Classés comme terroristes par les États-Unis et réputés financer al-Qaïda
dans la péninsule arabique (AQAP), ces cheikhs semblent recevoir un accueil
chaleureux à Riyad. Que ce soit sous Bush, Clinton, Obama ou Trump, la rhétorique
n’a pas changé (lutte contre le terrorisme) , mais l’action sur le terrain
reste la même (soutien au terrorisme islamiste). En voici une nouvelle preuve.
Abdulmajid al-Zindani, fiché comme terroriste par les
États-Unis, en compagnie du chef religieux saoudien de renom, Muhammad al-Arifi (à gauche) et d’autres « érudits » –photo partagée en 2015 (capture d’écran) |
SANAA – On pensait au départ qu’il ne s’agissait que de deux vieux amis se
retrouvant après une longue séparation lors d’une banale visite à l’hôpital. En
fait, cela n’avait rien à voir.
Une vidéo postée sur une chaine YouTube anonyme début 2016, montrait un
chef religieux yéménite plutôt âgé rendant visite dans un hôpital de Riyad à son
homologue saoudien, Aid al-Qarni, lui apportant de bonnes nouvelles du front
tout proche.
« J'ai de bonnes nouvelles pour toi en provenance de Ta’izz »,
disait Abdulmajid al-Zindani, qui soutient la guerre menée par les Saoudiens
contre les rebelles chiites houthis au Yémen.
Or Zindani, de tout évidence autorisé à opérer librement en Arabie
saoudite, est un ancien partisan d'al-Qaïda, qui s'est retrouvé en 2004 fiché
sur la liste des terroristes internationaux
spécialement désignés par le Trésor amércain.
« Allahou Akbar, Allahou Akbar », scande la foule à
l'arrière-plan.
« Et bientôt, par la volonté de Dieu, ce sera le tour de Sanaa
[capitale du Yémen] », ajoute Zindani, ancien conseiller spirituel
d’Oussama Ben Laden.
Si Zindani a fait profil bas pendant des années, il a néanmoins conservé
son influence au Yémen et dans le Golfe ainsi que le respect de ses pairs du
courant wahhabite.
Mais Zindani est loin d’être le seul à se livrer à ces apparitions
publiques et, depuis ces dernières années, l’Arabie saoudite est devenue un
haut lieu d’accueil de radicaux islamistes.
Relations
troubles
Ce genre d’apparences publiques, dont beaucoup à la télé, offre une vision
privilégiée sur les relations
troubles et souvent harmonieuses du royaume avec ce que certains appelleraient
« des extrémistes ».
Deux sources à Riyad suggèrent qu’au moins cinq Yéménites fichés comme
terroristes par le Trésor américain ont conseillé et coordonné des opérations
saoudiennes au Yémen, en collaboration avec les forces d’agression alliées sur
le terrain. En effet, les Saoudiens souhaitaient remettre au pouvoir le
président traître Abd Rabbo Mansour Hadi, renversé par une rébellion houthie,
soutenue par les militaires loyalistes de l’ancien président Ali Abdallah
Saleh.
Allégations appuyées de fait par le fichage des terroristes par les Américains.
La branche d’al-Qaïda au Yémen – al-Qaïda dans la Péninsule arabique (AQAP)
– est considérée par les États-Unis comme l’une de ses plus meurtrières
succursales dans le monde.
Abdulmajid al-Zindani lors de sa rencontre avec le président yéménite en exil, Abd Rabbo Mansour Hadi |
Le Trésor américain a attribué à des talibans de Zindani plusieurs attaques
terroristes dans le monde, dont le meurtre de trois missionnaires
américains au Yémen, en 2002.
Pendant son séjour en Arabie saoudite, Zindani a été chaleureusement reçu
par des chefs religieux et des fonctionnaires de haut rang, dont le cheikh Saad
al-Shatri, chef religieux nommé en 2015 conseiller à
la cour royale.
Une autre vidéo YouTube de leur
rencontre, retirée par la suite, montre Zindani faisant l’éloge du leadership
régional saoudien, qui parvint en 2015 à créer l’Alliance militaire
islamique destinée à lutter contre le terrorisme – pas avant, puisque « cela n’aurait pu se
produire plus tôt sans consentement préalable des puissances mondiales ».
sous-entendu : sans l’accord des Etats-Unis, et, naturellement, d’Israël.
Nayef al-Qaysi, autre Yéménite fiché terroriste
international en mai 2016 par les États-Unis, est l’un des chefs d’un groupe
anti-houthi, nommé par Hadi gouverneur de Bayda en décembre 2015. D’après le
Trésor, ce poste servait à faciliter plus encore l’expansion et l’installation
d’AQAP dans Bayda, principal bastion d’AQAP et lieu de naissance de Qaysi.
Le Trésor a prétendu que Qaysi avait fourni à l’AQAP et à ses forces
tribales alliées en armes et en argent pour combattre les houthis.
« À partir de 2016, al-Qaysi devenait haut fonctionnaire d’AQAP et
l’un de ses soutiens financiers. À cette époque, il récolta un peu d’argent
pour AQAP auprès de partis extérieurs au Yémen », a-t-il écrit.
« Il a fourni de l’aide à AQAP et utilisé son poste de dirigeant
politique du gouvernorat d’al-Bayda, au Yémen, pour faciliter l’expansion et
l’installation d’AQAP au sein du gouvernorat ».
Soutien de la
« résistance » au Yémen
Depuis le début de la guerre au Yémen, Qaysi est apparu plusieurs fois sur
des chaines de télévision saoudiennes, où il sollicitait un soutien renforcé en
faveur de la « résistance », arguant que cela pourrait retourner la
situation sur le champ de bataille.
Un entretien sur Ekhbariya
TV dans un studio de Riyad, datant probablement d’avril 2016,
présentait Qaysi comme héros de la « résistance ».
Qaysi y expliquait les difficultés rencontrées dans Bayda, où les houthis
ont toujours le contrôle de la capitale du gouvernorat.
Si les Houthis n’en avaient pas été délogés, c’est parce que l’intendance
ne suivait pas.
« La résistance attendait impatiemment d’attaquer l’ennemi.
Pourtant, [les combattants disaient] ‘‘je ne peux pas y aller les mains
vides’’ ».
« La résistance ne dispose que d’armes rudimentaires [pour lutter
contre l’ennemi]. Sinon, elle aurait fait des merveilles ».
Province de Bayda, 10 février 2015 : des combattants
Houthis dans un véhicule armé affrontent des miliciens armés (AFP) |
Il a déclaré que la coalition saoudienne fournissait ses combattants locaux
en armes et matériels et qu’elle avait proposé à la coalition un plan pour
« libérer » Bayda.
Il a aussi indiqué que la coalition avait installé un camp de formation
militaire destiné à « la résistance », dans le district d’al-Abr
(province au sud-est de Hadramout), point d’entrée terrestre yéménite situé à
la frontière saoudienne.
L’entretien s’est déroulé environ un mois avant son
fichage et fut retiré un plus tard des vidéos YouTube, mais il est toujours
consultable ici.
Même après sa désignation, Qaysi a été interviewé maintes fois sur Al Hadath, chaîne dépendant du réseau d’Al Arabiya TV, les chaînes de propagande
wahhabite, pro Al-Qaïda.
Hadi a, fin juillet, pris la place de Qaysi, sans
explications quant aux raisons du limogeage de ce dernier.
Un porte-parole de gouvernement Hadi n’a pas réagi au soi-disant fichage
américain de Qaysi comme terroriste, ni aux allégations quant à ses liens avec
AQAP.
Pourvoir des
fonds à AQAP
À la différence de Qaysi, qui, d’après certaines sources à Riyad, faisait
souvent la navette entre Riyad et le Yémen avant sa désignation et aujourd'hui
encore, un autre politique
yéménite fiché terroriste par les Américains est installé en Arabie saoudite
depuis presque trois ans.
Le Trésor a accusé Abd al-Wahhab
al-Humayqani, fiché en 2013, d’avoir contribué à diriger en faveur
d’AQAP des fonds fournis par des particuliers en Arabie saoudite et dans
d’autres pays.
Humayqani, lui aussi originaire de Bayda, est secrétaire général d'Al
Rashad, parti que, selon le Trésor, « AQAP projetait d’utiliser comme
couverture au recrutement et à l’entraînement de combattants et comme moyen
d’engranger un plus large soutien ».
Les Américains prétendent que le leadership d’AQAP a décidé que Humayqani
jouerait un rôle public de chef et de porte-parole du nouveau parti politique,
créé en juillet 2012.
Fréquemment présenté par des télévisions sous contrôle wahhabite saoudien
(dont Al Arabiya, Al Hadath et Al Ekhbariya) Humayqani y prêche souvent la
montée en puissance de l’action militaire contre les « agents de
l’Iran » au Yémen.
Abd al-Wahhab al-Humayqani, désigné comme terroriste
en 2013 par les États-Unis, est passé sur la chaîne Al Arabiya en 2015
Dans un entretien avec Al Hadath – en live de Ryad et
datant d’avril 2015, presque un mois après le lancement par l’Arabie saoudite
de la guerre au Yémen – Humayqani a souligné que les houthis devaient respecter
une résolution de l’ONU d’avant la guerre, en appelant à leur retrait de tout
le territoire dont ils s’étaient emparés.
« Sinon », précisait Humayqani, « je doute que la
coalition laissera les Yéménites tranquilles », ajoutant que la
décision des houthis dépendait de l’Iran.
Début juin, l’Arabie saoudite a inscrit Humayqani sur une liste d’environ
50 « terroristes » censés bénéficier du soutien du Qatar, et a exigé
leur extradition de Doha, impliquant de ce fait qu’ils étaient bien installés
là-bas.
Quand on a demandé aux autorités saoudiennes pourquoi Humayquani a soudain
posé problème alors qu’il jouissait depuis le début de la guerre d’une totale
liberté au royaume, elles n’ont pas souhaité s’exprimer.
Le Département d’État américain
n’a pas répondu aux questions sur le comportement de son principal allié dans
la guerre contre le terrorisme.
Deux autres Yéménites fichés vivent en Arabie saoudite, sans être encore
médiatisés.
Al Hasan Abkar et Abdallah al-Ahdal ont été ajoutés à la liste
des terroristes en décembre 2016.
Abkar est lui aussi un leader d’Islah et chef du parti pour la province
d’Al Jawf, son lieu de naissance.
Navette entre
Arabie saoudite et Yémen
Les houthis se sont emparés d’Al Jawf en 2014, forçant Abkar à fuir et à
rejoindre Hadi en Arabie saoudite.
Ce n’est qu’en février 2016, suite à l’expulsion des houthis de la capitale
provinciale par les forces alliées soutenues par des frappes aériennes,
qu’Abkar a ré-émergé.
Les sources à Riyad indiquent qu’Abkar, comme Qaysi, fait la navette entre
Yémen et Arabie saoudite.
Le Trésor prétend qu’« à partir de 2015, Abkar était un commandant
d’AQAP responsable des gouvernorats d’Al Jawf et de Marib au Yémen, et qu’avec
al-Qaysi, il avait rassemblé des membres d’AQAP pour soutenir des opérations
armées, et contribué à fournir des armes aux combattants d’AQAP. Depuis au
moins mai 2015, Abkar dirige les combattants d’AQAP qui luttent contre les
rebelles houthis au Yémen ».
Quant à Ahdal, chef religieux de Hadrami, le Trésor a déclaré qu’à partir
de fin 2013, il a dirigé des combattants étrangers d’AQAP au Yémen, et était
responsable de recruter des combattants.
Il a ajouté par ailleurs qu’« à cette époque, il a obtenu, et
transféré sous couvert de transactions commerciales, de l’argent pour les
combattants étrangers d’AQAP ». Selon certaines sources en Arabie
saoudite, Ahdal se trouve toujours dans ce pays.
Des houthis de confession zaïdi, la plus proche de l’islam chiite ont, avec
l’aide de l’ancien président Saleh et d’une grande partie de l’armée nationale,
repris la capitale Sanaa en septembre 2014 et renversé Hadi et son
gouvernement, suite à l’impasse des pourparlers nationaux – destinés à mettre
fin à trois ans de soulèvements.
Hadi, qui avait fui son assignation à résidence à Sanaa, a demandé à
l’Arabie saoudite d’intervenir.
La réponse est arrivée avant même l’arrivée d’Hadi au royaume – qui s’est
mis à bombarder le Yémen dès le 25 mars 2015, formant une coalition d’États du
Golfe avec le soutien logistique des États-Unis et du Royaume-Uni.
Les objectifs annoncés ont totalement changé : priorité fut donnée
pour remettre Hadi au pouvoir, lutter contre « l’expansion » de l’Iran,
perçu par les Saoudiens comme représenté par les houthis (les médias saoudiens
ont parfois prétendu que les Gardiens iraniens de la révolution avaient été
tués en soutenant les houthis pendant la guerre) et réagir à une menace émanant
de la branche d’al-Qaïda au Yémen.
Hadi et son gouvernement restent pour la plupart en exil à Riyad, et pas un
seul Iranien n’a été tué. Pendant ce temps-là, AQAP a renforcé sa position
et accumulé d’immenses moyens financiers, aux dires de beaucoup.
Max Abrahms, professeur de sciences politiques à la Northeastern University
(Boston) et expert en terrorisme, pense que « des groupes salafistes comme l’EI ou
al-Qaïda » ne sont pas contrés par l’Arabie saoudite, contrairement à ce
que prétendent ses hauts responsables.
« Regardez ce
que font les Saoudiens au Yémen. De toute évidence, ils ont l’intention de
contrer les houthis, pas AQAP. Cette guerre est une véritable honte »,
a souligné Abrahms.
AQAP
s’est-elle volatilisée dans le désert ?
Mukalla, ville portuaire et capitale du Hadramout, donne un exemple
désormais fréquent de la façon dont l'Arabie saoudite s’occupe visiblement
d’al-Qaïda.
AQAP s’en est emparée quelques jours après le lancement de la campagne par
la coalition saoudienne en mars 2015, sans, par la suite, une seule frappe
aérienne contre la région.
Ce n’est qu’après l’énorme attention médiatique consacrée aux affaires lucratives
et au gouvernement autonome d’AQAP dans la ville que les forces des Émirats
arabes unis ont repris la ville début 2016. Les habitants ont déclaré à MEE
qu’AQAP s’était alors tout simplement volatilisée dans le désert.
Le royaume a désormais besoin d’AQAP car ils sont présents sur de nombreux
fronts
- Abdurazaq al-Jamal, expert
Et la coalition a beau revendiquer avoir
éliminé 800 combattants d’al-Qaïda lors de la prise de Mukalla, on
ne dispose d’aucune preuve.
L’Arabie saoudite pourrait avoir de bonnes raisons de ne pas prendre de
mesures contre AQAP ou de ses membres, au moins pour le moment, note un
analyste yéménite.
« Le royaume a désormais besoin d’eux, car ils sont présents sur de
nombreux fronts », indique Abdurazaq al-Jamal, expert spécialiste des
groupes islamistes.
Pourtant, cette guerre brutale et destructrice a entraîné des dommages
collatéraux : elle a engendré une crise humanitaire catastrophique dans ce qui
était déjà le pays le plus pauvre de la région.
Source : http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/la-t-l-saoudienne-des-chefs-d-al-qa-da-fich-s-par-les-tats-unis-deviennent-des-stars
Pendant ce temps, des millions de musulmans se bousculent, non pas pour condamner
l’Arabie Saoudite pour sa guerre d’extermination des musulmans yéménites, ou
bien pour le démantèlement de l’Irak et de la Syrie au profit d’Israël, mais au
contraire pour visiter la Mecque (souvent pour la énième fois) et enrichir
encore plus les despotes sionistes saoudiens. Quand on vous parle d’arabo-musulmans,
on vous fait prendre des vessies de chameau pour des lanternes. A-t-on vu
un seul pays « arabo-musulman » du Golfe venir en aide aux millions
de réfugiés (yéménites, syriens, irakiens) et aux blessés de guerre ? Rien.
La sécurité du Hajj confiée au Mossad israélien. Seul l’Iran proteste, où sont les Musulmans ?
Les "Arabo-Musulmans" n'existent pas. En voici la preuve
Dr Farrukh Saleem : Voici pourquoi les Musulmans sont sous-développés...
Hannibal GENSERIC