Je commençais un billet sur la débandade des djihadistes à Alep - La massive offensive terroriste à Alep se termine en « eau de boudin » - quand est tombée la nouvelle de la défaite de l'hilarante barbue en
chef. Oh quel délicieux spectacle mes amis. Le système impérial est en
pleine crise de nerf : banksters, volaille médiatique, euronouilles et
néo-conservateurs sont en émoi. Ce ne sont que sanglots dans la voix,
yeux mouillés et regrets éternels.
Après le Brexit, voilà un nouveau coup dur pour l'establishment qui nous assurait pourtant que l'abominable Donald des neiges n'avait aucune chance. Comme pour le Brexit,
comme pour le référendum de 2005... A l'Elysée, Flamby n'avait préparé
qu'une seule lettre de félicitations (pour Clinton !) tandis que la
clique américanisante est sous le choc en Allemagne. Quant à la boboïtude médiatique, n'en parlons pas... Les soutiens internationaux de Clinton, eux, font grise mine et l'on imagine aisément les visages tirés et soucieux à Riyad, Kiev ou Doha.
Géopolitiquement,
qu'est-ce que ça nous donne ? Il est évidemment trop tôt pour faire une
analyse générale et exhaustive de la future politique étrangère du
nouveau président états-unien, qui n'entrera d'ailleurs en fonction
qu'en janvier, mais l'on peut déjà esquisser schématiquement quelques
évolutions possibles ou probables :
Rapprochement avec la Russie.
Poutine a été l'un des premiers à féliciter Trump et espère que son élection conduira au rétablissement des relations américano-russes qui ont atteint un plus bas historique sous Barack à frites. La relative proximité entre le Donald et Vladimirovitch est un secret de polichinelle, au grand dam des officines impériales. Dans son premier discours post-élection, Trump a dit quelque chose qui devrait avoir l'heur de plaire à Moscou : « Nous nous entendrons avec tous les autres pays qui ont la volonté de s'entendre avec nous ». Loin des lénifiants "exceptionnalisme américain" et autre "nation indispensable" du parti de la guerre à Washington.
Assad peut dormir tranquille.
Trump n'a jamais caché sa détermination à combattre les djihadistes et
pas seulement l'utile épouvantail daéchique.
Les coupeurs de tête
"modérés" syriens et leurs parrains pétromonarchiques doivent l'avoir
mauvaise.
Fin du soutien de la CIA à Al Qaïda, Ahrar al-Cham & co ?
Probable.
Ajoutons pour finir que la modération de Poutine autour d'Alep
ces derniers temps (deux semaines sans bombardements russes, y compris
au plus fort de l'offensive barbue sur le secteur ouest de la ville)
avait peut-être pour but de ne pas prêter le flanc à la propagande de la
MSN jusqu'à l'élection présidentielle américaine, dans l'espoir que
Trump soit élu et s'entendre ainsi avec lui. Désormais, l'offensive peut
reprendre et il n'y aura plus aucun bâton dans les roues (à moins d'une
possible fronde des secteurs néo-conservateurs de l'armée d'ici
janvier).
Apaisement du front de l'est.
Trump et
OTAN, ça fait deux. Le Donald a choqué son monde il y a quelques mois
quand il a déclaré qu'avec lui, l'article 5 de l'organisation atlantique
ne serait pas automatique avec les pays qui ne payent pas leur écot.
Plus généralement, l'OTAN ne semble absolument pas au cœur de ses
préoccupations et on peut parier que la course militaire vers la
frontière russe connaîtra un gros coup de mou.
Tout ceci étant
dit, le monde ne deviendra pas tout rose du jour au lendemain.
D'abord
parce que Trump tient des positions plus dures vis-à-vis de certains
alliés de la Russie : Chine (mais uniquement sur le plan économique) et
Iran (mais avec des déclarations contradictoires).
Il sera intéressant de voir comment tout cela se combinera avec le
prévisible rapprochement américano-russe. A l'instar de ce qu'il a fait
sur la scène américaine où il a transcendé les habituels clivages
politiques, le Donald risque de faire la même chose sur le plan
international. Ses prises de position n'entrent en effet dans aucun
schéma actuel.
Oui à Assad mais non à l'Iran ;
oui à Moscou mais non à Pékin ;
non à l'Iran mais non également
aux pétromonarchies sunnites...
Bien sûr, ce ne sont que des esquisses
et beaucoup d'eau peut couler sous les ponts, mais la chose est
intéressante car l'on pourrait assister à une nouvelle donne
internationale assez complexe.
Reste enfin à savoir quelle sera la réaction de l'establishment
US, c'est-à-dire du parti de la guerre. Un président américain n'est
pas Louis XIV et on a constaté à plusieurs reprises la désobéissance
presque ouverte de plusieurs secteurs de la CIA, du Pentagone ou même du
Département d'Etat sous Obama. Qu'en sera-t-il sous Trump ? Saura-t-il
garder la main et imposer ses vues ?
9 Novembre 2016
,
Rédigé par Observatus geopoliticus
Commentaire
Dans notre blog, nous avons pronostiqué la large victoire de Trump ( USA. Des chercheurs russes et indiens prévoient une victoire écrasante de Trump ).
Les sondeurs se sont donc, à plus de 99%, trompés dans les grandes largeurs – dépassant largement le Brexit. En réalité, on peut supposer qu'ils se sont "volontairement" trompés, répondant aux desiderata des élites et des oligarques qui gouvernent l'Amérique, moyennant une poignée de dollars.Le peuple américain a montré qu'il n'est pas dupe, ni aussi ignare qu'on nous le dit.
Admirez les prévisions de ces sondeurs "marrons" :
Les derniers sondages allaient de +6 à -3 – il est vraiment temps pour les sondeurs de retravailler la notion ‘”d’échantillon représentatif”…
Les “déplorables“,
comme les nommait Hillary en parlant des électeurs de Trump, souffrant durement des ravages de la globalisation, ont en effet
toujours le droit de vote… Leur colère a donc été plus forte que leur
peur.
Trump a gagné nettement (306 grands électeurs a priori, contre 232 à
Clinton. C’est à peu près le chiffre attendu d’après les sondages
jusqu’à présent, sauf qu’ils s’appliquaient à Clinton gagnante…
Et bien sûr, l’analyse à la con de BHL – qu’il était important de
choisir dans le trentaine d’invités ce matin, en tant qu’expert en tout…
Si j’étais philosophe, je dirais même plus “c’est la victoire de la majorité”….
Pour positiver, j’ai une pensée pour les Syriens ce soir, car on peut
espérer que Trump facilitera une résolution rapide du conflit désormais
– mais nous verrons s’il tient ses promesses, restons prudents.
Source : http://www.les-crises.fr/donald-trump-45e-president-des-etats-unis/
Hannibal GENSERIC