samedi 5 mars 2022

Si Orwell m'était conté...

Chef-d’œuvre du XXe siècle, 1984 est une véritable mine d'or, une caisse à outils formidable pour décrypter notre époque. Ce livre est évidemment célèbre pour sa description d'une société totalitaire où règne la manipulation de masse ; et quelques exemples récents, tout à fait orwelliens, sont là pour montrer que les deux minutes de la haine sont encore bien vivantes. Ainsi, sachez par exemple que la Fédération internationale féline a banni les chats russes (!) de ses concours ou que les arbres russes, sans doute complices de se laisser couper en bûches pour terminer dans les cheminées du Kremlin, n'ont plus le droit de prétendre au titre de plus beau végétal de l'année.

L'imbécilité hystérique de ces mesures pourrait faire sourire. Elle symbolise pourtant quelque chose de bien plus profond et dont l'ami George s'était fait également l'écho par ailleurs : un état de guerre perpétuel entre les grands blocs du monde. S'il en voyait trois (Océania, Eurasia, Eastasia) et que nous n'en avons que deux en l'occurrence, le fond reste le même, celui d'une fracture durable, profonde, où les interactions seront réduites au minimum et qui mettra des décennies à être surmontée.

Ces magnifiques chats bleus russes ont les yeux les plus ensorcelants (21  images) - ipnoze

Un nouveau Rideau de fer risque en effet de s'abattre, touchant aussi bien le champ économique que politique ou culturel (voir l'invraisemblable cancel culture actuelle qui voit tout ce qui est russe être effacé/exclus : compétitions sportives, monde musical, jeux vidéo etc.)

Les masques tombent tout à fait maintenant et chacun se rend bien compte que les institutions dites internationales, qu'elles soient financières ou simplement sportives, sont en réalité dans les mains occidentales et peuvent à tout moment être instrumentalisées. Cela n'a évidemment pas échappé aux pays tiers qui vont accélérer la mise en place de systèmes parallèles, dédollarisation et autres.

Car si Moscou a joué son va-tout en Ukraine, le système impérial joue lui aussi le sien avec ces sanctions inédites, presque désespérées.

A plus court terme, ça va tanguer dur dans le camp du Bien.

Les cours de l'énergie explosent littéralement et certains prévoient même un baril à 200$, du jamais vu. Des États-Unis à la Bosnie, le prix à la pompe s'envole et les gens se ruent dans les stations-service avant que ça n'augmente encore. Dans ces conditions, pas étonnant que Washington refuse d'arrêter les importations... de pétrole russe !

Quant aux euronouilles, "grâce" aux sanctions pour punir la Russie de sa guerre en Ukraine, ils payent le gaz russe plus cher que jamais et participent pleinement au financement... de la guerre russe en Ukraine. Jamais coup de menton n'aura été aussi contre-productif...

Les conséquences ne s'arrêtent pas là. Il est impossible de toutes les lister mais, pour ne prendre qu'un exemple de l'entremêlement des économies de la planète, la dégringolade de la banque russe Sberbank, coupée du SWIFT, va entraîner la ruine du fonds de pension des professeurs du Kentucky.

Premier exportateur mondial de céréales et d'engrais, premier producteur de nickel et de palladium, troisième exportateur de charbon et d'acier, cinquième exportateur de bois, la Russie fournit en moyenne le sixième de l'ensemble des matières premières de la planète. Les Occidentaux ont-ils tout à fait pris la mesure de leurs sanctions ?

Dans sa logique de confrontation visant à ne plus céder d'un pouce, Moscou vient d'ailleurs de "recommander" aux producteurs nationaux de cesser toutes les exportations d'engrais. On imagine les conséquences pour les agriculteurs d'Europe et d'ailleurs...

Quant au blé, dont la Russie et l'Ukraine sont les deux premiers producteurs mondiaux, ses cours flambent sans relâche :

D'aucuns prévoient dans un avenir proche une situation catastrophique entraînant son lot de jacqueries et de révolutions, en Europe ou dans le monde arabe :

Dans ce bras de fer, l'un des deux camps va-t-il finir par lâcher la main ? Rien n'est moins sûr car, comme nous le disions au début - et nous en revenons à Orwell - Heartland et Océania semblent avoir atteint un point de non retour. Une Guerre froide qui dit enfin son nom [notons que cet article indien, exhaustif et objectif, résume excellemment les causes de la crise].

Notre dernier billet, dont le ton parfois pessimiste avait interpellé certains lecteurs, sentait venir ce grand découplage, irréparable, cette lutte désormais à mort, même si les adultes des deux côtés veillent à ce que cela ne dérape pas en catastrophe.

Dans 1984, l'état de guerre entre les blocs est permanent et s'auto-alimente, sans qu'il n'y ait même plus d'ailleurs de raisons stratégiques concrètes à cela. En ce monde irrémédiablement fragmenté entre parties autarciques qui n'ont plus aucune relation les unes avec les autres, l'état de guerre est devenu un état de fait, naturel, que plus personne ne remet en cause.

Est-on en train d'assister à la naissance de ce nouvel ordre constitué de mondes parallèles plus ou moins étanches ? Plusieurs observateurs le pensent, qui prévoient même, en plus du divorce économique et politique, l'explosion de l'internet global en sphères régionales sans connectivité entre elles, où chaque bloc censure ou bannit les informations/médias de l'autre et fait le ménage chez lui.

1984 ou quand la géopolitique rejoint la fiction...

Chroniques du Grand Jeu

6 commentaires:

  1. Non ce qui est à l’oeuvre c’est le revival réactualisé des « Terra Incognitae » ou comment retourner à un passé ou de vastes territoires demeuraient inconnus. Là encore, toute l’imbécilité et l’hystérie crapuleuses de l’Occident, focalisé à s’inventer un futur déjà vécu ou comment le « manège enchanté » des dingues occidentaux est devenu ce monde tournoyant sur lui même, égocentré, ou sa propre force centripète finira par faire imploser son propre barnum. Mais la folie étant contagieuse l’épisode de l’Ukraine devrait nous avertir que la Russie a déjà sérieusement prit les devants et commencé à traiter les « malades » que l’Occident à volontairement placés dans ce laboratoire Ukrainien. La suite n’est pas bien compliquée il lui faudra à cette Russie, et à d’autres « débrancher » cet Occident devenu bien trop dangereux et le traiter une fois pour toute....

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  2. Catastrophe mon chat Strogof (nom en l'honneur de Poutine) est banni des expositions. Heureusement il reste les deux femelles Najla et Alia. Le monde Occidental est devenu complètement fou. Les enragés contre la Russie devraient songer à l'avenir. Celui-ci s'annonce bien sombre pour l'Europe. Les compagnies d'aviations fragilisées par la crise Covid ne peuvent plus survoler la Russie et doivent effectuer un détour hors de prix. Les retraités devraient regarder du côté de la Grèce suite à la crise de l'euro. Baisse des pensions de 10 à 30%. Prochainement l'Etat va ajuster ces montants vu les dettes des pays Occidentaux. Il sera temps alors de descendre dans la rue pour manifester contre les élites mondialistes et de casser les téléviseurs qui diffusent la "vérité" de la caste mafieuse.

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  3. "1984 ou quand la géopolitique rejoint la fiction..."
    "1984" n'est nullement de la fiction, mais le dévoilement d'un plan connu de l'initié fabien Eric Arthur Blair alias "Georges Orwell".
    Georges Orwell
    Georges Orwell est le nom de plume d'Eric Arthur Blair, écrivain britannique né aux Indes en 1903 d'un père fonctionnaire de l'administration coloniale, et mort à Londres en janvier 1950. Brillant collégien, il est admis à la célèbre public school d'Eton, connue pour être un foyer illuminati. Cependant, il y travaille peu et devient un élève médiocre. La première guerre mondiale fait rage, mobilisant les hommes valides. C'est ainsi qu'Aldous Huxley, un ancien d'Eton, y devient pour un temps professeur de français remplaçant1, avec le jeune Blair pour élève, lequel dès cette époque, manifeste sa volonté d'écrire. Ils se lient rapidement d'une amitié qui va s'avérer durable et lourde de conséquences (voir plus bas). Ses études secondaires terminées, Eric Arthur Blair s'engage dans la police coloniale et est envoyé en Birmanie.
    Le futur Georges Orwell – pseudonyme qu'il adoptera en 1933 - est un être facilement impressionnable, sensible et instable, mais, et c'est à son honneur, n'hésitant pas à revenir sur ses engagements s'il lui apparaît qu'ils étaient mal fondés. Cette spontanéité l'a souvent conduit à tomber dans les pièges de fausses oppositions. Meurtri par l'expérience coloniale (« le fonctionnaire maintient le Birman à terre pendant que l'homme d'affaires lui fait les poches », Une histoire birmane, 1934), il démissionne de l'armée impériale et rentre en Angleterre. On le trouve ensuite successivement à Paris puis à Londres. Il écrit beaucoup pour témoigner de la misère humaine engendrée par l'exploitation bourgeoise et l'impérialisme. En 1936, il se penche sur les conditions de vie très dures des mineurs avant de partir pour l'Espagne où il s'engage dans le camp républicain avant de retourner à Londres en 1937 à la suite d'une blessure. Son expérience espagnole lui fait toucher du doigt le totalitarisme communiste, qu'il rejette farouchement. Pendant la seconde guerre mondiale, il travaille à la BBC et participe à la défense civile dans les Home Guards. Il semble cependant ne guère se faire d'illusions sur l'avenir en cas de victoire des Alliés. En 1943, il change d'emploi et commence à écrire Animal farm (la Ferme de animaux), qui sera publié en 1945. Il s'agit d'une critique aussi sagace que virulente du stalinisme et de la révolution bolchevique sous forme de fable animalière, mais l’œuvre majeure d'Orwell sera 1984. Il en débute la rédaction dès la fin de la guerre.
    George Orwell décède de la tuberculose le 21 janvier 1950, deux ans après la publication de 1984.
    Telle est – en très abrégé - la biographie de Georges Orwell, approximativement celle qui figure dans les ouvrages classiques ou sur Wikipédia. Il n'y a là rien de faux, mais il s'agit d'une biographie « exotérique », c'est-à-dire qui oublie les aspects cachés, de la vie de l'écrivain. Or, sa seule connaissance ne permet pas de rendre compte de manière satisfaisante du caractère extraordinairement prémonitoire de 1984. Orwell « visionnaire hors norme » est une explication ad usum delphini (Balzac). Pour lever le mystère, nous devons tout d'abord nous pencher sur sur société « semi-secrète » britannique, la Fabian Society.

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  4. Suite
    La Fabian Society
    Comme l'indique son site Internet (http://www.fabians.org.uk/about/), la Fabian Society [FS] a été fondée le 4 Janvier 1884 à Londres (retenez bien cette date). Son nom est issu de celui d'un général romain, Quintus Fabius Maximus Verrucosus, ou « Fabius Cunctator », c'est-à-dire « Fabius le temporisateur ». Sa stratégie, très efficace, mais qui exigeait du temps, consistait à harasser l'adversaire en évitant de l'affronter inutilement ou en situation d'infériorité, frappant fort lorsque c'était nécessaire et le succès assuré. Officiellement, la FS se présente à la fois comme « un think tank et un club politique anglais de centre-gauche » (Wikipédia). La FS est à l'origine de la création du Parti travailliste en 1900, et « tous les premiers ministres travaillistes anglais jusqu'à 2010, ainsi que les premiers chefs d'État et de gouvernement d'anciennes colonies britanniques tels que l'Inde, le Pakistan ou Singapour » en furent membres. En dehors de ces derniers, de nombreuses célébrités figurent sur le livre d'or passé ou présent de la FS (liste très loin d'être exhaustive) : Sydney Webb (créateur de la London School of Economics (LSO)1, soutien indéfectible de l'URSS), Eleanor Marx (fille de Karl et membre fondateur), Annie Besant (théosophe notoire, membre fondateur), George Bernard Shaw (membre fondateur), H.G.Wells, qui « conditionna le public à accepter les étapes du nouvel ordre mondial comme si elles allaient de soi » , George Orwell, Havelock Ellis (pionnier de la sexologie et de la « libération sexuelle »), Virginia Woolf (chantre - talentueux - de la sexualité dévoyée, bisexuelle elle-même), Aldous Huxley, etc.
    En réalité, la FS est une sorte de société « semi-secrète », qui comporte différents degrés d'initiation. Ses véritables objectifs ne sont dévoilés à ses membres qu'en fonction de leur aptitude à les recevoir et à y œuvrer. Si la partie émergée de l'iceberg, d'aspect présentable, figurant sur son site Internet (ou sur Wikipédia) ne permet pas au lecteur embrumé par la désinformation ambiante de deviner l'existence d'une partie immergée, et encore moins d'une partie immergée hideuse, ruisselante de sang, il est néanmoins possible, en faisant usage de son intelligence inductive et en procédant par recoupements, d'en savoir quelque chose.
    Le « vitrail » de la FS dessiné en 1910 par Bernard Shaw et représentant le « remoulage du monde » (à grands coups de marteaux tout de même) consiste en un bouclier figurant un loup revêtu d'une peau de brebis, ce qui devrait tout de même interpeller les naïfs.

    La FS œuvre à l'établissement du Nouvel Ordre Mondial selon les méthodes de Fabius Cunctator, méthodes qui diffèrent de celles, beaucoup plus grossières et expéditives5, mises en œuvre au début du XX° siècle en Russie par les Bolcheviks, mais très bien adaptées au monde occidental.
    C'est pourquoi on a parlé avec justesse de « communisme rampant » (« creeping communism ») pour désigner le fabianisme. H-G Wells, dans La Conspiration au grand jour (The Open Conspiracy), expose que le collectivisme ne peut être brutalement instauré dans nos sociétés sans voir se lever d'opposition sérieuse. Preuve de l'efficacité de la méthode, ceci est beaucoup moins vrai aujourd'hui qu'il y a un siècle car les objectifs qu'il expose dans ce livre sont pratiquement atteints : les « vieilles religions du monde », excepté l'Islam, ont pratiquement toutes été remplacées par celle « de l’État », lequel, précisait-il, doit prendre en charge toute l'activité humaine8. Et que trouve-t-on au sommet de l’État ? L'élite, parmi laquelle il se comptait bien sûr.

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  5. suite
    Contrairement au bolchevisme dont la violence extrême était l'instrument unique (on ne cherchait pas à endormir le public, mais au contraire à le terroriser), la méthode fabienne exige de manipuler graduellement et insensiblement l'opinion, pour accompagner les « avancées » politiques et les actions militaires (hors des métropoles). La désinformation à destination du public est donc une nécessité absolue. Elle utilise toutes les connaissances disponibles en matière de psychologie individuelle et collective, et donne lieu à une recherche théorique permanente9. Le public, même cultivé, est bien loin de soupçonner le niveau de sophistication des manipulations dont il est l'objet. Les plus intelligents se rendent parfois compte de certaines couleuvres que l'on veut leur faire ingurgiter, mais il s'agit seulement de choses ponctuelles, les manipulations de fond comme les lents changements de paradigmes qu'ils ont inconsciemment avalisés leur restent invisibles (voir l'appendice).
    Si, en Angleterre, la FS contrôle directement The Guardian et la BBC10, son emprise est en fait universellement étendue, tout au moins en Occident, et la plupart des grands médias utilisent ses méthodes de brouillage. Sans mentir positivement de manière frontale, outre la très fréquente mise sous le boisseau d'informations cruciales, les journalistes, à l'instar des « spin doctors », ou « communicants » des hommes politiques, impriment une torsion (« spin ») aux données factuelles pour les présenter sous un angle trompeur, laissant entendre quelque chose de faux ou d'exagéré, conformant ainsi la pensée de la cible dans le sens souhaité.
    Retour sur Orwell et 1984
    1984 a été écrit immédiatement après la guerre. A cette époque, il était impossible à l'homme de la rue d'imaginer que le monde effrayant dépeint avec une précision diabolique par Orwell puisse être autre chose que pure science fiction. Or, ce cauchemar, nous le voyons aujourd'hui, impuissants, prendre consistance sous nos yeux. Le scénariste en savait donc quelque chose, quelque chose qui ne pouvait provenir que de son initiation à un haut grade de la Fabian Society.
    Ceci-dit, il reste deux énigmes à résoudre : d'abord pourquoi ce titre, 1984, et ensuite comment expliquer que l'auteur, à n'en pas douter, porte un jugement très négatif sur ce monde futur, tellement négatif qu'en fait il le dénonce, ce en quoi il nous apparaît plutôt sympathique ?
    Les deux réponses sont liées. « 1984 » ne signifie pas autre chose que « 1884 », qui est l'année de création de la FS. « 1984 » n'est donc pas une année qui serait postérieure à l'établissement de la grande dictature (et sur laquelle il se serait trompé) comme on l'entend parfois, mais, à n'en pas douter, est à traduire par « Fabian Society », dans le sens : « Je vais vous monter l'objectif de la FS, mais je ne peux pas le dire explicitement, à vous de comprendre ». Autrement-dit, Orwell « vend la mèche ». Il a une fois de plus été abusé : lui, le philanthrope sincère, est allé se fourvoyer dans une organisation vouée à la mise en esclavage de l'humanité ! Une telle forfaiture déclenche habituellement une némésis, ou vengeance secrète exemplaire. Cela ne semble pas avoir été le cas puisque G. Orwell a été emporté par la tuberculose. Toutefois, à la mort de sa seconde épouse1, la FS a fait main basse sur les archives et sur les droits éditoriaux de 1984 jusqu'en 2025 et agit en sous-main pour empêcher toute recherche sur la désillusion d'Orwell et sa perception de la véritable nature du socialisme .

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    Réponses
    1. Très intéressant merci Henri.
      Courage à tous !

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