Un
analyste russe Mikhaïl Gamandy-Egorov, vieux routier de la géostratégie
analysée pour les médias, se réjouit des sanctions anti-russes. On jurerait
qu’il priait chaque jour que la politique des sanctions reste la seule
dynamique possible dans la tête fossilisée des congressistes américains et
notamment de J. Mac-Cain. Pour nous, hommes et femmes du Sud, qui avons si
souvent affaire aux Américains à travers les guerres, les ingérences et leurs
outils de politique des affaires étrangères, leurs si intrusives ONG et si
sélectives dans leurs indignations, leurs dénonciations et leurs radars d’où le
Yémen a disparu, nous avons une question aussi vitale que celles que se
posent, avec pertinence et intelligence. Pourquoi les hommes et les femmes qui
peuplent les institutions politiques des USA agissent avec cette
constance dans l’affirmation humiliante de leur suprématie et tiennent si peu
compte de ce que peuvent provoquer comme réaction d’orgueil leurs propre
Hubris, cette démesure de l’affirmation de puissance ?
La question n’est
pas pour nous que géostratégique. Elle relève de nos coutumes tribales, de nos
composantes ethnologiques qui nous conseillent si fortement de préférer les
arrangements à la guerre car rien de vraiment bon ne sort de la guerre et, en
cas de guerre, de ne jamais humilier et rabaisser le vaincu afin de le ménager
sinon comme futur allié du moins comme non-belligérant. Comment se débrouillent
les Américains pour afficher et exhiber leur puissance à l’endroit d’une
Russie, qui, sur le terrain de l’expédition militaire syrienne, de la remontée
du rouble ou de la nouvelle dynamique des secteurs agro-alimentaires, a
démontré sa résilience, la réalité de son statut de puissance et enfin
les tangibles alliances internationales efficientes et efficaces ?
Mais comment se débrouillent-ils en parallèle pour faire grogner leurs propres
amis, les Européens qui ne comprennent pas que des mesures aussi stratégiques
et aussi lourdes pour leurs économies et pour leur commerce soient discutées et
votées sans le moindre souci de connaître leur opinion ? Le choc a de quoi
surprendre, car les consensus non écrits, et non dits en dehors des
cercles fermés comme ceux de Bilderberg ou à peine murmurés dans les messes de
la globalisation comme celle de Davos, stipulaient que les capitalismes
nationaux devaient fusionner dans une gouvernance mondiale, qui effacerait
enfin l’identité nationale restrictive du libre déploiement du profit, du
marché et du capital lui-même. Ces questions restent à méditer pour nous.
Pourquoi ces dirigeants de l’Union Européenne grognent aujourd’hui et élèvent
le ton jusqu’à menacer de contre-mesures les USA. Sérieux ou pas Macron a
évoqué l’idée de contre-législations, ce qui serait un retour vers l’idée de
nation. Mais alors ces contre-législations, afin que Macron reste cohérent avec
ses propres constructions mythologiques ou mythomaniaques, devraient être
européennes. On sent la ruade, mais il devra ferrailler pour trouver un
consensus avec les pays baltes sectateurs des USA ou encore la
Pologne. Tiens la Pologne celle des plombiers que raillaient les
Français dans les années quatre-vingt, quand ils oubliaient que le «premier
plombier polonais» s’appelait Marie Curie, comme ils ont oublié que c’est leur
colonialisme qui a déraciné le peuple racisé de leurs banlieues. Notons
quand-même que le fait principal est que Macron ou Merkel tiennent
désormais pour inacceptable l’universalité des lois américaines et leur
extraterritorialité. Dans les faits, l’application des législations américaines
en dehors des USA signifie simplement que tous les territoires de notre monde
sont sous législation US et donc sous protectorat ou sous souveraineté US, en
fonction bien sûr des différents rapports de forces locaux. Dans cette affaire,
ne croyez pas à l’apparence de la puissance, ce serait un leurre, mais alors un
vrai.
Dernière
leçon de choses, le Liban.
Les USA
font chou blanc à vouloir imposer une quarantaine au Hezbollah, mais dans la
dernière bataille décisive que le Hezb a mené à El Nosra, prolongement milicien
du principal levier de la «diplomatie» arabe des Saoud, le terrorisme. Ils échouent
même à empêcher Samir Geagea, chef des Forces Libanaises, une milice chrétienne,
de reconnaître que la bataille du Jurd de Arsel a engendré des effets positifs
(1). Surprenant dans la bouche d’un ennemi à la haine endurcie contre le
Hezbollah. Mais Geagea ne pouvait s’opposer et surtout pas s’aliéner les
chrétiens qui le soutiennent et qui sont sérieusement soulagés de voir la
menace islamo-terroriste disparaître, qui les menaçait autant que les chrétiens
syriens. Et d’autant que le parti chrétien rival mené par Michel Aoun défendait
la politique de résistance et de lutte contre le takfirisme. La base chrétienne
de Geagea aurait eu, vous le pensez bien, un urgent intérêt à rejoindre ceux qui
peuvent lui sauver la peau. Les demandes US de bloquer les comptes du
Hezbollah sont aussi passées dans les méandres du marais des décisions
libanaises. Pourquoi ce rappel ? Car les amendes infligées aux banques européennes et
parfois aux entreprises ont procuré aux USA, entre 2009 et 2016, plus de
321 milliards de dollars, avec un pic de 77 milliards en 2014. Un examen
plus attentif de la destination de ces amendes montre qu’elles vont
essentiellement à l’État de New York, [là où
les juifs sont les maîtres incontestables et incontestés].
On peut lire sur l’édition de L’express-L’Expansion du 10
novembre 2016 (2), donc à une date très proche et qui expliquerait que le
cumul de l’Hubris US avait commencé à énerver les européens et surtout
deux jours après l’élection de Trump, cette interrogation sibylline
: «BNP,
Volkswagen, Deutsche Bank... les sanctions financières sont devenues une manne
pour la justice et un puissant instrument de domination des États-Unis. Et si
l'Europe se dotait des mêmes outils ?
C'est
une plaisanterie qui fait son effet en ce moment dans les dîners d'affaires
parisiens, entre le café et le cognac, pour son goût légèrement amer: "Vous
savez comment on appelle le nouveau pont qui surplombe la rivière Hudson, à New
York? Le pont BNP'’» Plus de deux ans après la condamnation de la banque française par les autorités
américaines, la rancœur est encore tenace. L'amende (8,97 milliards de dollars, soit 6,45 milliards
d'euros) figure en haut du tableau de chasse des plus grosses sommes
versées par des entreprises étrangères aux autorités [maffieuses] américaines. Une partie du
vaste pécule a donc atterri dans les caisses de l'État de New York pour
financer des grands projets d'infrastructures. Au risque de pousser
l'espièglerie, on pourrait ajouter qu'elle a permis de payer l'agrandissement
des bureaux du ministère de la Justice de l'État et des tablettes
dernier cri aux policiers new-yorkais! L'origine du crime? La violation de
l'embargo américain contre Cuba, l'Iran et le Soudan, entre 2000 et 2010. «Quand
bien même on accepte l'idée qu'une banque française puisse être condamnée pour
un embargo décidé unilatéralement par les États-Unis, les sommes en jeu sont
hors de proportion avec le bénéfice qu'en a tiré la BNP», peste un
financier parisien. On note dans ce passage pourtant timide et dont on a
arrondi les angles, une sorte de début d’énervement et le Trump n’arrangeait pas
la perspective et avec son «América first». 321 milliards de dollars c’est plus que
le montant du Fonds souverain libyen créé par Kadhafi sur conseil de Blair, ce
n’est pas loin du Fonds Qatari, etc. etc.
Proxénétisme géostratégique
Nous
pouvons alors comprendre que cet assentiment européen à l’application des
législations US sur le sol européen n’était qu’une rançon d’un projet
infiniment plus large. L’Europe n’avait pas élevé la voix tout au long de
ces années de proxénétisme géostratégique. Elle n’a pas non plus protesté
quand Victoria Nuland occupée à organiser le Maïdan ukrainien avait
décidé que Arseni Iatseniouk, surnommé «Yats» par elle-même,
prendrait le pouvoir. Et que dans son échange de femme qui a fait ses
«humanités» elle a rétorquait, début février 2014, à une remarque de
l’ambassade US à propos de l’Union Européenne : «And, you know… Fuck the
EU» (3). Ah,
cette belle et vieille Europe qui a inventé les « techniciens supérieurs de sol » pour désigner « les
femmes de ménage », a traduit, que l’Europe aille se faire foutre. Le si
peu que je connais du Jazz me convainc que la traduction fidèle à la lettre et
à l’esprit est plutôt que «l’Europe aille se faire baiser». Merkel et je ne sais
plus quel autre ont trouvé les termes employés inadmissibles, mais pas contesté
le fait lui-même.
L’Europe
suivra les USA, perdra beaucoup d’argent, mais ni elle, ni les États-Unis ne
voudront voir qu’ils
affaiblissaient en profondeur les courants russes pro-occidentaux qui
tenaient en mains la plupart des décisions et des politiques économiques. En
trois années de sanctions, aucun courant pro-occidental ne peut plus défendre,
comme auparavant, l’idée d’une route vers l’Ouest et vers le paradis US-UE.
Si l’Hubris a aveuglé les USA sur la réalité de leur rapport avec la
Russie revenue au premier rang de l’ordre mondial, qu’en serait-il de
nous, si entre-temps nous n’avons pas développé une «immunisation» ou un
«antigène» comme disent les résistants du Moyen-Orient et comme a su le
réaliser l’Iran tout en se développant ? Alors notre réponse à la question
de comment comprendre la furie US, est tout simplement que la raison a si peu à
voir dans la conduite de la politique sur laquelle s’exercent les puissants
facteurs des besoins et des nécessités économiques. Nous pouvons comprendre que
ces nécessités et ces besoins s’exacerbent en temps de crise prolongée,
composée elle-même de crises de plus en plus rapprochées, et qui rendent fous
les hommes qui dirigent les USA. Et qui obligent la sélection des hommes et des
femmes idoines à cette période de folie, des fous menteurs, assassins comme
Blair, Obama, Hollande , Sarkozy ou Victoria Nuland et Hillary Clinton les
allumées du meurtre et les hystériques. L’aveuglement des USA les aura poussés
à saper l’amitié complaisante des Européens de l’ouest. Ce n’est pas peu comme
performance.
Les
contre sanctions russes ont mis KO debout les USA.
Par
réciprocité les effectifs des diplomates US en Russie devront être ramenés au
nombre des diplomates russes aux USA, cela fait une sacré différence et, cerise
sur le gâteau, les Américains devront choisir eux-mêmes quels diplomates ils
devront rapatrier. Une vraie rigolade, rapatrier plus de 700 diplomates US
contre 31 diplomates russes expulsés. Imaginez le désordre dans le travail au
quotidien de la CIA, qui est l’essentiel du travail des ambassades US quel
que soit le pays concerné. Avouez que cela doit être jouissif pour de nombreux
fonctionnaires des A.E. russes qui refoulaient leur dépit devant
l’impassibilité de Poutine. Au fait, comment on appellerait un coup pareil aux
échecs ? Mais lisez quand même un extrait de l’analyse de
Mikhaïl Gamandy-Egorov sur l’art de produire le contraire de l’effet désiré
(4). «Au-delà de la fierté nationale, les Russes savent aussi analyser
et comparer et peut-être sur beaucoup de points mieux qu'en Occident. En effet,
les citoyens russes refusent l'hypocrisie des élites occidentales qui affirment
que les années de honte postsoviétiques étaient les meilleures de l'histoire
russe. Ces mêmes années où une grande partie de la population vivait d'une
façon indigne pour un pays comme la Russie, lorsque le marasme économique
était ambiant et les règlements de comptes mafieux quotidiens. Et c'est aussi à
cette période peu glorieuse de l'histoire contemporaine de la Russie,
qu'une classe ultralibérale et largement pro-occidentale s'est enrichie de
façon spectaculaire et le plus souvent criminelle.
Puis
changement de cap, politique comme économique. Tout en restant attachée à
l'économie de marché, la Russie post années 2000 a limité
l'approche ultralibérale du gouvernement précédent. Le niveau de vie moyen a
alors augmenté considérablement. La Russie a retrouvé non seulement
le statut de grande puissance internationale du point de vue de ses capacités
défensives, et notamment nucléaires, mais s'est à nouveau retrouvée dans le Top
10 des puissances économiques mondiales. Évidemment, certains ‘’analystes’’ du
mainstream n'ont pas manqué de dénigrer les résultats obtenus, affirmant qu'ils
étaient dus presque uniquement aux prix élevés des hydrocarbures….
L'essentiel
étant que les représentants d'un large nombre de secteurs de l'économie russe
prient pour la poursuite des sanctions et des contre sanctions. En premier lieu
le secteur agroalimentaire russe, qui a su tirer profit des occasions qui
s'offraient à lui du fait des sanctions. Mais il est loin d'être le seul et
désormais, la Russie mise à fond sur les exportations, créant même
une sérieuse concurrence aux entreprises occidentales. »
NOTES
Les annotations ci-dessus dans cette couleur sont d'Hannibal GENSERIC
Source :
VOIR AUSSI :