jeudi 10 août 2017

La folie de l’empire rapproche l’Allemagne de la Russie



L’Empire des pleurnichards n’en a décidément jamais fini de bomber le torse, de s’époumoner et de faire la gueule ; aujourd’hui, c’est devenu l’Empire des sanctions.
Par une majorité orwellienne de 99% à faire pâlir d’envie la dynastie Kim de Corée du Nord, la « démocratie représentative » de Capitol Hill a imposé son dernier paquet de sanctions, principalement contre la Russie, mais aussi l’Iran et la Corée du Nord.

Trump devra justifier devant le Congrès, par écrit, toute initiative pour alléger les sanctions contre la Russie. Et le Congrès est autorisé à lancer une révision automatique de toute tentative de cet ordre.
Traduction : c’est le glas de toute possibilité de détente entre la Maison-Blanche et la Russie. Le Congrès, de fait, ne fait que ratifier la diabolisation de la Russie orchestrée par les néocons et les néolibérauxcons de l’État profond, le Parti de la guerre dans l’establishment des USA.
Une guerre économique a été déclarée à la Russie depuis au moins trois ans. La différence est que ce dernier paquet de sanctions déclare la guerre économique également à l’Europe, tout particulièrement à l’Allemagne.
Cette guerre se concentre sur le front de l’énergie, en diabolisant la construction du pipeline Nord Stream 2, et en forçant l’UE à acheter le gaz naturel américain plus cher.
Que l’on ne s’y trompe pas ; les leaders de l’UE vont contre-attaquer. Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, l’a énoncé gentiment quand il a dit : « L’Amérique d’abord ne peut pas signifier que les intérêts européens arrivent en dernier. »
Sur le front russe, ce que l’Empire des sanctions a gagné n’est même pas comparable à l’esquisse d’une victoire. Le quotidien russe Kommersant a rapporté que Moscou, parmi d’autres actions, va répliquer en interdisant de territoire toutes les entreprises de technologies de l’information américaines et tous les produits agricoles des USA, et en cessant son exportation de titane à Boeing (dont 30% provient de Russie).
Sur le front du partenariat stratégique Russie-Chine, essayer de brider les accords énergétiques entre la Russie et l’UE ne fera que stimuler les échanges en roubles et en yuans, un des socles du monde multipolaire post-USA.
Et ensuite, il y a un front possible qui pourrait changer la donne de façon spectaculaire : le front allemand.
Les cinglés sur la colline de Washington
Même sans tenir compte du bilan historiquement stratosphérique de Washington en matière non seulement d’ingérence, mais de bombardements et de changements de régimes sur de vastes régions de la planète – de l’Irak à la Libye jusqu’aux menaces actuelles contre l’Iran, le Venezuela et la Corée du Nord – l’hystérie du Russiagate sur l’ingérence russe dans les élections présidentielles de 2016 est un non-événement aujourd’hui minutieusement démonté.
Le centre de l’affaire est, cette fois encore, la guerre de l’énergie.
Selon une source basée au Moyen-Orient et indépendante du consensus de Washington, « Le message de ces sanctions est que l’UE n’a pas d’avenir si elle n’achète pas le gaz naturel des USA en éliminant la Russie. Barrer l’accès de la Russie au marché de l’UE était le but de la guerre très récemment perdue en Syrie, qui prévoyait de mettre en route un pipeline Qatar-Arabie Saoudite-Syrie-Turquie-UE, et une ouverture à l’Iran pour un pipeline Iran-Irak-Syrie-Turquie-UE. Aucun de ces deux plans n’a marché. »
La source ajoute une pièce au dossier, la guerre des prix du pétrole de 2014 contre la Russie, provoquée par le « dumping des surplus pétroliers des États du Golfe sur le marché mondial. Puisque cela n’a pas suffi à mettre la Russie à genoux, la destruction du marché du gaz naturel russe de l’UE est devenue une priorité nationale pour les USA. »
En ce moment, 30% de toutes les importations de gaz et de pétrole de l’UE viennent de Russie. En parallèle, le partenariat énergétique russo-chinois est progressivement consolidé. La Russie se prépare déjà à augmenter ses exportations de gaz et de pétrole vers la Chine et plus généralement l’Asie.
Les leaders de Berlin sont aujourd’hui convaincus que Washington met en péril la sécurité et la diversification énergétique allemande à travers la guerre des sanctions. Le gaz et le pétrole russes sont acheminés par des routes terrestres et ne dépendent pas des océans qui, souligne la source, « ne sont plus sous contrôle des USA. Si, en réponse au bellicisme des USA, la Russie décidait de refaire tomber un rideau de fer sur l’Europe et redirigeait toutes ses exportations de gaz et de pétrole vers la Chine et l’Asie, l’Europe serait totalement dépendante de sources d’énergie aussi peu fiables que celles du Moyen-Orient et de l’Afrique. »
Ce qui nous amène à l’option « nucléaire » qui se profile à l’horizon : un alignement Allemagne-Russie avec un Traité de réassurance du même type que celui mis en place par Bismarck. La nébuleuse des think tanks bichonnés par la CIA cogite maintenant intensément autour de cette éventualité.
Une autre source du monde politico-affairiste, également habituée à penser hors de la basse-cour washingtonienne, souligne : « C’est le but du jeu. C’est le véritable dessein de la Russie, et les États-Unis sont tombés dans le panneau. Les États-Unis en ont assez de l’Allemagne et de ce qu’ils considèrent comme du dumping de produits allemands sur le marché des USA, au travers de la manipulation de la monnaie. Ils menacent aujourd’hui l’Allemagne de sanctions, et l’Allemagne ne peut rien faire, avec l’UE sur le dos, et les menaces de veto de la part de pays comme la Pologne, qui lui donnent du fil à retordre. Les cinglés du Congrès en ont vraiment après l’Allemagne, et ils jettent du même coup l’Allemagne dans les bras de la Russie. »
Les USA en nouvelle Carthage
Une alliance possible Allemagne-Russie, comme je l’ai déjà écrit, arrangerait une entente Chine-Russie-Allemagne capable de réorganiser le territoire eurasien dans son intégralité.
Le partenariat stratégique Russie-Chine est une idée extrêmement attrayante pour le milieu du business allemand, parce qu’il facilite l’accès à de nouveaux marchés grâce à l’initiative Belt and Road (nouvelle Route de la soie).
Selon la source politico-affairiste, « Les USA sont en guerre avec la Chine et la Russie (mais pas le président Trump) et l’Allemagne renâcle à l’idée de fournir de la chair à canon pour les USA. J’en ai parlé en Allemagne, et ils pensent à renouveler le Traité de réassurance avec la Russie. Personne n’a confiance dans ce Congrès des USA, qui est considéré comme un asile de fous. Ils pourraient demander à Merkel de partir prendre le poste de Secrétaire général de l’ONU et ensuite, ils signeraient le traité. Cela secouerait le monde et pulvériserait la conception des USA en tant que première puissance mondiale, ce qui de toute façon n’est plus le cas. »
La source ajoute mi-figue mi-raisin : « Nous pensons que Brzezinski est mort à cause de sa déception, quand il a réalisé ce qui se passait et que toute sa haine de la Russie, tout le travail de sa vie pour la jeter à bas, était en totale déconfiture. »
Ainsi, dans un sens, c’est « Bienvenue au retour des années 1930 et à la montée du nationalisme en Europe. Cette fois, l’Allemagne ne répétera pas ses erreurs de 1914 et de 1941, mais s’élèvera contre ses ennemis traditionnels anglo-saxons. Les USA sont devenus la Carthage des temps modernes, et le désordre du Congrès reflète la stupidité dont Carthage avait fait preuve face à Rome. Les législateurs avaient sapé l’autorité de leur génie Hannibal tout comme aujourd’hui, ils sont en train de saper le plus grand président des USA depuis Andrew Jackson. Comme Sophocle l’avait écrit dans Antigone, ‘Les Dieux rendent fous ceux qu’ils veulent perdre’. Ce Congrès est fou. »
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