Y a-t-il une chance que les dirigeants du Hamas soient des êtres humains ? Y a-t-il une chance que nous reconnaissions cela ? Depuis sa fondation, Israël a diabolisé ses ennemis. Dans les années 1960, lors des festivités de Lag Ba’Omer sur la place Malkhei Yisrael de Tel Aviv, nous avons brûlé Gamel Abdel Nasser en effigie.
Yahya al-Sinwar, responsable du mouvement Hamas [résistance islamique] dans la bande de Gaza |
Nous l’appelions « le tyran égyptien » et n’avons jamais écouté ce qu’il avait à dire. Yasser Arafat et l’OLP étaient aussi des non-humains, bien sûr. À ce jour, la langue hébraïque ne connaît pas les termes « parti palestinien » ou « armée palestinienne ». Il n’y a rien de tel. Nous avons nos Forces de défense israéliennes, et eux n’ont que des organisations terroristes.
C’est sûrement ce qu’est le Hamas. Pas de projets caritatifs et sociaux, pas de mouvement politique, pas d’élections internes et pas de soldats, seulement des terroristes. Son chef doit donc être un archi-criminel !…. Cela explique pourquoi le discours répétitif et écœurant en Israël sur leur assassinat, leur liquidation ou leur élimination est légitime. Aussi légitime que de raser leurs maisons et de tuer des membres de leur famille.
Gamal Abel Nasser |
Prenez Yahya Sinwar, par exemple. Les commentateurs israéliens affirment qu’il est cruel. Est-il plus cruel que les pilotes de l’armée de l’air israélienne qui, plus tôt ce mois-ci, ont largué des dizaines de bombes sur des immeubles résidentiels et tué 67 enfants ? C’est difficile à dire. Y a-t-il plus de sang sur ses mains que sur celles de certains commandants de Tsahal ? Douteux. Est-il plus courageux, plus disposé à faire un sacrifice que les dirigeants israéliens ? Assurément.
Personne n’est prêt à l’admettre. Sinwar est l’ennemi, il n’est donc pas humain. Son interrogateur du service de sécurité du Shin Bet a affirmé qu’il n’avait aucun sentiment, le commissaire adjoint du service pénitentiaire israélien qui l’a interrogé avant sa libération en 2011 a déclaré qu’il était un lâche. Il en va sûrement de même du commandant militaire du Hamas Mohammed Deif : dépeindre ce phénix comme un guerrier audacieux, même après avoir perdu un œil, un bras et les deux jambes, ainsi que sa femme et leurs deux jeunes enfants ? Vous êtes fou? Deif est le diable… Sinwar aussi…
Il est impossible de mettre en cause cette attitude tellement primitive, mais il est possible de proposer une lecture différente de la situation. Par exemple, que ce sont des êtres humains là-bas, à Gaza, avec des aspirations et des rêves, des faiblesses et des défauts, et des qualités admirables aussi.
Par exemple, que le Hamas a aussi des objectifs justes, qui devraient peut-être être reconnus et peut-être pris en considération. Que peut-être eux aussi ne veulent pas passer leur vie entière à tuer et à risquer d’être tués, et ne veulent pas détruire Israël tous les jours, ou du moins ils savent qu’il n’y a aucune chance pour cela.
Sinwar a passé 22 ans en prison, un peu moins que Nelson Mandela. Il y a appris l’hébreu, et c’est dommage que les Israéliens ne puissent pas l’entendre dans cette langue. En hébreu, il sonnerait forcément plus humain. En hébreu, il a dit un jour au journaliste israélien Yoram Binur qu’il était prêt à discuter d’une hudna à long terme, ou d’une trêve, avec Israël, et peut-être que les prochaines générations avanceront à partir de là.
Vous n’avez pas besoin d’être un fan du Hamas, une organisation peu sympathique, pour vous rappeler que Sinwar et Deif ont grandi dans le camp de réfugiés de Khan Yunis. Combien d’Israéliens savent à quoi ressemble la vie là-bas ? Est-ce un endroit d’où pourrait émerger un seul amoureux d’Israël ? Un descendant d’exilés dont la vie et la vie des familles ont été détruites par Israël – par l’expulsion, la dépossession, le statut de réfugié, la pauvreté, la prison, les bombardements et 15 ans de siège ?
La lutte du Hamas est une lutte désespérée entre un miséreux et un pouvoir régional. Il est facile de lui dire de renoncer à la voie militaire, qui est sans espoir et n’apporte que plus de souffrances à son peuple.
Mais la terrible vérité est que ce n’est que lorsque le Hamas tire sur Israël que le monde manifestent un quelconque intérêt pour Gaza. Seulement à ce moment-là. mais quand les canons cessent de gronder, tout le monde oublie Gaza. Elle peut alors retourner à sa suffocation.
J’ai vu Sinwar apparaître au grand jour après le début du cessez-le-feu. Les commentateurs ont dit qu’il s’entourait de civils parce qu’il était un lâche. Il est certainement plus courageux que Benjamin Netanyahu et Benny Gantz, avec leurs appareils sécuritaires hermétiques. En termes de justesse de sa cause aussi, il a le dessus sur ses geôliers et ses conquérants – même lorsque les moyens qu’il utilise sont condamnables, tout comme ceux de ses ennemis.
*Source : Chronique de Palestine
Par Gidéon Lévy
Comment expliquer un affaiblissement du soutien des jeunes évangélistes à Israël
Une volte-face dramatique qui a commencé avant même les derniers heurts entre Gaza et l’état hébreu. A la demande des chercheurs de l’université de Caroline du Nord, le think-tank américain Baran, basé en Californie, a sondé - entre mars et avril - près de 700 évangélistes américains âgés entre 18 et 29 ans sur leur perception actuelle du conflit israélo-palestinien. L’étude montre un déclin massif de leur soutien à l’État hébreu, contrairement à leurs ainés.
Alors qu’en 2018, 75% des évangélistes déclaraient soutenir Israël lors d’un sondage similaire, ils ne sont, aujourd’hui, plus que 33,6% à partager cet avis. De même, ils sont maintenant 24,3% à soutenir la cause palestinienne contre seulement 2,8% trois ans plus tôt. Sur la question spécifique de la création d’un état palestinien, presque 45% des personnes sondées se déclarent en faveur, alors que 25,5% s’y opposent. Que révèlent ces chiffres?
“Plusieurs raisons expliquent ce déclin du soutien envers Israël. Il y a d’abord un effet générationnel ; lors des dernières élections, les jeunes évangélistes ont largement moins voté que leurs ainés pour Donald Trump, dont la ligne politique était largement en faveur de l’état hébreu avec le transfert de l’ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem » explique Blandine Chelini Pont, professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Aix-Marseille (Bouches du Rhône).
Sécularisation
Pour les spécialistes du christianisme aux États-Unis, les résultats de ce sondage de 2021 sont le corollaire de la « dépolarisation » des jeunes évangélistes, traditionnellement issus des milieux chrétiens de droite, vers le centre du spectre politique. « De plus, il ne faut pas oublier que la jeunesse américaine se sécularise à très grande vitesse. Cela se ressent dans leurs centres d’intérêts. » continue-t-elle. Autre fait notable, près de la moitié des sondés admettait qu’elle avait peu sinon aucune connaissance du conflit israélo-palestinien.
Alors qu’Israël est souvent perçu comme une priorité au sein des votants évangélistes, 65% des jeunes interrogés ont déclaré qu’ils n’avaient que peu ou pas du tout entendu parler de l’importance du soutien à l’État juif, et seulement 12% ; qu’ils en entendaient parler toutes les semaines. « Cela montre un manque de connaissance sur ce sujet, et un problème de transmission de la mémoire » explique Blandine Chelini-Pont. « Enfin, le sujet a atteint un tel niveau d’hystérie sous Trump, que certains cherchent à prendre de la distance. »
Millénarisme
Autre fait intéressant : plus de 44% des sondés déclarent que leurs croyances religieuses n’influencent pas leur appréciation du conflit israélo-palestinien. Plus de 38% estiment que celles-ci les font pencher en faveur d’Israël, contre 17% en faveur des Palestiniens. « Les positions pro-sionistes sont sapées, probablement par l’émergence d’un sentiment de justice pour la population palestinienne » estime la chercheuse.
L’attachement profond des évangélistes américains aux autoritaires juives trouve ses racines dans des fondations théologiques, soutenues par des lobbys influents de millénaristes fondamentalistes qui prêchent le retour d’un État d’Israël fort afin de recréer les conditions pour la venue du Christ. Ces discours religieux à la rhétorique apocalyptique semblent trouver moins d’écho auprès de la jeunesse évangéliste américaine, selon les résultats du sondage effectué par Barna.
Finalement, quelles pourraient être les conséquences d’un tel retournement sur les relations américano-israéliennes dans le futur. Alors que l’ancien ambassadeur américain Ron Dermer Former déclarait récemment que les autorités juives devraient prioriser ce soutien. Le débat « évangélistes passionnés et univoques » contre Juifs Américains pourrait, au contraire, contraindre le parti Républicain à revoir sa position sur ce conflit, dès lors que ses propres électeurs se défont de leurs antiennes », conclut Blandine Chelini Pont.
Par Olivier Hamilton 26/5/21
Source : Paudal.com
Voir aussi :
- Le
Hamas palestinien a gagné face à Israël
- Gaza.
Netanyahou ordonne à Biden de ne pas s'impliquer (en faveur des Palestiniens).
Biden obtempère et donne plus d'armes à Israël
- Tandis
que des colons israéliens scandent « Mort aux Arabes » à Jérusalem, Washington
assure que l’aide à Israël restera inconditionnelle
Les
Kahanistes ultra-racistes, partenaires de Netanyahou et maintenant membres de la
Knesset, font avancer leur programme maximaliste – y compris le nettoyage
ethnique des Palestiniens, pour laisser place à ce "peuple élu de dégénérés" |
Hannibal GENSÉRIC
Il suffit de regarder les uns et les autres dans leur rapports humains et sociaux avec leurs semblables pour juger de leurs niveaux d'humanité. Pour ce qui est du degré de lâcheté et de courage des uns et des autres le débats est clos depuis longtemps ;" autant les palestiniens veulent mourir pour leur terre autant les israéliens veulent vivre."
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