Et
si Seïf el-Islam revenait au pouvoir en Libye ? La question peut
paraitre farfelue tant les événements qu’a connu ce pays depuis février
2011 ont été d’une violence extrême avec une traque systématique du clan
de l’ancien Guide de la Révolution libyenne, Mouammar Kadhafi,
exécuté dans des conditions inhumaines.
Dix
ans plus tard, les Libyens, las des guerres par procuration dont ils
sont victimes, n’excluent pas un retour de celui qui fut le dauphin de
son père pour diriger la Libye post-Kadhafi. Le rejet des milices et le
discrédit de la confrérie des Frères Musulmans participent justement à
faciliter le retour de Seïf el-Islam aux affaires.
Dans une Libye meurtrie par dix ans de guerre civile et de guerre par procuration, toute perspective de retour à un pouvoir fort et charismatique est considérée comme une lueur d’espoir. L’instabilité chronique qui a succédée à un pouvoir fort et très centralisé, celui du clan Kadhafi, a laissé les Libyens perplexes. A choisir entre une «démocratie» instable et fragile et un pouvoir même autoritaire mais garantissant la stabilité, le second choix est vite plébiscité. C’est ce qui se dit du côté de Tripoli, où les milices des Frères Musulmans n’ont plus le vent en poupe.
Après des années de chaos, les arrangements inter-libyens et surtout par puissances interposées sont arrivés à une conclusion : remettre en selle une personnalité consensuelle pour briguer le poste de président lors des présidentielles du 24 décembre prochain. Et la personnalité la plus en vue actuellement n’est autre que le fils du défunt Guide de la Jamahirya. Seïf el-Islam Kadhafi avance désormais vers un nouveau destin national avec l’assentiment des tribus libyennes, de l’Egypte, des Emirats arabes unis et de la Russie.
Le cousin de son père, Ahmed Kadhaf Eddam, établi au Caire dispose de fonds considérables non seulement pour financer une éventuelle campagne électorale, mais surtout pour redorer le blason de son parent à travers une campagne médiatique sur les chaines de télévisions égyptiennes et celles établies à Dubaï.
Toujours présents dans les joutes politiques du pays, les kadhafistes pèsent dans les alliances locales en vue de doter la Libye d’institutions de transition. C’était le cas de Omar Abou Cherida, un des dirigeants loyaux à Seif el-Islam Kadhafi, s’est porté candidat aux élections du Conseil présidentiel, représentant la région du Fezzan.
C’est d’ailleurs le même Abou Cherida qui a fait, le 15 janvier dernier, le déplacement de Moscou avec Meftah el-Werfelli afin de rencontrer l’émissaire spécial du président russe pour la région du Moyen-Orient et en Afrique, Mickaël Bogdanov. Juste avant, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine avait mis l’accent sur la nécessité d’associer les sympathisants de Mouammar Kadhafi au Dialogue national inter-libyen.
La désescalade pour juguler la crise
La Russie qui tente de se repositionner dans la région après l’erreur stratégique de février 2011, où le président Dimitri Medvedev avait donné son accord pour appliquer la no fly zone, prétexte pour bombarder la Libye, entend garder intactes toutes ses chances pour peser sur la future équation politico-militaire mais aussi économique et énergétique.
Le retrait des troupes étrangères et notamment les combattants étrangers a été une condition sine qua non posée par l’Onu pour faire avancer les négociations politiques. En décembre dernier, l’Onu estimait à quelque 20.000 le nombre de mercenaires et combattants étrangers en Libye: des Russes du groupe privé Wagner, des Tchadiens et des Soudanais pour le compte de Haftar, les jihadistes de Syrie, emmenés par la Turquie, aux cotés des milices des Frères Musulmans.
Le rejet quasi-total des partis et des parties proches des Frères Musulmans a conduit leurs sponsors turc et qatari à revoir leurs desseins géopolitiques. Il ne servait à rien de vouloir maintenir le peuple sous le joug de la violence, d’où les séries de rapprochements entre Ankara et Le Caire, et entre Doha et Le Caire. La désescalade en Libye était parmi les points les plus discutés pour juguler la crise.
Sur le terrain maintenant, certains parient sur le fait que le Courant «La Libye de l’Avenir» que conduit Abdelhamid Dbaibah, le chef de gouvernement désigné, n’est que le prolongement du projet «La Libye de demain» lancé par Seif el-Islam en 2006. A l’époque, Dbaibah était l’un des points cardinaux de ce plan de réforme du régime de l’Intérieur et qui visait à développer le pays.
Ayant occupé plusieurs postes, dont celui de Directeur général de la Compagnie d’Investissement national intérieur et de président du Conseil d’administration d’une holding qui compte 15 entreprises internationales dans le domaine du développement ainsi que celui de président du Conseil d’administration de la Compagnie libyenne pour le développement et l’investissement, Abdelhamid Dbaibah est considéré comme faisant partie du premier cercle proche de Seif el-Islam.
Le Chef du gouvernement désigné et bien qu’il ait annoncé sa dissension prématurée du Régime de Kadhafi, il n’en demeure pas moins qu’il reste un homme pragmatique qui favorise la réconciliation. Il n’est pas, d’ailleurs, exclu qu’il ait obtenu l’appui de parties considérées comme proches de l’ancien Régime, lors de l’ultime et décisif round du vote, qu’il a remporté avec Mohamed al-Manfi, contre la liste de Aguila Salah, Oussama Jouili et Fathi Bachagha. Sur la base de cela, il est attendu que les sympathisants de Seif el-Islam Kadhafi multiplient leurs activités au cours de la phase transitoire, dans le cadre du mouvement «Rachahnak» (Nous t’avons désigné candidat).
Une série d’obstacles
Condamné à mort par un tribunal de Zenten, au nord-ouest de la Libye avant d’être remis en liberté, il y a dix ans, le plus politique des enfants du Guide assassiné n’a pas été vu en public. La dernière fois, lors de la chute de son père, en 2011 suivie de son arrestation par la milice Katibat Abou Bakr al-Seddik ou encore, par vidéoconférence, en juin 2014, durant son procès, dénoncé comme expéditif par l’ONU et des ONG.
Condamné à mort en 2015, il a été libéré en 2017 par la même milice qui l’avait arrêté, au nom d’une loi d’amnistie promulguée en 2015 par le Parlement établi dans l’est du pays.
Néanmoins, une série de d’obstacles d’ordre juridique empêche la candidature de Kadhafi fils à la Présidentielle du 24 décembre prochain. Seif el-Islam a été, en effet, condamné à mort par contumace, par un tribunal de Tripoli, mais ses sympathisants espèrent qu’il bénéficiera d’une amnistie générale dans le cadre d’une Réconciliation nationale.
De plus, la Cour Pénale Internationale (CPI) réclame son extradition, étant accusé de crimes contre l’Humanité. A la fin de l’année 2019, la CPI a affirmé qu’il est encore dans la ville de Zenten (sud-ouest de Tripoli), bien que le régiment de «Abou Bakr al-Seddik», qui le séquestrait depuis 2011, avait annoncé sa libération en juin 2017.
Depuis cette date, Seif el-Islam n’a pas été aperçu en public, à telle enseigne que le journal «Al-Ounwan» (Le Titre, proche de Haftar) avait rapporté qu’il était décédé après avoir été atteint de la tuberculose dans son lieu de détention, quelques jours avant l’annonce de sa libération.
Par ailleurs, Berlin va accueillir le mercredi 23 juin la deuxième conférence sur la paix en Libye sous l’égide de l’Onu et avec, pour la première fois, la participation du gouvernement de transition libyen. «Nous voulons soutenir le gouvernement libyen pour que les élections prévues le 24 décembre puissent avoir lieu», a souligné le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, précisant que la rencontre se ferait au niveau des ministres des Affaires étrangères.
Les participants feront notamment le point sur la transition politique en Libye depuis la précédente conférence tenue le 19 janvier 2020 et «les prochaines étapes nécessaires en vue d’une stabilisation durable», a précisé le ministère allemand dans un communiqué. «L’accent sera mis sur les préparatifs en vue des élections prévues le 24 décembre et le retrait prévu selon les termes du cessez-le-feu des troupes étrangères et des mercenaires de Libye», a poursuivi le ministère.
Seïf el-Islam Kadhafi a-t-il ses chances pour revenir sur le devant de la scène politique dans son pays. Tous les indices concourent à une réponse positive. Reste quelques réglages politiques avant une probable annonce de sa candidature. Ce qui fut jadis impossible ne l’est plus désormais ; un Kadhafi pourra succéder à un autre.
Par Mahmoud Benmostefa
20/6/21) Le Jeune Indépendant (Algérie)
NOTES de H. Genséric
La Libye "démocratisée" est devenue le principal passage des immigrés illégaux vers l'Europe Est-ce un hasard ? |
VOIR AUSSI :
- LIBYE. L'Italie rejoint l'alliance turco-qatarie pour le
bénéfice des Frères musulmans et du lobby des armes
- Libye. 10e anniversaire de la guerre d'agression
impérialiste. Le New York Times couvre les crimes occidentaux
- Les kleptocrates juifs ont pillé la plus grande banque
d'Ukraine. L'or ukrainien, syrien, irakien et libyen a-t-il également été volé?
- LIBYE : Comment la France a tué le Guide libyen. Les e-mails
d’Hillary Clinton apportent la réponse
- Confirmation. Le but de Sarkozy/BHL était bien l'assassinat
de Kadhafi
- Qatar connexion : les documents qui visent Carla
Bruni-Sarkozy, BHL et Laurent Platini
Hannibal Genséric
Et c'est sans compter les milliers de travailleurs étrangers, dont beaucoup de Tunisiens, qui bénéficiaient de très bons salaires.
RépondreSupprimerTout à fait exact; plus d'un million d'égyptiens aussi. Tous chassés de Libye après l'assassinat odieux de M. Kadhafi. La plupart sont partis dans un sauve-qui-peut, en laissant derrière eux tout ce qu'ils ont gagné par un dur labeur durant des années. Parmi ceux qui ont cru aux sornettes occidentales et qui sont restés, il y a eu beaucoup de morts, d'autres engagés de force dans des milices islamistes, le seul moyen de récupérer du fric (salaires payés par le Qatar) et par le vol des biens des villes conquises....
SupprimerDire que Sarkozy ose encore se promener librement en France, démontre la déchéance de la justice dans ce pays. Juppé son complice est au Conseil Constitutionnel encore une planque bien rémunérée.
RépondreSupprimerKadhafi à été assassiné parce qu'il était sur le point de créer une monnaie pour l'Afrique. Le retour de son fils au pouvoir en Lybie ne sera que justice et espoir pour l'homme. Arretez avec vos balivernes et mensonges de démocratie. La w France est elle démocratique ?
RépondreSupprimerPaix à son âme.
RépondreSupprimer& les crétins stupides, libyens voulaient une démocratie occidentale libre. Ils l'ont maintenant
RépondreSupprimerCe n'est pas possible qu'il revient...l'occident le sentirait passer.
RépondreSupprimerAvec tous ces avantages offert aux Libiens les occidentaux continue de l'appeler dictateur, et la CPI vouloir juger son fils de crimes contre l'humanité. Tout ça est finalement ridicule.
RépondreSupprimerjustement, les Kadhafi donnent le mauvais exemple : au lieu de vivre comme les émirs orientaux (des centaines de concubines enlevées à leurs familles, drogue, dictatures à la saoudienne, concussion et corruption généralisées, ...), les Kadhafi dépensent l'argent du pétrole pour le bien de leur peuple. Je ne parle pas ici des travaux gigantesques faits par Kadhafi pour généraliser l'eau courante dans ce pays désertique, ...J'ai plusieurs fois visité la Libye dans les années 80, et d'une visite à une autre, je trouve un nouveau pays...L'Occident préfère des émirs qui planquent et dépensent la richesse de leur pays en Occident, en voitures de luxe, chevaux de courses, châteaux qui sont visités une fois puis abandonnés, ETC.
Supprimer