Ironie du sort,
le porte-avion USS George H.W. Bush, un bâtiment de la classe Nimitz propulsé
par deux réacteurs nucléaires, haut d’une vingtaine d’étages, ayant 333 mètres
de longueur et emportant 80 appareils de combat, se retrouve pour la première
fois à la portée des missiles anti-navire (SS-N) du Hezbollah libanais.
Des années après
avoir bouté Israël hors du sud Liban, le Hezbollah accourait prêter main forte
à une Syrie aux prises avec l’hydre monstrueuse d’une guerre hybride
polymorphique provoquée par ses ennemis traditionnels.
C’est sur les champs de
bataille syriens, des confins syro-libanais à la Turquie et de la périphérie
Sud de Damas à Homs que le Hezbollah s’est transformé d’une petite armée
composée essentiellement d’une force d’artillerie soutenue par des éléments
d’infanterie et de groupes de commandos pratiquant la guérilla, en une
véritable armée non-étatique ayant appris à combattre sur des fronts s’étendant
sur des centaines de kilomètres, combinant l’usage de l’artillerie de campagne
avec des tactiques d’assaut de plus en plus innovantes, se dotant de moyens
antiaériens et de missiles anti-navires de plus en plus sophistiquées.
Tel-Aviv a
applaudi des deux mains lorsque la Syrie, un pays avec lequel il est
techniquement en guerre depuis 1973 a basculé dans la guerre
« civile » un certain 15 mars 2011. Ayant d’abord adopté un profil
bas en insistant qu’ils n’avaient rien à voir avec ce qui se passait dans les
pays du voisinage, les israéliens se sont rendus compte avec effroi que
l’appareil d’État syrien, loin de tomber au premier coup de vent, a non
seulement habilement utilisé les liens stratégiques avec des pays amis pour
amortir l’assaut mais a intégré le Hezbollah aux côtés de ses forces armées
avant de faire appel à l’aide militaire de son allié russe, tout en cherchant à
établir un continuum stratégique avec l’Iran à travers le territoire d’un Irak,
qui il n’y a pas longtemps était hostile et occupé par les Américains.
La Russie est intervenue en Syrie suivant une stratégie
nouvelle ayant pris
en compte les dures leçons des guerres d’Afghanistan, mais également les
enseignements de l’immense fiasco de Washington en Irak. Les Russes ont réalisé
au Levant avec peu de moyens ce que beaucoup n’avaient pu achever avec des
moyens colossaux. Pour
Moscou, gagner la guerre au Levant est un des gages permettant de mettre en
échec les provocations de l’OTAN sur ses marches occidentales. La Russie
ne lâchera jamais le morceau au Levant après l’immense affront ukrainien.
Dans les
deux cas, ceux qui sont derrière les guerres en Syrie et en Ukraine ont
probablement commis les plus grandes erreurs stratégiques du 21e
siècle. Leur stratégie
douteuse a abouti à ce que l’élite dirigeante israélienne se sente pour la
première fois si menacée par la tournure des évènements, qu’elle fasse appel
aux groupes aéronavals US. Et comme par hasard, c’est l’USS George H.W.
Bush du nom du président ayant une fois déclaré le début d’un nouvel ordre
mondial en déclenchant une très longue série de guerres au Moyen-Orient, dont
les États-Unis ne se remettront jamais, qui vient à la rescousse des
israéliens.
Les Russes
avaient envoyé leur unique porte-avions en Syrie à chaque fois qu’ils avaient
senti un danger imminent. Cette fois-ci, c’est le camp d’en face qui vient de
le faire. Les Israéliens réussiront-ils à persuader les Américains de passer
directement à l’action en Syrie ? C’est peu sûr avec un président US
atypique qui nargue ceux qui l’ont propulsé et critique sans ambages les médias
sclérosés et propagandistes de son pays. Une chose est sûre, le choix des options offertes
actuellement est des plus limités. La volonté des russes à empêcher des
ripostes à la suite de chaque agression américano-israélienne en soutien à
leurs groupes terroristes a grandement payé : il a dévoilé au monde entier
qui est qui et qui fait quoi. Par dessus tout que le fallacieux prétexte forgé autour de la guerre sans fin
contre le terrorisme n’existe pas et que ce terrorisme international n’est
qu’un outil des puissances qui se sont longtemps targués d’être des démocraties
ou des membres à part entière d’un monde dit libre. Le
singe est nu. Comme dit
un proverbe africain : plus le singe monte
haut, plus il montre son cul.
Quelle sera
d’abord l’utilité d’une intervention directe contre la Syrie après toutes ces
années de guerre et trois grands bouleversements géostratégiques ? La
carte du gaz de la Méditerranée orientale n’est pas aussi déterminante qu’on le
dit :
- La péninsule
arabique est en guerre (et il y a désormais un risque avéré de guerre
susceptible de mettre en péril la sécurité et l’indépendance du Qatar),
- les Balkans
sont sur une poudrière,
- L’Europe
orientale est toujours aussi instable qu’avant la seconde guerre mondiale
malgré un calme apparent,
- l’Europe
occidentale est en phase d’agonie « douce »,
- les États-Unis en net déclin et sont terrifiés par l’idée de quitter l’Afghanistan,
- la Russie et
la Chine appréhendent plus des menaces endogènes induites par le péril
démographique ou de récession économique qu’exogènes.
Seuls les Israéliens auraient intérêt à un changement de
régime en Syrie même si celui-ci aboutira à un chaos durable pire que celui
prévalant actuellement en Libye car cela servira un obscur plan poussiéreux
préconisant une myriade de Bantoustans ou de taïfas [voir Moyen
Orient : Le plan américano-israélien] dans la périphérie immédiate de Tel-Aviv, assurant
ainsi une relative suprématie pour les quelques années à venir. Une idée fixe vouée à l’échec.
Paradoxalement,
c’est au moment où l’Arabie Saoudite dirige la Ligue Arabe d’où ont été évincés
tous les régimes Arabes plus ou moins progressistes qu’Israël a le plus de
chances d’intégrer son environnement géopolitique, c’est à dire la zone Arabe
ou le Moyen-Orient vu la
conjonction parfaite des objectifs entre Ryad et Tel-Aviv. C’est là que
l’on se rend compte du poids d’un certain conservatisme basé sur des idées
comme celle présentant Israël comme un îlot démocratique entouré d’une mer
d’autocraties hostiles est plus un fond de commerce qu’une perception
stratégique. Cela en dit long sur la déliquescence de la vie intellectuelle
israélienne et la crise dans laquelle se débat actuellement le sionisme, que
certains veulent enrayer en revenant à des réactions primaires et chauvinistes
favorisant la supériorité ethnique et/ou culturelle comme le concept
anachronique de « Judéité ». Cela rappelle certaines notions ayant
été derrière certaines catastrophes aussi bien en Afrique (ces dernières
années) qu’en Europe.
Le monde
change. Il
n’y a plus de nouvel ordre mondial. L’histoire retiendra que c’est des terres de
l’ancienne Canaan qu’est venu le grand bouleversement que nous vivons
actuellement.
Des années après
avoir bouté Israël hors du sud Liban, le Hezbollah accourait prêter main forte
à une Syrie aux prises avec l’hydre monstrueuse d’une guerre hybride
polymorphique provoquée par ses ennemis traditionnels.
C’est sur les champs de
bataille syriens, des confins syro-libanais à la Turquie et de la périphérie
Sud de Damas à Homs que le Hezbollah s’est transformé d’une petite armée
composée essentiellement d’une force d’artillerie soutenue par des éléments
d’infanterie et de groupes de commandos pratiquant la guérilla, en une
véritable armée non-étatique ayant appris à combattre sur des fronts s’étendant
sur des centaines de kilomètres, combinant l’usage de l’artillerie de campagne
avec des tactiques d’assaut de plus en plus innovantes, se dotant de moyens
antiaériens et de missiles anti-navires de plus en plus sophistiquées.
Dans les
deux cas, ceux qui sont derrière les guerres en Syrie et en Ukraine ont
probablement commis les plus grandes erreurs stratégiques du 21e
siècle. Leur stratégie
douteuse a abouti à ce que l’élite dirigeante israélienne se sente pour la
première fois si menacée par la tournure des évènements, qu’elle fasse appel
aux groupes aéronavals US. Et comme par hasard, c’est l’USS George H.W.
Bush du nom du président ayant une fois déclaré le début d’un nouvel ordre
mondial en déclenchant une très longue série de guerres au Moyen-Orient, dont
les États-Unis ne se remettront jamais, qui vient à la rescousse des
israéliens.
Le Qatar va rejoindre la nouvelle coalition du Moyen-Orient
Abdel Bari Atwan, le rédacteur en chef
du journal Rai al-Youm, a déclaré que les développements au Moyen-Orient
ont augmenté la possibilité de la formation de nouvelles coalitions
entre l’Iran, la Turquie, l’Irak, la Syrie, la Russie et même le Qatar.
Atwan a souligné que la crise exacerbée
entre les Etats arabes et le Qatar et la possibilité décroissante d’un
accord pour mettre fin aux tensions actuelles en plus de l’ingérence
directe d’Ankara et l’envoi des forces militaires à Doha, tout cela peut
laisser un impact positif sur la crise, surtout après les récentes
défaites de Daech à Mossoul et à Raqqa.
Il
a ajouté que les parties concernées dans la crise en Syrie ont leur
attention centrée sur le Qatar et la crise dans ses relations avec
certains Etats arabes, l’Arabie Saoudite en particulier. « La Turquie et
l’Iran se sont positionnés du côté du Qatar. Téhéran s’est contenté
d’ouvrir son espace aérien et ses ports aux avions et navires qataris,
mais Ankara est allé plus loin et envoyé des forces militaires et des
chars pour le petit pays arabe du golfe Persique».
Atwan dit que la Turquie est maintenant
pour la mise en place d’un règlement pacifique de la crise en Syrie
après avoir réalisé qu’une solution militaire est impossible et après le
soutien croissant des États-Unis pour les Kurdes, elle a compris qu’il
n’est pas possible de faire face à cette menace sans une alliance avec
la Syrie, l’Irak et l’Iran dans le cas où elle perdrait le soutien des
États-Unis et de l’Arabie Saoudite.
Notant que le président russe Vladimir
Poutine agit comme une porte pour Erdogan pour entrer dans la coalition
Iran-Irak-Syrie, et que le Qatar peut également se joindre à cette
coalition à un stade ultérieur, il dit que maintenant les intérêts de
Erdogan et de Bachar al-Assad se sont chevauchés sous l’influence de la
crise au Qatar et, par conséquent, il y a une possibilité pour leur
rapprochement après 7 années de différents.
Le Bahreïn, l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et l’Égypte ont coupé les relations diplomatiques
avec le Qatar début Juin, et ont suspendu la communication aérienne et
maritime une semaine après le sommet américain arabo-islamique à Riyad,
accusant Doha de soutenir des organisations terroristes et de
déstabiliser la situation au Moyen-Orient.
Après plus de deux semaines, le bloc
dirigé par l’Arabie Saoudite a donné au Qatar 10 jours pour se conformer
aux 13 demandes, qui comprenaient la fermeture d’Al-Jazeera Media
Network, la fermeture d’une base militaire turque et de réduire ses
liens avec Iran.
Pendant ce temps, le Qatar a annoncé que
Doha ne répondra à aucune des 13 demandes formulées par l’Arabie
Saoudite et ses alliés, offrant à la place de « véritables conditions
pour un dialogue » pour résoudre la crise du Golfe [persique], mais
Riyad a réitéré que ses demandes au Qatar pour mettre fin à l’impasse
dans le Golfe [persique] étaient « non négociables ».
La division entre les Etats arabes a éclaté après la visite du
président américain Donald Trump à Riyad où il a accusé l’Iran de faire
des « interventions de déstabilisation » dans les pays arabes.
Source : AhlulBayt News Agency