jeudi 27 juin 2024

Palestine. La résistance est sur le chemin de la victoire

Les menaces d’Israël à l’égard du Liban sont la marque de sa défaite à Gaza.

Nous n’avions pas besoin d’experts écrivant dans la revue académique de premier plan Foreign Affairs pour nous dire que neuf mois après le début de sa guerre d’anéantissement à Gaza, Israël n’a pas vaincu la résistance dirigée par le Hamas, bien au contraire : la résistance gagne et se renforce.

Ces derniers jours, Benjamin Netanyahu et ses généraux se sont mis à chercher de plus en plus un moyen de sauver la face en quittant la bande de Gaza avec un minimum de pertes.

Ils semblent en avoir trouvé un en laissant entendre qu’ils ont déjà atteint les objectifs de leur assaut sur Rafah et qu’ils ont réussi à éliminer l’aile militaire du Hamas.

L’autre prétexte invoqué à maintes reprises ces jours-ci est qu’ils doivent se retirer rapidement de la bande de Gaza pour se concentrer sur la guerre imminente sur le front nord afin de « neutraliser » la menace croissante que représente le Hezbollah pour la sécurité, la stabilité et l’existence de l’Etat sioniste.

L’aile militaire du Hamas est devenue plus forte que jamais. Elle contrôle militairement la majeure partie de la bande de Gaza et il ne se passe pas un jour sans que la guerre de guérilla qu’elle mène dans le cadre de sa nouvelle stratégie ne fasse davantage de victimes israéliennes dans des embuscades contre des chars ou des troupes.

Cela réfute manifestement les rodomontades israéliennes auxquelles plus personne ne croit, pas même au sein de l’establishment militaire.

Robert Pape, politologue américain et expert en sécurité nationale, estime que la plus grande erreur commise par Netanyahu et ses généraux n’est pas l’échec de leurs tactiques ou l’incapacité à imposer des contraintes politiques ou morales à l’action militaire, mais leur incapacité totale à comprendre les sources de la force du Hamas.

Il note qu’Israël affirme avoir tué 14.000 des 40.000 combattants du Hamas, tandis que le Hamas admet en avoir perdu 6.000 et que les services de renseignement américains estiment leur nombre à environ 10.000. Mais, selon lui, ce n’est pas le nombre de morts qui permet de mesurer la force du Hamas, c’est le maintien de son emprise sur la bande de Gaza, le soutien populaire massif qui l’accompagne et le fait que 80 % de ses tunnels restent utilisables.

Il aurait pu ajouter qu’au cours de cette période, des dizaines de milliers de volontaires ont rejoint la résistance armée, en particulier le Hamas et le Djihad islamique, tant dans la bande de Gaza qu’en Cisjordanie, et ont commencé à s’entraîner clandestinement au maniement des armes dans des lieux tenus secrets.

La plupart sont des jeunes âgés de 18 à 24 ans. Les estimations précédentes des pertes du Hamas et du Djihad islamique doivent être réévaluées à la lumière de cette évolution.

En outre, la guerre d’extermination menée par les forces israéliennes à Gaza va non seulement radicaliser davantage les dirigeants et la base du Hamas, mais pourrait également favoriser l’émergence de groupes encore plus radicaux à l’avenir, déterminés à venger les plus de 38.000 mères, pères et enfants massacrés jusqu’à présent.

Entre-temps, tous les discours des neuf derniers mois sur la recherche d’alternatives au régime du Hamas à Gaza se sont tus. Au lieu de cela, nous avons entendu des généraux israéliens en exercice ou à la retraite dire qu’il était impossible d’éradiquer la résistance dans la bande de Gaza parce que le Hamas est une « idée » qui ne peut être détruite par des moyens militaires.

Les porte-parole de l’administration Biden ont publiquement assuré Israël du soutien des États-Unis en cas de guerre au Sud-Liban, dans un contexte de tensions croissantes. Mais cela vise à apaiser l’opinion publique israélienne anxieuse.

En coulisses, les fonctionnaires américains exercent une pression énorme sur Netanyahu et ses généraux pour éviter d’être entraînés dans une guerre sur le front nord contre le Hezbollah, ce qui entraînerait un désastre pour l’État occupant.

Le général de réserve israélien Itzhak Brik a déclaré lors d’une récente apparition à la télévision que la guerre contre le Liban équivaudrait à un « suicide collectif » pour Israël.

« Il est impossible de séparer ce qui se passe dans la bande de Gaza du Sud-Liban », a-t-il déclaré. « Le Hezbollah a lancé des dizaines de missiles et de drones que nos défenses aériennes n’ont pas réussi à intercepter, qu’il s’agisse du Dôme de fer ou des avions. Nous devons également nous rappeler qu’il y a 200.000 personnes évacuées des colonies du nord et que leur nombre ne cesse d’augmenter ».

Plus la guerre d’usure du Hezbollah et la résistance du Hamas se prolongent, plus l’État occupant se dirige rapidement vers la défaite, voire l’effondrement total.

Il perd sur les champs de bataille, il a perdu la guerre psychologique et il est haï au plus haut point dans la plupart des pays du monde, surtout depuis qu’il a intensifié sa guerre de famine à Gaza, à une époque où les faits vérifiés et les images d’enfants affamés ne peuvent plus être dissimulés.

La jonction du Sud-Liban, de la guerre maritime au Yémen et des missiles de la résistance irakienne en un seul front pour soutenir la résistance de Gaza a commencé à changer toutes les règles d’engagement dans la région, et même dans le monde.

Ce sont des moments historiques.

Par Abdel Bari Atwan
Rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum.

Source et Traduction : Chronique de Palestine

Version originale : 23 juin 2024 

 

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