Des
sources turques de renseignements disent : Erdogan vient d’affronter l’OTAN et il
a gagné après avoir pris le contrôle des bombes atomiques [1].
Tandis
que les uns prétendent que l’ambitieuse et sanglante tentative de
renverser Recep Tayyib Erdogan n’était qu’une mise en scène, les autres
(surtout en Turquie) croient que le chef d’État a bien failli y perdre
la vie, à cause de son rapprochement avec la Russie.
Un expert sur le
Moyen Orient et directeur du Centre Lev Gumilev, Pavel Zarifulline, a
fait part à la Komsomolskaya Pravda des renseignements secrets
qu’il a reçus de Turquie, d’un haut fonctionnaire turc et d’amis bien
informés. Ce qu’ils lui ont dit, c’est que le coup d’État a été préparé
avec l’aide de nos « partenaires » d’outremer.
LE BUT EST DE CONTRÔLER
–
Pavel, qui sont ces gens qui vous ont donné ces informations depuis la
Turquie ? Étant donné la répression en cours, comment restez-vous en
contact avec eux ?
– Ils font partie de la classe dirigeante
turque et je suis en contact avec eux pour mon travail depuis des
années. Certains de ces collègues ont été emprisonnés par Erdogan en
2007, mais ça, c’est une autre histoire. En ce moment, je communique
avec un des fameux professeurs turcs, consultant de leurs services de
renseignements. Je ne peux évidemment pas vous révéler son nom. Comme
des milliers d’autres, il marche sur le fil du rasoir – nous avons eu le
même genre de répression en 1937 sous Staline. Nous correspondons dans
une « tchat room » privée, par messages codés. Il fait partie
de ceux qui soutiennent l’accession de la Turquie à l’Union Eurasienne
et non à l’Union Européenne. Et il y a en Turquie beaucoup de personnes
influentes qui sont dans le même cas. Pour le gouvernement, l’université
et les services secrets, cela ne fait aucun doute : le coup d’État a
été préparé par les Américains. Comme tous les autres coups dans le pays
depuis 1960. L’armée a toujours interféré dans le processus politique
et l’a toujours fait en coordination avec les Américains.
– Qu’est-ce qu’il vous a dit ?
– Je le cite : « L’Occident,
espérant prendre le contrôle du pays par un coup d’État militaire,
comme en Égypte, a d’abord soutenu le putsch. Les putschistes n’étaient
pas en mesure de réussir sans aide extérieure. Mais l’Occident a
sous-évalué le fait que le peuple turc n’accepterait pas un processus
anti-démocratique » Par l’Occident, il entend surtout les
États-Unis, mais il est possible que les Allemands aient trempé dans
l’affaire – eux aussi ont fait pression sur Erdogan. N’oubliez pas que
le Bundestag (le Parlement allemand) n’a même pas reconnu le génocide
des Arméniens par les Turcs.
TROP DE DIVERGENCES
– Je ne comprends pas pourquoi les USA et l’Allemagne avaient besoin de ce coup d’État.
–
Ce n’est pas un secret. La raison principale, c’est le rapprochement
avec la Russie. Voici un autre extrait de mes échanges avec ma source : « L’Union
Européenne et l’OTAN n’appréciaient pas le rapprochement de la Turquie
avec Israël et la Russie. Les États-Unis étaient furieux que la Turquie
ait qualifié les séparatistes Kurdes en Syrie d’organisation terroriste,
alors que les USA les soutenaient. Ankara et Washington n’étaient pas
d’accord sur l’Irak et sur la Syrie. À propos de la crise des réfugiés,
l’U.E. a critiqué la Turquie, estimant qu’elle avait le devoir de
bloquer l’afflux de réfugiés à tout prix. »
– Le coup était donc inévitable. Et d’origine externe. Sait-on comment il a été préparé ?
– Le noyau organisateur du putsch a été la base aérienne américaine d’Incirlik[située
sur la cote méditerranéenne de la Turquie, à quelques centaines de
kilomètres de la frontière syrienne ; elle permet de contrôler le Moyen
Orient. NdA.] Le commandant en chef de la base, le général turc Bekir Ercan Van, est aujourd’hui arrêté [la base sert aussi à l’armée de l’air turque ; après tout le pays fait partie de l’OTAN. NdA]. Tous
les principaux protagonistes sont de là. Selon mes informateurs,
l’ambassadeur US en Turquie, John Bass (qui a d’abord été en poste en
Géorgie, où il a aussi dirigé la politique anti-russe) a rencontré
plusieurs fois l’ancien commandant de la base aérienne qui a dirigé le
coup d’État, Akin Ozturk, et le chef actuel de la base, sous le prétexte
de discuter les relations avec les Kurdes en Syrie et en Irak. Les
militaires turcs d’un certain rang sortent en général des institutions
militaires de l’OTAN ; ils sont pro-Américains. Comme le révèle le
contenu des interrogatoires, les conspirateurs – constitués des premier
et deuxième échelons – avaient reçu de sérieuses garanties de la part
des autorités militaires et diplomatiques US. L’asile politique leur
avait été promis en cas d’échec de l’entreprise.
IL Y AVAIT DES BOMBES À HYDROGÈNE
– Et on les a trompés ?
–
Non. Mais les Turcs étaient prêts à prendre la base d’assaut en se
contentant d’abord de couper l’alimentation électrique. Seulement… des
armes nucléaires y sont entreposées.
Ce genre de chose n’était
jamais arrivé avant ! C’est pourquoi les Américains ont accepté de ne
pas se mêler des arrestations dans la partie turque de la base. Nous
devons cette information inédite à notre source. L’hypothèse ridicule de
la mise en scène est réservée aux Occidentaux. Alors que le nombre des
morts et des blessés (au bout d’une seule nuit : 290 morts et près de
1.500 blessés) suffit à démontrer à quel point l’événement était
sérieux.
– Est-ce que le prêcheur de l’opposition
Gulen – qui réside aux USA et dont l’extradition a été réclamée par
Erdogan – ment quand il dit qu’il n’a rien à voir avec le coup d’État ?
–
C’est là encore une « rubrique » à l’américaine, destinée aux
Occidentaux bien sûr. Voici ce que ma source a écrit dans son dernier
message (nous avons communiqué dans la nuit du 20 juillet) :
« Ils [Poutine et Erdogan. NdA] doivent
se rencontrer aussi rapidement que possible. Ici, les gens n’arrêtent
pas de parler de cette rencontre. Les USA ont tout fait et feront tout
pour l’empêcher. Y compris un putsch s’il faut un putsch pour que les
deux chefs d’État ne puissent pas se parler. Nous [les Eurasianistes de Turquie, NdA] voyons le salut du pays dans cette rencontre avec Poutine. »J’espère
que les répressions ne toucheront pas mon expert et qu’il pourra
assister avec les autres Turcs à notre conférence eurasienne d’Ankara,
juste après la rencontre des présidents de Russie et de Turquie.
Aujourd’hui, on parle de plus en plus de quitter l’OTAN. Erdogan ferait
mieux de choisir cette voie et de devenir l’Hugo Chavez islamique.
Sinon, il lui faudra se préparer au prochain coup d’État.
COMMENTAIRE D’UN EXPERT MILITAIRE
Igor Korotchenko, rédacteur en chef du magazine Défense Nationale
–
Je n’ai rien de sûr qui me permette d’affirmer que le coup a été
préparé part les Américains. Mais le fait qu’ils étaient au courant
(grâce aux compétences de la CIA et de la NSA) et qu’ils y avaient
intérêt est certain. Ils se sont contentés de ne pas en informer
Erdogan, dans l’espoir que la réussite du putsch leur serait favorable.
La base d’Incirlik héberge des Américains, donc des employés de la CIA.
Je n’y ai jamais mis les pieds et ne sais donc rien de l’organisation de
sa sécurité et de sa défense, ni comment elle est approvisionnée en
énergie de sauvegarde. Mais dans nos bases russes, il est impossible
d’arrêter l’alimentation en énergie, même quand on coupe l’électricité.
Victor BARANETS, observateur militaire « KP » :
–
Selon les diverses évaluations, la base aérienne d’Incirlik abrite
jusqu’à 100 bombes nucléaires américaines. On a réellement besoin
d’électricité pour contrôler l’état des munitions, pour assurer leur
protection. En cas d’accident, des moteurs diesel se déclenchent
automatiquement, mais ils ne peuvent pas fonctionner indéfiniment. Si
les Américains tombaient à court de combustible, il pourrait y avoir du
vilain. Bien qu’il fût turc, le commandant de la base n’a donné l’ordre
de couper que la partie turque d’Incirlik. Vous devez comprendre que
cette base héberge des avions américains et des avions turcs, et quand
il y a des opérations, il s’y trouve aussi des avions de Grande
Bretagne, d’Allemagne, d’Arabie Saoudite et du Qatar. Toutefois, au
moment du coup d’État, il n’y en avait pas.
Permettez-moi de vous
rappeler que le commandant de la base, le général turc Van, a demandé
l’asile politique aux États-Unis et que cet asile lui a été refusé. Si
on le lui avait accordé, il serait aussitôt devenu évident que les USA
voyaient ce putsch d’un bon œil et qu’ils y avaient peu-être trempé.
Quoi qu’il en soit, quand les arrestations ont été terminées dans la
partie turque de la base, les vols ont repris, l’électricité est revenue
dans la partie turque, et la base a recommencé à fonctionner comme à
l’accoutumée.
Leonid Timoshin – Fort Russ – 20 juillet 2016
Publié initialement par: http://www.kp.ru/daily/26557/3573608/
Traduit du russe vers l’anglais : http://www.fort-russ.com/2016/07/secret-turkish-intellige…
Traduction de l’anglais : c.l. pour Les Grosses Orchades
Source: Les Grosses Orchades
[1] Erdogan répond à la menace de l’OTAN en gardant 1500 Américains prisonniers dans la base d’Incirlik