Des effectifs et des
équipements militaires de l’armée irakienne ont été envoyés à Tal Afar
afin de lancer bientôt l’opération terrestre destinée à libérer cette
ville.
Selon l’agence de presse iranienne Fars, à l’approche du lancement de
l’opération terrestre anti-Daech à Tal Afar, des effectifs de l’armée,
de la police fédérale et des Hachd al-Chaabi, dotés d’équipements
complets, ont débarqué, ce vendredi 18 août, à Tal Afar, dans la
province irakienne de Ninive.
Maysam al-Zaïdi, observateur en chef de la brigade 26 des Hachd
al-Chaabi a déclaré, le jeudi 17 août, que l’unité blindée des Hachd
avait été envoyée à Tal Afar et que les dernières unités de la
brigade 26 des Hachd débarqueraient vendredi à Tal Afar.
Après sa défaite totale à Mossoul et la perte de son premier fief en
Irak, le groupe terroriste Daech a déclaré Tal Afar comme l’un de ses
bastions indépendants.
Située au nord-ouest de Mossoul, Tal Afar fait partie de rares villes importantes toujours occupées par Daech.
Mohammed al-Khezri, porte-parole du ministère irakien de la Défense a
fait part, le lundi 14 août, du lancement de l’opération aérienne
visant à libérer Tal Afar, disant que l’aviation irakienne avait
commencé la bataille de Tal Afar en bombardant les positions de Daech
dans cette ville et que les forces conjointes irakiennes attendaient le
lancement de l’offensive terrestre contre les positions des takfiristes.
Pourquoi la libération de Tal Afar est-elle si importante ?
Les opérations pour la libération de Tal Afar, communément appelée
« la petite Mossoul » par la population locale, seront lancées dans un
proche avenir. Les prévisions annoncent des combats difficiles en raison
du nombre élevé des éléments de Daech dans la région.
Tal Afar, ville stratégique de 28 km² de superficie, compte 16
arrondissements. Elle est située à 70 km à l’ouest de Mossoul, à 80 km
du sud de la frontière turque et à 60 km de l’est de la frontière
syrienne. Au cœur du triangle Mossoul-Turquie-Syrie, Tal Afar est aussi
un point névralgique du fait de sa proximité avec les frontières des
pays voisins.
Elle se trouve sur la route Diali-Salaheddine-Mossoul qui mène vers
la Syrie et le Liban ; passage d’une grande importance pour l’Iran.
La population de Tal Afar est majoritairement composée de Turkmènes
et la revendication historique de la Turquie sur cette région l’a
poussée à prendre des mesures pour défendre les droits des Turkmènes.
Après l’échec de Daech à Mossoul, Tal Afar a été proclamée capitale
provisoire du groupe terroriste en Irak. Sa libération est d’autant plus
importante qu’elle est peuplée d’un millier de daé-chiens contre
seulement 600 étrangers.
La ville est totalement encerclée depuis peu par les Hachd
al-Chaabi : les entrées et les sorties sont obstruées. L’abondance de
terroristes à l’intérieur de la ville est en soi une menace potentielle
contre les régions avoisinantes.
Les tentatives d’attentat-suicide des terroristes et l’existence de
400 familles syriennes à Tal Afar freineront indubitablement le
processus des opérations de libération.
Par ailleurs, aux yeux de Téhéran et d’Ankara, l’accès à la ville
grâce au soutien des Unités de mobilisation populaire d’Irak (les Hachd
al-Chaabi) sera une grande victoire pour relier l’Irak à la Syrie et
prendre le contrôle des frontières.
Pourtant, la Turquie s’inquiète de l’emprise des Hachd al-Chaabi sur
les opérations à Tal Afar, ayant menacé plusieurs fois d’y envoyer ses
forces spéciales.
L’inquiétude des Kurdes n’est pas non plus à négliger. Tal Afar se
trouve non loin des champs pétroliers au sujet desquels les Kurdes et le
gouvernement central se querellent. Une grande partie de ces terres a
été dominée par Erbil, pendant le combat des forces irakiennes, dont les
Peshmergas du Kurdistan irakien. Les Kurdes refusent de quitter cette
région.
La présence des Hachd al-Chaabi, une force militaire liée au
gouvernement central, dans les zones contrôlées par les Peshmergas, ne
peut que susciter la peur de Massoud Barzani, quant à une éventuelle
conquête des deux villes de Rabi’e (arabe) et Sandjar (yézidie).
La libération de Tal Afar et des villages environnants remettra en
cause la capacité de gestion et le commandement de Daech en Irak et
fermera à jamais le dossier du terrorisme dans la province de Ninive.
Hannibal GENSERIC