Dans ce qui
a été l’un des exemples les plus flagrants du racket « pay-to-play »
[paie pour jouer] d’Hillary Clinton, le roi Mohammed VI du Maroc a fait un
don de 12 millions de dollars à la Fondation Clinton en échange d’une promesse
de Mme Clinton de faire un speech lors d’une conférence de la
Clinton Global Initiative prévue pour mai 2015 au Maroc. Mais parce que la
conférence était prévue pour le mois qui a suivi la déclaration de Clinton
évoquant ses intentions de se présenter à la présidence des États-Unis,
elle n’y a pas assisté. Cependant, Clinton a envoyé son mari Bill et sa fille
Chelsea à l’événement, à sa place.
La
conférence, qui a eu lieu dans un hôtel cinq étoiles à Marrakech, a été
financée par la société minière marocaine Office chérifien des phosphates
(OCP). La société est accusée de nombreuses violations des droits de l’homme,
en particulier sur le territoire du Sahara occidental, ancienne colonie
espagnole occupée par le Maroc depuis 1975 en violation du droit international.
En acceptant
12 millions de dollars du Maroc, les Clinton font progresser une politique
étrangère américaine qui a soutenu l’annexion du Sahara occidental par le Maroc
et sa répression contre le peuple sahraoui.
Depuis 1975, le Front populaire
pour la libération de Saguia el Hamra et de Rio de Oro (Front POLISARIO) a mené
une lutte pour l’indépendance sahraouie face à la puissance militaire et
diplomatique accablante du Maroc. Les Clinton ne sont pas différents de la
famille Bush quant à la défense des intérêts miniers et militaires
contre le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination.
En réponse à
la récolte de 12 millions de dollars de la Fondation Clinton au Maroc, le Front
POLISARIO a déclaré que «l’OCP est le premier bénéficiaire de la guerre et le
premier bénéficiaire de l’occupation – c’est lui qui fait son profit de la
misère de milliers de réfugiés et de centaines de détenus politiques depuis
quarante ans». Le Front POLISARIO croit qu’en échange du don en espèces, Mme
Clinton «soutiendrait leur brutale occupation du Sahara occidental».
Une
présidence d’Hillary Clinton verra probablement aussi la création d’une base
permanente US de commandement de l’Afrique (AFRICOM) au Maroc. Le
Pentagone a déjà réalisé une étude de faisabilité pour un siège d’AFRICOM dans
ce pays. Il y a huit ans, des experts militaires travaillant pour le
compte du Bureau des opérations de défense, à l’ambassade des États-Unis à
Rabat, ont mené des relevés de terrain sur mille hectares pour la
nouvelle base à l’embouchure de la rivière Draa et à l’intérieur des terres
à quelques kilomètres au sud-est de Tan Tan, près de l’aéroport de
Tan Tan. Cette agglomération se trouve entre le Sahara occidental et
l’ancienne enclave espagnole d’Ifni. La zone destinée à la base américaine est
connue sous le nom de Cap Draa Training Area. L’équipe militaire de l’ambassade
américaine a conclu que la nouvelle base coûterait cinquante milliards de
dollars en coût de constructions et d’installations.
En plus du
Sahara occidental riche en phosphates et, peut-être, en minéraux de terres
rares très recherchés, la zone offshore semble être riche en réserves de
pétrole. La société Kerr McGee Corporation basée à Oklahoma City bénéficie d’un
accord d’exploration pétrolière offshore avec le Maroc depuis 2001.
L’équipe de
politique étrangère de Clinton a décidé qu’en ce qui concerne l’annexion des
territoires occupés, le Maroc revendique la légitimité d’Israël. Les deux pays
occupent illégalement un territoire en violation des décisions des Nations
Unies. Israël, bien sûr, occupe illégalement la Cisjordanie palestinienne et a
transformé Gaza en un ghetto de Varsovie – une bande de terre occupée par 1,3
million de personnes luttant pour survivre. Le Maroc et la Mauritanie ont
envahi et occupé l’ancien Sahara espagnol en 1975, forçant de nombreux
Sahraouis à vivre dans des camps de réfugiés sordides du côté algérien de la
frontière. La Mauritanie s’est ensuite retirée de son secteur, laissant au
Maroc la possibilité de combler le vide.
Les
colonialistes israéliens appellent la Cisjordanie «Judée et Samarie» tandis que
les Marocains appellent ce que l’Union africaine reconnaît comme la République
arabe sahraouie démocratique les «Provinces du Sud». Le Maroc et Israël
partagent également quelque chose d’autre en commun : des enjeux dans la
politique étrangère de Clinton grâce aux dons à destination des coffres de
la campagne électorale de Clinton et aux contributions bidon à but non
lucratif. Ainsi le grand-manitou de Hollywood, né en Israël, Haim Saban,
qui paie pour jouer dans le «Clinton World», tout comme le roi Mohammed VI
du Maroc.
Le Maroc est
une pierre angulaire dans les malversations et les chicanes
politiques de Clinton.
Sam Kaplan, un financier du Parti démocrate basé à
Minneapolis, qui a remis $200.000 pour la campagne présidentielle de
Barack Obama en 2008, a été nommé ambassadeur des États-Unis au Maroc, où il a
servi sous la secrétaire d’État Hillary Clinton. Kaplan et sa femme Sylvia sont
des membres éminents de la communauté juive de Minneapolis. De 1994 à 1997,
Marc Ginsberg, un des principaux acteurs américains du Comité des affaires
publiques d’Israël (AIPAC), a été ambassadeur de Bill Clinton à Rabat.
En février
2010, avec la bénédiction de Hillary Clinton, et évidemment avec beaucoup
d’implication de Kaplan, la Conférence des présidents des grandes organisations
juives américaines a organisé la rencontre de sa délégation de haut niveau avec
le roi Mohammed VI à Rabat. La délégation comprenait Tisch, président de la
conférence et président de Loews Corporation et fils du regretté PDG de CBS
Laurence Tisch ; Ronald Lauder, le fils milliardaire d’Estee Lauder et
fervent partisan du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ; et
Alexander Mashkevitch, président du Congrès euro-asiatique et co-propriétaire
kazakh-israélien de la société londonienne Alferon Management, une entreprise
ayant des opérations minières en Afrique. Il convient également de noter
que Bill Clinton a été fortement impliqué dans les activités minières au
Kazakhstan et en Afrique.
Hillary
Clinton prétend avoir défendu la cause des droits de l’homme
lorsqu’elle était secrétaire d’État. Le dossier, cependant, est éloquent.
Alors que
Mme Clinton passait des accords occultes avec le Maroc en tant que
Secrétaire d’État, Rabat a expulsé de la nation l’activiste sahraoui Aminatou
Haidar, lauréat du Robert F. Kennedy Human Rights Award. Haidar a par la suite
entamé une grève de la faim dans les îles Canaries. Le Maroc a fini par céder
et a permis à Haidar de retourner dans son pays natal. En ce qui concerne les
femmes et les droits de l’homme, Hillary Clinton est «à vendre». Si le POLISARIO
avait pu faire don d’énormes sommes d’argent à la machine à cash de Clinton,
le peuple sahraoui aurait peut-être pu avoir au moins une audience au
Département d’État.
Parmi les
partisans les plus ardents du Congrès américain pour la revendication de souveraineté
du Maroc sur le Sahara occidental on trouve la sénatrice Dianne
Feinstein, de Californie, une bonne amie de Mme Clinton. Le 31
mars 2009, l’École d’études internationales avancées (SAIS) de l’Université
Johns Hopkins et l’Institut néoconservateur Potomac ont publié conjointement un
rapport appelant les États-Unis à régler la question saharienne en faveur du
Maroc. Parmi les auteurs du rapport figuraient l’ami intime de Mme
Clinton, l’ancienne secrétaire d’État sous Bill Clinton, Madeleine Albright, et
un autre camarade de Clinton, l’ancien commandant de l’OTAN, Wesley Clark.
Le drame du
Sahara occidental est le résultat direct du clin d’œil complice que Henry
Kissinger, secrétaire d’État, a donné au Maroc en 1975 pour envahir le Sahara
espagnol après le retrait de l’Espagne. Kissinger a également donné le feu vert
à l’Indonésie pour envahir l’ancien Timor oriental portugais et à l’Inde pour
envahir le Royaume du Sikkim. Pourtant, Mme Clinton a l’audace de
condamner la Russie pour avoir répondu au vœu du peuple de Crimée, qui a
voté massivement pour rejoindre la Fédération de Russie. Où est sa
condamnation du Maroc ?
Comment Mme Clinton a-t-elle traité le sort des Sahraouis alors qu’elle dirigeait la diplomatie de l’Amérique ? Abominablement.
Plutôt que de confier
la responsabilité du Sahara occidental à l’ambassade des États-Unis en Algérie,
pays où existent de nombreux camps de réfugiés sahraouis, les États-Unis ont
confié la responsabilité du Sahara occidental à l’ambassade des États-Unis à
Rabat. Le Département d’État de Clinton a fait pression sur les pays des
Caraïbes qui dépendent de l’aide étrangère des États-Unis pour retirer leur
reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique. Il s’agit
notamment de la Barbade, d’Antigua-et-Barbuda, de Saint-Kitts-et-Nevis, de
Sainte-Lucie, de la Dominique et de la Grenade. Le Burundi a également été
poussé à la reconnaissance du retrait.
Comme
en tout ce qui implique les Clinton, le racket criminel est le nom du jeu.
Par Wayne
Madsen – Le 6 septembre 2016 –
Traduit et
édité par jj, relu par Catherine pour
le Saker Francophone