samedi 2 septembre 2023

De Thierry Breton à Napoléon III : Victor Hugo et l’interdiction de penser et d’imprimer

Depuis le 25 août, l’Union européenne est dotée d’un nouvel outil de "protection numérique des citoyens européens".

Cet outil, c’est le DSA, pour Digital Services Act. Derrière ce nom technique se cache un texte censé contrer la diffusion de contenus illicites (pédopornographie, terrorisme, haine, etc.) et contenir la prolifération d’actions "préjudiciables" comme les fake news ou les ingérences sur les plateformes numériques que nous utilisons tous les jours comme les réseaux sociaux ou les sites d’achat en ligne.

L’Europe préfère un État administré à un état de droit, c’est-à-dire à des lois qui soient les mêmes pour tous et dont on veille à l’application.
Les lois existantes permettent déjà de traquer les délits commis sur internet. Plutôt que d’imaginer de nouveaux arsenaux législatifs qui sont autant d’entraves à la vie des hommes et des entreprises, il serait sans doute préférable de renforcer la justice et de lui permettre de s’exercer avec promptitude et efficacité.

Mais à la fin Quis custodiet ipsos custodes? - qui contrôlera les contrôleurs  s’inquiétait déjà Juvénal il y a près de 2000 ans.

H. Genséric

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Europe et France veulent pouvoir censurer et verrouiller (...) - Ricochets  journal local Drôme média participatif information locale actualités,  journal papier et web

Les interdits de Breton évoquent Orwell pour le Daily Mail. Mais nous avons de nombreux  précédents en France concernant l’interdiction de tout et la bureaucratie ; et je prévoyais dans mon  livre sur l’exception française (Les Belles Lettres, 1997) que la technocratie (ou bourgeoisie énarque)  française annexerait l’Europe (démographiquement et intellectuellement) et qu’elle finirait par tout  interdire.

On fait avec les moyens du bord : en 1851 c’est l’imprimerie, avec Breton c’est internet (d’ailleurs je  m’en fous : l’humanité a ce qu’elle mérite).

Victor Hugo :  

« À l’heure qu’il est, personne ne sait au juste ce que c’est que le 2 décembre, ce qu’il a fait, ce qu’il a  osé, qui il a tué, qui il a enseveli, qui il a enterré. Dès le matin du crime, les imprimeries ont été mises  sous le scellé, la parole a été supprimée par Louis Bonaparte, homme de silence et de nuit. Le 2, le 3,  le 4, le 5 et depuis, la vérité a été prise à la gorge et étranglée au moment où elle allait parler. Elle n’a  pu même jeter un cri. Il a épaissi l’obscurité sur son guet-apens, et il a en partie réussi. Quels que  soient les efforts de l’histoire, le 2 décembre plongera peut-être longtemps encore dans une sorte  d’affreux crépuscule. Ce crime est composé d’audace et d’ombre ; d’un côté il s’étale cyniquement  au grand jour, de l’autre il se dérobe et s’en va dans la brume. Effronterie oblique et hideuse qui  cache on ne sait quelles monstruosités sous son manteau 

Rappelons que peu à peu l’empire devint libéral et… populaire, le plébiscite de 1870, quelques mois  avant la « correction » (Marx) face à la Prusse – correction méritée pour un empire qui avait croisé le  fer avec la moitié de la terre, Chine, Mexique, Italie (1867 et 70), Autriche et bien sûr… Russie –  confirmant Napoléon dans sa pérennité dynastique.

Aucune illusion à se faire sur le suffrage universel : sous Napoléon III ce fut comme sous Hitler.  Hugo  rajoute :  

« Et c’est là le scrutin, et répétons-le, insistons-y, ne nous  lassons pas ; je crie cent fois les mêmes choses, dit Isaïe, pour  qu’on les entende une fois ; et c’est là le scrutin, c’est là le  plébiscite, c’est là le vote, c’est là le décret souverain du  « suffrage universel », à l’ombre duquel s’abritent, dont se font  un titre d’autorité et un diplôme de gouvernement ces hommes  qui tiennent la France aujourd’hui, qui commandent, qui  dominent, qui administrent, qui jugent, qui règnent, les mains  dans l’or jusqu’aux coudes, les pieds dans le sang jusqu’aux  genoux ! »  

Comme sous Macron et sous Breton on a des élections et des  médias euphorisants :

 « Maintenant, et pour en finir, faisons une concession à  M. Bonaparte. Plus de chicanes. Son scrutin du 20 décembre a  été libre, il a été éclairé ; tous les journaux ont imprimé ce qui  leur a plu ; qui a dit le contraire ? des calomniateurs… » 

Après, Hugo (il sera pacifiste sous Napoléon, belliciste sous  Gambetta) part sur les grands mots :

 « Ils résolurent d’en finir une fois pour toutes avec l’esprit  d’affranchissement et d’émancipation, et de refouler et de  comprimer à jamais la force ascensionnelle de l’humanité. L’entreprise était rude. Ce que c’était que cette entreprise,  nous l’avons indiqué déjà, plus d’une fois, dans ce livre et  ailleurs. »

Mais quand on voit la liquidation de la « culture masculine  blanche » (désolés, c’est la culture) par Fink (qui commande  tout) et consorts (Ursula Bourla etc.

) on peut méditer les belles  paroles qui suivent :

 « Défaire le travail de vingt générations ; tuer dans le dix-  neuvième siècle, en le saisissant à la gorge, trois siècles, le  seizième, le dix-septième et le dix-huitième, c’est-à-dire Luther,  Descartes et Voltaire, l’examen religieux, l’examen  philosophique, l’examen universel ; écraser dans toute l’Europe  cette immense végétation de la libre pensée, grand chêne ici,  brin d’herbe là ; marier le knout et l’aspersoir ; mettre plus  d’Espagne dans le midi et plus de Russie dans le nord ;  ressusciter tout ce qu’on pourrait de l’inquisition et étouffer tout  ce qu’on pourrait de l’intelligence ; abêtir la jeunesse, en  d’autres termes, abrutir l’avenir ; faire assister le monde à  l’auto-da-fé des idées ; renverser les tribunes, supprimer le  journal, l’affiche, le livre, la parole, le cri, le murmure, le souffle  ; faire le silence ; poursuivre la pensée dans la casse  d’imprimerie, dans le composteur, dans la lettre de plomb, dans  le cliché, dans la lithographie, dans l’image, sur le théâtre, sur le  tréteau, dans la bouche du comédien, dans le cahier du maître  d’école, dans la balle du colporteur ; donner à chacun pour foi,  pour loi, pour but et pour dieu, l’intérêt matériel ; dire au peuple  : mangez et ne pensez plus ; ôter l’homme du cerveau et le  mettre dans le ventre ; éteindre l’initiative individuelle, la vie  locale, l’élan national, tous les instincts profonds qui poussent  l’homme vers le droit ; anéantir ce moi des nations qu’on  nomme Patrie ; détruire la nationalité chez les peuples partagés  et démembrés, les constitutions dans les États constitutionnels,  la République en France, la liberté partout ; mettre partout le  pied sur l’effort humain. »

C’est ce qu’ils refont aujourd’hui nos clercs et bureaucrates  associés au capital des fonds de pension américains. Hugo écrit  au passage (il irait en taule aujourd’hui donc je le dénigre) :  

Parce que vous avez vu réussir un coup de  main prétorien, vous vous déclarez bas-empire ! C’est vite dit, et  lâchement pensé. Mais réfléchissez donc, si vous pouvez. Est-ce  que le bas-empire avait la boussole, la pile, l’imprimerie, le  journal, la locomotive, le télégraphe électrique ? Autant d’ailes  qui emportent l’homme, et que le bas-empire n’avait pas ! Où le  bas-empire rampait, le dix-neuvième siècle plane. Y songezvous  ? Quoi ! nous reverrions l’impératrice Zoé, Romain Argyre,  Nicéphore Logothète, Michel Calafate ! Allons donc ! Est-ce que  vous vous imaginez que la Providence se répète platement ?

Est-ce  que vous croyez que Dieu rabâche ?  

Par Nicolas Bonnal


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