice, qui ont renoncé à leur confort, à leurs privilèges, à leur famille, à leur vie (voir et revoir le film Citizenfour), pour dénoncer l’avènement de ce système totalitaire.
Ce faisant, ils nous ont d’ailleurs montré quel pouvait être en temps de paix, si l’on ose dire, le vrai visage de l’héroïsme. Un désintéressement, un don de soi pour l’Autre qui a quelque chose de sidérant sous nos latitudes. Il faut en effet remonter aux champs de ces batailles d’antan pour retrouver ici pareille bravoure, à une époque où principes et valeurs n’avaient pas encore été réduits à l’abstraction vaseuse de cet humanisme libéral globalisé donc, et pouvaient dès lors dignement s’incarner jusqu’au trépas.
Dans le silence complice de son clergé médiatique, le Système néolibéral s’est alors déchaîné, resserrant son étreinte jusqu’au stalinisme en s’acharnant contre ces lanceurs d’alertes pour bien faire savoir à tous que dans le so called monde libre, la liberté a ses lignes rouges, infranchissables.
Pourtant le sacrifice, lorsqu’il est noble et sert une cause juste, entre naturellement en résonnance avec le cœur des autres. Et de voir ces héros persécutés par les seules capitales du vertueux Occident, du vertueux monde-libre, aura absolument tout dit, et à tous, de la boue sous le vernis.
L’indignation a redoublé.
Mais le sentiment d’impuissance aussi.
L’éveil
Car la machine était lancée, lâchée. Elle s’est mise à vouloir «traiter ceux qui n’était pas Charlie», à rééduquer la populace déviante, à lui apprendre à penser à coups d’interdiction de manifs, de livres ou de spectacles; à coups de surveillance globale, de lois d’exception ou d’urgence suspectes tant dans leurs fondements que dans leurs applications.
Avec pour valeur suprême de professer n’en avoir aucune sauf lorsqu'il s'agit de justifier des massacres; avec pour seul crédo la croissance éternelle et pour seule religion l’hystérie numérique et l’abolition de l’homme, notre fameux monde-libre s’est ainsi mis à ressembler à l’univers des romans de Philipp K. Dick, où triomphe une technologie malveillante et intrusive au service d’un pouvoir inquisiteur et manipulateur qui conduit, dans l’ombre, des guerres obscures et sanglantes «pour notre bien».
Avant lui Orwell et Huxley avait également perçu la menace de cette dérive totalitaire. Le premier dans la vision d’une société écrasée par la surveillance et le mensonge permanent, le deuxième par celle d’une société vaincue et «amoureuse de sa servitude».
Tous trois seraient effarés de constater que notre indépassable société libérale est une subtile combinaison de tous leurs cauchemars: surveillance totale; boucheries à l’extérieur, mensonges permanents à l’intérieur; médias sous contrôle; disparition de la vie privée; contrôle de la pensée et guerre de tous contre tous.
Aujourd’hui la société civile, dont l’hyper-classe dominante ne célèbre le réveil que lorsque ses escroqueries fonctionnent, y voit pourtant plus clair. Tellement clair que le pouvoir est désormais contraint au terrorisme intellectuel et à la violence législative pour dominer, assurer ses arrières, pour continuer à se goinfrer, à augmenter ses marges, ses dividendes, pour faire de la graisse, encore et encore, pour ne rien céder, surtout pas à la lie, au peuple donc.
As usual, reducio ad Hitlerum
Ce rejet de la classe dirigeante et de son clergé médiatique, ce rejet du Système, ne pouvait que favoriser l’émergence d’électrons libres, de francs-tireurs. Et c’est là qu’aux Etats-Unis arrive un Trump avec ses énormes souliers. Ses outrances sur les Musulmans ou les Mexicains en font immédiatement une cible facile pour le clergé médiatique immédiatement mobilisé pour attaquer.
Et comme toujours, comme avec Khadafi, Poutine ou Bachar, c’est la vieille technique du reducio ad Hitlerium.
Officiellement pourtant, contrairement à Hillary Clinton, Trump s’engage à respecter l’accord avec les Iraniens; contrairement à elle, il veut en finir avec les guerres extérieures de l’Empire; contrairement à elle encore, il estime que les USA doivent retrouver une neutralité dans le conflit israélo-palestinien; contrairement à Hillary Clinton toujours, il est prêt à tendre la main à Poutine.
Mais qu’importe. Les outrances du bonhomme sont une aubaine pour les tenants du Système alors même qu'en matière de racisme antimusulman, Bush et Obama auront fait bien pire en exterminant directement et indirectement plus d’un million et demi d’Irakiens, de Yéménites, le Libyens ou de Syriens. Et force est de constater qu’ils sont restés tout à fait fréquentables pour nos plumitifs-Système. Tout comme cette chère Hillary qui a largement soutenu toutes leurs boucheries et dont l’élection à la Présidence US en garantirait la poursuite.
C’est que le véritable crime de Trump est ailleurs. Il réside tout entier dans sa posture anti-Système, anti-establishment. Une posture qui trouve un écho phénoménal dans la population, d’où la panique complète de l’establishment washingtonien et la hargne de ses chiens de garde médiatiques.
Ceux qui votent Trump ne votent en réalité ni pour lui ni pour son programme, dont ils se moquent éperdument. Ils votent pour en finir avec le statuquo, en finir avec le Parti unique de l’escroquerie libérale éternelle et la perpétuation d’un Système qui conduit le monde, les sociétés et l’espèce humaine à la ruine.
Ceux qui votent Trump votent comme on déclenche un détonateur.
Après, on verra bien.
Mise en ligne par entrefilets.com, le 7 mars 2016
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