Il semblerait que les ministres de la défense de l’OTAN se soient réunis cette semaine pour chercher à redéfinir et actualiser la mission de l’alliance militaire. Dit plus simplement, l’organisation cherche désespérément une raison d’être pour son existence.
Ce bloc militaire de 30 nations dispose d’un budget annuel de plus de mille milliards de dollars, dont les trois quarts sont versés par les Etats-Unis, soit $740 milliards dépensés sur sa propre force.
La visioconférence qui s’est tenue cette semaine représentait la première prise de contact officielle de l’administration Biden avec les alliés de l’OTAN. Lloyd Austin, le secrétaire américain de la Défense s’est adressé au forum en insistant sur la priorité donnée par le président Biden au renforcement des relations avec les alliés, relations qui s’étaient largement dégradées sous l’administration Trump.
C’est la même vielle rengaine maintes fois rabâchée par Washington dans le passé : les alliés de l’OTAN doivent dépenser toujours plus pour contrer les prétendues menaces de la Russie et de la Chine. Le même vieux disque rayé.
La seule différence tient dans le style et non le contenu. Alors que Trump demandait de façon rude et acerbe que les membres de l’OTAN injectent plus d’argent, l’administration Biden opte pour une rhétorique plus polie, caressant dans le sens du poil l’importance ‘du partenariat transatlantique’ et promettant d’être plus inclusif dans la prise de décision stratégique.
Mais, c’est essentiellement la même escroquerie : les Etats-Unis exhortent les états européens à dépenser plus d’argent pour soutenir le complexe militaro-industriel qui maintient artificiellement en vie le défunt système capitaliste. Les Américains ont besoin que les Européens leur achètent des avions de guerre et des systèmes balistiques pour que le capitalisme américain puisse continuer à vivre.
C’est une position
difficilement tenable en ce moment, alors que les difficultés économiques se
font ressentir et d’énormes défis sociaux apparaissent.
Comment justifier une
dépense annuelle de mille milliards de dollars sur des machines de guerre
improductives ?
Il va de soi que les supporteurs de l’OTAN, essentiellement les Américains, se doivent de réinventer des ennemis comme la Chine et la Russie pour justifier l’existence d’une économie militaire aussi extravagante, sans quoi elle serait vue comme une utilisation insensée et préjudiciable des ressources d’un pays. Ce qu’elle est.
Cela dit, ce petit jeu de
l’épouvantail a de sérieux défauts conceptuels.
Le tout premier est que ni la
Russie ni la Chine ne sont des ennemis cherchant à détruire les pays
occidentaux.
Deuxièmement, cette histoire ne tient pas logiquement. Le budget
militaire total de l’OTAN est quatre fois supérieur aux budgets combinés de la
Chine et de la Russie. Et on voudrait nous faire croire que ces deux pays
menacent un bloc de 30 nations alors qu’ils ne dépensent qu’une fraction du
budget de l’OTAN en dépenses militaires.
Autre problème conceptuel pour les VRP de l’OTAN : l’organisation est née il y a huit décennies, au début de la guerre froide. Aujourd’hui, le monde est très différent et reflète une intégration multipolaire croissante tant économique que politique, ou au niveau des communications.
Les chiffres du commerce publiés cette semaine montre que la Chine a surpassé les États-Unis en devenant le premier partenaire commercial de l’Union Européenne.
La Chine, la Russie, et cette tendance à la coopération économique eurasienne représentent le futur du développement mondial. Malgré leur complaisance occasionnelle envers Washington, les Européens le savent. A la fin de l’année dernière, l’Union Européenne a conclu un accord d’investissement historique avec la Chine, et ce en dépit des objections de Washington.
Cela sonne en effet le glas du harcèlement américain, qui voyait les États-Unis exhorter ses alliés de l’OTAN en inventant des histoires effrayantes d’ennemis étrangers. Le monde ne peut plus se permettre ce gâchis éhonté de ressources face à des besoins sociaux bien plus importants. Il devient de plus en plus difficile de vendre politiquement cette escroquerie qu’est l’OTAN.
Ce “monde du Mal” dépeint par les conspirationnistes américains ne correspond en rien à la réalité que perçoivent la majorité des gens. Oui, il y a encore des irréductibles de la guerre froide qui rodent encore en Europe, tel que le secrétaire général de l’OTAN le général Jens Stoltenberg et les politiciens russophobes polonais et baltes, mais ils représentent des minorités à la marge.
La plupart des citoyens est consciente que l’OTAN est une relique du passé, qu’elle n’a plus de raison d’être dans le monde d’aujourd’hui, et face à tous les besoins sociaux pressants, la France et l’Allemagne, les moteurs les plus puissants de l’économie européenne, ont de moins en moins d’inclination vers Washington, même dirigé par un président démocrate apparemment plus amical.
L’administration Biden peut paraitre plus crédible et cordiale que celle de Trump, mais demander aux autres de dépenser plus militairement et d’antagoniser des partenaires commerciaux vitaux que sont la Chine et la Russie est mission impossible pour une OTAN menée par les États-Unis.
Finian Cunningham a beaucoup écrit sur les relations internationales, et a été publié en plusieurs langues. Pendant près de 20 ans, il a travaillé comme éditeur et rédacteur pour les médias d’information les plus importants, y compris The Mirror, Irish Times et l’Independent.
Source : Information Clearing House
Traduction et Synthèse: Z.E
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