L'armée
régulière syrienne, avec l'aide de l'aviation russe, sont en train de
mettre Daesh en déroute à l'est du pays. Mais une renaissance d'Al Nosra
dans l'ouest syrien laisse songeur quant à la fin possible de ce
conflit. Entre solution militaire et négociations politiques, quelle
issue pour la Syrie?
Daesh
se trouve pris entre deux feux dans l'est de la Syrie: la coalition
américaine qui repousse en Irak les terroriste vers l'ouest et l'armée
régulière syrienne aidée par la Russie qui attaque vers l'est pour
libérer Deir Ezzor, les prenant en tenailles. L'avancée de l'armée
syrienne est maintenant très importante, environ 40 km par jour, et
Daesh enchaîne les échecs.
Le
dernier coup dur porté à Daesh date du 27 août avec la perte de plus de
800 terroristes, 13 tanks, 39 pick-up avec mitrailleuse etc, le long de
l'Euphrate non loin de la ville de Ghanem-Ali. Comme le déclare le ministre de la défense russe:
On August 27, 2017, the government forces’ units have annihilated Daesh’s [ISIS] most battle-tested and well-armed group with massive support of the Russian Aerospace Forces in the Euphrates River valley near thecity of Ghanem al-Ali,” the ministry said. “Currently, a grouping of Syrian government troops is rapidly carrying out an offensive along the eastern shore of the Euphrates River, moving toward Deir Ezzor. The goal is to unblock this city and destroy the last stronghold of Daesh in Syria.”
Pour autant peut-on penser que le conflit syrien prendra fin avec la destruction de l'état islamique? Ce serait naïf. La Russie note la réapparition d'une nouvelle émanation de Al Nosra, sous le nom de Hayyat Tahir al-Sham (HTS), qui compte déjà environ 25 000 terroristes répartis en 70 groupes et ont envoyé 9000 hommes attaquer Idlib. Ce nouveau groupe fait suite à Jahat Fath al-Sham:
Ce mouvement veut
se présenter comme l'opposition légitime à Assad et récupère des hommes
passés à l'opposition modérée, celle qui a déposé les armes, alors que
le ministre de la défense russe avait annoncé il y a quelques jours que la guerre civile allait toucher à sa fin:
«En séparant les uns des autres (l'opposition modérée des terroristes, ndlr), nous avons créé en Syrie quatre zones de désescalade et nous avons pratiquement réussi à arrêter la guerre civile», a déclaré Sergueï Choïgou.
Cela nous ramène toujours à la même question: comment mettre fin à ce conflit? La
solution militaire est incontournable, tant conjoncturellement que
stratégiquement, mais n'est pas suffisante, les sources profondes de ce
conflit n'étant pas uniquement militaires, ni uniquement internes à la
Syrie.
Les
avancées militaires de l'armée régulière syrienne, et non d'une
coalition étrangère, sont la condition de base pour que la Syrie ne
perte pas sa souveraineté, comme ce fut le cas de l'Irak, où les États-
Unis se sentent chez eux. Ils donnent également une force politique au
Gouvernement régulier dans ses négociations de paix avec l'opposition.
Et
c'est justement la raison pour laquelle il ne peut pas ne pas y avoir
de conflit armé, même une guerre des partisans, ou la renaissance de
groupes extrémistes sous des noms divers et variés, car sans eux la
victoire d'Assad serait acquise. Ce qui est objectivement inacceptable
pour l'Occident qui a beaucoup misé sur cette opposition, l'a armée,
préparée. La victoire d'Assad ne signifierait pas la défaite du
terrorisme, mais la défaite de la vision du Monde américano-centré, qui
aurait été incapable de mettre à terre ce petit pays, à cause de la
Russie et de l'Iran, notamment, qui n'aurait pas pu défendre ses
intérêts énergétiques dans la région. Cet échec aurait des
conséquences trop importantes pour un système qui ne repose que sur le
mythe de la toute puissance d'un chef incontestable. Chef qui doit donc
être invaincu et incontesté.
Comme tout Empire, l'Empire américain révèle ses pieds d'argile.
SOURCE : Russie politics.