En Irak, le fameux Moqtada Sadr, influent prêcheur chiite, a appelé à attaquer
les troupes US. Quand on sait que les brigades "sadristes" comptent
plusieurs dizaines de milliers de combattants et qu'elles ne jettent pas
leur part au chien dans la guerre contre Daech, cela complique quelque
peu la situation. Cette déclaration incendiaire est sans doute à relier
aux grandes manœuvres préparant l'après-guerre.
Car Daech est
clairement sur le reculoir en Irak où ses jours sont comptés. Les petits
hommes en noir ont perdu Tikrit, Ramadi, Fallujah et ne tiennent plus
que Mossoul ainsi que des pans de désert. Mais en face, quel joyeux
bordel, on trouve tout et son contraire : Irakiens chiites, Iraniens,
Américains, Turcs (nous avions parlé
de leur présence dans le nord), Kurdes PUK et Kurdes PDK (qui se
détestent), PKK même (Sinjar)... Tous combattent ou disent combattre
l'EI, mais tous passent leur temps à se tirer dans les pattes.
Pour
qui roule Moqtada ? Sans doute pour personne. On aurait tort de le
considérer comme l'homme des Iraniens ; depuis treize ans, plusieurs
points de tension ont éclaté entre Téhéran et cet électron libre. Le
gouvernement irakien, chiite comme lui, en a une peur bleue : on se
souvient de l'invasion du parlement
en avril, en pleine zone verte, pour réclamer la fin du népotisme, de
la corruption et mettre en place un "gouvernement de technocrates" sans
affiliation politique ou religieuse (nouvelle preuve de la complexité du
personnage, religieux à la politique laïque).
A plusieurs
milliers de kilomètres de Bagdad, le sommet de l'Organisation de
Coopération de Shanghai, à Tachkent début juillet, a accouché d'une
nouvelle fort intéressante. En plus de ce que nous avions déjà évoqué, l'on apprend maintenant que des discussions ont eu lieu sur la possibilité de mettre sur pied un bouclier anti-missile couvrant l'OCS !
Alors
bien sûr, ils n'en sont qu'au stade des discussions, le projet pourra
rencontrer un certain nombre d'obstacles pour les "petits" pays (en
fait, il s'agirait d'un don russo-chinois à l'organisation) etc. Mais
potentiellement, c'est énorme. L'OCS se transformerait peu à peu en
véritable OTAN eurasienne (le bouclier en question faisant en quelque
sorte office d'article 5). Une bulle d'exclusion sur le continent-monde,
Spykman doit se retourner dans la tombe...
Un pays qui, lui, ne
fait et ne fera sans doute jamais partie d'aucune organisation militaire
est l'Ukraine post-Maïdan, inénarrable cirque sans fin. Sautant sur
chaque bouée pour éviter de tomber dans le précipice, Tapiocashenko ne
sait plus à quel saint se vouer.
Il a bondi de joie après la
rupture turco-russe suite à l'incident du SU-24 et s'est mis sur son 31
pour flirter avec Erdogan. Évidemment, la volte-face du sultan a pris
notre pauvre Poro totalement de court,
il en aurait même avalé ses chocolats de travers. De manière puérile,
il a voulu sauver la face en expliquant qu'Erdogan lui avait demandé...
la permission avant d'écrire sa lettre d'excuses au Kremlin ! On peut
dire tout ce qu'on veut sur le comique de Kiev, mais une chose est sûre :
il nous fait rire, ce qui n'est déjà pas si mal.
Et comme tous
les grands artistes, il ne s'arrête pas en si bon chemin. Début juillet,
il nous a pondu un sermon fanatique sur l'Union européenne qu'on
pourrait résumer ainsi : Il n'y a de Dieu que l'UE et Bruxelles est son prophète (excellent titre de Russia Insider).
Notons qu'au même moment, les Britanniques votaient le Brexit et
Barroso allait se caser chez ses partenaires de Goldman Sachs...