Alors que l'OTAN, après la destruction de la Libye se prépare à en faire de même en Algérie, et que la Tunisie islamiste -Tunistan- participe à ces préparatifs en accordant à l'OTAN des bases militaires, une lueur d'espoir est née en Libye avec l'annonce de la libération de Seïf Kadhafi. Cette libération est l'un des développements les plus importants en
Libye depuis un certain temps. Tous les grands médias occidentaux voudraient que
les gens croient que le nom de Kadhafi est mort et enterré. Mais le fait est
que Seïf et les membres survivants de la famille Kadhafi sont
considérés comme des héros par beaucoup de Libyens. En outre, la libération de
Seïf a le potentiel de transformer positivement la situation politique,
économique et sécuritaire dans le pays, et plus généralement dans le Maghreb et en Égypte.
Bien que les détails soient rares, nous savons que, selon
son avocat à la Cour pénale internationale (CPI), Seïf Kadhafi "a
été déclaré libre le 12 Avril 2016" . En effet les documents
officiels (qui restent non vérifiées) semblent soutenir l'affirmation que Seïf
a, en fait, été libéré. Considérant les déclarations de ses avocats que Seïf
est "bien en sécurité et en Libye," les ramifications
politiques de ce développement ne devraient pas être sous-estimées. Non
seulement Seïf Kadhafi est le deuxième plus âgé et le plus important des fils
du colonel Kadhafi, il est aussi considéré comme l'héritier politique de son
père pour le développement pacifique et indépendant de la Jamahiriya arabe
libyenne.
Ce dernier point est d'une importance cruciale, car sa
libération est un signal clair pour de nombreux Libyens que la résistance au chaos
et à la guerre imposés par l’OTAN est bel et bien vivante.
Libye: Le Chaos règne grâce à l'OTAN
Afin de répondre à la question de savoir ce que signifie
le retour de Seïf Kadhafi à la vie politique en Libye, il faut d'abord
comprendre la nature de l'État libyen (si l'on peut même appeler ça comme ça)
aujourd'hui. La Libye est devenue une nation fracturée composée d'au moins deux
gouvernements :
- L’un,
islamiste, émanation d’Al-Qaïda, à Tripoli, - l'autre modéré, non-islamiste basé à Tobrouk - avec la grande majorité des tribus ayant des liens avec le gouvernement Tobrouk et parfois, avec ses bailleurs de fonds en Égypte.
En effet, ce sont les tribus qui, à bien des égards, dominent la vie politique comme une grande partie de la société libyenne. Avec l’apport « de la démocratie et de la liberté » à coup de bombes françaises, américaines et autres, la Libye est revenue des siècles en arrière en revenant aux affiliations et aux loyautés tribales.
Avec la désunion créée par la guerre d’agression de
l'OTAN, et l'introduction de l’atout
de longue date de la CIA, le général Khalifa Haftar dans une équation
politique déjà complexe, avec une myriade de factions et de loyautés
changeantes, il devient difficile de savoir exactement où chaque groupe ou alliance
se tient. Comme pour compliquer davantage la question, Seïf est détenu depuis
2011 par les milices de Zintan. Or les Zintanis n’étaient pas des amis de
Kadhafi. Néanmoins, ils ont toujours refusé de coopérer avec les Frères
musulmans (émanation d’Al-Qaïda) qui dominent Tripoli dans le cadre de la
soi-disant coalition "Fajr Libya" ou « Aube Libyenne ».
Bien sûr, on ne peut pas oublier Abdelhakim Belhadj et les islamo-terroristes de son Groupe Islamique Combattant Libyen (GICL) qui
ont joué, avec l’aide des bombardements de l’OTAN, un rôle clé dans le
renversement de Mouammar Kadhafi. Belhadj, ami intime de Ghannouchi, l'islamo-fasciste du Tunistan, est comme lui, le
chouchou des services de renseignement
occidentaux et de leurs élites politiques comme John McCain et Lindsey Graham
(qui ont
posé pour des photos avec cet infâme terroriste d’Al-Qaïda), est aussi accusé
d'être impliqué dans la formation des terroristes d’ISIS en Libye. De même, le super chef terroriste Ghannouchi a été reçu dernièrement en France comme un chef d’État, et on comprend aujourd'hui pourquoi : pour la mise en place de bases militaires de l'OTAN afin que les islamistes restent au pouvoir en Tunisie et en Libye, et qu'ils y accèdent en Algérie, après la destruction de l’État algérien (croient-ils). Ghannouchi n'a jamais pardonné aux Algériens d'avoir mis le FIS et autres GIA hors la loi. Pour lui, la revanche a sonné avec l'arrimage de la Tunisie au bloc anglo-sioniste, à l'image de la Jordanie, de la Saoudie ou du Qatar.
Tout cela pour dire que la carte politique de la Libye
est comme un verre cassé en des dizaines de morceaux éparpillés par la destruction
de la nation qui fut la plus prospère d’Afrique.
Un élément clé de la situation politique en Libye, qui
est souvent ignoré, est le rôle du président de l'Égypte, Sissi. Son
gouvernement a apparemment fourni un appui aérien au
gouvernement de Tobrouk et à ses alliés tribaux luttant contre les
terroristes d’ISIS / Daesh, et aussi contre les groupes affiliés Al-Qaïda. Des
sources en Libye ont transmis que, contrairement à des rumeurs sur les médias
sociaux, les forces égyptiennes ont étroitement collaboré avec certaines
factions libyennes clés, y compris des représentants des tribus loyalistes aux
kadhafi.
Le leader dont la Libye a besoin, le chef qu'elle mérite
C’est dans ce contexte politique vertigineux que l'on
doit examiner l'importance d'un retour potentiel de Seïf al-Islam Kadhafi. Seïf
reste un héros pour de nombreux Libyens qui voient en lui l'héritier de
l'esprit d'indépendance de son père, un homme dont l'éducation, l'érudition, et
l'expérience des temps de guerre, le plus important facteur, font de lui un
leader naturel.
Il faut se rappeler que Seïf était le principal avocat
du rapprochement entre la Libye et l'Occident au début des années 2000, le fer
de lance de la campagne pour le démantèlement
du programme nucléaire et de missiles balistiques libyens. Cependant, en
2011 et suite à l’agression illégale des États-Unis-OTAN contre la Libye, Seïf
a changé son fusil d'épaule, regrettant terriblement d’avoir pris au mot les
dirigeants occidentaux. Dans une interview
désormais célèbre à RT menée au milieu de la guerre d’agression de l'OTAN, Seïf
a déclaré:
«De nombreux pays, dont l'Iran
et la Corée du Nord, nous ont dit que c’était une grave erreur d'avoir cessé de
développer des missiles à longue portée et de faire ami-ami avec l'Occident.
Notre exemple montre qu'il ne faut jamais faire confiance à l'Occident et rester toujours en alerte. Pour un dirigeant
occidental, il est normal de changer d'avis pendant la nuit et de commencer à
bombarder la Libye dès l’aube suivante... L'une de nos plus grandes erreurs est
que nous avons retardé l'achat de nouvelles armes, en particulier de Russie, et
d’avoir retardé la construction d'une armée forte. Nous avons pensé que les
Européens étaient nos amis; notre erreur était d'être tolérant avec nos ennemis ».
On sentait la pénitence dans la voix de Seïf, un homme
qui a reconnu sa responsabilité dans l'affaiblissement de son pays, prélude à
son invasion par des hordes étrangères. Mais la contrition de Seïf, presque un
plaidoyer pour le pardon de son peuple, a également été vue par de nombreux
Libyens comme la marque de son vrai caractère, un homme qui a franchement endossé la responsabilité de la défaite, tout
en restant rebelle contre la plus puissante alliance militaire dans le monde,
et à ses harkis slamo-terroristes. Pour beaucoup, ce fut le moment - avec son apparition
à l'Hôtel Rixos de Tripoli devant une foule de journalistes et de Libyens stupéfaits
- où Seïf a cessé d'être simplement LE fils préféré, pour devenir LE nouveau leader
de bonne foi.
Aujourd'hui, près de cinq ans plus tard, Seïf reste le
fils choisi de la Jamahiriya Arabe Libyenne. Un homme qui a enduré cinq ans de
détention aux mains de ses ennemis, qui est resté rebelle aux États-Unis et à leurs
institutions fantoches telles que la Cour Pénale Internationale. Il est l'homme
qui, pour beaucoup, représente la promesse d'un avenir meilleur en symbolisant
un passé meilleur.
Et voilà pourquoi les factions islamistes à
l'intérieur de la Libye et leurs bailleurs de fonds aux États-Unis et en
Europe, sont terrifiés à l'idée que Seïf al-Islam Kadhafi revienne. Elles
comprennent parfaitement ce qu'il représente. Elles savent que Seïf représente
la loyauté et le respect de la majorité des Libyens, bien plus que toute autre personne
ou faction. Ils savent que Seïf est soutenu par les tribus les plus influentes
du pays, ainsi par la Résistance
Verte qui a émergé à des moments clés de ces dernières années, y compris la
brève prise
de contrôle d'une base aérienne critique dans la ville méridionale de Sabha
en Janvier 2014. Ils savent que Seïf est le seul leader qui reste en Libye qui
peut unir les formations politiques disparates en une seule force capable de
vaincre enfin les éléments djihadistes soutenus par les États-Unis et l'OTAN.
Mais la crainte qu’inspire Seïf va encore plus profond
que juste le leadership théorique qu'il représente. Les pouvoirs en place
craignent la force politique qu'il représente déjà. Lorsque la condamnation à
mort de Seïf a été rendue par un tribunal tout aussi bidon que scélérat à
Tripoli, les partisans de Kadhafi et de la Jamahiriya sont descendus dans les
rues de Benghazi, Syrte, Bani Walid, et d'autres villes à travers le pays, bien
qu’ISIS et Al-Qaïda contrôlent une grande partie de ces villes. Au risque de
leur propre vie, ces Libyens ont exhibé des portraits du colonel Kadhafi
assassiné et celui de Seïf al-Islam, scandant leurs noms et appelant à une
restauration du gouvernement socialiste. Considérez le dévouement et le courage
nécessaires pour risquer sa vie dans une manifestation de soutien politique.
Maintenant, imaginez ce qui se passerait avec Seïf libre.
Des sources en Libye, et parmi celles qui ont fui vers
les pays voisins et vers l'Europe, ont noté que des éléments de l'ancien
gouvernement Kadhafi ont travaillé en étroite collaboration avec le
gouvernement Sissi en Égypte. Bien qu'il soit difficile de le confirmer de
manière indépendante, une telle démarche est tout à fait plausible, compte tenu
de l'ennemi islamo-terroriste commun. De plus, la Libye partage une longue
frontière poreuse avec l'Égypte. En supposant que la collaboration soit vraie, cela
représente une autre raison pour laquelle les États-Unis et leurs mandataires,
pour ne rien dire des groupes terroristes à l'intérieur de la Libye, ont
grandement à craindre la liberté de Seïf. Avec le soutien de l’Égypte, des
conseils tribaux les plus importants, et des éléments des factions disparates
sur le terrain, Seïf serait instantanément devenu le plus puissant homme en
Libye.
Seïf est l'espoir du peuple libyen qui a souffert des
horreurs innommables ces cinq dernières années. Même ceux qui n’ont pas un amour
éperdu pour Kadhafi, comprennent l'importance de reconstituer une seule Libye,
unie sous un seul gouvernement. Seulement Seïf al-Islam Kadhafi peut le faire
maintenant. Voilà pourquoi la liberté pour Seïf pourrait un jour signifier la
liberté pour la Libye.
Source : Eric Draitser
analyste géopolitique indépendant basé à New York
analyste géopolitique indépendant basé à New York
http://journal-neo.org/2016/07/14/freedom-for-Seïf-al-islam-gaddafi-freedom-for-libya/
Hannibal GENSERIC
Hannibal GENSERIC