jeudi 24 novembre 2016

Le président égyptien soutient l'armée arabe syrienne

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a exprimé, dans une interview à la télévision publique portugaise RTP, son soutien pour l'armée syrienne, une position en contradiction avec ses alliés du Golfe comme l'Arabie saoudite.
"Notre priorité est de soutenir les armées nationales, par exemple en Libye pour renforcer le contrôle de l'armée sur le territoire et traiter les éléments extrémistes. Même chose en Syrie et en Irak", a-t-il dit dans l'interview diffusée mardi soir 22 novembre en répondant à la question de savoir si l'Égypte envisagerait un rôle de maintien de la paix en Syrie sous mandat de l'ONU.

Au journaliste qui lui demandait s'il parlait de l'armée syrienne, il a répondu "oui".
M. Sissi, qui a destitué son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi en 2013, a mené une répression sanglante contre les Frères musulmans et combat les jihadistes de l'État islamique dans le Sinaï.

Les relations entre Riyad et Le Caire tendues en raison des divergences sur la Syrie

Le gouvernement égyptien a reçu des milliards de dollars d'aide de l'Arabie saoudite, mais les relations entre les deux pays se sont refroidies récemment en raison de la position du Caire sur la Syrie.
Riyad finance des opposants en guerre contre le régime syrien, épaulé par l'Iran. Et la Russie, comme l'Iran, soutiennent le régime de Bachar el-Assad.
Preuve de ces divergences, l'Égypte a soutenu à l'ONU en octobre une résolution russe sur la Syrie farouchement décriée par l'Arabie saoudite.
Par représailles, sans doute, Riyad a suspendu à partir du mois d'octobre ses livraisons de produits pétroliers à l'Égypte, pourtant vitales.

Sissi pour une solution politique de la crise syrienne

Dans son interview à RTP, Sissi a maintenu la position de l'Égypte sur le conflit syrien, affirmant que la solution devait être "politique".
"Notre position en Égypte est de respecter la volonté du peuple syrien, et qu'une solution politique à la crise syrienne est la meilleure façon de procéder", a-t-il dit.

Sissi a salué l'élection de Donald Trump

M. Sissi, qui avait salué avec enthousiasme l'élection de Donald Trump aux États-Unis, a également déclaré qu'un plan évoqué par le président élu américain d'un fichier répertoriant les musulmans était compréhensible.
"Oui", a-t-il répondu lorsqu'on lui a demandé si une telle proposition l'inquiétait. "Mais chaque pays essaie d'apporter la sécurité et la stabilité à ses citoyens, et nous comprenons ça".

Rappel de ma newsletter du 29 septembre 2015 - au lendemain de l'intervention russe
Voilà ce qui avait été écrit le 29 septembre 2015 :
Les arabes, notamment les Égyptiens, savent que Moscou a besoin d'eux - Reste à savoir s'ils se joindront aux Russes
Pourquoi la Russie a-t-elle  besoin de l'Égypte ?
L'Égypte est le seul pays arabe, majoritairement sunnite, capable de pacifier un autre pays arabe sans provoquer un soulèvement généralisé des populations sunnites.
C'est tout au moins ce que les Russes peuvent espérer.
Tout le monde se souvient que l'intervention russe en Afghanistan a été à l'origine de l'islamisme sunnite armé, que l'invasion de l'Irak par l'armée américaine a jeté dans les rangs d'al-Qaïda des dizaines de milliers d'Irakiens et abouti à la création de l'État Islamique. 
Vladimir Poutine est parfaitement conscient qu'il ne pourra pacifier la Syrie par le seul moyen d'un corps expéditionnaire russe sur place. 
Pour pacifier la Syrie et éliminer le danger jihadiste, il devra s'appuyer  sur :
- une armée syrienne revigorée et réarmée
- Un fort contingent égyptien - le seul acceptable par les puissances régionales (Iran comme Arabie saoudite ou Turquie)
L'Égypte devrait d'ailleurs disposer dans un avenir proche de ses propres moyens de projection (les fameux Mistral).
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les Russes ont dit qu'il n'y avait pas nécessité de désarmer les bateaux de ses équipements russes si les Égyptiens en étaient acquéreurs.
- Un contingent russe à base d'aviateurs et d'infanterie de marine en appui de l'armée syrienne et d'un éventuel contingent égyptien.
- Et sans doute - on le verra plus tard - des contingents de pays d'Asie centrale comme des Tadjiks, des Ouzbeks ou des Kazakhs pour lutter contre leurs propres nationaux engagés dans les organisations jihadistes.

A quand des soldats égyptiens en Syrie ?


"L'Égypte appuie l'armée libyenne qui cherche à reprendre le contrôle de l'ensemble du territoire libyen, à combattre les extrémistes et à sécuriser le sol national. Il en va de même de la Syrie. L'Égypte soutient l'armée syrienne ou encore l'armée irakienne », a souligné M. Al Sissi, lors de son interview à la TV portugaise.
Le président égyptien n'a pas minimisé les susceptibilités que pourrait susciter l'envoi de troupes égyptiennes en Syrie. Mais, précise-t-il, "il faut que les groupes terroristes soient combattus avec sérieux. Il faut que ces groupes soient désarmés totalement. Le principe du maintien de l'intégrité territoriale de la Syrie est important et la reconstruction de la Syrie doit être mis à l'ordre du jour ", a ajouté Sissi.
Nul doute que la Russie va sauter sur l'occasion de cette bonne volonté du Caire pour voir de quelle façon, elle pourrait faciliter le déploiement en Syrie d'un contingent égyptien pour désarmer les milices sunnites.