Dans le cas des États-Unis, tout le monde était obligé d’utiliser le dollar américain dans les échanges commerciaux, en particulier le commerce du pétrole dont les États-Unis ont pu tirer un profit considérable en imprimant simplement de la monnaie, sous peine de se faire tuer comme Saddam ou Khaddafi. En fait, cela se résumait à « Payez-nous ou nous vous tuerons ». Comment cette suprématie se porte-t-elle aujourd’hui ?
Examinons d’abord le pouvoir économique. Si vous examinez (très brièvement) le budget fédéral américain, vous constaterez qu’un tiers de celui-ci est emprunté pour exister et, lorsque j’ai vérifié il y a quelques mois, les États-Unis étaient contraints de continuer à emprunter 1000 milliards de dollars tous les trois mois ; ce genre de chose n’a pas tendance à durer longtemps.
Entre-temps, une réunion des BRICS à Kazan en octobre devrait déboucher sur un plan de remplacement du dollar américain pour le commerce international et, en préparation de cet événement, l’or a atteint 2550 dollars l’once pour la première fois de son histoire et les investisseurs internationaux commencent à se débarrasser des bons du Trésor américain et hésitent à en acheter d’autres. Jusqu’à présent, 49 pays ont déposé une demande d’adhésion aux BRICS ; vous voyez, très peu de pays peuvent se permettre d’être exclus du commerce international une fois que le dollar aura disparu.
Si vous retirez au département du Trésor américain la possibilité d’emprunter, il ne restera plus d’argent que pour les dépenses sociales – rien d’autre – mais si vous supprimez tout le reste, l’assiette fiscale se réduira à un point tel qu’il ne pourra plus soutenir les dépenses sociales non plus. Qu’en sera-t-il du bien-être sociétal d’un pays dont la culture prend très peu de choses au sérieux – certainement pas la justice, l’intégrité, la vertu ou la vérité – mais l’argent en fait assurément partie ? Voilà pour la suprématie économique.
Examinons maintenant la puissance militaire. Les États-Unis (et une poignée d’alliés vraiment pathétiques) ont tenté d’organiser une sorte d’« opération Provide Blah-blah-blah » pour arracher le contrôle de la mer Rouge et, par conséquent, du canal de Suez, à Ansar Allah, alias le mouvement Houthi, nommé d’après le vénérable Abdul-Malik Badruldeen al-Houthi. À l’heure actuelle, seuls les navires chinois et russes peuvent franchir sans encombre la porte des Lamentations (alias Bab el Mandeb), à l’entrée de la mer Rouge. Les autres possibilités de navigation consistent à contourner le cap de Bonne-Espérance, à l’extrémité sud de l’Afrique, ou à braver la route maritime du Nord de la Russie ; l’une est coûteuse, l’autre est politiquement désagréable. Le résultat de cette mission (dont on entend peu parler aujourd’hui) est un trou dans le pont d’envol d’un certain porte-avions américain causé par une roquette des Houthis, après quoi (on n’en a rien dit) ledit porte-avions est rentré en boitant à Norfolk.
Par Dmitry Orlov − Le 10 Août 2024 − Source Club Orlov
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