mardi 8 novembre 2016

Le Maroc achète Hillary Clinton et le Sahara occidental souffre



Dans ce qui a été l’un des exemples les plus flagrants du racket « pay-to-play » [paie pour jouer] d’Hillary Clinton, le roi Mohammed VI du Maroc a fait un don de 12 millions de dollars à la Fondation Clinton en échange d’une promesse de Mme Clinton de faire un speech lors d’une conférence de la Clinton Global Initiative prévue pour mai 2015 au Maroc. Mais parce que la conférence était prévue pour le mois qui a suivi la déclaration de Clinton évoquant ses intentions de se présenter à la présidence des États-Unis, elle n’y a pas assisté. Cependant, Clinton a envoyé son mari Bill et sa fille Chelsea à l’événement, à sa place.

La conférence, qui a eu lieu dans un hôtel cinq étoiles à Marrakech, a été financée par la société minière marocaine Office chérifien des phosphates (OCP). La société est accusée de nombreuses violations des droits de l’homme, en particulier sur le territoire du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole occupée par le Maroc depuis 1975 en violation du droit international.
Morocco Buys Hillary Clinton and Western Sahara Suffers
En acceptant 12 millions de dollars du Maroc, les Clinton font progresser une politique étrangère américaine qui a soutenu l’annexion du Sahara occidental par le Maroc et sa répression contre le peuple sahraoui. 
Depuis 1975, le Front populaire pour la libération de Saguia el Hamra et de Rio de Oro (Front POLISARIO) a mené une lutte pour l’indépendance sahraouie face à la puissance militaire et diplomatique accablante du Maroc. Les Clinton ne sont pas différents de la famille Bush quant à la défense des intérêts miniers et militaires contre le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination.
En réponse à la récolte de 12 millions de dollars de la Fondation Clinton au Maroc, le Front POLISARIO a déclaré que «l’OCP est le premier bénéficiaire de la guerre et le premier bénéficiaire de l’occupation – c’est lui qui fait son profit de la misère de milliers de réfugiés et de centaines de détenus politiques depuis quarante ans». Le Front POLISARIO croit qu’en échange du don en espèces, Mme Clinton «soutiendrait leur brutale occupation du Sahara occidental».
Une présidence d’Hillary Clinton verra probablement aussi la création d’une base permanente US de commandement de l’Afrique (AFRICOM) au Maroc. Le Pentagone a déjà réalisé une étude de faisabilité pour un siège d’AFRICOM dans ce pays. Il y a huit ans, des experts militaires travaillant pour le compte du Bureau des opérations de défense, à l’ambassade des États-Unis à Rabat, ont mené des relevés de terrain sur mille hectares pour la nouvelle base à l’embouchure de la rivière Draa et à l’intérieur des terres à quelques kilomètres au sud-est de Tan Tan, près de  l’aéroport de Tan Tan. Cette agglomération se trouve entre le Sahara occidental et l’ancienne enclave espagnole d’Ifni. La zone destinée à la base américaine est connue sous le nom de Cap Draa Training Area. L’équipe militaire de l’ambassade américaine a conclu que la nouvelle base coûterait cinquante milliards de dollars en coût de constructions et d’installations.
En plus du Sahara occidental riche en phosphates et, peut-être, en minéraux de terres rares très recherchés, la zone offshore semble être riche en réserves de pétrole. La société Kerr McGee Corporation basée à Oklahoma City bénéficie d’un accord d’exploration pétrolière offshore avec le Maroc depuis 2001.
L’équipe de politique étrangère de Clinton a décidé qu’en ce qui concerne l’annexion des territoires occupés, le Maroc revendique la légitimité d’Israël. Les deux pays occupent illégalement un territoire en violation des décisions des Nations Unies. Israël, bien sûr, occupe illégalement la Cisjordanie palestinienne et a transformé Gaza en un ghetto de Varsovie – une bande de terre occupée par 1,3 million de personnes luttant pour survivre. Le Maroc et la Mauritanie ont envahi et occupé l’ancien Sahara espagnol en 1975, forçant de nombreux Sahraouis à vivre dans des camps de réfugiés sordides du côté algérien de la frontière. La Mauritanie s’est ensuite retirée de son secteur, laissant au Maroc la possibilité de combler le vide.
Les colonialistes israéliens appellent la Cisjordanie «Judée et Samarie» tandis que les Marocains appellent ce que l’Union africaine reconnaît comme la République arabe sahraouie démocratique les «Provinces du Sud». Le Maroc et Israël partagent également quelque chose d’autre en commun : des enjeux dans la politique étrangère de Clinton grâce aux dons à destination des coffres de la campagne électorale de Clinton et aux contributions bidon à but non lucratif. Ainsi le grand-manitou de Hollywood, né en Israël, Haim Saban, qui paie pour jouer dans le «Clinton World», tout comme le roi Mohammed VI du Maroc.

Le Maroc est une pierre angulaire dans les malversations et les chicanes politiques de Clinton. 
Sam Kaplan, un financier du Parti démocrate basé à Minneapolis, qui a remis $200.000 pour la campagne présidentielle de Barack Obama en 2008, a été nommé ambassadeur des États-Unis au Maroc, où il a servi sous la secrétaire d’État Hillary Clinton. Kaplan et sa femme Sylvia sont des membres éminents de la communauté juive de Minneapolis. De 1994 à 1997, Marc Ginsberg, un des principaux acteurs américains du Comité des affaires publiques d’Israël (AIPAC), a été ambassadeur de Bill Clinton à Rabat.
En février 2010, avec la bénédiction de Hillary Clinton, et évidemment avec beaucoup d’implication de Kaplan, la Conférence des présidents des grandes organisations juives américaines a organisé la rencontre de sa délégation de haut niveau avec le roi Mohammed VI à Rabat. La délégation comprenait Tisch, président de la conférence et président de Loews Corporation et fils du regretté PDG de CBS Laurence Tisch ; Ronald Lauder, le fils milliardaire d’Estee Lauder et fervent partisan du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ; et Alexander Mashkevitch, président du Congrès euro-asiatique et co-propriétaire kazakh-israélien de la société londonienne Alferon Management, une entreprise ayant des opérations minières en Afrique. Il convient également de noter que Bill Clinton a été fortement impliqué dans les activités minières au Kazakhstan et en Afrique.
Hillary Clinton prétend avoir défendu la cause des droits de l’homme lorsqu’elle était secrétaire d’État. Le dossier, cependant, est éloquent.
Alors que Mme Clinton passait des accords occultes avec le Maroc en tant que Secrétaire d’État, Rabat a expulsé de la nation l’activiste sahraoui Aminatou Haidar, lauréat du Robert F. Kennedy Human Rights Award. Haidar a par la suite entamé une grève de la faim dans les îles Canaries. Le Maroc a fini par céder et a permis à Haidar de retourner dans son pays natal. En ce qui concerne les femmes et les droits de l’homme, Hillary Clinton est «à vendre». Si le POLISARIO avait pu faire don d’énormes sommes d’argent à la machine à cash de Clinton, le peuple sahraoui aurait peut-être pu avoir au moins une audience au Département d’État.
Parmi les partisans les plus ardents du Congrès américain pour la revendication de souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental on trouve la sénatrice Dianne Feinstein, de Californie, une bonne amie de Mme Clinton. Le 31 mars 2009, l’École d’études internationales avancées (SAIS) de l’Université Johns Hopkins et l’Institut néoconservateur Potomac ont publié conjointement un rapport appelant les États-Unis à régler la question saharienne en faveur du Maroc. Parmi les auteurs du rapport figuraient l’ami intime de Mme Clinton, l’ancienne secrétaire d’État sous Bill Clinton, Madeleine Albright, et un autre camarade de Clinton, l’ancien commandant de l’OTAN, Wesley Clark.
Le drame du Sahara occidental est le résultat direct du clin d’œil complice que Henry Kissinger, secrétaire d’État, a donné au Maroc en 1975 pour envahir le Sahara espagnol après le retrait de l’Espagne. Kissinger a également donné le feu vert à l’Indonésie pour envahir l’ancien Timor oriental portugais et à l’Inde pour envahir le Royaume du Sikkim. Pourtant, Mme Clinton a l’audace de condamner la Russie pour avoir répondu au vœu du peuple de Crimée, qui a voté massivement pour rejoindre la Fédération de Russie. Où est sa condamnation du Maroc ?

Comment Mme Clinton a-t-elle traité le sort des Sahraouis alors qu’elle dirigeait la diplomatie de l’Amérique ? Abominablement. 

Plutôt que de confier la responsabilité du Sahara occidental à l’ambassade des États-Unis en Algérie, pays où existent de nombreux camps de réfugiés sahraouis, les États-Unis ont confié la responsabilité du Sahara occidental à l’ambassade des États-Unis à Rabat. Le Département d’État de Clinton a fait pression sur les pays des Caraïbes qui dépendent de l’aide étrangère des États-Unis pour retirer leur reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique. Il s’agit notamment de la Barbade, d’Antigua-et-Barbuda, de Saint-Kitts-et-Nevis, de Sainte-Lucie, de la Dominique et de la Grenade. Le Burundi a également été poussé à la reconnaissance du retrait.
Comme en tout ce qui implique les Clinton, le racket criminel est le nom du jeu.

Par Wayne Madsen – Le 6 septembre 2016 –
Traduit et édité par jj, relu par Catherine pour le Saker Francophone