C’est peut-être l’un des rapports les plus insensés jamais produits par un groupe de réflexion étasunien, et cela veut tout dire.
L’Institut Hudson vient de publier un plan de 128 pages intitulé “La Chine après le communisme: se préparer à une Chine post-PCC”, édité par Miles Yu (directeur du China Center de l’Institut), qui fournit des plans opérationnels détaillés pour provoquer l’effondrement du régime chinois par des opérations d’information systématiques, une guerre financière et des campagnes d’influence secrètes, suivies de protocoles détaillés pour la gestion post-effondrement par les États-Unis, y compris l’occupation militaire, la réorganisation territoriale et l’installation d’un système politique et culturel vassalisé aux États-Unis.
Je ne sais vraiment pas si je dois en rire ou en pleurer.
Pleurer devant l’arrogance et la désinvolture avec lesquelles ils écrivent au sujet du renversement du gouvernement de la plus grande économie du monde, la principale bouée de sauvetage économique pour la majeure partie de la planète et un quart de la race humaine.
Rire de cette méchanceté de bande dessinée croyant qu’un empire en déclin, qui ne peut même pas entretenir sa propre infrastructure et a perdu tous les conflits majeurs qu’il a provoqué au cours des deux dernières décennies, pourrait orchestrer et gérer l’effondrement contrôlé d’un pays de l’importance de la Chine.
Quoi qu’il en soit, la lecture du rapport est fascinante car elle révèle tellement de choses sur l’âme malade de l’empire américain et sur certaines des principales raisons de son déclin – un détachement comique de la réalité, l’incapacité d’apprendre des échecs passés, une vision du monde à somme nulle, le déni de souveraineté chez les autres et, plus que toute autre chose, le fait que ce rapport crie de désespoir.
Il existe un schéma commun bien connu des sociologues politiques : lorsque des groupes font face à des menaces existentielles pour leur statut et leur identité, ils présentent souvent un extrémisme compensatoire – devenant des versions caricaturales d’eux-mêmes pour se défendre contre l’insignifiance. C’était par exemple le cas de la Confédération du Sud avant la guerre de Sécession, qui a répondu à la pression abolitionniste croissante en devenant plus fanatiquement attachée à l’esclavage et à « l’honneur du Sud » qu’elle ne l’avait jamais été auparavant.
Ce rapport de l’Hudson Institute se lit un peu comme ceci : témoin de la fin de la primauté américaine, certains membres de l’establishment impérial se transforment en une caricature grotesque d’eux-mêmes, reprenant tous les aspects toxiques de la politique étrangère américaine et les amplifiant à des extrêmes absurdes, devenant plus impérialement ambitieux et délirant que jamais auparavant, planifiant des interventions d’une ampleur et d’une audace sans précédent comme si doubler leurs pires impulsions pouvait d’une manière ou d’une autre restaurer leur domination déclinante.
En tant que tel, ce rapport ne doit pas être lu comme un véritable plan de politique – son analyse de la Chine est tellement détachée de la réalité qu’elle est complètement sans valeur. Il devrait plutôt être lu comme un spécimen anthropologique, une fenêtre fascinante sur les rêves fébriles et les névroses d’un empire mourant, où l’extrémisme compensatoire enlève toute prétention et révèle ce qu’a toujours été l’hégémonie étasunienne – tout comme la focalisation fanatique de la Confédération sur l’esclavage a exposé la pourriture morale qui avait toujours défini ce système.
Examinons donc cet artefact pièce par pièce et voyons ce qu’il révèle sur l’empire mourant qui l’a produit.
Quand la réalité devient facultative
Ce qui ressort le plus du rapport, c’est à quel point il est incroyablement détaché de la réalité.
D’une part, l’ensemble du rapport préjuge que les Chinois attendent désespérément d’être “libérés” par les Américains, ce qui est une notion tout à fait ridicule pour quiconque a passé plus de quelques minutes à étudier l’histoire de la Chine.
Rappelons que l’un des épisodes les plus fondamentaux de l’histoire de la Chine a été le “siècle d’humiliation”, lorsque la Chine était faible et a été partiellement colonisée par les puissances occidentales. Le peuple chinois considère universellement cet épisode comme l’une des périodes les plus honteuses de son histoire.
Les gens aiment souvent prétendre que le Parti communiste tire sa légitimité de ses performances économiques, mais en vérité, il tire autant de crédit, sinon plus, du fait qu’ils ont été ceux qui ont réellement libéré la Chine du siècle d’humiliation, expulsé les puissances étrangères, et restauré la Chine à sa position historique de grande civilisation qui pouvait tracer son propre chemin souverain.
Ainsi, l’idée que le peuple chinois meurt secrètement d’envie de voir le Parti communiste s’effondrer en faveur d’un retour à l’assujettissement étranger aux mains d’une puissance occidentale est au-delà de l’absurde : cela représente exactement le contraire de tout ce autour de quoi la psyché nationale chinoise est organisée.
Pourtant, c’est exactement ce que ce rapport recommande sans vergogne : l’assujettissement complet dans une mesure encore beaucoup plus grande que ce qui s’était passé pendant les pires moments du siècle d’humiliation.
À cette époque, les puissances occidentales se sont accaparé des ports en imposant des traités inégaux, mais elles ont tout de même laissé la Chine entière et avec un gouvernement, aussi faible soit-il. Ce rapport propose quelque chose de beaucoup plus totalitaire :
- La balkanisation complète de la Chine en soutenant des “provinces autonomes régionales visant à se séparer de la Chine”
- L’installation de « tribunaux et commissions de vérité à la Nuremberg » pour réécrire l’histoire chinoise et emprisonner des représentants du gouvernement chinois
- Une occupation militaire avec « environ 20 Forces d’opérations spéciales américaines » dans chaque grande ville et la création “d’un corps de reconstruction de la taille d’une division (10 000 membres) d’experts parlant mandarin de professions variées pour conseiller le nouveau gouvernement”
- Une prise de contrôle financière complète où les États-Unis “restructureraient le système financier chinois : recapitalisation, répudiation, privatisation et décentralisation”
- Et même réécrire la constitution chinoise à travers des conventions supervisées par les États-Unis.
En bref, le rapport propose un colonialisme sous stéroïdes, dans une mesure encore pire que le 19ème siècle – non seulement en exploitant la Chine, mais en l’effaçant complètement.
Appeler cela détaché de la réalité, c’est être gentil ; nous sommes ici dans le domaine de l’illusion pathologique. Ce n’est pas seulement une mauvaise politique, c’est une rupture totale avec toute compréhension du fonctionnement réel du monde, de ce qu’est réellement la Chine ou de ce que sont réellement les capacités américaines.
Même au plus fort de l’impérialisme européen, les puissances coloniales comprenaient encore mieux les réalités locales et les limites de leur propre pouvoir. Et, à l’époque, le différentiel de pouvoir entre eux et leurs cibles était écrasant – les nations industrialisées dotées d’armées modernes conquérant des sociétés largement agraires. Aujourd’hui, nous avons le contraire : les Etats-Unis, avec leurs infrastructures en ruine, leur base industrielle en déclin et leurs aventures militaires ratées, rêvant de coloniser la superpuissance industrielle mondiale.
Instrumentaliser les tensions ethniques
C’était peut-être l’aspect le plus révélateur et le plus cynique du rapport : comment il recommande d’instrumentaliser les tensions ethniques comme armes de démembrement territorial. Les auteurs calculent quels mouvements séparatistes soutenir en se basant uniquement sur le fait que c’est “dans l’intérêt américain”, illustrant une fois de plus comment toute la rhétorique hautaine sur l’autodétermination et les droits de l’homme n’est rien d’autre qu’un calcul géopolitique cynique conçu pour affaiblir les adversaires.
Ainsi, par exemple, ils soutiennent l’indépendance du Xinjiang parce qu’elle affaiblit la Chine, mais expriment de sérieuses réserves sur l’indépendance du Tibet en raison de “différends frontaliers, en particulier concernant la frontière Sino-indienne” qui pourraient potentiellement déstabiliser les relations des États-Unis avec l’Inde. Ce qui montre que le calcul est purement cynique : ils veulent affaiblir la Chine, mais pas si cela crée des complications avec un partenaire stratégiquement précieux. Quant au bien-être des populations locales, il n’est même pas une réflexion après coup : ce ne sont que de simples outils à exploiter pour les intérêts géopolitiques américains.
Dans l’ensemble, le rapport est une fenêtre parfaite sur la mentalité impériale qui considère le monde entier comme un échiquier où les peuples, les cultures et les nations existent uniquement pour faire avancer les intérêts américains. La façon désinvolte dont ils discutent de la redéfinition des frontières, du soutien ou de l’opposition aux mouvements indépendantistes et de la manipulation des tensions ethniques révèle à quel point ils ont perdu tout lien avec l’humanité fondamentale des personnes qu’ils réorganisent avec tant de désinvolture ; traitant 1,4 milliard de personnes et leurs diverses communautés comme rien de plus que des variables géopolitiques dans leur stratégie.
L’objectif global est de balkaniser la Chine de manière transparente par ce qu’ils appellent une “fragmentation contrôlée” ; en soutenant la sécession de certaines régions tout en empêchant d’autres provinces de faire de même. J’imagine que le calcul est d’atteindre le niveau optimal de faiblesse chinoise ; suffisamment fragmenté pour ne plus jamais constituer une menace stratégique, mais suffisamment stable pour continuer à servir de marché et de base manufacturière sous la supervision américaine. Ils veulent créer un « point idéal » de subordination permanente pour la Chine : trop divisée pour être puissante, mais pas au point d’être chaotique et économiquement inutile, risquant ainsi de faire s’effondrer l’économie mondiale dont dépendent les États-Unis.
Ce qui signifie que ce rapport valide effectivement tous les points que la Chine ne cesse de faire valoir : que le soutien américain aux mouvements séparatistes n’a rien à voir avec une véritable préoccupation pour les droits de l’homme et tout à voir avec l’affaiblissement des rivaux géopolitiques ; que toute la rhétorique humanitaire n’est qu’une couverture pour les tactiques démodées de diviser pour régner ; et que la posture défensive de la Chine et l’accent mis sur la souveraineté sont des réponses rationnelles à une puissance impériale véritablement hostile.
Gérer la civilisation
Peut-être que rien ne révèle plus la profondeur de l’illusion impériale américaine que l’hypothèse du rapport selon laquelle la transformation politique, culturelle et sociale de 1,4 milliard de personnes peut être gérée par de simples organigrammes et procédures administratives.
Les auteurs se sont convaincus que la reconstruction de la civilisation chinoise est essentiellement un exercice de gestion de projet. Ils proposent de convoquer “une convention constitutionnelle « avec “151 à 201 personnes » pour rédiger une nouvelle constitution pour près de 20% de l’humanité. Ils détaillent comment seraient sélectionnés “les représentants des provinces, des régions autonomes et des municipalités“, « les représentants des principaux partis politiques« , ”les représentants de divers secteurs (tels que l’éducation, le travail, les entreprises et les groupes religieux)« , traitant la restructuration politique de la Chine comme s’ils organisaient une entreprise.
C’est de l’orgueil démesuré de premier ordre, comme si l’une des nations les plus jeunes de la planète pouvait d’une manière ou d’une autre enseigner la gouvernance à une civilisation vieille de 5.000 ans qui était déjà extrêmement sophistiquée lorsque l’Amérique n’était même pas l’ombre d’une idée, qui a inventé la bureaucratie lorsque les Européens vivaient dans le chaos féodal, et qui a réussi à gérer la plus grande population du monde à travers d’innombrables transformations alors que le système américain a du mal à gouverner 330 millions de personnes sans crise constante.
Mais plus que tout, cela révèle une étonnante incapacité à apprendre. N’ayant pas réussi à reconstruire l’Irak avec ses 25 millions d’habitants, ayant abandonné l’Afghanistan après 20 ans de tentatives infructueuses d’édification de nation, ayant transformé la Libye de la nation la plus prospère d’Afrique en un État défaillant, ils croient maintenant qu’ils peuvent gérer la transformation civilisationnelle de la Chine. C’est franchement comique, et très caractéristique de l’ère trumpienne – Monsieur « personne ne connaît XXX mieux que moi » – un niveau absurde d’illusion grandiose.
La projection totale
Curieusement, quand on lit le rapport, la plupart des problèmes qu’ils attribuent à la Chine sont en fait bien pires en ce qui concerne les États-Unis.
Par exemple, ils décrivent comment “les politiques coercitives de Pékin compliquent les relations avec les pays du Sud” et comment « les diplomates et autres responsables des organisations internationales sont de plus en plus sceptiques quant à l’influence mondiale de la Chine, ce qui rend leur politique étrangère plus difficile.”
Mais nous vivons dans un monde où, selon un récent sondage menée auprès de 111.273 personnes dans 100 pays par la Fondation Alliance of Democracies, la perception des États-Unis est en chute libre tandis que la perception de la Chine, en particulier dans les pays du Sud, augmente continuellement depuis des années et a maintenant dépassé les États-Unis.
En bref, l’État quelque peu voyou du monde qu’ils décrivent comme étant la Chine n’est qu’eux-mêmes, dans une bien plus grande mesure que la Chine.
Ils dénoncent également “la corruption politique au sein du PCC, l’inefficacité bureaucratique et d’autres gaspillages entravent également le progrès économique et la confiance du public« , ce qui est tout simplement hilarant venant d’un pays où la confiance du public dans les institutions gouvernementales est littéralement à un chiffre, alors qu’une célèbre étude à long terme de Harvard en Chine a révélé que la confiance de la population chinoise dans son gouvernement central s’élevait à 95,5% (en 2016, la dernière année de l’étude).
Économiquement parlant, le rapport décrit de manière risible le gouvernement chinois comme étant “le maître architecte de ce qui est en passe d’être la plus grande catastrophe économique et financière depuis au moins la Seconde Guerre mondiale, et peut-être dans l’histoire de l’humanité”, il s’agit d’un pays qui est devenu la plus grande économie du monde par parité de pouvoir d’achat, la superpuissance manufacturière mondiale, et a sorti 800 millions de personnes de la pauvreté en quatre décennies tout en maintenant une croissance constante du PIB qui éclipse la performance américaine sur la même période. En fait, encore une fois, au 1er trimestre 2025, la Chine a augmenté de 5,4% en glissement annuel tandis que l’économie américaine a reculé de -0,5%.
Le rapport conclut, sur la base de ces prémisses ridiculement tordues, que “bien que la République populaire de Chine (RPC) ait déjà surmonté des crises, un effondrement soudain du régime en Chine n’est pas tout à fait impensable. » Si tel est le cas, qu’en est-il des États-Unis, qui, selon leur propre cadre d’analyse – stress économique, corruption politique, déclin de l’influence mondiale, perte de confiance du public – devraient être considérés comme beaucoup plus vulnérables à un changement soudain de régime que le pays qu’ils visent?
C’est un schéma classique qui a marqué tous les empires à travers l’histoire : incapables d’accepter leur propre déclin, ils projettent leurs peurs et leurs échecs sur leurs rivaux tout en rêvant de victoires impossibles qui leur redonneront leur gloire fanée.
Les élites romaines qui projetaient de reconquérir la Gaule pendant que Rome brûlait. Les fonctionnaires ottomans qui rêvaient de reprendre Vienne alors que leur empire se fragmentait. Maintenant, nous avons des stratèges américains qui planifient l’effondrement et la colonisation de la Chine pendant que la propre société s’effondre autour d’eux.
C’est humain : lorsque notre vision du monde et notre position sont remises en question, nous voyons ce que nous devons voir pour préserver notre but et notre identité, même lorsque cette vision se détache de plus en plus de la réalité. Nous devons nous justifier que notre vision du monde reste valable, que notre rôle compte toujours, que les systèmes et les identités autour desquels nous avons construit nos vies ne s’effondrent pas ; et quand ils le sont, nous réagissons souvent en nous accrochant à des versions de plus en plus extrêmes de ce que nous pensons que nous étions autrefois, comme si la solution au problème de notre insignifiance croissante était que nous devrions être plus “nous”.
Dans ce cas, il s’avère que le « nous » incarné par l’Institut Hudson est la machine impériale américaine dépouillée de tout vernis. Pendant des décennies, cette machine a déguisé son appétit impérial derrière une noble rhétorique, mais dans ce rapport, nous avons l’impérialisme brut dans sa forme la plus pure, planifiant ouvertement le démembrement de civilisations et l’assujettissement de peuples. Dans leur extrémisme compensatoire, ils ont peut-être accidentellement produit le document le plus honnête jamais écrit sur l’empire américain.
Par Arnaud Bertrand – Le 23 juillet 2025 – Son blog Via le Saker Francophone.
-----------------------------------------------
La Commission d’Helsinki du gouvernement américain a tenu une réunion d’information au Congrès pour réfléchir aux moyens de diviser la Russie en tant que pays, au nom d’une prétendue « décolonisation ».
Les participants ont exhorté les États-Unis à apporter davantage de soutien aux mouvements séparatistes en Russie et dans la diaspora.
Ils ont proposé l’indépendance de nombreuses républiques de la Fédération de Russie, dont la Tchétchénie, le Tatarstan et le Daghestan, ainsi que de régions historiques qui existaient il y a des siècles, comme la Circassie.
Plusieurs schémas ont vu le jour.
Deux exemples :
C’est loin d’être la première fois que les faucons de Washington rêvent de diviser des pays étrangers. Durant la première guerre froide, les États-Unis ont parrainé des groupes sécessionnistes en Union soviétique. Dans les années 1990, le cartel militaire de l’OTAN, dirigé par les États-Unis, a réussi à démanteler la Yougoslavie. Et Washington soutient depuis longtemps les séparatistes dans les régions chinoises du Tibet, du Xinjiang, de Hong Kong et de Taiwan.
Après le renversement de l’URSS, le néoconservateur et futur vice-président Dick Cheney souhaitait diviser la Russie en plusieurs pays plus petits. L’ancien conseiller américain à la sécurité nationale, Zbigniew Brzezinski, a même publié un article dans le magazine prestigieux Foreign Affairs en 1997, proposant de créer une « Russie vaguement confédérée – composée d’une Russie européenne, d’une République de Sibérie et d’une République d’Extrême-Orient ».
Pourtant, cette audience du Congrès a été l’un des appels à la balkanisation les plus médiatisés et les plus provocateurs jamais organisé en plein jour.
Intitulée «Decoloniser la Russie » : un impératif moral et stratégique », la réunion d’information du 23 juin a été organisée par la Commission américaine sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), plus communément connue sous le nom de Commission d’Helsinki.
Cette commission prétend être « indépendante », mais il s’agit d’une agence gouvernementale américaine créée et supervisée par le Congrès.
L'événement a été introduit par le membre du Congrès Steve Cohen, un démocrate juif du Tennessee qui copréside la commission.
Le représentant Cohen a affirmé que les Russes « ont essentiellement colonisé leur propre pays » et a soutenu que la Russie n’est « pas une nation stricte, dans le sens que nous avons connu dans le passé ».
Lors de l’audience virtuelle, qui a été retransmise en direct sur YouTube, le membre du Congrès a été rejoint par des agents provocateurs vétérans des changements de régime qui ont travaillé pour diverses agences gouvernementales américaines.
L'événement était animé par Bakhti Nishanov, conseiller politique principal auprès de la Commission sur la sécurité et la coopération en Europe.
Il a noté avec enthousiasme : « Nous avons de très nombreux participants. Je pense que c’est à peu près un record pour un briefing d’une commission de la Chambre. »
Nishanov a soutenu que la condamnation occidentale de la guerre de Moscou en Ukraine devrait s’étendre à l’opposition à « l’empire intérieur de la Russie ».
Il a ajouté que les panélistes espéraient « proposer des idées qui permettront réellement de contenir la Russie ».
L’orateur le plus actif à l’audience était Casey Michel, un agitateur néoconservateur millénariste juif qui a fait carrière en plaidant pour un changement de régime contre les adversaires du gouvernement américain.
Michel a fait ses débuts professionnels en travaillant pour le Corps de la Paix américain à la frontière entre la Russie et le Kazakhstan, puis a capitalisé sur la nouvelle hystérie de la guerre froide à Washington.
Il est membre adjoint de l’Initiative Kleptocracy de l’Hudson Institute, au nom ironique, un groupe de réflexion de droite de Washington DC qui a été largement financé par les oligarques juifs Koch, la famille Walton de WalMart (Les propriétaires chrétiens du géant de la vente au détail Walmart sont devenus les plus grands bailleurs de fonds d’Agudath Israel of America, un réseau juif ultra-orthodoxe qui partage le soutien de la famille Walton au financement public des écoles religieuses, selon le Jewish Daily Forward.) , de grandes entreprises comme ExxonMobil et le Pentagone.
En mai, Michel a publié un article dans le magazine de l’establishment de Washington, The Atlantic, intitulé «Decolonize Russia, Décoloniser la Russie », qui semble avoir été une source d’inspiration pour le briefing du Congrès.
Casey Michel, militant néoconservateur
« La Russie continue de superviser ce qui est à bien des égards un empire européen traditionnel, sauf qu’au lieu de coloniser des nations et des peuples à l’étranger, elle a plutôt colonisé des nations et des peuples sur sa terre », a déclaré Michel lors de l’audience.
Le militant néoconservateur a déploré que les États-Unis n’aient pas profité de la chute de l’Union soviétique en 1991 pour démanteler la Russie elle-même. Il s’est plaint du fait que le soutien occidental aux mouvements sécessionnistes en Russie n’allait pas assez loin.
« Ce sont des nations colonisées que nous considérons comme faisant partie de la Russie proprement dite, même si, encore une fois, ce sont des nations non russes elles-mêmes qui restent colonisées par, comme nous l’avons vu encore une fois, une autre dictature du Kremlin », a déclaré Michel.
Il a insisté sur le fait que l’événement n’avait pas simplement pour but de plaider en faveur du « démembrement et de la partition » de la Russie, mais qu’il était plutôt motivé par une véritable opposition au colonialisme et à l’impérialisme.
C’était profondément ironique, car Michel a passé des années à diffamer vicieusement la gauche anti-impérialiste aux États-Unis, tout en caricaturant fréquemment le terme pour diaboliser les gouvernements de Cuba, du Venezuela, du Nicaragua et de la Bolivie.
Lorsqu’il s’agit de soutenir les mouvements séparatistes à l’intérieur de la Russie, Michel se présente curieusement comme l’un des plus ardents défenseurs au monde d’une forme unique d’« anti-impérialisme » qui se trouve justement au service des intérêts de la politique étrangère américaine.
Erica Marat, professeure au Collège des Affaires de Sécurité Internationale de l’Université de Défense Nationale du Pentagone, a rejoint Michel lors de la réunion d’information du Congrès.
Marat a accusé la Russie de commettre un « génocide ». Elle a condamné les soi-disant « collaborateurs impériaux » en Russie, en particulier le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov. Elle n’a pas reconnu l’incongruité du fait qu’elle travaille elle-même pour le ministère américain de la Défense.
Marat a également déploré que « le Sud continue de considérer la Russie comme une puissance anti-occidentale et anticoloniale et nie la dignité des peuples non russes et en particulier des personnes de couleur des anciens États soviétiques ».
Des commentaires similaires ont été faits par Botakoz Kassymbekova, conférencier à l’Université suisse de Bâle.
Kassymbekova a déploré que le « récit anti-impérialiste de l’Union soviétique soit très attrayant, en particulier dans les pays du Sud ».
Elle a rejeté « l’idée marxiste, populaire dans le monde entier, selon laquelle le capitalisme produit le colonialisme », ainsi que « le récit anti-occidental très réussi de l’Union soviétique selon lequel le colonialisme est un problème occidental ».
Kassymbekova a insisté sur le fait que l’URSS était colonialiste, même si son argument était contradictoire car elle admettait simultanément qu’après la révolution bolchevique, l’ancien empire tsariste russe « avait partiellement subi une décolonisation ».
Ironiquement, elle a également mentionné à plusieurs reprises le « stalinisme » et la nécessité d’une « déstalinisation » complète, sans jamais reconnaître que Joseph Staline était lui-même géorgien et non russe.
Kassymbekova a profité de la conférence pour appeler le gouvernement américain à fournir davantage de ressources aux mouvements sécessionnistes en « soutenant les initiatives civiques et les sociétés civiles de ses voisins et en Russie ».
Une autre panéliste était Fatima Tlis, une militante séparatiste circassienne de Russie qui a reçu une bourse du National Endowment for Democracy (NED), un organisme notoire de la CIA utilisé pour financer les opérations américaines de changement de régime dans le monde entier.
Tlis a beaucoup travaillé avec les organes de propagande du gouvernement américain Voice of America et Radio Free Europe/Radio Liberty. Selon son profil LinkedIn accessible au public, Tlis a également travaillé avec la Jamestown Foundation, un groupe de réflexion néoconservateur de DC étroitement lié à la CIA.
Tlis a affirmé lors de l'audience que sa « patrie » Circassie était « occupée » par la Russie. Elle a également parlé de « l’esclavage des blancs ».
Lors de la séance de questions-réponses, un invité a demandé comment les panélistes pouvaient discuter de la « décolonisation » en Russie alors qu’ils étaient aux États-Unis et travaillaient pour le gouvernement américain, fondé sur le génocide des peuples autochtones. Tlis a répondu avec dédain : « Quant à votre question, tous ceux qui ont déjà été confrontés à la désinformation et à la propagande russes la reconnaîtraient immédiatement pour ce qu'elle est. C’est ce qu’on appelle – il y a en fait un terme professionnel pour désigner cette désinformation : qu’en est-il du « whataboutism ».
Kassymbekova a répondu de la même manière, affirmant que « c’est une manière très typique de blâmer l’Occident plutôt que de se tourner vers l’intérieur ».
La dernière participante à la réunion d’information était Hanna Hopko, ancienne membre du parlement ukrainien, qui présidait auparavant sa commission des affaires étrangères, et figure importante du coup d’État de 2014 en Ukraine parrainé par les États-Unis, commercialisé sous le nom d’Euromaïdan.
Hopko a insisté sur le fait que Washington doit réfléchir « à la manière de changer non seulement le régime, mais aussi à la nature impérialiste de l’État russe ».
Les panélistes ont conclu l'audience en condamnant l'intervention militaire de la Russie en Syrie, sans faire aucune mention des milliards de dollars que les États-Unis, leurs alliés européens, les monarchies du Golfe, Israël et la Turquie, membre de l'OTAN, ont dépensés pour armer et former des terroristes islamistes (pléonasme) sectaires afin de mener une guerre par procuration dans le pays.
Ils n’ont pas non plus reconnu que la Russie n’est entrée en Syrie qu’à la demande du gouvernement internationalement reconnu du pays. Tlis a qualifié le président syrien Bachar al-Assad d’« atout » illégitime de la Russie et a décrit la défense par Moscou de l’intégrité territoriale de la Syrie contre les tentatives occidentales d’effondrement de l’État comme une forme d’agression.
Par
2022-06-23
Pas un mot sur les "moyens" pour parvenir à leur fin...
RépondreSupprimerExcepté le ridiculisme des tensions ethniques... comme si la Chine était un vulgaire état banthoustan...
Donc soit c'est une farce grotesque de désinformation soit c'est autre chose...
En général les US ont des plans d'actions, sur 5; 10 ou même 15 ans...pondu par des thinks tank divers mais en général appartenant aux principaux décideurs de l'ombre...
A un moment donné la seule échappatoire semblait être l'arme bio ethnique ciblant principalement les asiatiques...
Ou en sont-ils...ils ne vont certainement pas nous le dire...
Mais hormis cela la Chine semble être hors concours et imbattable par des moyens conventionnels...
En tout cas les jeux de simulation de guerre effectués par les US eux même les donnaient toujours perdants...
GAME OVER
Pour la Chine.....Cet article c'est "beaucoup de bruit pour rien"comme dirait William! Ce genre de publications de ces officines est un classique aux USA......Souvent elles frisent la caricature....(Les analyses sérieuses ne sont JAMAIS publiées)
RépondreSupprimerAfin de continuer à recevoir des subventions, ces think tanks sont obligés de sortir régulièrement des analyses qui vont dans le sens du poil politique du moment....: Ces SPÉCULATIONS..... sont très divertissantes à lire quelque années après....( Un des auteurs semble d'origine chinoise est ce le syndrome du plus royaliste que le roi?)
Il ne reste aux USA que l'option militaire.....ou le RETRAIT sur leurs terres ! LONGTEMPS ils ont été ISOLATIONNISTES....(on revient indirectement à l'histoire du Groenland, du Canada et demain de l'Australie...)
Détail amusant..Japonais,Coréens et arabo-pétroliers vont perdre dans ce cas de figure, TOUTES leurs ÉCONOMIES. USA se déclarant INSOLVABLE....
Jai beaucoup aimé cet article, mais une question me hantait. D'abord une citation : "...les peuples, les cultures et les nations existent uniquement pour faire avancer les intérêts américains..." Mmmmh... je trouve cet état d'esprit tout à fait conforme à celui de vous savez QUI. Or justement, QUI c'est qui contrôle véritablement les USA ? QUI ? Donc, ce plan de schutzpah et d'illusion mégalomaniaque grotesque, ne serait il pas attribuable toujours aux mêmes parasites internationaux qui ont fait des USA et d'une bonne partie de l'Europe, des colonie du sionistan international ?
RépondreSupprimer